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14 juin 2006

Le secret de Brokeback mountain

INDEX-CINEMA
Il est difficile d'être parfaitement objectif au sujet d'un film entouré d'un déluge d'éloges, de la part des critiques aussi bien que des spectateurs. D'autant qu'il traite d'un sujet délicat avec ce qu'il faut de tact et de bienséance (on dirait aussi de correction politique). Un tel phénomène s'était déjà produit avec la Liste de Schindler de Spielberg ou bien avec Le Pianiste de Polanski.
Ici on aurait donc mauvaise grâce de vilipender une oeuvre bien faite, bien jouée - on retrouve Jake Gyllenhaal, l'acteur qui monte - bien filmée - chacun s'ébaudit des magnifiques et sauvages panoramas du Wyoming . Mais on reste sur sa faim car cette belle histoire paraît un peu trop fabriquée "sur mesure" pour les besoins de la cause. Comme si le réalisateur Ang Lee en cherchait manifestement une pour asseoir une réputation de grand cinéaste.
Il l'a sans doute trouvée et c'est tant mieux pour lui. Cela ne suffit toutefois pas pour faire un chef d'oeuvre impérissable.
Il y a trop d'artificialité dans cette relation particulière entre deux hommes, et pas assez d'émotion. On voudrait bien comprendre quelle est cette force étrange et irrésistible qui les rapproche, mais à aucun moment on y parvient vraiment. Et puis autour d'eux, le monde et les êtres vivants paraissent trop inconsistants, trop effacés, presque méprisables. On a le sentiment d'assister à un duo égocentrique un peu vain, ni très charnel, ni très spirituel, dont on prévoit trop l'échec, hélas assez médiocre au bout du chemin.
Autrement dit, c'est formellement irréprochable mais le fond manque singulièrement de densité, ou tout simplement de sincérité.

North Country (L'affaire Josey Aimes)

Dans le Minnesota, on ne plaisante pas avec les vérités premières, du style : "Le travail à la mine c'est pas pour les femmes."
C'est avec ce genre de truisme lourd comme du plomb que la gent masculine fit longtemps subir toutes sortes de vexations, d'humiliations et de vulgarités aux collègues du sexe opposé, dans les chantiers d'extraction du minerai de fer d'Amérique du nord, et probablement hélas ailleurs.
Jusqu'au jour où vint se mettre en travers de l'ordre établi, une femme à la fois belle et courageuse, bien décidée à tenir tête à ce déferlement irrationnel de bêtise et de machisme.
Charlize Theron incarne magistralement cette héroïne d'un drame rendu silencieux par la lâcheté et la peur, face à ceux qui détiennent le pouvoir et qui en abusent outrageusement.
La réalisatrice Niki Caro ne lésine pas sur la noirceur du tableau, mais elle ne fait pas de prosélytisme féministe et surtout ne s'en tient pas au désespoir morbide d'un film comme Magdalene sisters. Au contraire, elle nous montre des êtres qui ont une âme, formant hélas une humanité dévoyée, mais encore capable de se régénerer. A part quelques brutes incurables, chaque protagoniste porte un espoir qui ne demande qu'à s'exprimer et comme dans tout bon film américain la morale finit par triompher.
Le film est assez long (126 min) mais l'attention ne faiblit pas, l'émotion non plus. La mise en scène est sobre, certaines scènes sont très fortes, et les acteurs donnent le meilleur d'eux-mêmes. Seule Sissi Spacek paraît un peu en retrait.
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The assassination of Richard Nixon

C'est l'histoire d'un gars qui a presque tout pour réussir. Il hérite avec son frère, d'une entreprise de vente de pneus, montée par son père. Le dit frère est un gars plutôt bien, honnête et rigoureux gestionnaire. Lui, Samuel Byck, a une femme et deux beaux enfants, et en plus un copain sympathique et de bon conseil.
Hélas, tout cela ne suffit pas pour faire son bonheur.
Car dès le début on sent qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans sa tête. C'est un maniaque. Il est obsédé par l'honnêteté, il a une soif inextinguible de justice, de vérité.
Comme il ne parvient pas à s'intégrer dans l'entreprise familiale de pneus, il échoue sur un job de vendeur de meubles. Son patron n'est pas du genre très fin mais ce n'est pas un mauvais bougre. Il décèle assez vite qu'avec Samuel il n'a pas trouvé le commercial qu'il espérait. Il a beau lui procurer les bonnes recettes pour réussir, rien n'y fait. Sam est rongé par une fièvre auto-destructrice, qui le conduit à rater tout ce qu'il entreprend, à accumuler bourde sur bourde.
A force d'en vouloir au monde entier, il finit même pas sortir des rails pour de bon. Quand bascule-t-il dans la folie ? Difficile à dire précisément, mais le caractère irrémédiable de la spirale dans laquelle il se laisse emporter est évident. Et naturellement tout cela ne finit pas bien du tout...
Sean Penn fait une composition impressionnante de paumé torturé.
Comme souvent dans ce genre de numéro d'acteur, c'est parfois un peu outré tant il en donne au rayon mimiques, grimaces, et autres rictus pathétiques.
Tout cela se déroule sur fond de scandale Watergate, et la figure de Nixon se justifiant à la télévision, apparaît de manière obsédante tout au long du film. Il paraît qu'il faut voir des allusions politiques, des références au Taxi Driver de Scorcese. Chacun jugera. Ce film de Niels Mueller vaut surtout pour l'analyse éprouvante, haletante, parfois irritante qu'il fait de la descente aux enfers d'un homme comme tout le monde mais qui s'acharne en toutes circonstances, à ramer à contre sens...
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Walk the line

Ce film de James Mangold, sorti peu après celui consacré à la vie de Ray Charles, s'inscrit dans la mode actuelle des biographies romancées réalisées autour des cendres fumantes de héros contemporains (Johnny Cash est mort en 2003)
Pour les plus jeunes ce sera probablement une découverte car on l'avait un peu oublié ce chanteur sombre à la voix caverneuse. D'autant qu'il ne benéficia jamais d'une très grande popularité en France, coincé qu'il fut entre la génération des rockers menée par Elvis et celle du protest song où s'illustra Bob Dylan.
Son inclination pour la musique country, le rapprochait toutefois davantage de ce dernier avec lequel il enregistra une belle chanson en duo sur l'album Nashville Skyline en 1969 : the girl from the north country.
On se souvient aussi de ses tours de chants très médiatisés dans les prisons à peu près à la même époque. Sa vie tumultueuse et son penchant pour l'alcool et les drogues lui avaient d'ailleurs valu également de connaître la vie de détenu. Alors qu'il était au sommet de sa gloire, il faillit même être englouti par ces excès. Il parvint à s'en sortir grâce à une belle mais difficile histoire d'amour avec la chanteuse June Carter qui l'accompagnait dans ses tournées.
C'est précisément cette période mouvementée de la vie du chanteur qu'on suit ici.
C'est raconté de manière assez classique et les ficelles mélodramatiques supposées pimenter un récit sans surprise sont un peu grosses. La reconstitution musicale est néanmoins bonne et les acteurs chantent avec talent.
S'agissant des personnages, Joaquin Phoenix dans le rôle de Johnny Cash manque de conviction et de charisme. Il s'avère un peu lourdaud et n'inspire qu'une sympathie mitigée.
En revanche on est sous le charme de Reese Witherspoon qui incarne June Carter. Avec sa pétulance roborative et son charme mutin, elle illumine tout le film et l'on se prend à rêver d'être aimé par une femme aussi charmante, aussi enjouée, aussi patiente et dévouée. Un ange en quelque sorte.
RIen que pour elle, on en redemanderait...
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