30 octobre 2015

Big Brother Is Watching You

C'est fou comme d'une même réalité, il est possible de tirer des interprétations tellement opposées ! 
L'un des éditoriaux récents de La Lettre de Galilée, site web consacré au décryptage de l'actualité en santé, dresse un tableau édifiant en la matière, de l'arrivée des techniques de l'internet. Nous serions selon l'auteur, Philippe Rollandin, sur le point d'être ni plus ni moins livrés en pâture aux nouveaux géants de l'informatique, tels que Google, Doctissimo et autres assureurs privés, avides de colliger et de traiter à leurs seuls bénéfices, nos données individuelles, notre code génétique, tout notre patrimoine le plus intime en quelque sorte...

Pourtant, pour paraphraser le titre de l'article, en fait d'ubérisation de la santé, n'est-ce pas avant tout d'une étatisation dont il s'agit ?
En France, ce n'est pas compliqué, tout ou presque est désormais encadré, quadrillé soumis à la tutelle universelle et « bienveillante» du gouvernement. Du monopole étatisé, obligatoire de la Sécurité Sociale, à l'organisation hypercentralisée des soins, avec agences d'état à tous les niveaux, en passant par les plans quinquennaux des Schémas Régionaux d'Organisation des Soins (SROS), les régimes ubuesques d'autorisations d'activité et d'équipements, la planification de la formation, de la spécialisation et bientôt de l'installation des médecins...

Le pire est qu'on ne peut pas dire qu'il s'agisse de l’œuvre d'un pouvoir politique plutôt que d'un autre. Tous y ont contribué depuis des décennies avec la même ingénuité, avec la même ferveur, et sans dictature s'il vous plaît. A la seule faveur du consensus mou qui ramollit les esprits et transforme les élections en « piège à c... ». Le tout, assaisonné de leurres idéologiques qui voudraient faire croire au bon peuple « le plus éclairé du monde », mais aussi un des plus dépensiers en matière de santé, que celle-ci serait gratuite, qu'elle ne serait pas une marchandise, que le rapport coût/efficacité, on s'en tape, et que l'éthique et la morale peuvent se décréter en comité de salut public, ce dont les entreprises privées sont par nature, totalement dépourvues...

Force est de constater qu'année après année cette emprise étatique grandit. Il n'est que de voir la soviétisation molle des établissements de santé, dont la réforme Touraine en gestation et ses horribles Groupes Hospitaliers de Territoires constituent une nouvelle étape, les mutuelles d'entreprises obligatoires, les oppressantes campagnes de dépistages tous azimuts, le DMP (Dossier Médical Personnel), l'identifiant patient national, sans oublier la centralisation jalouse des bases de données médicalisées du PMSI (Programme de Médicalisation des Systèmes d'Informations).
Bref, en France, le Big Data sera d'Etat ou ne sera pas...

Heureusement qu'en définitive l'Internet lève un pan de cette chape étouffante, qu'il contribue à faire sauter quelques verrous, et qu'il s'attaque aux innombrables privilèges et rentes de situations que notre système a érigés pour protéger des gens ou des professions, qu'en réalité il asphyxie sous les charges, règles et taxes en tous genres.

En définitive, même s'il est à craindre que cela n'aille pas très loin, on peut se réjouir de voir l'herbe de la liberté fissurer le béton de la bureaucratie. De l'air, vite !

27 octobre 2015

Qu'est-ce que l'empirisme radical ?

La pensée philosophique de William James (1842-1910) est toujours des plus stimulantes. Frappée au coin du pragmatisme, elle se veut efficace et porteuse d'applications pratiques dans la vie quotidienne. Quoique son approche puisse apparaître au premier abord comme très « terre à terre », elle n'est pas dénuée de prolongements psychologiques très pénétrants et n'élude en rien les problèmes spirituels, notamment la force et le mystère de la foi (la volonté de croire).
En un mot, elle est assez humble pour se plier de bonne grâce aux réalités tangibles et suffisamment élevée pour intégrer quelques supputations métaphysiques.

Cependant, comme le titre de cet ouvrage le rappelle, le maître mot de cette philosophie reste avant tout l’expérience. C’est elle qui conditionne toute connaissance et tout progrès. C’est elle qui nous donne une idée du monde qui nous entoure. Et c’est d’elle que nous tirons tout ce qui peut nous être utile, et tout ce que nous jugeons vrai ici bas.
Cette conception empirique n’est pas réellement nouvelle puisqu’on la fait habituellement remonter tantôt à l’antiquité avec la Tabula Rasa d’Aristote, tantôt au Moyen-Age avec Guillaume d’Ockham et son fameux rasoir, ou bien encore à la Renaissance avec Francis Bacon et sa doctrine des Idoles de l’Esprit. On sait également qu’elle trouva ses développements les plus lumineux avec John Locke au XVIIè siècle et avec David Hume quelques décennies plus tard.

Qu’est-ce donc que l’empirisme radical auquel cet ouvrage, assez ardu, il faut bien le dire, fait allusion dans son titre ?
C’est en quelque sorte le règne  de “l’expérience pure” qui est ici consacré par le philosophe, mais encore ?
Précisons d’emblée qu’en matière d’expérience, William James va plus loin que Hume en affirmant que “Pour être radical, un empirisme ne doit admettre dans ses constructions aucun élément dont on ne fait pas directement l’expérience, et n’en exclure aucun dont on fait directement l’expérience.” En bref, ne rien ajouter à l’expérience, aucune croyance, aucune superstition, mais ne rien lui retirer non plus, dans la mesure où son champ serait universel.
De fait, James considère que font partie de l’expérience, outre les termes de l'expérience, également les relations qui l’entourent. Ce qui l’amène à préciser ce qu'il entend par là : “L’expérience pure est le nom que j’ai donné au flux immédiat de la vie, lequel fournit la matière première de notre réflexion ultérieure avec ses catégories conceptuelles…” et plus loin : “Le champ instantané du présent est à tout moment ce que j’appelle expérience pure.”

Vaste sujet sans conteste, mais il est indéniable qu’une telle conception déroute un peu celui qui considérait le pragmatisme comme quelque chose de simple, et qui comprenait l’empirisme comme étant le contraire du rationalisme !
En réalité, sans doute faut-il comprendre cette apparente dématérialisation du concept expérimental comme une tentative faite pour exprimer le fait que “les choses et les pensées ne sont point fondamentalement hétérogènes, mais qu’elles sont faites d’une même étoffe, étoffe que l’on ne peut définir comme telle, mais seulement éprouver, et que l’on peut nommer, si on veut, l’étoffe de l’expérience en général…”

L’intérêt de cette approche plutôt complexe, autant qu’on puisse en juger, est surtout de déboucher sur une conception originale de la conscience, qui fait partie intégrante pour James du monde, donc du champ de l’expérience, et qui de ce fait, n’est plus vraiment une “entité”, mais seulement une “fonction”. Cette fonction c’est de connaître...
Pour préciser sa pensée, James livre une comparaison selon laquelle “objets et conscience sont comme les pigments et le liant de la peinture." On pourrait en somme conclure avec lui que “La conscience n’existe pas en tant que telle, mais qu’elle se définit avec les choses avec lesquelles elle forment la même étoffe.”

Autour de cette ligne directrice, s’inscrivent toutefois des définitions ou assertions beaucoup plus nébuleuses. Par exemple, lorsqu’il explique que “le paradoxe de la même expérience qui figure dans deux consciences semble donc n’être en rien un paradoxe", et que "l’acquisition de la qualité consciente, de la part d’une expérience, dépend d’un contexte qui vient à elle", ce dont il découle que "que la somme des expériences n’ayant aucun contexte, ne peut en toute rigueur être dite consciente. C’est un Cela, un Absolu, une expérience pure sur une échelle gigantesque, indifférenciée et indifférenciable en pensée et en chose.” 

Gageons que ces écrits, rassemblés sous formes d’essais posthumes, auraient gagné à être mis en forme de manière un peu plus limpide par l’auteur si la destinée lui en avait laissé le temps...

Gardons en tout cas, quelques citations plus concrètes glanées de ci de là, telle celle qui stipule que “la conscience est atemporelle. Elle n’est que le témoin de ce qui arrive dans le temps, où elle ne joue aucun rôle.”
Ou bien des réflexions témoignant d’une conception empirique plus classique. Par exemple celle selon laquelle “Nous vivons vers l’avant mais nous comprenons à rebours”, celle en forme de pierre dans le jardin du rationalisme : “Toute vérité invérifiable est vaine, c’est à dire inutile ou dangereuse.”
Ou cette controverse “relativiste” qu’il eut avec John E. Russell, sur une réalité très triviale : “le pain nous nourrit-il parce que c’est un aliment ? Ou alors, est-ce un aliment parce qu’il nous nourrit ? Ou encore être un aliment et nourrir ne sont-ils que deux manières de nommer les mêmes évènements physiologiques ?"
Et pour finir : “C’est une chose pour une idée d’être vraie, c’en est une tout autre de prouver que cette idée est vraie.../… La vérité et la vérification sont par conséquent des choses différentes…”

En guise de conclusion, et de manière sans doute un peu trop simpliste mais tant pis, on peut être tenté de prendre en compte le désir exprimé par William James, derrière sa soif d’expérience “pure”, de comprendre l’humanisme “à la fois comme un théisme et un pluralisme”. Devant cette assertion lourde selon laquelle, sans conscience l'expérience n'est rien et réciproquement, qu’il soit donc permis de suggérer que l’empirisme repousse l’âme au delà de la conscience avec laquelle on a tendance à la confondre mais qu’il ne l’exclut pas, pas plus qu’il n’exclut Dieu… En somme, ce n'est que repousser les limites de la métaphysique.

23 octobre 2015

Orages bureaucratiques, ô désespoir !

Il y a des moments où l’on se sent las. Las de l’insipidité du réel ou bien de sa désespérante inanité.

Notre univers quotidien se trouve plongé dans tant de contradictions, s’épuise en tant de vaines controverses, et recèle tant de futilités !

Jouissant d’un confort matériel qui paraîtrait inouï à nos ancêtres, bénéficiant de progrès techniques qui leur sembleraient incroyables, nous sommes quant à nous blasés, et jamais le bel idéal de la démocratie supposé magnifier la Liberté, si chèrement acquise, n’a paru plus se rapprocher d’une affligeante médiocratie…

Les mots perdent chaque jour un peu plus de leur sens et les idées se réduisent à des lieux communs. En dépit de fabuleux moyens de communication et d’un accès toujours plus aisé à l’information, l’impact des rumeurs infondées ne cesse de croître, et contrairement aux recommandations du vénérable Kant, de moins en moins de gens donnent l’impression de penser par eux-mêmes. Les repères s’estompent, le vrai et le faux se diluent dans un vague consensus tiède. Tout et son contraire peut être soutenu dans cet informe magma idéologique qui se répand de proche en proche en flaques gluantes.

Reflet de ce désastre spirituel, les Pouvoirs Publics et leurs représentants se confondent dans la même nullité satisfaite. Ni conviction, ni inspiration, ni détermination ne les caractérisent.
Par leur faute, nous sommes littéralement ensevelis sous une bureaucratie monstrueuse qui secrète sans fin ses règles, ses normes, ses ukases, en asphyxiant toujours plus l’esprit d’initiative, le libre arbitre et la volonté. Les usines à gaz législatives qui sortent de l’esprit dérangé des satrapes rassis du socialisme s’inscrivent toutes dans le même mouvement catastrophique :
- Loi Touraine dite de modernisation de la santé, qui va poursuivre le lent processus de soviétisation du système et l’irresponsabilité générale,
- Dé-culturation de l’éducation nationale et renforcement de la calamiteuse carte scolaire qui enferme l’enseignement public dans un carcan générateur d’inégalités et d’injustice,
- Encadrement féroce de l’immobilier locatif dont le principal effet sera de renforcer la pénurie de logements,
- Laisser aller pseudo-libéral sur la justice, l’immigration, la sécurité, qui livre le pays à des flambées de plus en plus nombreuses et violentes de délinquance,
-Et pour finir, taxations tous azimuts, sous des prétextes oiseux, afin de nourrir l’incommensurable et toujours croissant trou noir de l’étatisation.

C’est sans doute folie que d’écrire pour tenter de s’opposer aux insanités pondues frénétiquement par un gouvernement de gnomes maléfiques qui vous racontent n’importe quoi, qui mentent à longueur de temps et disent un jour le contraire de ce qu’ils affirmaient la veille.
Tant pis, ça soulage un peu quand même. Advienne que pourra…

Le récent épisode tragi-comique de l’émission avortée “Des Paroles et des Actes” donne la mesure de la déroute politique dans laquelle s’est engagé notre pays. Totalement désemparés par leur incapacité à proposer des solutions convaincantes, les dirigeants des partis traditionnels, dans une stratégie désespérée, unissent leur forces de plus en plus dérisoires pour tenter d’interdire à Marine Le Pen l’accès aux grandes tribunes médiatiques de la télévision. Peine perdue ! Les sondages enflent irrésistiblement en faveur du Front National. Une tornade se prépare sous l’horizon lénifiant de la démagogie.

L’apothéose de ce piètre spectacle en forme de bouffonnerie fut la torve alliance de circonstance entre Nicolas Sarkozy et Jean-Christophe Cambadelis, saisissant le CSA en invoquant un prétendu déni de démocratie de la part de France 2.
Imaginent-ils sérieusement influencer l’opinion publique en prétendant que madame Le Pen soit un danger pour le pays, vu l’état dans lequel eux-mêmes l’ont mis ?
Pensent-ils impressionner les gens en la comparant à Wladimir Poutine, seul chef d’état donnant à ce jour l’impression de savoir ce qu’il veut ?
Croient-ils sérieusement convaincre les foules en affirmant qu’elle a peur du débat, après qu’elle se soit payé le luxe d’annuler elle-même sa prestation, suite à toutes ces manigances ?

C’est décidément un boulevard qui s’offre désormais au parti incarnant aux yeux d’un nombre grandissant de Français, la seule alternative crédible à la mascarade politique qui semble commencer à les lasser pour de bon...

02 octobre 2015

Oldies But Goldies

C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes prétend le dicton. Et ça pourrait s'appliquer à quelques récentes productions musicales émanant de vieux de la vieille de la génération pop-rock, celle-là même qui jeta ses plus belles contributions durant les années soixante.
A tout seigneur tout honneur, Johnny Winter, mort en 2014, laissa avec son album Step Back sorti juste après sa disparition, un chant du cygne qu'on n'attendait plus guère eu égard à l'état de faiblesse qu'il manifestait lors de ses dernières apparitions publiques. Mais le bougre avait encore du ressort et un sacré jus, qu'il exprima de toutes ses forces dans cet ultime hommage au Blues.
Pour magnifier l'éclat de ces reprises, il s'entoura de quelques pointures : Eric Clapton, Billy Gibbons, Joe Bonamassa, Ben Harper, Brian Selzer, Dr John et j'en passe. Ça donne un ensemble très pêchu où l'émotion court intacte au fil des ensorcelants slides que délivre avec rage et passion le plus fameux guitariste albinos que la Terre ait porté...

De son côté Keith Richards, parvenu au terme de maintes péripéties, au seuil de la sagesse et du grand âge, veut également manifestement laisser son empreinte en nom propre.

L'âme damnée des Rolling Stones, sur le visage duquel le temps a buriné ses sillons vengeurs, ce guitariste hors norme, aussi foutraque qu'inspiré, ne veut pas rester seulement l'ombre sardonique de Mick Jagger. Émergeant des dernières fumées des fêtes stoniennes, son opus en solo tente de démontrer qu’il ne fut pas qu’une puissance occulte. Sous ses airs quelque peu démoniaques, on découvre qu'il sait aussi donner de la voix. Et pour ceux qui en doutaient, quoi qu'ayant cosigné tous les grands tube du groupe, il prouve qu'il sait aussi faire des chansons.
On dira peut-être qu'il envoie la purée sans ménagement. Que ses rocks sont un peu bourrins. Qu'il assène parfois la rythmique avec un marteau pilon... Mais au diable les esprits chagrins. Derrière l'infanterie lourdement armée, il y a plus que des nuances. Et celles-ci sont puisées aux sources du bon vieux blues dont un des exemples les plus purs est le titre Crosseyed Heart, qui ouvre humblement à la seule guitare acoustique et au chant cette session.
Il y a du rock également, très massif, très dense qui déboule avec la puissance d’une rivière en crue (Heartstopper, Amnesia, Trouble, Substantial Damage), mais aussi un lot de balades mélancoliques ou quelque peu désabusées (Robbed Blind, Nothing On Me, Sucpicious, Illusion, Just A gift, Goodnight Irene, Lovers Plea) et même quelques échos moelleux de reggae (Love Overdue). Au total, un amalgame musical savamment dosé, homogène et juste un brin toxique pour ne pas faire mentir la réputation...

Autre aficionado de la note bleue, Sonny Landreth sort plus discrètement sa contribution personnelle.

Bound by the Blues dit un des morceaux originaux de cet album noyé dans les slides à l’acidité décapante. La voix haut perchée a des stridences de fond de gorge, auxquelles les effets de réverbération confèrent un mordant aux accents désespérés.

Beaucoup de compositions originales ici aussi dont un émouvant hommage à Johnny Winter (Firebird Blues) et de brillantes reprises de quelques grands classiques inépuisables (Walkin Blues, Key To The Highway, Dust My Broom…)


Dans un style plus sophistiqué, David Gilmour, revient en majesté. Après avoir piloté une compilation un peu fade de fragments musicaux retrouvés dans les vieux tiroirs du Pink Floyd, le voici qui se déleste d'un superbe album, entièrement de novo.
Derrière la trouvaille amusante consistant à broder une belle petite rengaine autour de l’accroche musicale de la SNCF (Rattle That Lock), on retrouve intacte, une bonne partie de l’inspiration dont il fit preuve pour donner au groupe dont il incarna la guitare, ses sonorités si planantes, si éthérées, autour des mélodies envoûtantes qui firent les belles heures de la musique psychédélique.

Pas de rupture donc avec le passé, mais quelques resucées savoureuses qui rappellent le bon temps.

Dès l’ouverture, le babil matinal des oiseaux en été, fait place à de somptueuses harmonies qui donnent le ton (5 A.M.). On s’abandonne ensuite complètement aux chansons extrêmement peaufinées pleines de tendresse et d’émotion dans lesquelles le chant déchirant se conjugue avec les extatiques envolées guitaristiques (Faces Of Stone, A Boat Lies Waiting, In any Tongue)
Après une ou deux digressions jazzistiques inattendues, l’ensemble se referme sereinement sur un magnifique instrumental, qu’il faut sans doute prendre comme un message subtil. On veut croire que les chaînes de la temporalité s’estompent devant un flot de promesses : And Then…

Pour terminer, encore un nouvel opus de Bob Dylan imprégné de doux effluves de nostalgie...

Est-ce parce qu'il s'agit ici, non de compositions personnelles, mais de reprises de standards d'une époque paraissant tout à coup bien lointaine ?

Sont-ce les chuintement plaintifs de la pedal steel guitar, noyant ces mélodies dans un ineffable et languide lamento ?

Est-ce cette voix pathétique qui tente mais sans trop se faire trop d'illusions, d'amadouer la cruelle pulsation du destin, au moment d'entrer, à reculons, dans le mystérieux clair obscur séparant l'existence du néant ?

Toujours est-il qu'un troublant sentiment s'empare de celui qui se laisse envahir par ces mélopées répétitives et monocordes, quasi murmurées avec humilité, par un artiste qui n'a plus rien à prouver, mais encore quelque chose à exprimer...

Peut-être faut-il comprendre que rien ne sera plus comme avant, ou bien que tout recommence à jamais…