30 janvier 2022

Summit One Vanderbilt


Dans New York, avenue Vanderbilt
Se trouve une tour sortie d’un rêve
Et parce que la vie est trop brève
Hâtez-vous de gagner son Summit

Pour plonger dans une féérie
De métal, de verre, et de miroir
Pur enchantement qui donne à voir
La ville en sa fantasmagorie

Montez gais et légers vers les cieux
Dansez enivrés de transparence
Au dessus du monde silencieux

Et planez sur cette effervescence
Avec un bonheur ouvert plein champ
Vers l'horizon du soleil couchant.
 

 

22 janvier 2022

Penser le communisme

A-t-il été un jour loisible de penser objectivement le communisme ?
Thierry Wolton dans un récent ouvrage*, ose répondre par l’affirmative. Il faut dire qu’il a quelques titres à faire valoir. Son histoire mondiale du communisme publiée en 2015 constitue une somme. Avec le livre noir du communisme paru en 1997 sous l’égide de Stéphane Courtois, ce sont à peu près les deux seuls ouvrages d’importance en français qui traitent en profondeur du sujet. Ce dernier avait déclenché de violentes polémiques, tendant avant tout à séparer l’idéologie des crimes commis en son nom. Le premier n’avait guère eu meilleur accueil. Il y eut beaucoup d’indifférence à son égard et certains n’hésitèrent pas à le juger trop anti-communiste… Comme si on pouvait qualifier un livre sur le IIIè Reich et la Shoah de trop anti-nazi !

A l’heure où le candidat du parti communiste français à l’élection présidentielle fait la une de l’actualité, non pour l’idéologie calamiteuse au nom de laquelle il parle, mais parce qu’il déclare aimer la viande, les fromages et le bon vin français, on mesure la mansuétude avec laquelle on juge de nos jours les émules du marxisme-léninisme.
Thierry Wolton s’interroge donc sur les raisons qui font que le communisme puisse encore jouir d’une telle indulgence, alors “qu’aucun mode de gouvernement n’a fait autant de victimes dans l’histoire”. Et puisqu’il faut bien admettre “qu’aucune idéologie n’a séduit autant les esprits dans le monde”, il essaie de comprendre “comment les meilleures intentions peuvent aboutir aux pires tourments”.
On peut dans cette analyse distinguer trois étapes majeures dans la description desquelles, on s’appuiera largement sur les propos de l’auteur.

Les racines du Mal
Si les théories de Marx sont indissociablement liées à l’avènement du communisme, on peut trouver chez nombre de penseurs qui l’ont précédé les germes du mal. A commencer sans doute par les philosophes holistes de l’antiquité, tels Platon et Aristote, qui affirmaient que le tout prévaut sur les parties. Cette idée fut soutenue par Saint-Thomas d’Aquin puis par Rousseau dont le fameux contrat social donne la primauté de la volonté générale sur les intérêts particuliers, allant jusqu’à considérer qu’une opinion personnelle contraire à celle du peuple, était nécessairement erronée. Rien à voir, faut-il le préciser avec le Social Contract de John Locke, empreint de pragmatisme…
Le babouvisme prôna quant à lui la répartition des biens selon le principe du “chacun à sa suffisance, mais rien que sa suffisance”, préfigurant le “à chacun selon ses besoins” du communisme (précisant que nul ne peut prétendre avoir plus de besoin que son voisin...). Enfin Hegel posa comme axiome que la dynamique de la révolution porte en elle le projet de “se fonder sur l’idée et de construire d’après elle la réalité”. Fatale mystification.

La Révolution de 1789 fut la première tentative pour faire passer dans les faits ces théories, associant dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen les principes antinomiques de liberté et d’égalité.
En 1830, un terrible sophisme permit d’assimiler la révolution au progrès, le progrès au socialisme, donc de conclure que la révolution, c’était en toute logique le socialisme !
C’est sur d’aussi bancales fondations, que s'installa la tyrannie des bonnes intentions qui permit à Marx d’asséner qu’il fallait dépasser les philosophies théoriques pour se donner un objectif ambitieux, celui de transformer le monde ! Le pire fut qu’il décréta ce projet au nom de la science, s’appropriant les thèses darwiniennes, ce qui fit dire à Engels que “si Darwin a découvert la loi du développement de la nature organique, Marx a découvert la loi du développement de l’histoire humaine” !

Les causes de la complaisance
Si le communisme s'inspire prétendument de belles idées et prône les valeurs de justice sociale, comment toutefois expliquer que le malentendu puisse perdurer après tant d’échecs dans son application, tant de massacres commis en son nom ?
Selon Thierry Wolton, l’aveuglement qui a si longtemps permis d’occulter la réalité du communisme s’explique en partie par l’instinct égalitaire qui anime tout être humain et par sa corollaire implacable : "dénoncer ce qui se fait au nom du socialisme, c’est y renoncer".
Cette aspiration est si forte qu’elle conduit le converti à s’infliger une discipline de fer allant jusqu'à dépasser sa propre condition humaine, à supprimer tout désir, tout plaisir, tout état d’âme, et in fine toute pitié (Tchernychevski puis catéchisme du révolutionnaire Netchaïev).
Dès lors, il n’y a ni méchanceté ni cruauté dans les sacrifices qu’exige le triomphe de la cause, et on comprend qu’une fois au pouvoir, le parti léniniste soit devenu l’instrument du totalitarisme "parce qu’il est intrinsèquement totalitaire".

"L’adhésion paradoxale des bourgeois et des intellectuels est logique dès lors qu’ils comprennent que le seul moyen pour eux de jouer un rôle est de suivre le train". Cela peut aller jusqu’à renier sa classe, à se faire fustiger et flageller par le Parti "pour gagner des galons de serviteur de la Révolution". "L’intellectuel renonce sincèrement et même voluptueusement à l’intellectualisme et avec lui à l’intelligence et aux exigences de la connaissance" (Lefebvre). Il en perd toute objectivité. Pour le compagnon de route, "le chemin du salut conduit à l’abêtissement" dans lequel on peut voir "une part de haine de soi".
"Assimilée à l’exaspération des plus opprimés, la violence révolutionnaire et celle du Parti-État est volontiers pardonnée dès lors qu’elle est perpétrée au nom du bien !"
De fait, "sans la complicité de fait des intellectuels occidentaux bercés d’illusions et de faux semblants, la vérité sur ce qui se passait derrière le rideau de fer aurait probablement été connue plus tôt" (et le premier témoin Kravchenko aurait pu être écouté au lieu d’être diffamé par la horde des intellectuels de l'époque).
En définitive, le capitalisme, grâce à la liberté d’expression qu’il offre et à la mauvaise conscience aux relents judéo-chrétiens qu'il suscite, a plutôt permis au socialisme de perdurer, et de continuer à promettre tantôt le Grand Soir, tantôt des lendemains qui chantent, tantôt le réenchantement du monde…
Malgré les défaites continuelles de l’application des grands idéaux, dans les esprits, l’opposition avec le capitalisme a toujours été inégale car elle repose d’un côté sur une réalité, de l’autre sur un imaginaire…
 
Mort et transfiguration du communisme
Le communisme, contrairement à ses proches cousins fascisme et national-socialisme, n’a jamais fait l’objet d’un procès. Les coupables n’ont quasi jamais été punis sinon par leur propre système d’épuration. Pire, dans son acception classique, le communisme est loin d’avoir disparu de la planète. Corée, Vietnam, Laos, Cuba, Venezuela, Erythrée… Nombreux sont les potentats résiduels, qui continuent de commettre leurs horreurs au vu et su du monde et de la communauté internationale.
Le cas de la Chine interroge. Le pays est revenu à l’économie de marché et la propriété privée a été rétablie, mais l’avenir est incertain car le Parti reste omnipotent et fidèle au dogme maoïste, faisant craindre un durcissement progressif de l’emprise étatique.
Parallèlement, d’innombrables avatars égalitaristes fleurissent de nos jours dans les pays démocratiques, et on voit monter en puissance l’islam "qui veut le même bonheur pour tous les hommes sous l’autorité d’une idéologie unique sous les commandements supposés d’Allah".
Un vent de pessimisme souffle sur les peuples libres, en dépit d‘une prospérité inégalée et d’un indice de gini qui s’améliore régulièrement (contrairement à une idée reçue véhiculée par l'intelligentsia de gauche, si le nombre de riches s'accroît, celui des pauvres diminue régulièrement).
Paradoxalement, "plus le système démocratique s’étend, moins il semble satisfaire ceux qui en jouissent" et "la croissance des pays en voie de développement est vécue comme une concurrence déloyale". Dans ce contexte, la doxa socialiste a évolué. La lutte des classes ne faisant plus guère illusion, c’est le souverainisme et le protectionnisme qui séduisent et permettent de pointer les coupables, à savoir le bon vieux capitalisme, le néo-libéralisme et le libre échange ! Tout change mais rien ne change. Les slogans éculés, une fois recyclés, restent en vigueur, et les théories altermondialistes qui fleurissent un peu partout agitent encore et toujours le mirage d’un autre monde…

D’autres périls s’ajoutent à ceux auxquels on était habitués, plus insidieux mais non moins délétères. La cancel culture et le wokisme, venus des Etats-Unis, qui prétendent du passé faire table rase, "singent le réalisme socialiste". "Climat, race, sexe, la lutte finale devient existentielle avec pour fonds de commerce commun, l’éternelle diabolisation du capitalisme". "L’usage du web joue sur des ressorts humains connus, les mêmes qui ont fait le miel des idéologies totalitaires du XXè siècle: envie, jalousie, haine".
"A la lutte des classes moteur de l’histoire, les écologistes les plus radicaux substituent le changement climatique, leur couteau suisse de la compréhension du monde". "Chez Marx, le capitalisme devait s'effondrer de lui-même victime de ses contradictions; pour les catastrophistes, c’est la planète entière qu’il entraîne dans sa chute inéluctable".
Un petit espoir demeure envers et contre tout pour les plus optimistes. Paraphrasant Lénine qui voyait dans le gauchisme une maladie d'enfance du communisme, Thierry Wolton suggère que ces avatars sociétaux prônant l’uniformisation générale insipide et la désintégration des valeurs en constituent la dégénérescence sénile...
 
* Penser le communisme. Thierry Wolton. Grasset 2021.

18 janvier 2022

Le règne des leurres

Les années se suivent et se ressemblent. Rien de nouveau ne semble vouloir surgir sous le ciel ténébreux des idées reçues. Les failles apparues dans les fondations du modèle sociétal dont nous sommes les héritiers gâtés ne cessent de s’élargir. Et les piliers de ce qu’on croyait être le sens commun s’effritent comme les colonnes du Parthénon.
Faut-il encore chercher à écouter la rumeur publique tant elle contient de leurres et de billevesées ? Y a-t-il encore une espérance de voir restauré ce monde en péril ?

Alors que la pandémie semble en voie d’apaisement, on voit toujours autant de folie à son sujet, venant de tous bords y compris de celui des Pouvoirs Publics. Les laborieux débats concernant le passe vaccinal, devenu inutile avec le nouveau variant, sont à l’image de l'inertie et de l’impuissance de l’État et plus encore de son incapacité à proposer des mesures pragmatiques.
Si l’on se penche au-dessus du chaudron des finances publiques, c’est un vertige qui vous étreint. L’ébullition chronique du budget de de la Nation échappe à tout contrôle et les dettes débordent de toutes part. Plus rien ne semble arrêter l’illusion de puissance de nos dirigeants, qui tels des apprentis sorciers, croient pouvoir tout décréter du haut de leurs chaires dorées. M. Lemaire,
notre bien mal nommé ministre de l’économie, croit avoir trouvé la corne d’abondance d’où sourd l’argent magique. Il imagine qu’il peut commander à la croissance un rythme de 4%. Comme premier résultat, on voit revenir en force l'inflation, dévoreuse de prospérité ! Il cherche à nous convaincre qu’il est capable de stopper l’augmentation insensée du prix de l’électricité en imposant à EDF, déjà déficitaire, de vendre son énergie à perte. Pire, lui et le gouvernement, sous la pression de lobbies écologiques déments, s’amusent à troquer des centrales nucléaires pour des moulins à vent. Politique tellement inconséquente qu’elle conduit ces gens à redémarrer pour éviter la pénurie d’antiques et polluants fours à charbon en important la matière première à prix d’or !

A quelques mois de l’élection présidentielle, les débats d’idées sont définitivement enlisés dans la médiocrité des petites phrases et des polémiques ineptes. il n’est pas nécessaire d’épiloguer sur le très jouissif désarroi de ce qu’il est convenu d’appeler le “peuple de gauche”. Il n’est que d’espérer qu’enfin cet infâme château de cartes s’effondre pour de bon. Pour l’heure, seul émerge encore le camarade Mélenchon, qui pour masquer l’inanité de son projet, tente d’épater les quelques gogos restant accrochés à l’idéologie, avec ses “meetings immersifs et olfactifs”. Derrière l’écran de fumée, le spectre grimaçant continue de réclamer avec cupidité revancharde un “partage des richesses ferme et assumé…”

Pour le reste, on assiste à la répétition usante des punchlines à deux balles. M. Macron a osé déployer sous l’Arc de Triomphe un drapeau européen sans y avoir associé la bannière tricolore. Scandale chez les bien pensants de tout poil et retrait penaud dudit pavillon quelques heures après… Européisme de pacotille d'un côté, nationalisme de mauvais aloi de l'autre.
Madame Le Pen se fait filmer de manière un tantinet histrionique devant la pyramide du Musée du Louvre. Panique chez les gardiens de la Culture qui exigent illico le retrait de cette vidéo offensante. Il est vrai que contrairement à M. Macron, dont elle imitait la mise en scène grandiloquente en 2017, la bougresse n’est pas encore élue !
M. Zemmour continue quant à lui à jeter des pavés dans la mare. Effet garanti. Ses déclarations relatives à la prise en charge éducative des enfants handicapés ont éclaboussé tout le Landerneau politico-médiatique. Haro sur le baudet ! Les ligues de vertu sont montées au créneau, pour jeter sur l'hérétique des tonneaux d’huile bénite, mais bouillante. Faute d’avoir écouté l’ensemble des propos, personne n’a pensé à argumenter sur le fond, qu’il est vraiment le seul à remuer.
A la fin des fins, ce ne sera pas celle des haricots, mais peut-être celle de la baguette de pain ! Le pays est arrivé si bas dans l’insignifiance, que l'initiative de Michel-Edouard Leclerc d’en bloquer le prix à 29 centimes a soulevé un tollé hallucinant. Plusieurs jours durant, on n'a parlé que de ça (et du COVID…) ! Il ne s’agissait pourtant pour le roi des hypermarchés que de contrer à ses frais (et non à ceux des contribuables), les effets de l’inflation sur un produit de première nécessité. Pour paraphraser M. Leclerc, combien faudra-t-il encore endurer de telles “polémiques à la con” ?

04 janvier 2022

Happy New COVID !

Il eut été étonnant que le COVID ne s'invitât pas à la fête !
De fait, en cette période charnière entre l’ancienne et la nouvelle année, on ne parla quasi que de l’épidémie. Et ce fut un feu d’artifice de polémiques, de contradictions et d’incohérences, comme on n’en avait pas vu depuis longtemps (ce d’autant que les vrais festivals pyrotechniques furent interdits…)
On peut avoir quelque indulgence pour les Pouvoirs Publics chahutés une nouvelle fois par les fantaisies darwiniennes du virus, mais comment ne pas être exaspéré par le déluge de réglementations derrière lesquelles ils ont continué d’affirmer leurs certitudes illusoires ?
Face au “raz de marée” OMICRON, le Président de la République a manifestement choisi de laisser filer les choses, au grand dam de nombreux experts rigoristes, dont probablement son ministre de la santé. Dans cette marmite sous pression, on ne peut que louer sa décision pragmatique d’avoir renoncé aux restrictions trop sévères, notamment à un couvre-feu qui aurait tué les réveillons, et d’avoir assoupli les durées d’isolement des cas contacts.

Mais alors, pourquoi avoir maintenu des jauges absurdes en matière de rassemblements ? Quels sont donc les critères scientifiques imposant de les limiter à 2000 personnes en intérieur et à 5000 en extérieur ? Et pourquoi avoir exclu de ces ukases les meetings politiques ? Cette interrogation n’a en tout cas nullement effleuré le ministre de la justice, qui tel un cuistre, s'est cru autorisé à qualifier par avance d’irresponsables les candidats à l’élection présidentielle qui oseraient profiter de cette incongruité pour réunir leurs partisans…

Grâce à une politique accommodante, on a donc pu festoyer les 24 et 31 décembre, mais à cause de règles ubuesques, pas au-delà de 2 heures du matin dans les bars, et à condition de ne pas danser, ni boire debout ! Plus que déroutant puisque dans le même temps, les rave parties illégales ont pu se dérouler impunément sur plusieurs jours dans un vacarme monstre, qui à lui seul aurait dû imposer l’intervention des forces de l’ordre !

Parmi les absurdités gouvernementales, figure également le retour de l’obligation du port de masque en extérieur, et ce, dès l’âge de 6 ans, sachant que l’inefficacité d’une telle mesure est prouvée depuis déjà longtemps.
Autre cocasserie, on autorise le rappel dans les établissements de santé des personnels soignants testés positifs pourvu qu’ils soient vaccinés et “peu symptomatiques”, tandis qu’on interdit aux non-vaccinés négatifs de travailler !
Dans les écoles, qui rouvrent fort heureusement à la fin des vacances, il est probable qu’on s'arrache les cheveux pour tenter de mettre en œuvre le bijou réglementaire annoncé en catastrophe quelques heures avant la rentrée par M. Blanquer. Pour résumer un fatras de consignes et injonctions supposées parer à tous les cas de figures imaginables, on retient l’impératif catégorique, lorsqu’un cas se manifeste dans une classe, de faire passer tous les autres élèves sous les fourches caudines de 3 tests négatifs réalisés à 2 jours d’intervalle !

Enfin, cerise sur le gâteau, alors qu’on commence à avoir de bonnes raisons de penser que la vague Omicron soit bénigne, quoique
 impossible à endiguer, alors qu'on constate que le vaccin n’a sur ce variant qu’une éphémère et médiocre efficacité, n’empêchant nullement la propagation du virus, on s’acharne à promouvoir un passe vaccinal qui n’aura sous peu selon toute probabilité plus aucune raison d’être !
Bien fol est donc celui qui dans ces conditions fait encore confiance à M. Véran lorsqu’il annonce que “cette cinquième vague sera peut-être la dernière” !