27 octobre 2020

Quelle Santé pour Après ?

La gestion de la crise sanitaire due au SARS-COV2 s’apparente en France de plus en plus à une Bérézina. Les chiffres attestant de la nouvelle flambée épidémique s’aggravent tous les jours et on a l’impression de revivre le cauchemar du mois de mars. Certains prétendent même qu’à terme, cela pourrait être pire…
Mince consolation, le virus fait une nouvelle poussée dans à peu près tous les pays européens. Malheureusement, notre pays s’affiche désormais comme le plus touché. Nous comptabilisons actuellement plus de nouveaux cas positifs quotidiens qu’aucun autre pays au monde !
Face à ce nouveau tsunami, les Pouvoirs Publics semblent complètement dépassés. D’après M. Véran “la situation va s'alourdir dans les jours et les semaines qui viennent quoique nous fassions.” Quel aveu d’échec ! Cela ne l’empêche pas pour autant de justifier envers et contre tout sa politique désastreuse, jusqu’à demander à l’Assemblée Nationale si quelqu’un a une meilleure solution à proposer ! Dommage que nos politiciens n’aient guère de répondant, car il suffirait de tourner les yeux vers l’Asie pour trouver des exemples de gestion quasi parfaite...
Quant au Premier Ministre M. Castex, qui fut l’artisan du déconfinement, il annonce d'un ton patelin des lendemains très difficiles et ses conseils relèvent de lapalissades : “la meilleure façon de soulager l'hôpital, c’est de ne pas tomber malade.”

Cette déroute signe la faillite de notre système de santé. Réputé un des meilleurs du monde, il a pâti des lauriers sur lesquels les gouvernements successifs se sont reposés. Ils n’ont pas vu qu’il avait amorcé depuis quelques décennies, une lente descente aux enfers. Pire, ils n’ont fait que précipiter l’évolution par des réformes incessantes, plombées par la bureaucratie, l’idéologie et l’hyper-centralisation, qui nous laissent totalement dépourvus face à un virus dont la mortalité n’excède pas 0,5%. A ce jour eu égard à la propagation incoercible du COVID, un nouveau confinement paraît inévitable. Le pays tout entier va être de nouveau conduit à la paralysie et à l’asphyxie, au seul motif d’éviter l’engorgement des hôpitaux, décidément incapables de s’adapter aux circonstances !

Parmi les maux qui rongent le système, cinq au moins paraissent pourtant évidents depuis des lustres, contre lesquels on aurait pu proposer des mesures, hélas radicalement contraires au sens des programmes mis en œuvre.
La première consisterait à décloisonner les différentes structures constituant l’invraisemblable usine à gaz de la santé en France. Il faut par exemple savoir que les Pouvoirs Publics imposent à tous les programmes architecturaux hospitaliers des quota de chambres seules d’au moins 80%, allant même jusqu’à préciser qu’elles ne doiv
ent, par souci de confort et de qualité des soins, en aucun cas pouvoir être transformables pour accueillir plusieurs lits ! J’ai été personnellement le témoin effaré de cette folie dictée par l’Agence Régionale de Santé (ARS). Dans la même optique, les services de Réanimation ont été scindés en plusieurs entités distinctes. Au lieu de prévoir l'augmentation de leur nombre de lits en cas crise, sans nécessiter beaucoup de personnel supplémentaire, on a sectorisé les lits en distinguant notamment la réanimation proprement dite d'unités de surveillance continue moins bien dotées en personnel et ne disposant pas de respirateurs.
Ces deux exemples permettent de comprendre la difficulté qu'il y a de faire face à un afflux soudain de malades.
Ajoutons à cela la réduction autoritaire du nombre de lits et une politique d'autorisation ubuesque qui interdit aux établissements ne répondant pas à des seuils quantitatifs arbitraires, de pratiquer certaines activités dont la réanimation. Ces mesures ont conduit progressivement à concentrer l’essentiel de l’activité vers les gros hôpitaux, provoquant leur engorgement quasi permanent tandis qu’on désertifiait les fameux “territoires”.
Pour masquer ce démantèlement désastreux, on a procédé à la création de Groupements Hospitaliers de territoires (GHT) qui sont des coquilles vides, n’apportant rien d’autre qu’un alourdissement considérable de la gestion administrative. Pire, mis en place sous contrainte, ils ont généré sur le terrain, désespoir, rancoeur, et lassitude...
Au surplus, cette manie du cloisonnement fait de l’hôpital public le centre de gravité du dispositif, reléguant les cliniques privées et la médecine de ville au rôle de supplétifs, et qui n’ont de libéral que le nom tant on a compliqué leur tâche par quantité de contraintes administratives et tant ils sont également soumis à la tutelle des ARS.
Il serait urgent d’assouplir tout cela, de concevoir comme beaucoup de pays l’ont fait, des services médicaux à géométrie variable, partant du principe que celui qui peut le plus peut le moins, et à créer les conditions d’une vraie coopération public-privé, dénuée enfin de tabous idéologiques absurdes.

La deuxième priorité devrait être de décentraliser les instances décisionnelles et de donner plus d’autonomie aux hôpitaux et cliniques. Les agences étatiques, dont le fonctionnement coûte “un pognon de dingue”, ont établi un véritable carcan encadrant de manière étouffante tous les projets d’établissements et décidant de la politique sanitaire de manière pyramidale, de haut en bas. La nuée de fonctionnaires qui peuplent ces bouzines sécrètent à longueur de temps des règlements coercitifs, et des injonctions souvent contradictoires ou paradoxales, comme si leur but était avant tout d’exaspérer et d’empêcher de travailler les acteurs de terrain. Tout est piloté de Paris, de la nomination des chefs de services médicaux à l’accréditation des établissements en passant par les autorisations d’acquérir le moindre équipement médical.
Il serait donc impératif d’alléger ce paquebot ingouvernable et d’élaguer les échelons administratifs inutiles. Qu’attend donc par exemple pour supprimer les ARS qui ont fait la preuve de leur nocivité, et que plusieurs rapports de la Cours des Comptes ont épinglé sévèrement ?

Les nombreuses réformes qui ont prétendu “moderniser” le système, depuis le funeste “Plan Juppé”, ont promis de manière récurrente de favoriser à chaque fois que possible les délégations de gestion et de tâches. Dans les faits, ces engagements louables sont restés au stade de voeux pieux. La création des “pôles médicaux hospitaliers” devaient donner aux médecins responsables de ces nouvelles entités un vrai pouvoir décisionnel. Il n’en fut rien et une fois encore la complexité administrative s’est accrue. Aujourd’hui le “Ségur de la Santé” promet de faire marche arrière en revenant aux services de soins, mais sans délégation précise, et sans abolir les pôles. Allez comprendre…
S’agissant des délégations de tâches, elle sont restées également lettres mortes. La pénurie ressentie en nombre de médecins en France est en partie expliquée par l’absence de ces délégations au personnel para-médical. La charge de travail pesant sur les praticiens aurait pourtant pu être considérablement allégée comme beaucoup de pays l’ont fait. Nous souffrons à la fois d’une hyper-médicalisation et d’une planification excessive. Résultat, alors que nous avons un ratio de médecins plutôt supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE, ils croulent sous le labeur, et ne sont ni aux bons endroits ni dans les bonnes spécialités. Cherchez l’erreur...

Un axe d’amélioration essentiel à notre époque devrait passer par la télémédecine, qui apporte l’expertise médicale dans les endroits les plus isolés et permet d’éviter quantité de déplacements et d'hospitalisations inutiles. Ici aussi la France a pris un retard important, comme si ce qui parait simple est par nature, forcément suspect. A force de vouloir sécuriser à outrance les télécommunications, à force de vouloir encadrer et contrôler étroitement toutes les pratiques, l’Assurance Maladie et l’Administration Centrale ont freiné des quatre fers l'essor de ces nouvelles technologies. La récente épidémie a permis de faire sauter quelques verrous par nécessité et l’on s’est aperçu que les téléconsultations fonctionnent très bien pour beaucoup de suivis de routine. Saura-t-on tirer profit de cette expérience pour en doper les effets favorables ?

Enfin, à une époque où nombre de problèmes sont médicalisés, la responsabilisation des acteurs de santé et des patients apparaît partout comme un impératif, ne serait-ce que pour garantir la pérennité financière du système. Par une politique allant exactement à l’encontre de ce principe, les gouvernements successifs ont provoqué logiquement une vraie gabegie.
Il est communément admis dans notre pays que "la santé n’est pas une marchandise", et qu’on peut dépenser sans compter. Les patients qu’on a habitués à la gratuité des soins se montrent de plus en plus exigeants et attendent le remboursement de la moindre prestation, de la moindre boîte de médicaments. Les abus sont légions comme l’ont montré de nombreux rapports officiels, et l’ensemble du système est en faillite chronique. Comment espérer pouvoir inverser cette tendance infernale alors que le gouvernement actuel entend abroger la tarification à l’activité, seul système équitable d’allocation de ressources, qu’il promet de rembourser intégralement les lunettes correctives, les soins dentaires, la procréation médicalement assistée pour convenance personnelle (PMA), qu’il allonge la durée du congé paternité, et que dans le même temps il ne fait surtout pas mine de s’attaquer aux tabous des avantages acquis, du tiers payant, et du monopole étatisé de la sécurité sociale ?

22 octobre 2020

Désarroi

S’agissant de la tectonique des plaques, on prétend qu'elle conduit à la dérive des continents. On pourrait appliquer le raisonnement aux sociétés humaines et aux civilisations. Il arrive parfois dans leur mouvement plus ou moins indéfini, qu’elles entrent en collision. L’affrontement peut être violent, colossal, de l’ordre du séisme en quelque sorte. Après le choc, il y a parfois création de montagnes ou parfois encore fusion des plaques. Il se peut également que la confrontation se fasse 
de manière moins frontale, une entité glissant peu à peu sur une autre la faisant peu ou prou disparaître.
C’est un peu ce qui se passe avec la société démocratique occidentale. Elle semble en passe de s’engloutir peu à peu dans les abysses, faute d’avoir encore assez d’énergie et de détermination pour s’imposer face aux autres.
L'événement atroce que notre pays vient de vivre n’est qu’un signe de cette déroute. A l’occasion d’un acte abominable, on semble prendre tout à coup conscience qu’un péril nous menace directement et on constate avec effroi que ses manifestations gangrènent toutes les strates de la société. Aujourd’hui c’est l’enseignement, hier c’était le journalisme satirique, puis le monde de la culture et du spectacle, puis même le cœur de l’institution policière.
La faute évidemment incombe à une politique laxiste et couarde durant des décennies, qui se paie de mots et de discours mais qui s’avère incapable de réagir avec force à ces torrents de haine et d’intolérance qui déferlent quotidiennement, heurtant de plein fouet notre mode de vie, notre culture, notre religion, notre système démocratique, nos libertés, bref tout ce qui fait le monde doré dans lequel nous vivions insouciants, au mépris même de tous les sacrifices consentis par nos aïeux pour nous permettre de profiter de cette situation privilégiée, sans doute jamais connue dans toute l’histoire de l’humanité.
La barbarie, lorsqu’elle surgit à nos portes, provoque une sorte de sidération. L'incompréhension et le désarroi s’emparent des esprits. Pourtant, comme à chaque fois, on apprend vite que l’horreur fut précédée de signes avant-coureurs, qui auraient dû mettre en alerte mais qui furent totalement négligés. Cette fois, l’assassin était un tchétchène musulman, bénéficiant du droit d’asile depuis mars dernier, et pour 10 ans, on ne sait pas trop pour quel type de persécution subie dans son pays, la Russie. Après avoir été accueilli par la République française si généreuse, non seulement, il ne fit rien pour se conformer à ses règles sociales, mais il s'est rapidement fait connaître par des actes de violence et dégradation de biens publics ! 
Quant à la victime, on sait qu’il s'agissait d'un enseignant très apprécié, qui pour son malheur osa évoquer auprès de ses élèves la liberté d’expression, en prenant pour exemple les désormais fameuses caricatures publiées par Charlie Hebdo. On apprend également mais un peu tard qu’à la suite de cet épisode, il avait été l’objet de menaces explicites, et de doléances exprimées par certains de ses élèves musulmans, et par leurs parents, au point d’avoir jugé nécessaire de porter lui-même plainte en diffamation. Plainte hélas non suivie d’effet...

Après coup, les Pouvoirs Publics font toujours mine de réagir. Quelques actions ponctuelles mais habituellement sans lendemain. Et beaucoup de compassion, beaucoup de cérémonies. Des fleuves de larmes, des tombereaux de discours, d'hommages et de paroles…
En la circonstance, les plus horripilantes sont celles qui font référence à des entités creuses ou inappropriées. Passons sur le pitoyable “Ils ne passeront pas” que M. Macron lança après la bataille, avec la voix blanche d'un général vaincu. Passons sur les lieux communs débités avec componction par le Premier Ministre M. Castex: “Cet assassinat barbare est un acte contre la vie et la République.” Passons enfin sur le jargon incompréhensible du ministre de la justice, qui réussit à dire en une seule phrase tout et son contraire...
S’il est quelque chose d’insupportable, c’est l’emploi immodéré de ces mots valises “république”, “laïcité”, “liberté d’expression”, “diversité”...
Parlons de république. Il en existe de toutes natures et parmi les pires, soviétique, populaire, islamique… Ça veut tout et surtout rien dire. Mieux vaut évidemment une monarchie parlementaire éclairée qu'une république en loques !
Parlons de liberté d'expression. Elle est à deux vitesses. On condamne Zemmour, on censure et on insulte Trump, on s'acharne en enquêtes foireuses sur tel ou tel politicien incorrect politiquement, on parvient même à interdire, sur les réseaux sociaux devenus justiciers, "l'Origine du Monde" de Courbet, au motif que le tableau constitue un outrage aux bonnes mœurs. Mais dans le même temps, on laisse libre cours aux prêches guerriers, aux propagandes haineuses, aux anathèmes abjects...
Décidément, tout cela est profondément écœurant. Il est si désespérant de voir le monde dit libre glisser peu à peu dans les profondeurs obscures du renoncement et de l’inconsistance. Seule consolation, puisque les gouvernants sont devenus des dames patronnesses et que la justice n'est plus que l'ombre d'elle-même, il reste la police. Quand on lui laisse la possibilité de faire son travail, elle parvient à neutraliser définitivement les brutes sanguinaires qui sèment la terreur, tout en sachant trop bien qu'ils ne sont que les combattants de la première ligne d'armées plus que jamais conquérantes...

14 octobre 2020

Bach au Zénith


Chaque nouvelle interprétation des Variations Goldberg constitue pour moi un évènement. Certes elles sont si nombreuses qu’il devient bien difficile de trouver encore quelque originalité dans la manière d’exprimer ce que contient cette partition merveilleuse.
Cette œuvre fut transcrite de tant de manières, qu’on se demande ce qu’on peut encore proposer. On en connaît des versions pour clavecin naturellement, puisque c’est pour cet instrument qu’elles furent écrites. Pour piano, c’est non moins évident depuis que Glenn Gould s’y est aventuré avec bonheur. Mais que dire des interprétations pour guitare, pour accordéon, pour trio à cordes, ou même pour orchestre de jazz ?
Sans doute avant tout que cette œuvre a quelque chose d’unique et d’universel, et qu’elle se prête sans être dénaturée à toutes les conceptions et à toutes les extrapolations aussi fantaisistes soient-elles. Le bonheur qu'elle procure est inusable et incorruptible et fascine autant que l’éclat de l’or ou du diamant.

Comme tout pianiste digne de ce nom, Lang Lang vient de produire “sa” version. Il paraît qu’il la mûrissait depuis 20 ans dans l’intimité de son salon ! C’est dire l’importance de l’enjeu et la quantité de travail que cela suppose, même pour un virtuose tel que lui.
Quoique sceptique de prime abord, je dois dire que je fus conquis dès la première écoute.
Il n’y a rien de vraiment révolutionnaire dans la manière choisie par l’artiste pour aborder ce Graal musical. Le parcours suivi est linéaire, sage et orthodoxe. Tout au plus peut-on mentionner le tempo, sensiblement plus lent que celui adopté par la plupart de ses prédécesseurs (hormis Rosalyn Tureck), mais sans aller jusqu’à l’extrême ralentissement confinant à l’extase hiératique qu’Anton Batagov conféra aux partitas. Tout de même, les plus de 10 minutes consacrées à la 25è variation en forme d’adagio presque romantique, n’en sont pas si loin…
Cela donne une intensité particulière à ces moments durant lesquels l’interprète semble se fondre dans la musique. Ici, il n’y a plus ni fioriture, ni effet de style, c’est limpide et bouleversant (variations 13, 15, 20, 25)).

A mesure que défilent les variations, ce qui frappe, c’est la plénitude du piano. Favorisée sans doute par une prise de son quasi parfaite, avec juste ce qu’il faut de réverbération et une belle rondeur harmonique, elle doit également à la douceur maîtrisée du toucher. Son velouté n’exclut pas vigueur et précision dans les attaques conférant une musicalité indicible aux lignes mélodiques et leur donnant un caractère tantôt joyeux tantôt apaisé mais toujours très affirmé. Bref, ce parcours est un pur enchantement, et procure à l’âme autant de jouissance, d’apaisement et de “récréation de l’esprit” que Bach le souhaitait, à n’en pas douter.. A ceux à qui ces réjouissances ne suffiraient pas, Lang Lang offre une autre version, non moins belle, mais enregistrée en public, au pied même du tombeau de Bach, suivant en cela l’exemple de Zhu Xiao Mei...

08 octobre 2020

COVID: Le Retour

Le COVID-19 revient donc en force. On peut gloser à l’infini pour savoir s’il s’agit d’une deuxième vague ou bien d’une simple recrudescence de l’épidémie. Une chose apparaît clairement: l’ambiance est à la panique !
Avec le virus, les experts en prévision sont eux aussi de retour sur les plateaux et télévision et les controverses reprennent de plus belle. Dans ce qu’on entend, il y a tout et son contraire. Bien malin celui qui peut dans un tel contexte se faire une idée claire.
Le plus inquiétant est que le gouvernement semble une fois encore pris de court. Certes, nous avons désormais des masques à profusion, et loin d’être qualifiés d’inutiles pour les péquins moyens, ils sont devenus obligatoires quasi partout. Certes nous avons les tests, et loin d’être réservés aux seuls cas symptomatiques, ils sont aujourd’hui proposés à l’ensemble de la population, sans ordonnance ni justification et gratuits (ou presque gratuits, car en vertu des franchises de la Sécurité Sociale, il reste tout de même 2 € à charge de chaque assuré…). Certes les prises en charge thérapeutiques sont paraît-il beaucoup plus performantes, et foin de l’hydroxychloroquine, bonjour la bonne vieille dexaméthasone...

ll y a quand même un hic: malgré tous ces progrès, on se croirait revenu au début de l’histoire. Un peu partout, c’est le branle-bas de combat général, les alertes catastrophistes se multiplient et selon les indicateurs savants du ministère de la santé, les régions virent les unes après les autres au rouge de plus en plus foncé. Parallèlement, les contraintes pesant sur la population et les entreprises sont chaque jour un peu plus lourdes et certains parlent même d'un prochain re-confinement !
Fait étrange, la France figure une fois de plus parmi les pays les plus touchés, et les plus en difficulté. En Asie, la contagion est maîtrisée depuis belle lurette. Autour de nous, hormis l’Espagne, les choses paraissent évoluer de manière beaucoup plus simple. Même l’Italie et la Belgique parviennent à contenir la marée virale. La Suède dont on stigmatisait la légèreté, est en phase de plateau, et s’il y a une augmentation modeste du nombre quotidien de patients contaminés, le nombre de décès reste très bas et la vie continue presque normalement. Sans avoir jamais confiné, sans avoir trop entravé les libertés, les chiffres de mortalité sont à peu près équivalents à ceux de la France (588 décès par million d’habitants là bas vs 482 chez nous). A titre de comparaison, ce même indicateur est de 116 en Allemagne, de 8 en Corée du Sud, et de 0,259 à Taïwan....
En France, vu la multiplication des tests, le nombre de morts rapporté au nombre de personnes positives a heureusement beaucoup baissé. Il est passé de plus de 17% en juillet à 5,17% aujourd’hui, mais il reste plus élevé qu’aux États-Unis (2,8), qu’en Allemagne (3,15) et même qu’au Brésil (2,9).

Pourquoi donc cette ambiance de panique, alors que les chiffres mondiaux objectivent un plateau s’agissant du nombre de patients positifs et une baisse régulière en matière de mortalité depuis plus d'un mois ?
Force est d’évoquer encore et toujours les faiblesses de la stratégie française et notamment du gouvernement, qui est à la barre et dont on attend tout et sans doute bien trop. Il s’agite dans toutes les directions, mais ses injonctions s’avèrent trop souvent contradictoires ou peu intelligibles. On a vu les revirements concernant les masques et les tests. On pourrait dire qu’on est passé d’un excès à l’autre. Il est évident que le port quasi généralisé du masque n’a pas permis d’enrayer le rebond actuel. Il est clair également que l’accès sans limite ni stratégie aux tests s’est révélé contre productif, engendrant l’engorgement des laboratoires et l’allongement déraisonnable des délais pour obtenir un diagnostic. Parallèlement la faiblesse des sanctions, spécialement dans les endroits “sensibles” où les règles étaient les moins bien respectées n’a pas arrangé les choses. Tout comme le caractère lacunaire des contrôles aux frontières, dans les ports et dans les aéroports...
Et face à cette montée des périls, tout se passe comme si l’on n’avait tiré aucun enseignement de la crise initiale pour réorganiser les hôpitaux et adapter leurs capacités à un éventuel afflux de patients. On nous avait pourtant affirmé qu’ils disposaient de tous les médicaments nécessaires, de respirateurs en grand nombre et M. Véran annonçait victorieusement fin août que les services de réanimation pouvaient désormais accueillir 12000 malades simultanément et jusqu’à 29000 sur la durée d’une vague épidémique. On avait même échafaudé en un temps record le fameux "Ségur de la santé" qui devait sauver les établissements de santé. Comme tous ceux qui l'avaient précédé, il est déjà en passe d’être oublié, sans avoir produit le moindre effet, hormis quelques hausses salariales qui ne semblent pas avoir convaincu vraiment les personnels...

Tout cela semble bien vain et l’impression tenace est que les Pouvoirs Publics courent après le virus depuis son émergence, mais qu’ils ne parviennent ni à enrayer sa progression ni à anticiper les dégâts qu’il provoque. Ne sachant manifestement vers quel saint se tourner, ils promulguent à tour de bras des directives dans lesquelles personne ne se retrouve. Un jour on ferme les restaurants, un autre les salles de sports, les piscines, puis une semaine plus tard on revient en arrière mais en imposant des protocoles sanitaires dissuasifs tant ils sont complexes et fluctuants. Tout à coup on s’aperçoit de l’incroyable promiscuité qui règne dans les amphithéâtres des universités et du jour au lendemain, on "réduit la jauge à 50%", sans expliquer aux gestionnaires comment s’y prendre. Manifestement le télé-enseignement n'a guère progressé…
Le mécontentement grandit donc, pendant que le pays s’enfonce pour de bon dans une crise économique de grande ampleur, le tout sur fond de délabrement social et de lubies totalitaires de tout poil, écologistes anti-spécistes, égalitaristes... Plus que jamais la parole publique semble déconnectée des actions. Nos gouvernants passent la moitié de leur temps en cérémonies compassionnelles et l’autre à faire de vibrants discours et de beaux projets de lois affirmant la primauté de la République et la détermination de l’État à protéger les citoyens contre tous les maux de la Création, réels ou imaginaires. Ils ne convainquent plus grand monde et le citoyen moyen se demande avec une inquiétude croissante s’il y a une issue au bout du tunnel...