De fait, même si confrontées à des régimes totalitaires, elles se trouvent dans de terribles dilemmes où se manifeste parfois leur faiblesse, force est de constater que les démocraties ne se font entre elles, que très rarement la guerre. Certains pourraient me renvoyer à la figure les nombreux conflits dans lesquels fut impliquée l'Amérique. Objectivement, même s'il n'existe pas de guerre juste, il faut reconnaître que celles-là ont été faites avec l'aval du Congrès, contre des régimes totalitaires, qu'elles ne se traduisirent jamais par l'annexion des pays qui furent le théâtre des combats, et in fine qu'aucun des peuples concernés et devenus libres, n'eut à regretter l'intervention yankee sur leur sol (notamment en dernier lieu, l'Afghanistan ou l'Irak).
27 mai 2010
Cousins trop éloignés
De fait, même si confrontées à des régimes totalitaires, elles se trouvent dans de terribles dilemmes où se manifeste parfois leur faiblesse, force est de constater que les démocraties ne se font entre elles, que très rarement la guerre. Certains pourraient me renvoyer à la figure les nombreux conflits dans lesquels fut impliquée l'Amérique. Objectivement, même s'il n'existe pas de guerre juste, il faut reconnaître que celles-là ont été faites avec l'aval du Congrès, contre des régimes totalitaires, qu'elles ne se traduisirent jamais par l'annexion des pays qui furent le théâtre des combats, et in fine qu'aucun des peuples concernés et devenus libres, n'eut à regretter l'intervention yankee sur leur sol (notamment en dernier lieu, l'Afghanistan ou l'Irak).
20 mai 2010
Une logique de paupérisation
08 mai 2010
L'Europe tremble
Nicolas Sarkozy a tout intérêt à tenter de préserver un axe fort entre Paris et Berlin (« l'axe franco-allemand est indestructible » a-t-il répété encore hier à Bruxelles), mais chacun peut voir en filigrane, que la France n'est pas en mesure d'imposer grand chose. Avec une dette dont on ne parvient même pas à connaître le chiffre exact, autour de 1500 milliards d'euros, représentant au moins 80% du PIB, et un déficit autour de 8% (7,9% en 2009), la France ne vaut guère mieux que les pays les plus fragilisés à l'instant présent (il faut rappeler que les critères de Maastricht imposaient aux pays membres de la zone euro une dette inférieure à 60% du PIB et un déficit n'excédant pas 3%...)
Tout en plaidant pour la lutte contre les déficits, ils continuent de préconiser les programmes de relance gouvernementaux, et les emprunts, se livrant eux-mêmes à d'incroyables spéculations (quel argent peut-on prêter lorsqu'on est soi-même endetté jusqu'au cou ?).
Graphique : Wikipedia
05 mai 2010
Capitalisme et Liberté
En matière de dispersion, à l'instar de ce que préconisait Montesquieu, mieux vaut partir du bas que du haut. L'échelon local étant celui qui conditionne la vie de tous les jours, c'est à ce niveau que l'essentiel des réglementations et des lois doivent être conçues et s'exercer en premier lieu. Ce qui, entre autres avantages, laisse à chacun la possibilité de changer de ville ou de région si les règles en vigueur ne lui conviennent pas ! Aux Etats-Unis, ce qui ne peut relever du Comté dépend de l'Etat, et ce qui ne peut relever de l'Etat dépend du Gouvernement Fédéral...
29 avril 2010
Katyn, pour l'Histoire
Il montre tout d'abord la tragédie de la Pologne, abandonnée de tous, et sacrifiée, dès le début de la seconde guerre mondiale, aux effroyables ambitions de ses deux ogres de voisins, national socialiste d'un côté, socialiste soviétique de l'autre.
A la faveur de l'ignoble pacte germano-soviétique, le pays sera déchiré en deux dès septembre 1939. Comme son drapeau, dont on voit les soldats de l'Armée Rouge arracher une moitié pour en faire un fanion rouge tandis qu'ils nettoient leurs bottes avec l'autre moité, blanche...
Andrej Wajda montre dans une mise en scène épurée, sobre, le caractère affreusement planifié de ce génocide. Il montre aussi la forfaiture ignominieuse qui a consisté non seulement à cacher cette élimination massive, mais à en faire porter la faute aux Allemands et à tenter d'inculquer par la force ce mensonge à un peuple martyr et asservi. Non content de ces ignominies, en 1944, Staline qui se disait l'ami des Polonais, laissera les derniers combattants d'une résistance héroïque se faire anéantir à Varsovie par les Allemands, sous les yeux de l'Armée rouge à laquelle il avait ordonné de ne pas bouger.
Aujourd'hui encore les faits sont bien souvent édulcorés, minimisés ou à peine réprouvés du bout des lèvres. Il faut espérer que le film de Wajda fasse date pour l'histoire, autant que tous les témoignages sur la Shoah, pour que jamais plus ces horreurs ne se reproduisent.
La mort au cours d'un accident d'avion du président polonais Lech Kacsynski et de toute une délégation, venus rendre hommage aux victimes des massacres, contribue à renforcer le sentiment dramatique attaché à ce sombre épisode...
Photo : memorial pour Katyn à Baltimore (Maryland, USA) aimablement communiquée par Jeff Schraeder.
19 avril 2010
Quand sonne la retraite...
11 avril 2010
L'Esprit de Philadelphie
Évidemment c'est incongru, grotesque, intellectuellement véreux, et ça révèle une méconnaissance profonde, sous tendue sans doute par une aversion instinctive, pour tout ce qui touche au libéralisme. Mais c'est facile, pas besoin de trop argumenter, et ça permet de jeter le beau bébé de la liberté avec l'eau saumâtre du bain communiste. On pourrait ajouter que ça permet à certains de faire oublier leurs connivences longtemps entretenues avec le système soviétique...
Au premier abord, une telle référence appelle plutôt la sympathie de tout Libéral épris du message des Pères Fondateurs de l'Amérique. L'esprit de Philadelphie c'est bien sûr avant tout celui des auteurs de la déclaration d'indépendance de 1776, ou encore des Conventionnels qui élaborèrent la Constitution Américaine en 1789 : il n'y a pas de système au monde mieux organisé, plus stable, plus équilibré, et qui préserve autant les libertés individuelles.
L'ennui est que l'ouvrage se réfère en fait à une déclaration d'intention, moins connue, émanant de l'OIT (Organisation Internationale du Travail) datant de 1944 …
-La liberté d'expression et d'association est une condition indispensable d'un progrès continu,
-La pauvreté, où qu'elle existe, constitue un danger pour la prospérité de tous,
-Tous les êtres humains, quels que soient leur race, leur croyance ou leur sexe, ont le droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales.
L'essentiel est que ce texte réaffirme l'importance de la liberté sous toutes ses formes. Force est de constater d'ailleurs, que si ces recommandations ne sont pas appliquées partout loin s'en faut, ce ne sont pas les pays démocratiques qui s'avèrent les plus répréhensibles en la matière.
Vu à travers le prisme déformant de la crise économique actuelle (la plus grave depuis 1930 nous répète-t-on à longueur de journée...) ce type d'argumentation peut avoir un semblant de vraisemblance.
Mais objectivement la thèse occulte bon nombre de réalités et rejoint peu ou prou les revendications confuses, agressives et destructrices de l'alter-mondialisme.
On peut reprocher à ce modèle bien des choses sans nul doute, mais il y a un grand danger à vouloir, par pure idéologie, lui briser les ailes ou simplement chercher à l'encager.
Le plus simple (mais pas simpliste pour autant...) est tout de même de considérer qu'il est fondé avant tout sur l'esprit de liberté.
Cela ne signifie aucunement qu'il faille se passer d'Etat et de Lois. Au contraire. De Montaigne à Popper, en passant par Montesquieu, Locke, Tocqueville etc..., tous les penseurs du libéralisme ont insisté sur l'importance de ces derniers pour garantir une vraie liberté, et prémunir de l'anarchie. On ne peut résumer mieux ce sentiment qu'en citant Karl Popper : « Nous avons besoin de liberté pour empêcher l’Etat d’abuser de son pouvoir, et nous avons besoin de l’Etat pour empêcher l’abus de liberté ». Le tout est de trouver le juste milieu.
Le vrai problème est donc bien davantage lié à la pléthore de la bureaucratie qu'à son insuffisance. Par voie de conséquence, ce n'est pas d'un excès de liberté dont le monde souffre, mais d'un manque. Et en terme de régulations, il conviendrait de procéder avant tout à un élagage, tout en cherchant à en améliorer la qualité, plutôt que de songer à en renforcer encore le nombre déjà extravagant.
Faudrait-il donc se lamenter que ces pays, grâce aux progrès de la liberté, puissent enfin accéder eux aussi à une certaine prospérité, même si nous devons un peu en souffrir, transitoirement ?
Par un paradoxe désolant, comme le déplore Nicolas Baverez, « Le libéralisme se trouve ainsi dans une position paradoxale de moteur des transformations de la démocratie et du capitalisme, mais aussi de bouc émissaire auquel sont imputées les injustices du monde. »
Il faut également se garder d'imaginer qu'en tuant l'aspiration libérale, pour faire renaître sur ses cendres de nouvelles idéologies, les choses seront plus roses (sans jeu de mot...). « Les libéraux ne proposent ni explication unilatérale, ni recette miraculeuse, mais opposent le travail de la raison au déchainement des passions extrémistes et du fanatisme, l'éloge de la modération à la tentation de la démesure et à la fascination pour la violence, la pédagogie patiente de la liberté au renoncement et au fatalisme. »
-Le Libéralisme n'oblige aucunement les employeurs à maltraiter leurs salariés bien au contraire, puisqu'il fait de la défense de l'individu un objectif cardinal. A l'heure actuelle, certains pays émergents n'ont pas encore de droit du travail digne de ce nom, tandis que d'autres nations dites développées ont mis en place des systèmes de protection sociale quasi asphyxiants. Il en résulte un déséquilibre fâcheux contre lequel il faut lutter, grâce notamment aux institutions internationales. La solution sera probablement un compromis, exigeant de chaque partie des concessions et des révisions douloureuses. La France est hélas un des derniers pays occidentaux à refuser de se réformer. Elle pourrait le payer cher.
-Le libéralisme ne propose pas une jungle commerciale mais des relations ouvertes, qui offrent les meilleures chances à une prospérité durable. Le commerce n'est pas un vilain mot. Il n'est pour s'en convaincre, que de relire ce qu'en disait Montesquieu : «L'effet naturel du commerce est de porter à la paix. Deux nations qui négocient ensemble se rendent réciproquement dépendantes : si l'une à intérêt à acheter, l'autre a intérêt à vendre, et toutes les unions sont fondées sur des besoins naturels...» (L'Esprit des Lois).
De ce point de vue, le protectionnisme, qui repose sur une conception égocentrique et chauvine des échanges, est néfaste, même si ses défenseurs font miroiter quelques avantages à court terme. Les gens qui comme M. Supiot fustigent un monde où circuleraient librement les marchandises, tandis qu'on freinerait la circulation des hommes, ont une vue embuée. En matière de brassage de populations, une fois encore les Etats-Unis ont montré et montrent l'exemple de manière stupéfiante. Il serait vain toutefois de prétendre qu'aucune régulation ne soit nécessaire. Encourager l'immigration de populations auxquelles on n'aurait rien d'intéressant à proposer, n'est guère plus sensé que de s'acharner à vendre des tenues de plage à des Esquimaux ou des couvertures polaires sous les Tropiques...
-Le Libéralisme bien compris n'encourage aucunement les fusions d'entreprises, la concentration, ou les monopoles. A l'inverse, il pose que la concurrence (libre et non faussée), ou mieux encore, l'émulation est la meilleure garantie de la qualité et du contrôle des prix. Il y a lieu de s'alarmer de la concentration hallucinante d'entreprises et de banques à laquelle on assiste depuis quelque temps. L'amélioration apparente et transitoire de la productivité que ces mouvements centripètes procurent, ont pour contrepartie une déshumanisation et une vulnérabilité de l'ensemble de la société. Les grandes faillites observées depuis quelque temps en sont l'illustration.
-Enfin, le Libéralisme n'exclut pas la solidarité. Simplement, il postule que l'Etat n'est pas le mieux placé pour la mettre en oeuvre. Sauf cas de force majeure, la solidarité ne relève en effet pas de l'obligation institutionnelle mais de l'initiative de chacun, particuliers et entreprises. Le rôle de l'Etat est dans un tel contexte, celui de catalyseur, et non celui de machine à redistribuer.
D'une manière générale, il n'est pas de liberté qui vaille sans qu'elle soit assortie de responsabilité. En démocratie, les citoyens doivent prendre conscience qu'ils sont des acteurs à part entière. Ils ont les gouvernants qu'ils méritent et ne peuvent tout attendre des Pouvoirs Publics. Ils doivent apprendre à se gouverner par eux-mêmes. «Le plus grand soin d'un bon gouvernement devrait être d'habituer peu à peu les peuples à se passer de lui» affirmait avec sagesse Tocqueville. On ne saurait mieux résumer l'état d'esprit libéral.
L'esprit de Philadelphie : La justice sociale face au marché total. Alain Supiot. Le Seuil 2010
02 avril 2010
Perles élyséennes
Il était tellement sûr de lui en pénétrant dans l'enceinte de l'Université de Columbia à New York où il était invité à discourir, qu'il crut bon d'écarter « ostensiblement » le texte préparé par ses services pour se lancer dans un show improvisé devant les étudiants américains.
D'abord on eut droit au refrain éculé : L'Amérique est un grand pays, dont la France est l'alliée... Mais les Américains doivent comprendre qu'au XXIè siècle, « il n'y a pas un pays au monde qui peut gouverner tout seul le monde ». Ce dernier a donc « besoin d'une Amérique généreuse, ouverte, à l'écoute... ». L'assistance a probablement apprécié à sa juste valeur le conseil d'ami...
Sur la crise et la politique économique, Nicolas Sarkozy fit étalage de ses connaissances lacunaires, relevant souvent de lapalissades ou de lieux communs fabriqués à l'emporte-pièce : « Nous ne pouvons plus accepter un système capitaliste où il n'y a pas de règles, où il n'y a pas de régulations ».
Devant les descendants des pères Fondateurs, qui donnèrent la Liberté au monde, il n'hésita pas à enfoncer le clou de manière quasi insultante : "Nous avons besoin que le grand peuple américain comprenne que l'absence de règles tue la liberté".
Emporté par l'élan, il ne put s'empêcher de choir dans les très vieilles lunes de l'utopie économique, notamment celle du contrôle des prix. Sans crainte du ridicule, il préconisa, afin qu'il cesse de faire le yoyo, que soit fixé une fois pour toutes le prix du baril de pétrole (donnant même le chiffre « idéal » : 80 dollars !)
Ah bon, un problème, où ça un problème ?
Suivirent quelques perles bien franchouillardes où le mépris le dispute à la bêtise et à la caricature : « Bienvenue au club des nations qui ne laissent pas tomber leurs malades. » « Chez nous, quand quelqu'un tombe dans la rue, on ne lui demande pas sa carte de crédit avant de l'emmener à l'hôpital » .
Probablement le président français ignore-t-il que les Américains ont créé leur sécurité sociale 10 ans avant la nôtre et qu'ils ont sans doute la meilleure médecine d'urgence du monde. Probablement ignore-t-il qu'ils ont créé une CMU près de 40 ans avant nous (Medicaid). Probablement oublie-t-il qu'il a lui-même dit pis que pendre à ses concitoyens, du système déresponsabilisant et gravement déficitaire qui règne en France. Sans doute oublie-t-il enfin qu'il s'efforce lui-même de mettre en oeuvre avec beaucoup d'opiniâtreté, une réforme conduisant à rémunérer les établissements de soins en tarifant l'activité et en fixant des franchises...
C'est peut-être à cause de ce genre de cafouillages et de contradictions que tant de Français le comprennent si mal en ce moment (et que dire des Américains...)
Somme toute ce discours ne restera pas dans les annales, c'est le sort le meilleur qu'on puisse lui souhaiter, car stricto sensu il ferait plutôt honte aux descendants de Tocqueville...
29 mars 2010
Déchirements
Fin longue d'hiver, début hésitant du printemps ? Lendemains d'élections empreints de lassitude et de doute ? L'ambiance est assez terne, voire encline aux déchirements... Le pays, enclavé dans l'ornière des utopies stériles et des rancœurs destructrices, semble plus que jamais dépourvu de ressort. Le Gouvernement aura-t-il la force et le temps dans les 2 ans qui lui restent, de redonner un peu de vigueur et de foi à ce peuple désorienté, divisé, déchiré dans les contradictions ?
Première mesure après les Régionales, l'abandon de la taxe carbone, révèle sans doute un sursaut de pragmatisme, mais annonce-t-il enfin l'arrêt du tourbillon versatile des ambitions ratées, et la déroute piteuse des desseins chimériques ?
L'écologie a dépassé les bornes. Le Président de la République est bien avancé d'avoir tenu des discours catastrophistes avec à la clé une détermination claironnée de faire la leçon au Monde. Son calcul, avant tout politique, a été vain. Il doit se résoudre à battre en retraite sans explication, au risque de récolter l'incompréhension, jusque dans ses propres rangs...
Jusqu'où aller dans les contradictions et l'incohérence ? Il y eut tant de promesses avortées, de desseins d'un jour vertueux, mais sans lendemain, de revirements démagogiques... Ni le ridicule, ni les renoncements ne tuent, mais à la longue ils font des dégâts dans les esprits. Qui croire ? Quand peut-on être certain que ce qui est dit, soit fondé sur de vraies convictions ?
Plus grave, face à l'Allemagne, le pays apparaît de plus en plus en position de faiblesse. La crise grecque révèle tout à coup un nouveau rapport de forces, peu flatteur pour la France. A force de chanter à tue tête comme une cigale les vertus de son modèle social, la moralisation du capitalisme, la beauté des dépenses publiques, et autres billevesées ronflantes, elle s'est laissée distancer par le débonnaire géant teuton. Devenu à la force des poignets, l'armature et le cœur battant de l'Europe, il n'entend plus se laisser dicter sa conduite. Il faudra s'y faire et en tirer si possible des leçons.
Après avoir patiemment réunifié ses forces disloquées par le glacis soviétique et corrigé quelques faiblesses structurelles, l'Allemagne est en passe de dominer de la tête et des épaules le conglomérat branlant et sans identité qui ambitionnait d'aller « de l'Atlantique à l'Oural ». Pour les gens sérieux c'est plutôt une bonne nouvelle, mais la France, championne des occasions manquées, plus dépourvue d'alternatives que jamais, saura-t-elle enfin affronter sans préjugé et sans orgueil mal placé la dureté des réalités ? Et qu'adviendrait-il si l'Allemagne excédée finissait par retirer ses billes ?
Nouvel et édifiant exemple de ce refus obstiné de voir la réalité, la polémique ridicule sur une phrase prononcée par Eric Zemmour, à propos de certaines caractéristiques ethniques de la majorité des petits trafiquants de drogue dans les cités. Le constat, qui portait avant tout sur le délabrement social et le laisser aller communautaire, n'avait pourtant échappé à personne, sauf peut-être aux aveugles d'esprit. Mais comme le thermomètre qu'on préfère casser plutôt que de voir la fièvre qu'il indique, il est de bon ton d'occulter la gangrène qui ronge... En déchirant un petit pan du rideau d'hypocrisie qui asphyxie la société, le journaliste s'est attiré les foudres des censeurs. Plus dure sera la chute...
17 mars 2010
Tristes politiques
-Soit l'absence de vrai enjeu, dans une démocratie apaisée et prospère,
-Ou bien la lassitude vis à vis de la classe politique dans son ensemble...
Tous les partis politiques en font l'amère expérience. Le parti présidentiel, victime de l'exercice du pouvoir dans une période morose s'effondre, offrant ainsi aux Socialistes une victoire en trompe l'oeil : Bénéficiant de la posture d'opposants mais ne portant rien de nouveau, ils s'affaissent simplement moins. Loin d'incarner une dynamique porteuse d'espérances, le PS qui parade en tête de ce malingre cortège, ne peut revendiquer plus de 15% de l'électorat : une misère...
Evidemment, le grand perdant de ce jeu déprimant est bien Nicolas Sarkozy. Sans doute paie-t-il une certaine impuissance face à la crise. Sans doute aussi des erreurs stratégiques et une gestion des affaires devenant quelque peu erratique. Parmi les causes de cette déroute, trois relèvent de l'évidence :
Elle n'est pas payante, car trop large, trop obstinée, trop systématique. A force de débauchage dans les rangs adverses, le Président de la République se trouve entouré d'une nuée de gens, dont certains ministres, qui ne sont ni dans son camp ni dans un autre, dont la fiabilité politique est plus qu'aléatoire, et qui ne savent plus trop quoi dire, ni quoi faire voter... Au total, cette politique de Gribouille a surtout pour effet de brouiller les pistes, de mécontenter l'électorat naturel et ne rapporte manifestement pas une voix...
L'idée saugrenue d'Eric Besson, figure emblématique de l'ouverture, est un échec. Le débat qu'il a piloté, n'a rien apporté de concret face à la désagrégation sociale qui mine le pays; il n'a levé aucun tabou bien au contraire, et s'est révélé ringard par rapport aux enjeux européens. En somme, il s'est apparenté à une manœuvre de racolage assez grossière et complètement ratée, de l'électorat du FN.
Plus grave, il n'est pas parvenu à masquer l'échec du gouvernement dans sa politique sécuritaire, dont l'efficacité aurait pourtant été la meilleure arme pour contrer l'influence de l'extrême droite. On n'a retenu de la lutte contre la délinquance, que la recherche « du chiffre » : assez calamiteux...
Enfin, la Droite s'étant définitivement interdit de longue date, le moindre rapprochement avec le FN, elle va assister selon toute probabilité au second tour, à nouveau à l'émiettement d'un électorat déchiré, tandis que la Gauche "plurielle" va pouvoir se livrer de son côté sans complexe à tous les acoquinements...
Le grand élan novateur a décidément fait un flop. Beaucoup de réformes bien intentionnées restent inachevées et peu lisibles (code du travail, enseignement, justice, fiscalité, retraites, Collectivités Territoriales...), d'autres apparaissent inutiles ou superfétatoires (suppression de la Pub à la TV, Pôle Emploi, Taxe Carbone, HADOPI) et enfin certaines restent envers et contre tout ancrées dans la plus noire bureaucratie centralisatrice (Réforme des Hôpitaux et de l'organisation sanitaire dite HPST).
Comme son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, à force de pratiquer un double langage et de manier les contradictions, ne récolte que désapprobation ou incompréhension. Malgré une soumission grandissante au credo de l'Etat Providence, malgré des virements de bords répétés vers la gauche, et des dénonciations outrancières du capitalisme, il ne parvient pas à se défaire de l'étiquette d'ultra-libéral, suppôt du grand patronat... Il perd donc sur tous les tableaux !
Lorsqu'il était « lui-même », il était la cible de quolibets et d'invectives, mais au moins pouvait-on espérer qu'il aurait les coudées franches pour mettre en œuvre ses convictions. Aujourd'hui dans son nouveau costume sombre, qu'il tente d'imprégner de la « dignité de sa fonction », il semble abandonner l'audace et l'innovation, au profit d'une conduite certes plus politiquement correcte, mais qui le condamne à devoir patiner dans la semoule.