Lorsque
les Écologistes nous parlent de la protection de l'environnement,
cela produit dans le meilleur des cas de splendides images magnifiant
le spectacle de la nature, et dans le pire, des lapalissades
ronflantes aux prétentions moralisatrices. Mais lorsque le registre
de l'emphase un peu naïve s'épuise, le discours se transforme alors souvent en dialectique laborieuse et pédante, cédant en général aux
vieilles lubies gauchisantes auxquelles ils empruntent la
calamiteuse phraséologie idéologique.
Un
exemple de cette dérive a été donné il y a quelques semaines sur France Culture par le sympathique duo formé par le
présentateur d'émissions TV Nicolas Hulot et la philosophe Cynthia
Fleury, venus présenter le Think Tank auxquels ils contribuent,
baptisé un peu pompeusement « Laboratoire d'idées
innovantes pour la transition écologique. »
A
cette occasion, ils ont tenté d'amorcer une démarche tendant selon
eux à repositionner l'écologie dans « l'interdisciplinarité »
et ont appelé à « cesser de penser une barrière
épistémologique ».
Malheureusement,
plutôt que d'élever le débat vers de nouveaux cieux, ils l'ont
ramené aux vieilles lunes et ont surtout démontré qu'en tant que mouvement politique, l'Ecologie se mêle de tout... ce qui ne la
concerne pas !
S'inspirant
largement des thèses du dernier penseur altermondialiste en vogue
Gaël Giraud, ils se sont lancés dans le procès si convenu du
capitalisme. En réponse aux remarques du chroniqueur Brice Couturier
reprochant aux écologistes d'être quelque peu phobiques du risque, Cynthia Fleury a cherché à renverser la charge en
affirmant à l'inverse, que l'accusation concernait bien davantage le
« Grand Capital » qui n'avait pas son pareil pour "internaliser les profits, et externaliser les coûts des
risques... sur les autres !"
Dans
la foulée, les deux compères fustigèrent le monde de l'entreprise
dont le seul objet serait le profit. Quelque chose d'horrible à
leurs yeux car « le profit n'est pas une finalité mais un
moyen au service de quelque chose »
A
ce sujet ils évoquèrent l'article 1832* du code civil qu'ils jugent
choquant, et ils proposèrent rien de moins que de le réécrire en redéfinissant
l'entreprise, et la notion même, de propriété. Sans donner, ne
serait-ce que l'esquisse de que cela pourrait être...
Se
bornant à constater que « le modèle économique était à
réinventer », ils réclamèrent entre autres platitudes bien
intentionnées, «la séparation des activités bancaires ». Et lorsque quelqu'un leur demanda en quoi ce genre de proposition était
lié à l'écologie, ils se lancèrent dans des explications
alambiquées, aussi contournées que nébuleuses.
Le problème pour eux renvoie à « une régulation éco-systémique »,
et dans le domaine, il faut les croire sur parole: l'Ecologie
interroge « le juste... »
Ils ont sans surprise plaidé
pour « un capitalisme plus régulé » et demandé « plus
de réciprocité entre les acteurs, plus de réciprocité entre la
question de l'internalisation des coûts, l'externalisation et
l'internalisation des bénéfices, plus de transparence sur les
rémunérations des uns et des autres... »
Au passage Nicolas
Hulot s'interrogea gravement : « Est ce que les
actionnaires sont propriétaires de l'entreprise ou bien sont-ils
propriétaires de leurs actions ? » Faut-il qu'il ait une
idée bien angélique du monde ! Imagine-t-il donc que les
investisseurs accepteraient de placer leur argent dans ce qui ne
serait en somme que de la roupie de sansonnet ?
En
définitive, ce petit débat se révéla instructif en ce sens qu'il
confirma les a priori idéologiques dans lesquels patinent les
Ecologistes, tenant tantôt de l'égalitarisme marxisant, tantôt des
doctrines malthusiennes, et tantôt de la névrose climatique, sous-tendue par ce que Nicolas Hulot définit comme étant « la mère des
menaces ».
On
ne saurait trop rappeler que l'économiste Gaël Giraud qu'ils
considèrent comme un mentor, prend également position sur la
théorie régulièrement contredite par les faits du « pic du
pétrole », qu'il milite en faveur d'un protectionnisme aux
frontières de l'Europe, pour un plafonnement arbitraire des revenus,
pour un financement massif de la transition écologique par la
planche à billets, et pour le passage de l'euro monnaie unique à
l'euro monnaie commune... Vaste programme !
* Article 1832 du
Code Civil : La société est instituée par deux ou plusieurs
personnes qui conviennent par un contrat d'affecter à une entreprise
commune des biens ou leur industrie en vue de partager le bénéfice
ou de profiter de l'économie qui pourra en résulter. Elle peut être
instituée, dans les cas prévus par la loi, par l'acte de volonté
d'une seule personne.
Les associés
s'engagent à contribuer aux pertes