25 mai 2020

COVID-19 : Raoult avait raison

Durant cette crise, on aura tout vu, tout lu et tout entendu, et notamment une foule de rumeurs non fondées et d'informations contradictoires. Beaucoup d’experts, de consultants, de sommités scientifiques se sont succédé sur les plateaux télés. La présence de certains, inconnus la veille, est devenue quasi quotidienne. Depuis quelques mois, ils abreuvent les téléspectateurs d’hypothèses, d’opinions et de prévisions plus ou moins farfelues. Que restera-t-il de leur gloriole éphémère, sitôt le péril écarté ? Autant en emporte le vent sans doute…

S’il est une personne qui cristallisa les débats, largement à son corps défendant, c’est bien le désormais célèbre professeur Didier Raoult.
Paradoxalement, lui ne fut vu sur aucun plateau. Il resta tranquillement dans son Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) à Marseille, distillant sur Youtube, comme à son habitude, bien antérieure à la crise, de petites vidéos filmées directement dans son bureau. Hormis une ou deux interviews, données dans le même lieu, le rituel était toujours identique : quelques constats et des graphiques démonstratifs illustrant les données statistiques produites par son établissement. Et une stratégie simple et limpide, d’une cohérence exemplaire.


Il fut le premier à rappeler les 3 règles qui selon lui doivent prévaloir en période d’épidémie : diagnostiquer, isoler, traiter. Il fut le premier à exploiter méthodiquement les chiffres et les études produites par les pays asiatiques, notamment la Chine, frappés de plein fouet par le virus. Très précocement, il put tirer parti des expériences vécues là bas, sur la nature du virus, sa contagiosité, le temps d’incubation, la durée de portage de l’agent infectieux. Grâce à cela, il fut en mesure de mettre très rapidement en œuvre un test diagnostic fondé sur la technique d’amplification génique (PCR) et de proposer une solution thérapeutique originale et raisonnable, fondée sur l'évolution comparée de la charge virale, à base d'hydroxychloroquine et d’azithromycine.

Jamais il ne fit d’annonce spectaculaire, jamais non plus de prédiction, ce dont beaucoup l’accusent pourtant. Mais très tôt, il révéla par exemple que les enfants étaient préservés des formes graves, qu’ils ne portaient en règle qu’une charge virale minime, et donc qu’ils étaient probablement peu contagieux. Très tôt il put avancer que la gravité de la maladie concernait préférentiellement certaines populations, notamment les personnes âgées, et qu’il était impératif de les protéger, donc de tester sans réserve, pour éviter d’en arriver au confinement généralisé, qu’il qualifia de solution moyenâgeuse.
S’appuyant sur la maîtrise spectaculaire de l’épidémie par Taiwan ou par la Corée du Sud, il lui arriva sans doute d’être un peu trop optimiste et d’imaginer à haute voix que le virus pourrait être rapidement circonscrit. On le lui reproche encore, tout comme on le poursuit opiniâtrement pour avoir osé préconiser un traitement sans avoir préalablement procédé à un essai clinique en bonne et dûe forme, c’est à dire prospectif, randomisé, en double aveugle, validé par moultes commissions éthico-bureaucratiques. Il s’est expliqué à maintes reprises sur les raisons pratiques qui l’ont poussé à adopter une attitude empirique face à une maladie aiguë, contagieuse, potentiellement grave, pour laquelle une réaction rapide s'imposait. Mais il n’y a pas pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre et c’est une véritable bronca qui s'est levée, et qui le poursuit sans discontinuer.


Partant de son expérience en matière d’épidémies, le professeur Raoult avait très tôt évoqué le possible caractère saisonnier de l’infection à coronavirus, et il avait émis l’hypothèse qu’il n’y aurait pas de deuxième vague lors du “déconfinement”, l’évolution des grandes contagions suivant habituellement “une courbe en cloche et non en chameau”. Il fut également sur ce sujet critiqué sans ménagement.

Aujourd’hui, plus que jamais, les faits sont en passe de lui donner raison. Aucun retour de flamme n’a été observé dans les pays asiatiques ayant maîtrisé rapidement le fléau et pas davantage dans ceux qui en Europe, ont déconfiné, plusieurs semaines avant la France.

Il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives de l’épisode COVID-19, mais force est de constater dès à présent que notre pays s’inscrit dans le peloton de tête de ceux qui ont le plus mal géré la crise, en s'obstinant étrangement à faire exactement le contraire de ce que préconisait l’équipe de l’IHU de Marseille.
Pire que l’impréparation dans laquelle la France se trouvait, il y eut les mensonges, le parti-pris et la mauvaise foi des gouvernants. Si la prestation de madame Buzyn fut calamiteuse, celle de son successeur Olivier Véran, ne fut pas meilleure. Très sûr de lui, jusqu’à l’arrogance, il s’opposa systématiquement aux propositions du Professeur Raoult, tout en propageant nombre d’affirmations non vérifiées, et usant de son nouveau pouvoir pour imposer toutes sortes de diktats arbitraires. Tout récemment, sur la foi d’une étude rétrospective semée de biais méthodologiques, il s’est cru autorisé à renforcer encore la tutelle absurde qu’il avait imposée aux médecins souhaitant prescrire de l’hydroxychloroquine.
Les laborieuses démonstrations et auto-justifications télévisées pilotées par le Premier Ministre, les onctueux prêches du professeur Salomon, et les leçons dogmatiques du Dr Véran resteront probablement comme des ponts-aux-ânes, révélateurs de la vanité et de l’auto-satisfaction de l’Etat-Providence.

Quant au Professeur Raoult, il apparaîtra quoiqu’il arrive désormais, comme une sorte de phare, rassurant dans la tempête, constant et éclairant. Les résultats obtenus par son équipe sont spectaculaires et incontestables, à l'image de ceux des meilleurs pays d'Asie. Avec plus de 130.000 PCR réalisées, Marseille est une des villes où l'on a le plus testé au monde, et dans la cohorte suivie et traitée par l'IHU la mortalité est la plus faible qui soit, de l'ordre de 0,5%. Personne ne pourra lui retirer cela.

On ne comprend vraiment pas bien pourquoi ce Français, dont l'autorité scientifique est reconnue dans le monde, fait l'objet de tant de critiques, voire de mépris de la part de gens qui n'arrêtent pas de vanter la souveraineté nationale, le made in France les relocalisations, et autres cocoricos bruyants mais inconséquents.

Avec beaucoup de simplicité, M. Raoult a redonné au raisonnement médical toutes ses lettres de noblesse, en le dépouillant de la gangue technocratique qui finissait par l’obscurcir et l’étouffer. Fasse le ciel que ses leçons finissent par porter et sourions avec lui lorsqu’il conclut qu’à défaut d’être efficace dans la lutte contre le coronavirus, l’hydroxychloroquine est sans doute un remède préventif de la folie, car il faut bien reconnaître que tous ceux qui s’opposent férocement à son usage, ont perdu la raison !

graphiques IHU Marseille, au 19/05/20

13 mai 2020

COVID-19 : Le Monde d'après

On entend beaucoup de voix ici ou là, pour évoquer déjà “le monde d’après” l'épidémie de COVID-19. Pourtant si cette dernière devrait nous réapprendre une chose, c'est que l’art de la prédiction est parmi les plus hasardeux qui soient. S’il n’est pas difficile de prévoir que les conséquences de ce fléau se feront sentir longtemps et qu’elles affecteront profondément l’économie de nombreux pays, il paraît spécieux de recourir aux amalgames idéologiques pour dessiner l'avenir.
Rien de plus stupidement partisan que celui affirmant que la propagation du virus a été favorisée par la dégradation de l’environnement, la course à la croissance, la mondialisation ou je ne sais quel mal dont on attribue la cause, selon le refrain bien connu,  au capitalisme ou au libéralisme. Une chose est certaine en revanche, l’opportunisme reste une constante du raisonnement politique. On voit ainsi l’ineffable Nicolas Hulot, nullement affecté par ses erreurs et ses échecs passés, sortir son wagon de propositions “nouvelles” destinées à éviter la fin du monde qu'annonce, à n'en pas douter pour lui, l'émergence de ce virus, suggérant au passage qu'il s'agit d'une punition sanctionnant nos mauvais comportements …
D’autres comparaisons avec le passé ne valent pas forcément mieux, telle celle faite avec l’immédiat après-guerre par le ministre de l’économie Bruno Lemaire, affirmant notamment que la récession sera la pire qu’on ait connu depuis 1945. Il y a quelque indécence à comparer la guerre, ses destructions massives et ses millions de morts avec une épidémie, aussi grave soit-elle, surtout lorsqu’on fait partie des responsables qui ont méthodiquement organisé, planifié les mesures susceptibles d'entraîner une crise économique ! On se souvient des rapprochements oiseux qui avaient été faits en 2008 entre la crise dite des “sub-prime” et celle de 1929. A force de manier l’emphase et l’excès, les discours des politiciens deviennent insignifiants et contribuent toujours plus à tuer la confiance qu’on devrait avoir en leur clairvoyance. Contrairement à l’adage, gouverner, c’est de moins en moins prévoir !

Il est donc vraisemblable que nombre de convictions resteront solidement ancrées dans les esprits. De ce point de vue, le monde ne changera guère, selon toute probabilité. Les écologistes resteront écolos, probablement de plus en plus dogmatiques, les socialistes et apparentés seront toujours cramponnés aux vieilles lunes collectivistes et au mirage de la justice sociale, les étatistes s'accrocheront au pouvoir et l'Administration centrale, ses innombrables succursales, et sa pléthore de réglementations continueront de proliférer.

Il y a peu de chances qu’on assouplisse l’organisation du système de santé qui fut pourtant impacté au premier chef, et littéralement débordé par la crise. Il y a peu d’espoir par exemple, qu’on supprime les Agences régionales de Santé (ARS) qui ont montré une fois encore leur inertie et leur inefficacité. Il est tout aussi improbable qu’on donne aux établissements de santé un peu plus d’autonomie et qu’on les incite à faire évoluer leurs services de soins en unités à géométrie variable, capables d’augmenter massivement leurs capacités en situation de crise. Sauf miracle, la Sécurité Sociale restera sans nul doute un monopole chroniquement en faillite et la bureaucratie précautionneuse supposée protéger les patients lors des essais cliniques répandra toujours plus sa glu asphyxiante.

Sur le terrain, on découvrira peut-être, au rang des effets latéraux de l’épidémie, que certains malades victimes d’autres affections que "la" COVID ont pâti de la déprogrammation quasi systématique de tous les soins non urgents, même dans les zones peu touchées par le virus. Mais, revers positif de la médaille, peut-être prendra-t-on conscience du caractère superfétatoire de certains soins. Peut-être comprendra-t-on que bon nombre de suivis routiniers peuvent s’effectuer de manière moins coûteuse et plus pragmatique, grâce à la télémédecine.
Peut-être réalisera-t-on que les mesures prises pour lutter contre le nouveau fléau ont protégé la population contre d’autres maladies, infectieuses ou non. Les gestes barrières ont en effet probablement été bénéfiques pour empêcher la propagation d’autres agents viraux ou microbiens que le coronavirus. On peut par voie de conséquence espérer que cette expérience conduise à l’avenir à améliorer les mesures d’hygiène et de prévention lors des viroses saisonnières  et a fortiori face à un éventuel retour du COVID-19... Enfin, le repos forcé occasionné par le confinement a peut-être limité le nombre d’affections dues au stress, notamment les maladies cardio-vasculaires. Et la quasi suppression de toute circulation a possiblement réduit le nombre de patients dans les services de traumatologie...

Au plan économique, si beaucoup d’experts prévoient des mois, voire des années sombres, il est bien difficile de faire des supputations trop précises sur la reprise. Beaucoup dépendra de la volonté des gouvernants et du peuple, d’affronter la réalité de manière réaliste et de casser enfin la spirale infernale des taxes, des dépenses et des déficits.
Partout on entend qu’il faudra “relocaliser” quantité d’industries et d’entreprises, notamment celles fabricant les médicaments, les tests biologiques et les masques. Mais il y a peu de chances que le choses changent spontanément car il ne suffit pas hélas d’émettre un vœu pour qu’il se réalise. Acceptera-t-on dans la période “d'appauvrissement généralisé” annoncée par le Premier Ministre en personne, de payer plus cher des produits que nous ne sommes plus en mesure depuis belle lurette de fabriquer à bon marché ? Ou bien se résignera-t-on à procéder à de réelles baisses d’impôts et de charges, tout en diminuant en regard la protection sociale, pour retrouver un peu de compétitivité. Cela semble illusoire....
La situation risque même de se tendre un peu plus, sachant que les quelques réformes entreprises, notamment celle des retraites, risquent de se trouver définitivement abandonnées… Il est donc à craindre que la pression fiscale continue son inexorable progression, jusqu’à un hypothétique point de rupture.

Certains changements comportementaux à rapporter à l’épisode COVID-19 peuvent en revanche déboucher à l’avenir sur une vraie évolution de la société, non sans dégât parfois, mais plus favorablement dans d’autres occasions.
Une vraie crise profonde et durable du tourisme de masse est à craindre, avec ses conséquences désastreuses sur des pans entiers de l’économie, mais il faut bien avouer que même à ce prix, le résultat aura quelques aspects bénéfiques, en minimisant la pollution due aux transports aériens et les dégradations de sites magnifiques mais fragiles.
Pareillement, si les grandes surfaces et les centres commerciaux risquent de souffrir, ce sera peut-être au profit de la réhabilitation des centres-villes, et plutôt des cités de taille moyenne que des mégalopoles. A l’heure d’internet, quel est l’intérêt en effet de s’entasser dans ces enfers urbains où tout est cher, où l’air est vicié, où la délinquance fait rage et qui constituent un terreau idéal pour les grandes contagions ?
Cette évolution pourrait être dopée par le développement des télé-consultations, du télé-enseignement, et du télétravail qui ont pris un essor soudain grâce au confinement.
En définitive, à condition d’être résolument optimiste, on pourrait même imaginer enfin une mondialisation heureuse, associant une concurrence plus équilibrée et des échanges plus transparents. L’acquisition rapide de connaissances sur le coronavirus fait peut-être partie des prémices d’une nouvelle concertation internationale. On est encore loin du gouvernement mondial, mais qui sait ce que l’avenir réserve….

Bref on n'a pas fini de parler de ce foutu coronavirus et de cette année 2020, climatérique s’il en fut. Rappelons pour terminer ce propos, qu’à ce jour, on compte à travers le monde un peu plus de 280.000 victimes, sachant que la grippe saisonnière est responsable chaque année d’un nombre de morts se situant entre 300.000 et 600.000, et que le paludisme fait quant à lui autour d’un demi million de victimes. Et que tout cela reste modeste en regard des ravages liés à l’alcool, décimant tous les ans, au bas mot 3 millions de personnes...

12 mai 2020

COVID-19 : l'apocalypse

Sur la gestion de la crise du COVID-19, on retiendra bien sûr avant tout les tergiversations concernant la protection par les masques, celles portant sur le diagnostic biologique de la maladie, et enfin celles liées aux éventuels traitements médicamenteux.
Sur aucun des 3 sujets la situation n’est claire à ce jour, c’est à dire plus de 4 mois après le début de l’épidémie, et la position des dirigeants paraît toujours aussi ambiguë lors du fameux "déconfinement" qu’au moment des premiers “clusters”.
La polémique sur les masques qui donna lieu à tant de contradictions et de revirements est loin d’être close. A tout moment le gouvernement s’est trouvé débordé. Face à ses diktats ubuesques et ses affirmations contradictoires, le système D s’est néanmoins mis en branle pour proposer toutes sortes de protections, des plus sophistiquées, les FFP2 qu’on trouvait facilement avant le confinement dans les magasins de bricolage, aux masques artisanaux faits à la maison, plus ou moins efficaces. Le moins qu’on puisse dire est que la tâche n’a pas été encouragée ni même facilitée par les Pouvoirs Publics. On reste songeur quand on pense aux destructions massives de stocks opérées par le Gouvernement avant l'épidémie. Et on ne put que s'insurger lorsque pour tenter d’atténuer les effets de son incurie, on le vit réquisitionner toutes les commandes faites par les entreprises privées, les collectivités locales, et même les petits stocks détenus par les particuliers à qui on avait affirmé qu’ils ne servaient à rien, ainsi que ceux des professionnels, tels les dentistes, sommés de remettre en haut lieu leur précieuses ressources. Les bougres n’en avaient certes plus besoin, vu qu’ils avaient perdu le droit d’exercer, mais avait-on songé qu’un jour il faudrait bien reprendre le travail ?

Pendant ce temps, le ministre de la santé essayait de rassurer le peuple en égrenant tranquillement les chiffres astronomiques de ses commandes... qui n’arrivaient jamais ! 500 millions, puis 1 milliard, puis 2 milliards… Aucune limite, “quoiqu’il en coûte” disait le Président de la République !
S’agissant des tests, la problématique fut comparable. Après avoir mis en cause leur utilité, contrairement à de nombreux pays qui en multipliaient avec succès leur usage, on promit des commandes massives, tout en mettant des bâtons réglementaires absurdes dans les roues de ceux qui étaient en mesure de répondre à la demande, notamment les laboratoires vétérinaires.

A ce jour, le gouvernement annonce la possibilité de réaliser 700.000 tests par semaine dès la levée du confinement, mais il fait tout pour empêcher les entreprises de les mettre en œuvre, lorsqu'elles ne peuvent attester du volontariat des salariés ou qu'elles n'ont pas obtenu le blanc-seing de syndicats plus obtus que jamais. Même la simple prise de température des employés fait l’objet d’un encadrement administratif rédhibitoire ! Les syndicats dont le mauvais esprit est à nouveau à l’œuvre, ont d’ailleurs obtenu d’une justice partisane, le blocage complet du fonctionnement du géant Amazon, lequel a même été privé du recours au dispositif de chômage partiel pour ses salariés. Et ils sont également parvenus, grâce à un simple vice de forme, à empêcher Renault de rouvrir ses usines le 11 mai !
On ne sait donc pas trop à quoi servira la profusion de tests annoncée, pour peu qu’ils soient disponibles là où on en aura besoin. Pareillement, on ne sait toujours pas s’il existe un traitement un tant soit peu efficace pour combattre la maladie ou au moins la prévenir. Il y a autant d’études pour affirmer que l’hydroxychloroquine plus ou moins associée à l'azithromycine est efficace que l’inverse ! Pour les experts, attachés au “respect du protocole” comme à un dogme religieux, elles sont toutes biaisées, donc non contributives. En dépit des statistiques édifiantes du professeur Raoult, qui est en passe localement d’avoir éradiqué le fléau en multipliant les tests et en traitant empiriquement ses patients, la réticence si ce n’est le mépris des Pouvoirs Publics subsiste à son égard. On se demandera longtemps pourquoi le Président Macron en personne a cru bon de lui faire une visite très médiatisée, et pourquoi il s’est répandu en éloges à son propos, puisque son gouvernement s’est échiné à faire l’inverse de ce qu’il proposait depuis le début de l’épidémie…
D'une manière générale on aura rarement vu autant d'annonces mirobolantes, sans lendemain: lopinavir, remdesivir, ivermectine, chlorpromazine, nicotine, arénicole… Quant au fameux essai multicentrique européen Discovery, dont M. Véran attendait tant, il semble se terminer en fiasco faute d’un nombre suffisant de patients inclus, et faute d’une lourdeur de mise en œuvre qui a découragé d'autres pays que le nôtre d'y participer (hormis 1 patient du Luxembourg ) ! On vit pareille déconfiture avec l’essai promu par l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris vantant un peu prématurément les mérites du tocilizumab…

Rarement la machine administrative n'a déployé autant d’ardeur à pondre ses réglementations, ses autorisations, ses interdits, et toute sorte de mesures coercitives. La première fut cette inénarrable auto-attestation permettant de sortir brièvement de chez soi. Elle illustre parfaitement l’infantilisation des esprits causée par L’Etat-Providence, vis à vis de laquelle Tocqueville nous avait alerté en son temps, en vain hélas…
Parallèlement, on vit une multitude de dispositions plus ou moins farfelues si ce n’est contradictoires entre elles, que l’Etat se crut autorisé à prendre en vertu de sa certitude de détenir la sagesse et la vérité: encadrement des prix des gels hydro-alcooliques, puis des masques, ce qui ne fit qu'accentuer la pénurie ressentie. Barrage hypocrite au traitement associant en ville l’hydroxychloroquine et l’azithromycine (les médecins pouvaient prescrire mais les pharmacies avaient interdiction de délivrer les produits aux patients, à l’instar des masques si elles avaient le bonheur d'avoir quelques stocks !). On a beaucoup parlé de l’application pour smartphone baptisée Stop-Covid, plus ou moins calquée sur le modèle coréen, qui devait permettre d’identifier les personnes-contacts de malades. Elle fut jugée contraire aux libertés fondamentales, avec lesquelles on ne plaisante pas dans une des démocraties pourtant les plus liberticides qui soient… Peu importe, on voit mal comment elle aurait pu fonctionner sur le mode du volontariat, si tant est qu’elle eût pu fonctionner tout court… Les mêmes doutes s’appliquent aux “brigades” que le gouvernement entend lâcher un peu partout pour traquer le virus.

En matière de rumeurs, de fausses nouvelles, ce fut un vrai festival. Le gouvernement lui-même qui avait cru bon de publier une page web destinée à lutter contre les canulars et autres fake news subtilement baptisée désinfox coronavirus a dû la remiser tant elle s’est avérée inefficace. Il faut préciser que le professeur Raoult eut l’honneur lui-même d’y figurer, à son grand amusement. Le ministère quant à lui ne s’est pas privé de diffuser des informations non vérifiées. Il y eut bien sûr les mensonges éhontés sur les masques, il y eut aussi l’alerte lancée par M. Véran au sujet de l’ibuprofène et des anti-inflammatoires non stéroïdiens qu’il ne fallait absolument pas prendre sous peine de finir en réanimation. Affirmation jamais prouvée par la suite et même démentie par l’Agence Européenne du Médicament !
Parallèlement, les Pouvoirs Publics toujours prompts à mettre en avant leur mérite, ont fait grand bruit autour d’une étude assurant que le confinement généralisé avait permis de sauver au moins 60.000 personnes. S’il on peut penser que l’enfermement des citoyens limita par la force des choses en partie le désastre, il est difficile d’occulter que la France déplore malgré tout un nombre de morts par million d’habitants, parmi les plus élevés au monde (près de 400). S’il fallait y ajouter les 60.000 miraculés, nous serions vraiment les peu enviables champions toutes catégories. A contrario, nombreux sont les pays qui ont obtenu de bien meilleurs résultats que nous sans avoir été contraints de recourir à des mesures de confinement aussi strictes.
Il y a d’ailleurs lieu de s’interroger sur la qualité de nos indicateurs, tels qu’on les voit publiés sur les grands sites internationaux. Notamment sur le ratio nombre de morts / nombre de cas déclarés. Avec près de 15% de mortalité affichée, la France fait une bien piètre performance (rappelons que cet indicateur est pour l’Allemagne de 4,1, et pour la Corée du Sud de 2,3. Même aux États-Unis dont on dit qu’ils ont géré la crise de manière catastrophique, il n’est que de 5,7 soit près de 3 fois inférieur au nôtre). Quant à la cohorte suivie par le Pr Raoult, elle affiche tranquillement 0,4… On objectera qu’un tel indicateur, comme tous les autres, est sujet aux biais. Sans doute, mais s’il mesure imparfaitement la réalité, il donne tout de même un reflet peu flatteur de notre recueil de données épidémiologiques. En effet, un chiffre si haut témoigne soit d’une qualité des soins défaillante, soit d’une sous évaluation du nombre de cas, soit des deux… S’il n’y a pas de raisons objectives de penser que nos soins soient franchement moins bons qu’ailleurs, la seconde hypothèse en revanche est beaucoup plus plausible… (à suivre)

11 mai 2020

COVID-19 : le contexte

A la veille de la levée partielle du confinement national, et alors qu’une lueur d’espoir semble annoncer la fin du cataclysme, une question revient de manière térébrante: et après ?
Des leçons seront-elles tirées de cette crise ? Le monde sera-t-il différent ? Si oui, sera-t-il meilleur ou pire ?
Il est permis d’avoir des doutes, tant on a entendu, lu, ou vu tout et son contraire durant cette étrange période, qui restera comme une illustration édifiante de “l’effet papillon”. Un maudit petit virus de 3 microns à peine, apparu inopinément au cœur de la Chine, on ne sait trop comment, a bouleversé la planète durant plusieurs mois. Ses conséquences n’ont pas fini de se faire sentir et une chose est sûre, on parlera longtemps de cette pandémie et de ses méfaits.

Les gloses concernant la prise en charge de la maladie vont sûrement faire encore couler beaucoup d’encre. Les comparaisons internationales permettent déjà de mesurer l’impact des mesures prises par chaque pays. S’agissant de la France, il apparaît hélas dores et déjà que le résultat n’est pas brillant. Notre pays figure dans le peloton de tête des plus touchés. Et ce qui paraît difficile à admettre en l’occurrence, ce ne sont pas vraiment les faiblesses, mais l’auto-satisfaction de nos gouvernants, jointe à la pompe rhétorique dont ils ont accompagné leur médiocre prestation.

Passons sur le déni initial de la maladie et de ses conséquences, asséné à grands coups de sentences rassurantes, tout à tour par la peu regrettée madame Buzyn, par son fougueux mais brouillon et péremptoire successeur, par la verbeuse autant que versatile porte-parole du Gouvernement, par l’inénarrable Directeur Général de la Santé dont la bonhomie pleine de certitudes ronflantes semble sortie tout droit d’un conte d’Alfred Jarry, et même enfin par le fumeux Conseil Scientifique, composé d’illustres savants aussi anonymes qu’irresponsables. C’est sur les conseils de ces gens peu avisés qu’on autorisa la tenue d’un match de football impliquant l’entrée massive sur le territoire de tifosi turinois au moment même où le virus commençait à  faire ses ravages là bas. C’est après avoir consulté ces augures qu’on persévéra à organiser le calamiteux premier tour des élections municipales…

Passons sur les pénuries multiples auquel notre auto-prétendu “meilleur système de santé au monde” s’est trouvé confronté: masques, tests diagnostics, gels hydro-alcooliques, lits d’hospitalisation, notamment en Réanimation, respirateurs, médicaments... On peut dire qu’à l’instant crucial, on a manqué de tout. On peut certes évoquer la responsabilité des gouvernements antérieurs, mais l’ennui, c’est que la totalité des responsables d’aujourd’hui étaient déjà en poste hier dans les vertigineux dédales de l’aréopage étatique... Olivier Véran pour ne citer que lui, qui fut nommé ministre de la santé au pire moment, aurait a priori l'excuse d'avoir été mis devant le fait accompli. Mais ce serait oublier qu'il avait déjà une assez longue carrière dans les coulisses agissantes du Pouvoir.
Elle débuta en 2012 en tant que député,  socialiste bon teint, en remplacement  de madame Fioraso, devenue ministre. A ce titre, il siégea à la commission des affaires sociales de l'Assemblée Nationale et fut le rapporteur en 2015 du volet prévention de la loi Touraine (obtenant notamment des choses aussi fondamentales que l'ouverture de salles de shoot, l'interdiction de faire travailler des mannequins dénutris, et l'introduction de nouvelles taxes "hygiéniques" sur les sodas). En 2016 il pilota le comité de la réforme dite "de modernisation du système de santé" au ministère. Entre autres titres de gloire, il obtint l'arrêt du remboursement des actes médicaux et chirurgicaux hors quota préétablis par les agences étatiques, et proposa en revanche qu'on paie les hôpitaux pour ne pas prendre en charge certaines urgences considérées comme non urgentes ! Il  facilita la prise en charge des immigrés en situation irrégulière et fut enfin, juste avant d'être nommé ministre, chargé du volet organique de la réforme des retraites. C'est dire qu'il connaissait les arcanes du système...

Passons donc sur ces errements, qui furent partagés il faut bien le dire, par d’autres dirigeants un peu partout dans le monde. Le plus choquant dans l’histoire, furent les revirements, contradictions, et jusqu’aux mensonges dont ils usèrent pour occulter leur incurie. Ce fut le déferlement d’injonctions, de textes et de normes administratives qu’ils ont déversé sur nos pauvres têtes, nous enfermant dans un carcan digne du moyen-âge, et plus grave encore, qui asphyxia tout bon sens, brida l’esprit d’initiative, tua la confiance, éroda un peu plus la responsabilité citoyenne et freina l’adaptation du pays au génie évolutif du virus, tout en cassant méthodiquement les ressorts, déjà fragiles, de l'économie. Enfin, plus insupportable que tout peut-être, ce fut l’auto-congratulation permanente de ces gens, qui passent une bonne partie de leur temps à justifier en toute circonstance le bien fondé de leur action, à affirmer qu'ils ont fait, qu'ils font, et qu'ils feront tout ce qui doit être fait et plus encore. Sans doute espèrent-ils se faire un bouclier de leurs bonnes intentions et de leurs vœux pieux, pour se prémunir d'accusations futures, ce qui au surplus, leur évite de se remettre en cause dans l'instant présent... (à suivre)
Illustration: Le Déluge par Francis Danby (1793-1861)