


Au sud c'est l'estuaire de la Gironde. J'aime me rendre à Talmont, ce petit village juché sur la falaise crayeuse, tout entier symbolisé par son adorable église, Sainte-Radegonde.

Les nuages forment des îles
Posées sur des océans bleus,
Qui dansent au fond de mes yeux,
Au gré de cadences graciles.
Ils déchirent gaiement l’azur
De leurs contours fantomatiques,
Et sillonnent énigmatiques,
L’infini profond d’un pas sûr.
**
Trouée par des rais de lumière
Leur substance en se déchirant
Laisse se déployer en grand
De longs bras de jeune matière.
Et de ces doux enroulements,
Surgit la carte d’Italie,
Ou bien quand le sort les relie,
De bizarres animaux blancs
**
Je songe à des apothéoses
Au bout de ces trajets vainqueurs
Mais les perspectives grandioses
Ne sont rien pour ces voyageurs
Insoucieux du vent qui les mène
Ils glissent dans l’air, simplement
Comme une longue et douce haleine,
Défilant indéfiniment...
Un obscur agent des services secrets américains, est partagé entre les exigences de son pays et celles de sa famille. Ambiance de complot permanent, scènes en clair-obscur, dialogues à mots couverts, sentiments en demi-teintes et secrets d'alcôve. Robert de Niro crée une atmosphère. Mais hélas celle-ci s'étire interminablement, épuisant le spectateur en incessants flashbacks, et en intrigues confuses. Matt Damon est plus inexpressif que jamais et autour de lui, pas un personnage ne se détache de la triste grisaille dans laquelle se noue un drame un peu dérisoire. La reconstitution des années de plomb de la guerre froide est très soignée, mais il y a au moins une heure de trop dans cette satire pesante des méthodes de la CIA. D'autant qu'elle n'apprend pas grand chose sur le fonctionnement de ce type d'administration et compte beaucoup de clichés et d'invraisemblances.
Avec la disparition de Michelangelo Antonioni (1912-2007), c'est à mon sens un des trois piliers du cinéma italien de l'après-guerre qui s'écroule. Les deux autres, hélas déjà tombés, étaient Fellini (1920-1993) et Visconti (1906-1976). Tous trois, quasi contemporains, ont exploré des voies très différentes, mais complémentaires.
Visconti, a mis en scène la sublime et douloureuse décomposition de la beauté et le naufrage grandiose des hautes aspirations. Comme on tire le Sauternes capiteux et magnifique de la pourriture noble du raisin, il magnifia en esthète la déchéance tragique de la vie.
Fellini obsédé par la laideur et les excès du monde transcenda ces masques grimaçants pour en extraire la quintessence de l'être humain. Ses spectacles sardoniques et truculents n'étaient en quelque sorte que la transmutation comique du désespoir.
Quant à Antonioni, ce furent l'absurdité de l'existence, l'infini de la solitude, et le mystère de la disparition qu'il entreprit de décortiquer au moyen de sa caméra inquiète. On cite souvent la scène finale de Profession Reporter. Elle constitue une tentative originale pour exprimer l'inexprimable. Un sentiment d'étrangeté tranquille. La vie est là tout autour qui bruisse dans l'encadrement de la fenêtre. Mais elle s'inscrit dans une indicible absence. Celle que nous portons tous au fond de nous et à laquelle nous préférons le plus souvent ne pas penser...