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05 juillet 2020

La Grosse Commission

On n’en a pas fini avec le coronavirus. Et on n’a pas fini de parler de cette crise qui bouleversa sans qu’on ait eu le temps de crier gare, la vie du pays en ce printemps 2020. Pour faire toute la lumière sur la façon dont l’Etat traita cette épidémie, l’Assemblée Nationale a mis sur pied une commission expresse. Sage et logique initiative pour peu qu’une telle instance soit en mesure d’éclairer vraiment le Peuple et qu’elle permette de tirer des conclusions pragmatiques.
C’est tout le contraire qui se passe sous nos yeux et le moins qu’on puisse en dire pour l’heure, est que ce théâtre républicain improvisé tourne à la farce bouffonne.
On interroge des heures durant nombre d’experts, de hauts fonctionnaires, de ministres et autres satrapes impliqués plus ou moins directement dans la gestion de ce fameux COVID-19. Après avoir entendu tout ce beau monde, force est de conclure que le problème reste entier et les polémiques plus enflammées que jamais.

On a retrouvé le discours patelin du professeur Salomon, réexpliquant avec force circonlocutions et périphrases tout ce dont il nous avait abreuvé durant des semaines, occultant dans la sauce onctueuse de son discours, maintes contradictions et maints égarements…
On a retrouvé les attaques vitriolées du Professeur Raoult faisant à lui tout seul le procès impitoyable des dits égarements du Pouvoir et de la plupart de ses confrères, tout en glorifiant non sans raison les bons résultats obtenus par son équipe.
Les ministres de leur côté ont mis toute leur énergie avec un talent assez inégal, à se dédouaner de toute faute, de tout retard et de toute négligence.
On avait presque pitié pour madame Buzyn, perdue dans ses dossiers, bafouillant des arguties foireuses pour tenter de justifier son action. Entre autres énormités débitées sur un ton de chien battu, elle osa prétendre qu’elle avait toujours été en avance sur les instances internationales, et affirma sans vergogne que la France avait été la première à mettre au point les tests diagnostiques ! Aucun regret, aucun remords, aucune remise en cause.
Pas davantage de questionnement chez ses prédécesseurs, en l’occurrence Marisol Touraine et Roselyne Bachelot. La première se félicita d’avoir laissé en partant autant sinon plus de masques qu’au moment de sa prise de fonction et la seconde se permit d’ironiser à propos des médecins, négligents et infantilisés selon elle, au point de n’avoir dans leur cabinets ni masques ni blouses, attendant tout en somme de l’Agence Régionale de Santé !
Toutes les deux ont oublié les réformes calamiteuses dont elles portent la très lourde responsabilité et qui n’ont pas peu contribué à mener notre système de santé dans l’état où il se trouve, rongé par la sur-administration et la déresponsabilisation générale.

Tous ces débats n’ont donc pas amené la moindre clarification. Pire, tous les représentants des Pouvoirs Publics passés sur le gril estiment avoir parfaitement rempli leur mission. Comme le dit élégamment le président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde : “On se fout de notre gueule”. Aucun progrès n’est donc à espérer et aucune leçon ne sera comme trop souvent tirée de ce navrant épisode. Les polémiques et les guerres de chapelles quant à elles sont loin d’être éteintes. L’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris menace de poursuivre Didier Raoult pour faux témoignage. L’HAS et le Conseil Scientifique dénoncent des propos infamants et calomnieux. Quant à Roselyne Bachelot, elle a hérissé une bonne partie des médecins de ville qui ont payé un lourd tribut à l’incurie gouvernementale et qui envisagent de porter l'affaire devant les tribunaux...

Et ce n'est pas fini. Trois des ministres en exercice lors de la crise font l'objet de plaintes citoyennes pour "abstention de combattre un sinistre" et devront en répondre devant la Cour de Justice de la République. Il serait exagéré et inconvenant en la circonstance d'exiger pour ces gens que soit reconnue une quelconque culpabilité, eu égard à la complexité de la situation, mais il est hélas illusoire qu'au moins soient tirées quelques conséquences pratiques pour qu'à l'avenir l’État se comporte avec un peu plus de réactivité, de pragmatisme et beaucoup moins d'auto-satisfaction...

Illustration: Les Gens de Justice. Gravure d'Honoré Daumier

13 juin 2020

COVID-19 : Epilogue


Un vent plein de fraîcheur avait disséminé
Les pâles résidus imprégnés de poussière
Et de virus qui sur la nation tout entière
Déversaient leur malsaine odeur de confiné
 
L'avenir s’ouvre, tel un regard de noyé
Ramené à la vie, avide de lumière
Las mais si heureux quand relevant sa paupière
Il voit un jour nouveau dans le ciel déployé
 
Tout en se délivrant d'une lourde ankylose
Il se demande alors s'il s'agit de la fin
D'autres périls, noir, vert, jaune, rouge ou bien rose
 
Et l’œil bercé de bleu, s'il voit venir enfin
Sans peur d'être déçu l'espoir d'un nouveau monde
Que ce vent, messager de la Liberté, fonde...

25 mai 2020

COVID-19 : Raoult avait raison

Durant cette crise, on aura tout vu, tout lu et tout entendu, et notamment une foule de rumeurs non fondées et d'informations contradictoires. Beaucoup d’experts, de consultants, de sommités scientifiques se sont succédé sur les plateaux télés. La présence de certains, inconnus la veille, est devenue quasi quotidienne. Depuis quelques mois, ils abreuvent les téléspectateurs d’hypothèses, d’opinions et de prévisions plus ou moins farfelues. Que restera-t-il de leur gloriole éphémère, sitôt le péril écarté ? Autant en emporte le vent sans doute…

S’il est une personne qui cristallisa les débats, largement à son corps défendant, c’est bien le désormais célèbre professeur Didier Raoult.
Paradoxalement, lui ne fut vu sur aucun plateau. Il resta tranquillement dans son Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) à Marseille, distillant sur Youtube, comme à son habitude, bien antérieure à la crise, de petites vidéos filmées directement dans son bureau. Hormis une ou deux interviews, données dans le même lieu, le rituel était toujours identique : quelques constats et des graphiques démonstratifs illustrant les données statistiques produites par son établissement. Et une stratégie simple et limpide, d’une cohérence exemplaire.


Il fut le premier à rappeler les 3 règles qui selon lui doivent prévaloir en période d’épidémie : diagnostiquer, isoler, traiter. Il fut le premier à exploiter méthodiquement les chiffres et les études produites par les pays asiatiques, notamment la Chine, frappés de plein fouet par le virus. Très précocement, il put tirer parti des expériences vécues là bas, sur la nature du virus, sa contagiosité, le temps d’incubation, la durée de portage de l’agent infectieux. Grâce à cela, il fut en mesure de mettre très rapidement en œuvre un test diagnostic fondé sur la technique d’amplification génique (PCR) et de proposer une solution thérapeutique originale et raisonnable, fondée sur l'évolution comparée de la charge virale, à base d'hydroxychloroquine et d’azithromycine.

Jamais il ne fit d’annonce spectaculaire, jamais non plus de prédiction, ce dont beaucoup l’accusent pourtant. Mais très tôt, il révéla par exemple que les enfants étaient préservés des formes graves, qu’ils ne portaient en règle qu’une charge virale minime, et donc qu’ils étaient probablement peu contagieux. Très tôt il put avancer que la gravité de la maladie concernait préférentiellement certaines populations, notamment les personnes âgées, et qu’il était impératif de les protéger, donc de tester sans réserve, pour éviter d’en arriver au confinement généralisé, qu’il qualifia de solution moyenâgeuse.
S’appuyant sur la maîtrise spectaculaire de l’épidémie par Taiwan ou par la Corée du Sud, il lui arriva sans doute d’être un peu trop optimiste et d’imaginer à haute voix que le virus pourrait être rapidement circonscrit. On le lui reproche encore, tout comme on le poursuit opiniâtrement pour avoir osé préconiser un traitement sans avoir préalablement procédé à un essai clinique en bonne et dûe forme, c’est à dire prospectif, randomisé, en double aveugle, validé par moultes commissions éthico-bureaucratiques. Il s’est expliqué à maintes reprises sur les raisons pratiques qui l’ont poussé à adopter une attitude empirique face à une maladie aiguë, contagieuse, potentiellement grave, pour laquelle une réaction rapide s'imposait. Mais il n’y a pas pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre et c’est une véritable bronca qui s'est levée, et qui le poursuit sans discontinuer.


Partant de son expérience en matière d’épidémies, le professeur Raoult avait très tôt évoqué le possible caractère saisonnier de l’infection à coronavirus, et il avait émis l’hypothèse qu’il n’y aurait pas de deuxième vague lors du “déconfinement”, l’évolution des grandes contagions suivant habituellement “une courbe en cloche et non en chameau”. Il fut également sur ce sujet critiqué sans ménagement.

Aujourd’hui, plus que jamais, les faits sont en passe de lui donner raison. Aucun retour de flamme n’a été observé dans les pays asiatiques ayant maîtrisé rapidement le fléau et pas davantage dans ceux qui en Europe, ont déconfiné, plusieurs semaines avant la France.

Il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives de l’épisode COVID-19, mais force est de constater dès à présent que notre pays s’inscrit dans le peloton de tête de ceux qui ont le plus mal géré la crise, en s'obstinant étrangement à faire exactement le contraire de ce que préconisait l’équipe de l’IHU de Marseille.
Pire que l’impréparation dans laquelle la France se trouvait, il y eut les mensonges, le parti-pris et la mauvaise foi des gouvernants. Si la prestation de madame Buzyn fut calamiteuse, celle de son successeur Olivier Véran, ne fut pas meilleure. Très sûr de lui, jusqu’à l’arrogance, il s’opposa systématiquement aux propositions du Professeur Raoult, tout en propageant nombre d’affirmations non vérifiées, et usant de son nouveau pouvoir pour imposer toutes sortes de diktats arbitraires. Tout récemment, sur la foi d’une étude rétrospective semée de biais méthodologiques, il s’est cru autorisé à renforcer encore la tutelle absurde qu’il avait imposée aux médecins souhaitant prescrire de l’hydroxychloroquine.
Les laborieuses démonstrations et auto-justifications télévisées pilotées par le Premier Ministre, les onctueux prêches du professeur Salomon, et les leçons dogmatiques du Dr Véran resteront probablement comme des ponts-aux-ânes, révélateurs de la vanité et de l’auto-satisfaction de l’Etat-Providence.

Quant au Professeur Raoult, il apparaîtra quoiqu’il arrive désormais, comme une sorte de phare, rassurant dans la tempête, constant et éclairant. Les résultats obtenus par son équipe sont spectaculaires et incontestables, à l'image de ceux des meilleurs pays d'Asie. Avec plus de 130.000 PCR réalisées, Marseille est une des villes où l'on a le plus testé au monde, et dans la cohorte suivie et traitée par l'IHU la mortalité est la plus faible qui soit, de l'ordre de 0,5%. Personne ne pourra lui retirer cela.

On ne comprend vraiment pas bien pourquoi ce Français, dont l'autorité scientifique est reconnue dans le monde, fait l'objet de tant de critiques, voire de mépris de la part de gens qui n'arrêtent pas de vanter la souveraineté nationale, le made in France les relocalisations, et autres cocoricos bruyants mais inconséquents.

Avec beaucoup de simplicité, M. Raoult a redonné au raisonnement médical toutes ses lettres de noblesse, en le dépouillant de la gangue technocratique qui finissait par l’obscurcir et l’étouffer. Fasse le ciel que ses leçons finissent par porter et sourions avec lui lorsqu’il conclut qu’à défaut d’être efficace dans la lutte contre le coronavirus, l’hydroxychloroquine est sans doute un remède préventif de la folie, car il faut bien reconnaître que tous ceux qui s’opposent férocement à son usage, ont perdu la raison !

graphiques IHU Marseille, au 19/05/20

13 mai 2020

COVID-19 : Le Monde d'après

On entend beaucoup de voix ici ou là, pour évoquer déjà “le monde d’après” l'épidémie de COVID-19. Pourtant si cette dernière devrait nous réapprendre une chose, c'est que l’art de la prédiction est parmi les plus hasardeux qui soient. S’il n’est pas difficile de prévoir que les conséquences de ce fléau se feront sentir longtemps et qu’elles affecteront profondément l’économie de nombreux pays, il paraît spécieux de recourir aux amalgames idéologiques pour dessiner l'avenir.
Rien de plus stupidement partisan que celui affirmant que la propagation du virus a été favorisée par la dégradation de l’environnement, la course à la croissance, la mondialisation ou je ne sais quel mal dont on attribue la cause, selon le refrain bien connu,  au capitalisme ou au libéralisme. Une chose est certaine en revanche, l’opportunisme reste une constante du raisonnement politique. On voit ainsi l’ineffable Nicolas Hulot, nullement affecté par ses erreurs et ses échecs passés, sortir son wagon de propositions “nouvelles” destinées à éviter la fin du monde qu'annonce, à n'en pas douter pour lui, l'émergence de ce virus, suggérant au passage qu'il s'agit d'une punition sanctionnant nos mauvais comportements …
D’autres comparaisons avec le passé ne valent pas forcément mieux, telle celle faite avec l’immédiat après-guerre par le ministre de l’économie Bruno Lemaire, affirmant notamment que la récession sera la pire qu’on ait connu depuis 1945. Il y a quelque indécence à comparer la guerre, ses destructions massives et ses millions de morts avec une épidémie, aussi grave soit-elle, surtout lorsqu’on fait partie des responsables qui ont méthodiquement organisé, planifié les mesures susceptibles d'entraîner une crise économique ! On se souvient des rapprochements oiseux qui avaient été faits en 2008 entre la crise dite des “sub-prime” et celle de 1929. A force de manier l’emphase et l’excès, les discours des politiciens deviennent insignifiants et contribuent toujours plus à tuer la confiance qu’on devrait avoir en leur clairvoyance. Contrairement à l’adage, gouverner, c’est de moins en moins prévoir !

Il est donc vraisemblable que nombre de convictions resteront solidement ancrées dans les esprits. De ce point de vue, le monde ne changera guère, selon toute probabilité. Les écologistes resteront écolos, probablement de plus en plus dogmatiques, les socialistes et apparentés seront toujours cramponnés aux vieilles lunes collectivistes et au mirage de la justice sociale, les étatistes s'accrocheront au pouvoir et l'Administration centrale, ses innombrables succursales, et sa pléthore de réglementations continueront de proliférer.

Il y a peu de chances qu’on assouplisse l’organisation du système de santé qui fut pourtant impacté au premier chef, et littéralement débordé par la crise. Il y a peu d’espoir par exemple, qu’on supprime les Agences régionales de Santé (ARS) qui ont montré une fois encore leur inertie et leur inefficacité. Il est tout aussi improbable qu’on donne aux établissements de santé un peu plus d’autonomie et qu’on les incite à faire évoluer leurs services de soins en unités à géométrie variable, capables d’augmenter massivement leurs capacités en situation de crise. Sauf miracle, la Sécurité Sociale restera sans nul doute un monopole chroniquement en faillite et la bureaucratie précautionneuse supposée protéger les patients lors des essais cliniques répandra toujours plus sa glu asphyxiante.

Sur le terrain, on découvrira peut-être, au rang des effets latéraux de l’épidémie, que certains malades victimes d’autres affections que "la" COVID ont pâti de la déprogrammation quasi systématique de tous les soins non urgents, même dans les zones peu touchées par le virus. Mais, revers positif de la médaille, peut-être prendra-t-on conscience du caractère superfétatoire de certains soins. Peut-être comprendra-t-on que bon nombre de suivis routiniers peuvent s’effectuer de manière moins coûteuse et plus pragmatique, grâce à la télémédecine.
Peut-être réalisera-t-on que les mesures prises pour lutter contre le nouveau fléau ont protégé la population contre d’autres maladies, infectieuses ou non. Les gestes barrières ont en effet probablement été bénéfiques pour empêcher la propagation d’autres agents viraux ou microbiens que le coronavirus. On peut par voie de conséquence espérer que cette expérience conduise à l’avenir à améliorer les mesures d’hygiène et de prévention lors des viroses saisonnières  et a fortiori face à un éventuel retour du COVID-19... Enfin, le repos forcé occasionné par le confinement a peut-être limité le nombre d’affections dues au stress, notamment les maladies cardio-vasculaires. Et la quasi suppression de toute circulation a possiblement réduit le nombre de patients dans les services de traumatologie...

Au plan économique, si beaucoup d’experts prévoient des mois, voire des années sombres, il est bien difficile de faire des supputations trop précises sur la reprise. Beaucoup dépendra de la volonté des gouvernants et du peuple, d’affronter la réalité de manière réaliste et de casser enfin la spirale infernale des taxes, des dépenses et des déficits.
Partout on entend qu’il faudra “relocaliser” quantité d’industries et d’entreprises, notamment celles fabricant les médicaments, les tests biologiques et les masques. Mais il y a peu de chances que le choses changent spontanément car il ne suffit pas hélas d’émettre un vœu pour qu’il se réalise. Acceptera-t-on dans la période “d'appauvrissement généralisé” annoncée par le Premier Ministre en personne, de payer plus cher des produits que nous ne sommes plus en mesure depuis belle lurette de fabriquer à bon marché ? Ou bien se résignera-t-on à procéder à de réelles baisses d’impôts et de charges, tout en diminuant en regard la protection sociale, pour retrouver un peu de compétitivité. Cela semble illusoire....
La situation risque même de se tendre un peu plus, sachant que les quelques réformes entreprises, notamment celle des retraites, risquent de se trouver définitivement abandonnées… Il est donc à craindre que la pression fiscale continue son inexorable progression, jusqu’à un hypothétique point de rupture.

Certains changements comportementaux à rapporter à l’épisode COVID-19 peuvent en revanche déboucher à l’avenir sur une vraie évolution de la société, non sans dégât parfois, mais plus favorablement dans d’autres occasions.
Une vraie crise profonde et durable du tourisme de masse est à craindre, avec ses conséquences désastreuses sur des pans entiers de l’économie, mais il faut bien avouer que même à ce prix, le résultat aura quelques aspects bénéfiques, en minimisant la pollution due aux transports aériens et les dégradations de sites magnifiques mais fragiles.
Pareillement, si les grandes surfaces et les centres commerciaux risquent de souffrir, ce sera peut-être au profit de la réhabilitation des centres-villes, et plutôt des cités de taille moyenne que des mégalopoles. A l’heure d’internet, quel est l’intérêt en effet de s’entasser dans ces enfers urbains où tout est cher, où l’air est vicié, où la délinquance fait rage et qui constituent un terreau idéal pour les grandes contagions ?
Cette évolution pourrait être dopée par le développement des télé-consultations, du télé-enseignement, et du télétravail qui ont pris un essor soudain grâce au confinement.
En définitive, à condition d’être résolument optimiste, on pourrait même imaginer enfin une mondialisation heureuse, associant une concurrence plus équilibrée et des échanges plus transparents. L’acquisition rapide de connaissances sur le coronavirus fait peut-être partie des prémices d’une nouvelle concertation internationale. On est encore loin du gouvernement mondial, mais qui sait ce que l’avenir réserve….

Bref on n'a pas fini de parler de ce foutu coronavirus et de cette année 2020, climatérique s’il en fut. Rappelons pour terminer ce propos, qu’à ce jour, on compte à travers le monde un peu plus de 280.000 victimes, sachant que la grippe saisonnière est responsable chaque année d’un nombre de morts se situant entre 300.000 et 600.000, et que le paludisme fait quant à lui autour d’un demi million de victimes. Et que tout cela reste modeste en regard des ravages liés à l’alcool, décimant tous les ans, au bas mot 3 millions de personnes...

12 mai 2020

COVID-19 : l'apocalypse

Sur la gestion de la crise du COVID-19, on retiendra bien sûr avant tout les tergiversations concernant la protection par les masques, celles portant sur le diagnostic biologique de la maladie, et enfin celles liées aux éventuels traitements médicamenteux.
Sur aucun des 3 sujets la situation n’est claire à ce jour, c’est à dire plus de 4 mois après le début de l’épidémie, et la position des dirigeants paraît toujours aussi ambiguë lors du fameux "déconfinement" qu’au moment des premiers “clusters”.
La polémique sur les masques qui donna lieu à tant de contradictions et de revirements est loin d’être close. A tout moment le gouvernement s’est trouvé débordé. Face à ses diktats ubuesques et ses affirmations contradictoires, le système D s’est néanmoins mis en branle pour proposer toutes sortes de protections, des plus sophistiquées, les FFP2 qu’on trouvait facilement avant le confinement dans les magasins de bricolage, aux masques artisanaux faits à la maison, plus ou moins efficaces. Le moins qu’on puisse dire est que la tâche n’a pas été encouragée ni même facilitée par les Pouvoirs Publics. On reste songeur quand on pense aux destructions massives de stocks opérées par le Gouvernement avant l'épidémie. Et on ne put que s'insurger lorsque pour tenter d’atténuer les effets de son incurie, on le vit réquisitionner toutes les commandes faites par les entreprises privées, les collectivités locales, et même les petits stocks détenus par les particuliers à qui on avait affirmé qu’ils ne servaient à rien, ainsi que ceux des professionnels, tels les dentistes, sommés de remettre en haut lieu leur précieuses ressources. Les bougres n’en avaient certes plus besoin, vu qu’ils avaient perdu le droit d’exercer, mais avait-on songé qu’un jour il faudrait bien reprendre le travail ?

Pendant ce temps, le ministre de la santé essayait de rassurer le peuple en égrenant tranquillement les chiffres astronomiques de ses commandes... qui n’arrivaient jamais ! 500 millions, puis 1 milliard, puis 2 milliards… Aucune limite, “quoiqu’il en coûte” disait le Président de la République !
S’agissant des tests, la problématique fut comparable. Après avoir mis en cause leur utilité, contrairement à de nombreux pays qui en multipliaient avec succès leur usage, on promit des commandes massives, tout en mettant des bâtons réglementaires absurdes dans les roues de ceux qui étaient en mesure de répondre à la demande, notamment les laboratoires vétérinaires.

A ce jour, le gouvernement annonce la possibilité de réaliser 700.000 tests par semaine dès la levée du confinement, mais il fait tout pour empêcher les entreprises de les mettre en œuvre, lorsqu'elles ne peuvent attester du volontariat des salariés ou qu'elles n'ont pas obtenu le blanc-seing de syndicats plus obtus que jamais. Même la simple prise de température des employés fait l’objet d’un encadrement administratif rédhibitoire ! Les syndicats dont le mauvais esprit est à nouveau à l’œuvre, ont d’ailleurs obtenu d’une justice partisane, le blocage complet du fonctionnement du géant Amazon, lequel a même été privé du recours au dispositif de chômage partiel pour ses salariés. Et ils sont également parvenus, grâce à un simple vice de forme, à empêcher Renault de rouvrir ses usines le 11 mai !
On ne sait donc pas trop à quoi servira la profusion de tests annoncée, pour peu qu’ils soient disponibles là où on en aura besoin. Pareillement, on ne sait toujours pas s’il existe un traitement un tant soit peu efficace pour combattre la maladie ou au moins la prévenir. Il y a autant d’études pour affirmer que l’hydroxychloroquine plus ou moins associée à l'azithromycine est efficace que l’inverse ! Pour les experts, attachés au “respect du protocole” comme à un dogme religieux, elles sont toutes biaisées, donc non contributives. En dépit des statistiques édifiantes du professeur Raoult, qui est en passe localement d’avoir éradiqué le fléau en multipliant les tests et en traitant empiriquement ses patients, la réticence si ce n’est le mépris des Pouvoirs Publics subsiste à son égard. On se demandera longtemps pourquoi le Président Macron en personne a cru bon de lui faire une visite très médiatisée, et pourquoi il s’est répandu en éloges à son propos, puisque son gouvernement s’est échiné à faire l’inverse de ce qu’il proposait depuis le début de l’épidémie…
D'une manière générale on aura rarement vu autant d'annonces mirobolantes, sans lendemain: lopinavir, remdesivir, ivermectine, chlorpromazine, nicotine, arénicole… Quant au fameux essai multicentrique européen Discovery, dont M. Véran attendait tant, il semble se terminer en fiasco faute d’un nombre suffisant de patients inclus, et faute d’une lourdeur de mise en œuvre qui a découragé d'autres pays que le nôtre d'y participer (hormis 1 patient du Luxembourg ) ! On vit pareille déconfiture avec l’essai promu par l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris vantant un peu prématurément les mérites du tocilizumab…

Rarement la machine administrative n'a déployé autant d’ardeur à pondre ses réglementations, ses autorisations, ses interdits, et toute sorte de mesures coercitives. La première fut cette inénarrable auto-attestation permettant de sortir brièvement de chez soi. Elle illustre parfaitement l’infantilisation des esprits causée par L’Etat-Providence, vis à vis de laquelle Tocqueville nous avait alerté en son temps, en vain hélas…
Parallèlement, on vit une multitude de dispositions plus ou moins farfelues si ce n’est contradictoires entre elles, que l’Etat se crut autorisé à prendre en vertu de sa certitude de détenir la sagesse et la vérité: encadrement des prix des gels hydro-alcooliques, puis des masques, ce qui ne fit qu'accentuer la pénurie ressentie. Barrage hypocrite au traitement associant en ville l’hydroxychloroquine et l’azithromycine (les médecins pouvaient prescrire mais les pharmacies avaient interdiction de délivrer les produits aux patients, à l’instar des masques si elles avaient le bonheur d'avoir quelques stocks !). On a beaucoup parlé de l’application pour smartphone baptisée Stop-Covid, plus ou moins calquée sur le modèle coréen, qui devait permettre d’identifier les personnes-contacts de malades. Elle fut jugée contraire aux libertés fondamentales, avec lesquelles on ne plaisante pas dans une des démocraties pourtant les plus liberticides qui soient… Peu importe, on voit mal comment elle aurait pu fonctionner sur le mode du volontariat, si tant est qu’elle eût pu fonctionner tout court… Les mêmes doutes s’appliquent aux “brigades” que le gouvernement entend lâcher un peu partout pour traquer le virus.

En matière de rumeurs, de fausses nouvelles, ce fut un vrai festival. Le gouvernement lui-même qui avait cru bon de publier une page web destinée à lutter contre les canulars et autres fake news subtilement baptisée désinfox coronavirus a dû la remiser tant elle s’est avérée inefficace. Il faut préciser que le professeur Raoult eut l’honneur lui-même d’y figurer, à son grand amusement. Le ministère quant à lui ne s’est pas privé de diffuser des informations non vérifiées. Il y eut bien sûr les mensonges éhontés sur les masques, il y eut aussi l’alerte lancée par M. Véran au sujet de l’ibuprofène et des anti-inflammatoires non stéroïdiens qu’il ne fallait absolument pas prendre sous peine de finir en réanimation. Affirmation jamais prouvée par la suite et même démentie par l’Agence Européenne du Médicament !
Parallèlement, les Pouvoirs Publics toujours prompts à mettre en avant leur mérite, ont fait grand bruit autour d’une étude assurant que le confinement généralisé avait permis de sauver au moins 60.000 personnes. S’il on peut penser que l’enfermement des citoyens limita par la force des choses en partie le désastre, il est difficile d’occulter que la France déplore malgré tout un nombre de morts par million d’habitants, parmi les plus élevés au monde (près de 400). S’il fallait y ajouter les 60.000 miraculés, nous serions vraiment les peu enviables champions toutes catégories. A contrario, nombreux sont les pays qui ont obtenu de bien meilleurs résultats que nous sans avoir été contraints de recourir à des mesures de confinement aussi strictes.
Il y a d’ailleurs lieu de s’interroger sur la qualité de nos indicateurs, tels qu’on les voit publiés sur les grands sites internationaux. Notamment sur le ratio nombre de morts / nombre de cas déclarés. Avec près de 15% de mortalité affichée, la France fait une bien piètre performance (rappelons que cet indicateur est pour l’Allemagne de 4,1, et pour la Corée du Sud de 2,3. Même aux États-Unis dont on dit qu’ils ont géré la crise de manière catastrophique, il n’est que de 5,7 soit près de 3 fois inférieur au nôtre). Quant à la cohorte suivie par le Pr Raoult, elle affiche tranquillement 0,4… On objectera qu’un tel indicateur, comme tous les autres, est sujet aux biais. Sans doute, mais s’il mesure imparfaitement la réalité, il donne tout de même un reflet peu flatteur de notre recueil de données épidémiologiques. En effet, un chiffre si haut témoigne soit d’une qualité des soins défaillante, soit d’une sous évaluation du nombre de cas, soit des deux… S’il n’y a pas de raisons objectives de penser que nos soins soient franchement moins bons qu’ailleurs, la seconde hypothèse en revanche est beaucoup plus plausible… (à suivre)

02 avril 2020

Incohérences françaises

Même pendant les crises les plus graves, telle cette terrible épidémie, on retrouve hélas la France, dans ses constantes les plus médiocres.

Certes, il y a les séances d’applaudissements enthousiastes adressés aux soignants, devenues un rituel, le soir à 20h à partir des fenêtres d’immeubles. Certes il y a de nombreuses actions de dévouement et de courage de la part de beaucoup de professionnels exposés au risque de la maladie et leur volonté de se battre envers et contre tout pour soigner, faire leur devoir et plus généralement faire survivre leur entreprise dans cette période des plus difficiles.

Mais à côté de ces actions louables voire admirables, l’actualité révèle également de nombreuses exactions, incohérences, contrevérités ou petites lâchetés.
Il y a tout d’abord le Gouvernement, manifestement dépassé par les évènements, qui cherche à masquer son impéritie derrière des faux-semblants, voire des contre-vérités flagrantes. On peut comprendre qu’il cherche chaque jour par la voix de ses ministres et du Directeur Général de la Santé à faire valoir ses efforts pour essayer de rattraper une situation qui a dangereusement dérapé. On est presque malheureux pour le professeur Salomon, contraint d’égrener chaque soir une litanie mélodramatique, tristement répétitive et de moins en moins crédible, à force de pieux mensonges et d’injonctions contradictoires.
On nous a dit que les contrôles aux frontières étaient inutiles puisque le virus "n’avait pas de passeport". On a affirmé ensuite que les tests n’avaient d’intérêt que pour les patients symptomatiques. Puis on a répété que les masques étaient inutiles pour la population générale, qu’ils ne protégeaient nullement contre le risque d’être contaminé. On a même recommandé aux gens qui en disposaient de les remettre à leur pharmacien ou bien à leur médecin !

Chacun sait désormais que ces propos ne visaient qu’à minimiser le fait que la France se trouvait gravement dépourvue de toutes ces ressources si nécessaires en contexte épidémique.

Passons sur la sous-estimation initiale de la probabilité de voir le pays soumis à une déferlante infectieuse.
Passons sur l’inertie des pouvoirs Publics face à l’expérience que vivaient les pays asiatiques et leur apparente absence d’intérêt pour les solutions qui furent mises en œuvre précocement à Taiwan, en Corée, au Japon et même en Chine...
Passons sur les atermoiements fâcheux concernant la politique de confinement, tantôt laxiste, tantôt rigoriste…


Que dire aujourd'hui des commandes faramineuses annoncées : plus d’un milliard de masques, 10.000 ventilateurs, des millions de tests diagnostics... Pour la plupart, ces ressources ne sont pas même fabriquées, étant donné la saturation des lignes de production ou les difficultés techniques pour les mettre au point… Quant aux 14.000 lits de réanimation promis sous peu par le ministre, on se demande bien avec quel personnel ils pourraient fonctionner, sachant que la France n’en a que pour un tiers...

Dans un autre registre, que penser de la condescendance affichée pour les actions therapeutiques proposées par le Professeur Raoult à Marseille? 

Certes nos dirigeants sont influencés par le scepticisme radical d’une partie de la communauté médicale. Et peut-être s’apercevra-t-on en fin de compte qu’ils avaient raison, mais si c’est l’inverse, que de temps aura été perdu à tergiverser et à ergoter sur la rigueur des études publiées…
Et que dire dans ces conditions de la demande impérative faite par le ministre de la santé de ne plus utiliser les anti-inflammatoires tel l’ibuprofène au motif qu'ils aggraveraient le pronostic des patients atteints par le COVID-19 ? 

Aucune étude ne fut présentée à l’appui de cette thèse qui fut contredite sans ambiguïté par l’Agence Européenne…
On peut également s’interroger ces derniers jours sur les transferts tous azimuts de patients très gravement atteints des régions les plus touchées vers celles qui le sont un peu moins. Espérons qu’il ne s’agisse pas d’une nouvelle erreur d’appréciation des Pouvoirs Publics mal conseillés par la panique. La logistique imposée par ces transferts est en effet coûteuse à tous points de vue, elle prive potentiellement les hôpitaux d’accueil de toute solution en cas d’afflux de patients issus de leurs propres régions, et fait peser le risque de dissémination du virus, via le personnel soignant et leurs familles…

On pourrait enfin s’interroger sur la curieuse propension de notre pays à appeler à la solidarité tout en critiquant les gens auprès de qui elle la réclame. Ainsi, c’est au moment où l’on demande à la Chine de nous livrer des masques en grande quantité qu’on l’accuse d’avoir falsifié ses chiffres de mortalité due au coronavirus. C’est au moment où l’on implore l’Allemagne - qui semble s’en sortir mieux que nous - de bien vouloir prendre les patients du Grand Est débordé, qu’on insinue qu’elle fait cavalier seul et qu’à l’instar de la fourmi de la fable, elle montre quelque réticence à partager le fardeau budgétaire avec les pays cigales…

Pendant ce temps le Gouvernement s’étonne de l’explosion du chômage partiel, qui touche dès à présent plus de 3,6 millions de personnes. Après avoir annoncé généreusement qu’il financerait sans limite le dispositif tout en insistant sur la nécessité de rester chez soi, il s’aperçoit un peu tard de son erreur d’appréciation. Du coup, la ministre du travail a cru bon de sermonner les entreprises et de leur donner des leçons de civisme assez mal venues.
Parallèlement, l'État se voit confronté à une levée croissante de boucliers par de nombreux professionnels et leurs syndicats, qui se plaignent de l’absence de protection lors de leur activité. On a pu ainsi apprendre incidemment, que pas moins de 10.000 postiers avaient fait valoir leur droit de retrait, expliquant les défaillances multiples des services postaux.
Enfin,  si la situation n'était pas aussi sérieuse, on pourrait sourire des revirements idéologiques des gouvernants dans ces situations de crise. On se souvient des discours violemment anti-capitalistes de Nicolas Sarkozy en 2008, lui qui affirmait résolument le contraire un an auparavant. Aujourd’hui c’est Emmanuel Macron qui fait mine de devenir soudainement souverainiste et qui promet au pays de retrouver son indépendance en matière de ressources sanitaires. Hélas, il ne suffit pas de faire des vœux pieux pour qu’ils se réalisent. Hier encore un reportage vantait les mérites d’un laboratoire français, capable sous peu de produire des tests sérologiques fiables et rapides, qui seront précieux lorsque le confinement sera levé. Le Directeur de cette entreprise avouait toutefois que s’il avait la capacité technologique de mettre au point de tels dispositifs, il serait contraint de passer par la Chine pour mettre en œuvre leur production industrielle, impossible en France pour des raisons de coûts. CQFD...

25 mars 2020

Le savant de Marseille

Entre autres péripéties plus ou moins dramatiques émaillant l’évolution de l’épidémie causée par le COVID-19, on retiendra sans doute l’empoignade épique opposant le Professeur Didier Raoult et son équipe à une grande partie de la communauté scientifique.
La polémique concernant la solution thérapeutique proposée par l’infectiologue marseillais à base d’hydroxychloroquine et d’azithromycine pour écourter la maladie est devenue caricaturale. On trouve d’un côté les partisans de la mise en œuvre immédiate de ce traitement sur la base de données scientifiques préliminaires, de l’autre des adversaires non moins radicaux refusant ce qu’ils qualifient de faux espoir dangereux. Entre les deux, se trouvent les Pouvoirs Publics qui tergiversent, tel l’âne de Buridan, ne sachant pas trop vers qui se tourner et qui proposent en désespoir de cause des demi-mesures et notamment de rigoureux mais lourds et complexes essais cliniques, dont les résultats ont peu de chances d’être connus avant la fin du pic épidémique...
Comment se terminera ce bras de fer ? Au point où en sont rendus les esprits, l’alternative risque d’être très manichéenne, aboutissant soit à la béatification scientifique du génial précurseur, soit à sa déchéance sous l’accusation de charlatanisme. Pourtant, il y a fort à parier qu'aucune des deux options ne sera méritée. Selon toute probabilité, son traitement n'est pas miraculeux (comme le fut la streptomycine dans la tuberculose par exemple), car il est évident qu'on le saurait déjà. Au mieux sera-t-il démontré qu'il constitue un moyen de se débarrasser du virus plus vite et plus radicalement, ce qui pourrait éviter à certains patients de basculer dans une forme grave. Ce serait essentiel pour endiguer le raz-de-marée qui s'abat sur les hôpitaux, mais ce n'est pas facile à démontrer pour une maladie dont 98% des malades guérissent spontanément en quelques jours et dont la grande majorité expriment peu ou pas du tout de symptômes... Rappelons que c'est en diminuant la charge virale qu'on est parvenu à maitriser le SIDA. A ce jour, il n'existe toujours aucun traitement curatif ni de vaccin... Rappelons enfin que certaines infections courantes comme la pneumonie à Pneumocoque est due à un germe sensible aux antibiotiques, souvent des plus simples telle la pénicilline. Pourtant lors des rares formes très graves, qu'on dit fulminantes, ces antibiotiques très efficaces restent sans effet face au déréglement massif du système immunitaire qui cause la mort des malades...

Pour le Professeur Raoult, c’est en tout cas le point d’orgue d’une carrière hors normes…
Venu tardivement à la médecine par la voie littéraire, il n’a pas un cursus obéissant aux canons établis par le clergé scientifique parisien.
On ne peut toutefois pas lui retirer quelques faits d’armes couronnés de succès dans la lutte microscopique contre les microbes et une notoriété internationale qui n’a sans doute rien d’usurpé. On ne peut pas non plus accuser l'administration de l'avoir méprisé vu l’impressionnante armada scientifique dont on lui a confié la responsabilité au sein de l'Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) méditerranéen désormais célèbre.
Il est vrai qu’il est coutumier des provocations et qu’il n’a jamais manifesté beaucoup de sympathie pour le consensus, et pas davantage pour la technocratie qui gère de sa main de fer notre système de santé.
Face au péril actuel, sa démarche est la cible de nombreux doutes si ce n’est de critiques virulentes. Pourtant elle semble cohérente et ne déroge pas à la logique scientifique. Certes les propos qu’il tenait en janvier, au moment où l’épidémie faisait rage en Chine, paraissent aujourd’hui un peu légers. Il parlait alors de deux ou trois malheureux morts et considérait qu’il ne s’agissait jusqu’à preuve du contraire pas d’un problème de santé publique majeur pour la planète.
Aujourd’hui si cette appréciation est choquante, elle ne l’est pas plus que celle de la ministre de la santé qui à la même époque affirmait publiquement que le risque de contamination de la France à partir du foyer de Wuhan était “quasi nul”...

Au demeurant, cela fait des années que le Pr Raoult alerte sur le risque de pandémies et sur l'organisation déficiente de notre système de soins pour les combattre. Si l’on avait suivi la procédure qu'il recommande, le problème n’aurait peut-être pas pris l’ampleur qu’il a aujourd’hui, spécialement en Europe.
M. Raoult préconise en effet de réaliser massivement et précocement des tests diagnostics qu’il affirme être à la portée de n’importe quel laboratoire (tout est un problème d'organisation, dit-il). Cette attitude permet selon lui de repérer très vite les personnes contaminées et de les isoler, ainsi que leurs contacts, ceci pour éviter le recours au confinement généralisé, qu’il qualifie de solution moyenâgeuse.
La Corée du Sud qui a suivi ce chemin semble en passe de juguler la contagion sans avoir été contrainte de confiner toute sa population. La Chine, qui avait pris un peu de retard, a été obligée d'isoler sévèrement toute la région du Hubei, mais elle a suivi ensuite cette politique qui lui vaut aujourd’hui d’avoir réussi à circonscrire le problème. Avec quelques 80.000 malades et un peu plus de 3000 décès rapportés à la maladie, sur une population d’un milliard et demi d’habitants, on pourrait dire que son bilan est meilleur que celui de la France face à une épidémie de grippe...
Le Professeur Raoult propose en outre un protocole thérapeutique original, élaboré par ses soins, à base d’hydroxychloroquine et d’azithromycine, sujet de tant de controverses. Certes les données sur lesquelles il se fonde sont fragmentaires. Mais en période critique, ne sont-elles pas suffisantes pour être mises en œuvre sans délai, partant du principe qu’il ne s’agit que de nouvelles indications de médicaments connus de longue date, faciles à se procurer, peu onéreux et de toxicité modérée ?
C’est sur ce point que les “sachants” s’étripent. Pour une bonne part d’entre eux, ils soutiennent mordicus qu’il faille passer par un essai clinique
en bonne et due forme, à savoir randomisé et en double aveugle, qui selon toute probabilité, prendra des mois avant de livrer ses conclusions. Qui a raison, l’avenir seul le dira peut-être.

L’attitude quelque peu iconoclaste du Pr Raoult a en tout cas le mérite de mettre en lumière des problématiques, pas très nouvelles, mais inhérentes à notre système de santé, régi par une centralisation bureaucratique toujours croissante et un principe de précaution poussé à l’extrême mais trop souvent à côté de la plaque, car manquant de pragmatisme. Peu importe en somme qu’il ait raison ou tort sur le sujet obsédant de la chloroquine, l’essentiel serait de pouvoir tirer les leçons du drame que notre société est en train de vivre, une fois le coup de feu passé...
En attendant, les files s'allongent devant l'IHU de Marseille et l'irrationnel guette plus que jamais...

20 mars 2020

Confinement

Ainsi la progression inexorable du coronavirus contraint les dirigeants de la plupart des pays européens, dont la France, à ordonner le confinement généralisé de leur population et à décréter l’état d’urgence sanitaire. Situation terrible et aveu d’échec encore impensable il y a quelques semaines et qui rappelle les plus sombres heures de l’histoire. On peine à comprendre comment on a pu en arriver là. On peine encore à croire que la vie puisse ainsi s’arrêter si brutalement et qu’au tintamarre insouciant du quotidien succède pour un temps indéfini ce mortel silence de plomb.
A travers ce drame on découvre avec stupeur une réalité implacable. Il n’y a plus moyen de la contourner et tout le reste devient tout à coup dérisoire. L’actualité toute entière semble devoir s’engloutir dans ce trou noir qui s’ouvre sous nos yeux.
Il s’agit pourtant d’une maladie bénigne pour 80% des gens atteints et dont 98% guérissent. Mais voilà, si le mal s’étend, les malheureux dont l’évolution sera fatale ou bien qui auront besoin de soins hospitaliers risquent de représenter une vraie catastrophe en matière de santé publique, par leur nombre absolu.
Face à cette épreuve inédite, les pouvoirs publics paraissent quelque peu désemparés. N’ayant de toute évidence pas pris à temps la mesure du fléau, ils sont contraints de courir après et d’ajuster leur stratégie à la va-comme-je-te-pousse au risque de sombrer parfois dans l’incohérence. Les mots sont parfois lourds de conséquence et les revirements incessants n’inspirent guère la confiance.

Quand faut-il croire le Président de la République ? Lorsqu’il affirme gravement le 16 mars que “nous sommes en guerre” et que cela justifie que chacun reste “au moins quinze jours” totalement cloîtré chez lui, ou bien lorsqu’il déclarait cinq jours auparavant de manière un peu grandiloquente qu’on ne renoncerait à rien et surtout pas aux terrasses, aux salles de concert
Faut-il croire M. Blanquer lorsqu’il annonce qu’au moins la moitié de la population française sera contaminée ? La moitié, c’est au bas mot 30 millions de personnes. Avec une mortalité estimée de manière optimiste autour de 1%, cela ferait 300.000 morts ! Même “lissés dans le temps”, il y a de quoi avoir froid dans le dos...
Faut-il croire madame Buzyn qui en janvier estimait que le risque de propagation à partir de Chine était quasi nul et qui maintenant nous affirme qu’elle avait prévu le tsunami qui allait arriver et alerté le gouvernement à son sujet, et qui se lamente aujourd’hui en se demandant si dans 6 mois nous serons encore vivants...

Faut-il croire enfin ceux qui claironnent que cette épidémie signe le retour de l’Etat, la fin du capitalisme et de la mondialisation ?
S’agissant de notre pays, on pourrait au contraire, à l’occasion de cette crise, mettre à nouveau en accusation l’Etat déjà omniprésent, omnipotent, et qui se révèle en la circonstance quasi impotent, dépassé par les évènements à chaque étape de l’épidémie. On pourrait une fois encore mettre en cause les innombrables rouages de la machine technocratique centralisée qui ont mis à mal le système de santé et qui dans les situations critiques freinent sa réactivité. Aujourd’hui le Président de la République promet de déverser des sommes astronomiques pour atténuer les effets probablement désastreux du confinement généralisé sur l’économie. Mais d’où proviendra l’argent puisque les caisses sont à sec ?
Quant à la faillite du système capitaliste annoncée rituellement à chaque crise par les socialistes et apparentés, elle n’est évidemment pas à l’ordre du jour, du moins faut-il l’espérer. Le krach boursier auquel on assiste a été organisé si l’on peut dire, par les Pouvoirs Publics, sous la pression d'un virus. Il ne traduit nullement une crise intrinsèque du système, qui du reste en a connu d’autres, toujours surmontées, c'est d'ailleurs sa force.
S’agissant enfin de la mondialisation, c’est seulement la toile de fond de cette pandémie. Si le tourisme de masse est en train de prendre un sacré coup, probablement durable, la Terre continuera de tourner et le monde continuera d’être ce que le progrès en a fait, à savoir un village planétaire. Le retour au monde cloisonné d’autrefois paraît impensable. Il faudra simplement prendre des mesures plus efficaces pour enrayer précocement ce nouveau type de contagion, rançon de la liberté des échanges. Cela justifie de penser les décisions ensemble et de faire preuve de concertation et de coordination. Le Gouvernement mondial pressenti et souhaité par Kant est plus que jamais d'actualité.
Certains pensent non sans raison mais un peu tard à relocaliser les entreprises. Ils oublient toutefois les causes de l’exode économique, purement conjoncturelles, liées essentiellement au poids des impôts, des taxes et des charges sociales. Si l’on n’y remédie pas de manière pragmatique plus qu’idéologique, il n’y aura pas d’issue nouvelle à cette problématique.

L’Europe, ce conglomérat sans ambition sans dessein, aujourd’hui pointé du doigt comme épicentre du fléau, risque quant à elle, d’exploser définitivement en tant qu’entité. Certains affirment que le mal vient qu’il y a trop d’Europe, et d’autres objectent qu'il n'y en a pas assez. Pour ceux qui pensent qu’on a fait trop de chemin pour revenir au temps des nations, et qui espèrent toujours voir un jour une vraie Fédération, la grande question qui se pose est de savoir si les peuples qui la composent sauront enfin trouver la force d’œuvrer vraiment à un destin supranational en abandonnant certaines prérogatives égocentrées. Pour ne pas donner raison aux adversaires de l'idée européenne, il faudrait aussi que les politiciens comprennent que la démagogie, l’indétermination et les grands principes, peuvent être mortels… Mais le fait est qu’en démocratie, on a les gouvernants qu’on mérite….

26 février 2020

Viralité

Viralité: ce terme à la mode dans le microcosme des réseaux sociaux est devenu en quelques semaines le principal sujet de préoccupation de la communauté internationale, et fait désormais la une de tous les journaux. Cette fois c'est au sens propre.
Un nouveau variant de coronavirus dit COVID-19 est en train de faire tache d'huile sur la planète. Il n'a pas les caractéristiques terrifiantes des grandes épidémies d'autrefois, mais il est susceptible de déstabiliser profondément la marche du monde.


La propagation rapide de ce micro-organisme qui se rit des frontières est une manifestation spectaculaire de la mondialisation. C'est une réalité incontournable que nul protectionnisme ne peut espérer endiguer durablement. Mieux vaut imaginer des mesures pragmatiques internes que de tenter d'ériger d'illusoires lignes Maginot.

Dans un tel contexte, les régimes totalitaires “avancés” ont un avantage. Grâce à la centralisation du pouvoir et de tous ses leviers de commande, grâce à l’absence d’opposition, ils ont une capacité sans égale pour confiner les populations, et peuvent mobiliser des moyens importants au service d'une stratégie concentrationnaire comme l'a démontré récemment la Chine.
Les démocraties ont pour elles la réactivité, la puissance scientifique, l'information éclairée des citoyens et l'esprit civique. Malheureusement ces avantages qui devraient être décisifs, ont été érodés par la permissivité, l'irresponsabilité, la démagogie et l'indétermination chronique des pouvoirs publics...

Quoiqu'il en soit, l'évolution de cette nouvelle pandémie risque d'être rapide et diffuse. La maladie a une létalité relativement modeste (probablement inférieure à 2%) ce qui facilite sa propagation. D'autant plus que si sa contagiosité ne semble pas très forte, les personnes contaminées peuvent la transmettre sans manifester eux-mêmes de symptômes.
Il est donc probable, comme le nouveau ministre de la santé l'a annoncé, que notre pays soit prochainement confronté de plein fouet à l'épidémie.
Selon les scénarios quelque peu catastrophistes de certains experts, 40 à 70% de la population mondiale pourrait être touchée, soit jusqu’à 5 milliards de personnes. Ce qui pourrait se traduire par plusieurs dizaines de millions de morts... Par comparaison, la grippe dont les manifestations cliniques ressemblent beaucoup à la maladie due au coronavirus, aussi contagieuse mais avec une létalité dix fois moindre, et pour laquelle on dispose d'un vaccin, est responsable de 10.000 décès par an en moyenne. S'agissant du coronavirus, le sinistre décompte a déjà dépassé largement les 2000 et les foyers sporadiques se multiplient en Europe. Tout est là pour créer un mouvement de panique. On annonce déjà "la" crise économique majeure que les spécialistes attendaient fébrilement depuis des mois, et les médias se plaisent à montrer les pharmacies submergées par la ruée sur les masques FFP2 et les solutions hydro-alcooliques. Tandis que la Bourse dévisse, la spéculation va bon train sur ces expédients, sans doute guère plus efficaces que les mesures de bon sens consistant à éviter embrassades, poignées de mains et autres contacts trop rapprochés...
Nouvelle rassurante, la Chine par laquelle le mal est venu, semble être en passe de réussir à le circonscrire. On se souvient enfin que la fameuse grippe H1N1 qui avait semé en 2009 une belle panique s'était avérée en définitive fort bénigne.
Tout espoir n'est donc pas perdu...

04 février 2020

Hôpital Express

La Chine contemporaine est à bien des égards étonnante. Terre de tous les excès et de tous les contrastes, elle stupéfie le monde. Restée officiellement communiste, elle s’est ouverte largement au capitalisme. Le mélange s’avère détonnant.

Comment un pays aussi riche culturellement, aussi inventif et dynamique avait pu basculer à ce point dans l’horreur socialiste, voilà qui reste un très intrigant mystère.

Non moins extravagante fut la folie qui saisit nombre d’imbéciles intellectuels occidentaux, soi-disant éclairés, qui les conduisit à qualifier cet obscur moyen-âge, d’expérience des plus excitantes, riche d’espoir et de progrès. Tandis que Mao assassinait par millions son peuple, tout en se livrant à des absurdités plus énormes que celles de Père Ubu, une partie du monde libre faisait semblant de s’extasier sur les pretendus bienfaits de ce tyran hors norme. Il faut espérer que ce honteux épisode serve de leçon, mais on peut en douter hélas lorsqu’on voit l’emprise persistante de cette idéologie sur les esprits.

Le redécollage de "l’Empire Céleste" au sortir de la terrifiante nuit maoïste a bouleversé le cours des choses urbi et orbi. Beaucoup de questions restent certes en suspens sur l’avenir de ce régime chimérique, mariage improbable des contraires, mais on ne peut que rester ébahi par sa capacité à donner la prospérité à un nombre croissant d’individus et à réagir avec détermination et sang froid aux situations de crise.

L’épidémie actuelle de fièvre due au coronavirus est prise là bas très au sérieux. Pour l’endiguer, tous les moyens sont mis en œuvre. Et la construction expresse d’un hôpital de 1000 lits en dix jours constitue une illustration spectaculaire de l’effort entrepris. Un tel tour de force est évidemment inimaginable en notre bonne vieille Europe et surtout en France... Qu’on imagine l’État englué dans la crise hospitalière, pouvoir la résoudre de cette manière, en trois coups de cuillers à pot !
Impensable évidemment, mais en Chine tout est permis. Pas de syndicats indépendants, pas de gilets jaunes ailleurs que sur le dos des ouvriers, un code du travail réduit à sa plus simple expression, des droits sociaux quasi inexistants, et un Pouvoir Central omnipotent et décisionnaire de tout, ça simplifie la vie… L’application expérimentale, quasi sauvage, du capitalisme, sans frein autre qu’un pouvoir de décision centralisé, est vertigineuse.

Ce lundi 3 février, l’établissement hospitalier consacré aux victimes du coronavirus, dont les travaux avaient débuté 10 jours auparavant, a ouvert comme prévu ! Pari tenu, pour un coût équivalent à une quarantaine de millions d’euros, et un chantier titanesque de 25000 m2, sur lequel ont travaillé jour et nuit 4000 ouvriers, et des milliers d’engins. Du réglage de l’époustouflant ballet de pelleteuses, à la coordination de tous les corps de métier, tout fut parfaitement ordonné.
Il n’y a plus qu’à espérer que cela contribue à contenir la propagation de l’épidémie et à en réduire la morbidité et la mortalité ! Et plus que jamais, on est songeur, sur ce qui se passe là-bas, dans cet Orient, extrême à tous égards...