18 septembre 2011
From Big to Self Government
05 septembre 2011
Pauvre comme Job
La vraie question est : pourquoi donc, et à qui la faute ?
Ainsi, les Gouvernants ont inventé l'impôt "redistributif", qui paraît-il serait la panacée en matière de lutte contre les inégalités sociales, et qui passe par un accroissement indéfini du poids des prélèvements obligatoires, donc des impôts, taxes et cotisations en tous genres (cf graphique).
illustration: Job et sa femme, par Latour.
28 août 2011
La foire aux taxes, et aux dinosaures...
Illustration : Les diplodocus par Mathurin Meheut
26 avril 2011
Fausse bonne idée
23 juillet 2010
L'ivresse aseptisée
26 janvier 2010
Too Big To Fail
Il pourrait s'agir d'une petite révolution, après tant d'années pendant lesquelles nombre de gouvernements assistèrent impuissants aux fusions d'entreprises, quand ils ne les encouragèrent pas, au nom de la religion productiviste.
En matière bancaire, non seulement la démesure nuit à la saine concurrence, mais elle a tendance à en compliquer et surtout à en déresponsabiliser la gestion. Les sociétés deviennent si grosses en effet, qu'elles se croient intouchables, et que l'Etat se fait un devoir de les secourir en cas de difficulté, par crainte que leurs déboires n'entraînent en cascade, l'effondrement du système tout entier. Le magazine The Economist pointait dans un récent numéro le fait qu'à ce jour, les quatre plus grandes banques américaines détiennent plus de la moitié des actifs de l'industrie (22/01). Qui peut prétendre rationnellement qu'il s'agisse d'une situation souhaitable ?
Jusqu'à ce jour malheureusement, le credo des Pouvoirs Publics, notamment en France, est pourtant de pousser à la concentration, au nom de l'harmonisation, de l'optimisation des coûts. Le gouvernement a récemment encouragé la fusion de la Caisse d'Epargne avec les Banques Populaires. Il y a quelques années, il avait pesé de tout son poids pour favoriser le rapprochement de la Société Générale avec BNP-Paribas.
Tout récemment, éclatait la polémique au sujet du double salaire et du cumul de fonctions de monsieur Proglio. Or derrière cette affaire, se profile l'alliance étrange des colosses EDF et VEOLIA, qui avait jusqu'à ces tout derniers jours la bénédiction du Président de la République et du ministre de l'Economie.
Ce n'est pour l'heure qu'une annonce. Rien ne dit qu'elle sera suivie d'effets. Rien ne dit non plus qu'elle se traduira par une mise en œuvre pragmatique, le risque étant comme d'habitude, d'en faire trop.
On dit ainsi que le président américain souhaite dans la foulée, imposer des contraintes fonctionnelles aux organismes bancaires, leur interdire notamment toute activité de spéculation sur les marchés. Il voudrait également alourdir la charge fiscale, en créant une curieuse « taxe de responsabilité dans la crise financière ».
10 janvier 2010
Débat or not débat
Par l'intermédiaire, de sa chronique au magazine Le Point, le cher Bernard-Henry Lévy a manifestement décidé de s'inscrire en tête de ce nouveau bataillon de la Liberté. Et comme à son habitude, il met généreusement les pieds dans le plat. L'éléphant BHL dans le magasin de porcelaines libérales ça vaut assurément le détour, mais ça ne trompe guère...
Tout de même, quelle jubilation, que de voir l'ardeur avec laquelle il fustige cette nouvelle immixtion étatique ! A ses yeux le débat peut naitre de partout : des comités d'experts, des forums de citoyens, des partis politiques, mais surtout pas de l'Etat. Ce qui le choque : « que ce dernier se substitue à tous ces acteurs, qu'il se réveille un beau matin pour, avec tous ses réseaux, ses préfets, ses moyens, claironner à l'attention des « forces vives » de la nation : « voici le débat qui s'impose, voici de quoi je décide moi, Etat, qu'il convient dorénavant de débattre; et voilà enfin dans quelles limites, sur quel ton, jusqu'à quand ce débat doit se tenir »
Aurait-il enfin compris l'essence du libéralisme ? Serait-il acquis aux concepts magnifiés par Tocqueville ?
Bien évidemment non. Cette indignation est circonstancielle, visant clairement certains dirigeants avec lesquels il a des comptes à régler, et non le Pouvoir Central en lui même.
D'ailleurs même piloté par l'Etat, l'ancien Nouveau Philosophe trouve le débat encore trop libre. Comme d'autres, s'il souhaite l'arrêter, c'est parce qu'il se focalise sur l'immigration, sujet tabou s'il en est. Pas question, même si les débatteurs en font une si forte préoccupation, d'y accorder la moindre importance. Et honte à ceux qui seraient tenté de le faire. Il faudrait donc occulter les problématiques jugées gênantes par quelques censeurs de la bonne pensée. On voit bien que l'obsession dirigiste n'est pas bien loin...
Comme dans tant d'autres domaines, l'intervention de l'Etat est vaine en matière de débat. On assiste ici à un remue-méninges assez démagogique dans lequel on dit tout et surtout n'importe quoi et où l'on voit comme d'habitude, se radicaliser les positions, la haine et la bêtise, qui plus est, pas forcément issues des citoyens moyens, mais plutôt des « personnalités » (cf les interventions vindicatives d'Emmanuel Todd, de Badiou, de Cambadélis...)
01 septembre 2009
Le gros oeil de l'Etat
La stratégie de Nicolas Sarkozy de ce point de vue n'échappe pas à la règle tant elle est fluctuante et parfois contradictoire. On dit souvent qu'elle témoigne d'un esprit pragmatique. Même avec un projet clair et la légitimité des urnes, il est si difficile en France d'appliquer un programme face à la pression de la rue et à la versatilité de l'opinion...
Sous on égide s'organise avec les meilleures intentions du monde la centralisation des fichiers et des identifiants. On sait que le Fisc et l'Assurance Maladie sont déjà en mesure de faire communiquer leurs bases de données nominatives. Avec la Loi HADOPI, les internautes seront traqués avec la complicité forcée des fournisseurs d'accès au Web. Tout ça avec la bénédiction de la CNIL, totalement débordée et de toute manière elle-même assujettie à l'Etat.
Certains s'inquiètent de la possibilité d'être espionnés par des organismes privés comme le fameux Google, mais ce n'est rien en comparaison de l'oeil de l'Etat. Une entreprise privée risque en effet gros à galvauder le secret de ses clients, l'Etat jouit quant à lui d'une totale impunité, et pour cause : c'est lui qui fait la Loi et sa clientèle est par définition captive. S'agissant de l'utilisation des données, si l'entreprise privée n'a guère d'autre objectif que celui bassement mercantile de cibler des campagnes publicitaires, on n'arrête en revanche difficilement le lourd char étatique. Le but vertueux affiché, en démocratie, consiste à chasser les contrevenants, mais en réalité comme on l'a vu si souvent par le passé, il n'est pas de limite au zèle purificateur du Pouvoir.
Cette histoire est édifiante. On peut comprendre que pour les besoins d'une enquête motivée par des délits ou des crimes avérés, les Pouvoirs Publics demandent à des prestataires commerciaux certaines informations concernant un ou plusieurs de leurs clients. Mais le recours à la dénonciation massive et prospective de toute une population a seule fin d'éplucher leurs faits et gestes pour tenter de débusquer d'éventuels fraudeurs, est plus que discutable et inquiétant (bientôt selon les déclarations de Mr Woerth ce matin sur BFM les banques devront dévoiler les identités de tous leurs clients dont les comptes enregistrent des transactions avec l'étranger...) On est d'autant plus étonné par ce ramdam que le Président de la République a tout lieu d'être échaudé, après s'être lui-même retrouvé à tort sur un listing de personnes suspectes de malversation dans le cadre de la fumeuse affaire Clearstream. A-t-il voulu donner l'impression au bon peuple qu'il agissait contre les puissances honnies de l'argent ? A-t-il voulu donner raison au Point en agissant comme pourrait le faire un homme de gauche?
20 décembre 2008
Une mécanique corrompue
La crise qui perdure et qui étend progressivement son spectre hideux sur le monde entier, suscite un sentiment désagréable, mélange d'impatience, de colère et d'écœurement. Quand donc, et comment tout cela finira-t-il ?
Chaque jour apporte son lot de nouvelles moroses, et tout le système est parcouru de craquements sinistres. La quasi faillite des géants américains de l'automobile et les difficultés de nombreux autres constructeurs à leur suite font frémir. Comment diable ces firmes qui paraît-il travaillaient à flux tendus ont-elles pu se laisser aller à accumuler autant de stocks sans réagir ? Toutes ces entreprises bourrées de statisticiens, et de consultants chargés de décortiquer « en temps réel » et sous tous les angles les tendances du marché ont donc été victimes d'une incroyable myopie.
Dans un univers cerné par une armée de contrôleurs et par une nuée de plus en plus opaque de réglementations, les irrégularités qui éclatent soudain un peu partout, laissent pantois. Après les scandales des sub-prime et des titrisations de dettes, les tripatouillages hasardeux des traders façon Jérôme Kerviel, la gigantesque fraude « pyramidale » de Bernard Madoff, portant sur 50 milliards de dollars donne des sueurs froides. Comment donc de telles machinations ont-t-elles pu être ourdies en toute tranquillité, voire parfois encouragées par les Pouvoirs Publics ? Comment accepter l'idée que tous les organismes de contrôle, toutes le agences de notation , d'accréditation et d'évaluation, tous les spécialistes et experts aient pu se laisser berner de manière aussi vertigineuse ? A l'évidence, nous ne souffrons pas d'un manque de réglementations mais d'une pléthore, hélas inefficiente...
L'explication facile que s'empressent de donner de ces évènements dramatiques la noria revancharde de vieux archéo-marxistes et autres dévots nostalgiques de la bureaucratie étatique n'est à l'évidence qu'un trompeur pis-aller. Les catastrophes mortelles dans lesquelles se sont abimés leurs espoirs chimériques d'égalitarisme social en forme de holisme plus ou moins soviétoïde, pourrait les inciter à un minimum de modestie. Hélas, ces incurables agitent à nouveau le spectre du Grand Soir du Capitalisme !
En réalité, cette peste qu'on nomme crise, a des causes complexes et transcende largement les régimes politiques, touchant autant l'Amérique libérale que la Chine communiste, La Russie que le Japon, l'Islande que l'Afrique du Sud. Pour paraphraser la Fontaine, « ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient atteints.. »
Voilà des années que s'est installée insidieusement une sorte de maladie étrange, qui progressivement ronge la belle mécanique du Monde, tendant à la transformer en une sorte de spirale mécaniste aveugle et aléatoire. Cette monstruosité molle, bien intentionnée se répand comme une tache d'huile et imprègne tous les rouages de la société. Elle a commencé par dénaturer la substance du langage, changeant l'art de la sémantique en palilalie jargonnante. Pétri d'une syntaxe pédante et hermétique, cet embrouillamini quasi permanent interdit d'appeler les choses par leur nom et réduit l'expression comme une peau de chagrin, stérilisant par la même, l'esprit critique et le bon sens. Ses effets pervers tuent le débat et gangrènent les principes élémentaires d'une bonne gestion, amenant littéralement à prendre des vessies pour des lanternes, et confondant souvent la fin et les moyens.
Résultat on assiste à l'émergence de croyances irrationnelles, contredisant souvent des évidences criantes. Propulsées par les nouveaux ressorts de la communication, des opinions non fondées ou des rumeurs insanes se propagent à la vitesse de l'éclair contaminant des foules crédules qui se les approprient comme des faits acquis. Triste conséquence de la démocratie, le règne du consensus s'impose de manière imbécile, donnant trop systématiquement raison aux majorités et tort aux minorités. Le souci républicain d'égalité qui par retour de balancier contraint les pouvoirs Publics à des mesures de « discrimination positive » n'arrangent rien, bien au contraire. Surgissent un peu partout des seuils ou des quotas fondés sur des a priori bien intentionnés mais vains.
Plus grave, les dirigeants et décideurs semblent eux-mêmes avoir perdu la raison. Ils s'en remettent à de prétendus experts dont l'irresponsabilité n'a d'égale que l'arrogance pour les guider dans leur mission, et tâtonnent au gré du vent de l'actualité, prenant pour cap des principes dénués de vrais fondements. La dérive actuelle en matière de gestion, souvent sous l'influence de consultants irresponsables et de normes trop formalisées "de qualité", conduit les entreprises, privées comme publiques, à des évaluations fallacieuses ou approximatives des mérites de leur personnel, de la qualité réelle des prestations, et de la satisfaction de leur clientèle. La fameuse "écoute" n'entend rien et la dépersonnalisation devient la règle. Les êtres, dans cette logique déshumanisée, deviennent de simples ressources humaines, coincés entre le maketing et les produits...
Associées à l'appât du gain immédiat, et à la centralisation productiviste, ces tares d'essence technocratique expliquent probablement en grande partie la crise actuelle. Mais à l'image de la poule et de l'oeuf, il est impossible de déterminer qui des consommateurs ou des entreprises portent la lourde responsabilité de ce cercle infernal. Sont-ce les premiers qui ne voulant plus rien payer à sa juste valeur et s'entichant de médiocrité matérielle poussent à un productivisme effréné, ou bien les secondes qui aiguillonnées par une concurrence absurde et par l'obsession du profit, se livrent sans frein au racolage et à la démesure ?
Sous ces effets conjugués la société humaine s'essouffle, trébuche et perd à la fois ses repères et son sens. Les marchés saturés et exténués s'affaissent conduisant à la récession et son cortège de plaies sociales. La pensée unique pasteurisée insinue partout ses mornes credo, sa tolérance veule, et sa pseudo rationalité narcissique. Tout est interprété en terme de dividendes égoïstes, de gains potentiels, d'acquis corporatistes. Même la Charité devient un business racoleur dont l'avidité étouffe l'élan altruiste et masque le manque de pragmatisme.
Ce voile nébuleux de bonnes intentions et de vœux pieux se déchire parfois brutalement sous la griffe terrifiante du monstre terroriste. Son empreinte sanglante affole un court moment mais la chape de bien-pensance recouvre vite ces carnages odieux, minimisant leur portée. Pire, l'opinion publique est tellement pervertie qu'elle a tendance à confondre avec le mal, ceux qui tentent sans détour de s'y attaquer, les accusant parfois même de l'avoir provoqué !
La Liberté, défigurée par ses ennemis, qu'ils soient violents ou non, parfaitement clairvoyants ou amblyopes, initiés ou ignorants, perd peu à peu du terrain et se recroqueville en se desséchant comme une vieille enveloppe sans substance.
Une chose est certaine toutefois. Tous ces maux ne sont pas occasionnés par la Liberté bien sûr mais par le mauvais usage qu'on en fait... Fort heureusement la crise actuelle n'est pas la conséquence de guerres, de tyrannies, de massacres, d'épidémies, ou de famines comme celles qui décimaient périodiquement le monde autrefois.
Avec un peu de raison, nul doute qu'il devrait être possible de la surmonter à condition que chacun en soit convaincu, et use de sa citoyenneté de personne libre avec responsabilité. Il faut donner à la Liberté tout son sens et lui permettre notamment de se nourrir avant tout du principe d'humanité.
NB : Illustration de William Blake, pour l'Enfer de Dante
19 novembre 2008
j'aime les roses...fanées
Ce trait sarcastique chanté autrefois par Jacques Dutronc, évoque aujourd'hui irrésistiblement les mésaventures tragico-comiques du Parti Socialiste. Je sais bien que ce n'est pas très gentil de tirer sur les ambulances mais il faut reconnaître que ces gens ont bien cherché ce qui leur arrive aujourd'hui.
En premier lieu, force est de constater que les personnalités en lice ne brillent guère par leur charisme et que leur aspiration au renouveau n'est pas vraiment convaincante. Sur les 4 prétendants du 6 Novembre au poste de premier secrétaire, trois paraissaient pour le moins amortis. Comme le fait remarquer Benoît Hamon, leur cadet, ils appartiennent à la génération Mitterrand et leur discours autant que leur image sont usés. Ségolène, qui a l'âge auquel la plupart des femmes aspirent à partir en retraite, voudrait faire oublier qu'elle gravite dans les sphères ministérielles depuis plus de 25 ans. En dépit de son look pimpant, façonné par son nouveau mentor Dominique Besnehard, elle appartient à la génération de ceux qu'elle qualifie sans les nommer de « sages », et à qui elle demande de prendre du recul... Au surplus elle incarne l'archétype du politicien de carrière, moulé par l'ENA et ancré dans les sphères feutrées et peu pragmatiques de la haute fonction publique.
Le plus navrant toutefois est le caractère sclérosé de son discours. Depuis des décennies, il reste envers et contre tout inscrit dans une dialectique néo-marxiste. Ce matin encore par exemple, sur l'antenne de France Inter, elle affirmait être la mieux placée pour prendre la défense « des victimes du libéralisme féroce et du capitalisme acharné ». Ces invectives, dignes de vieux militants bornés, sont tellement caricaturales qu'elles prêtent à sourire. Comment peut-on encore avoir une vision aussi simpliste et négative du monde ? Et surtout que peut-on espérer d'un programme de gouvernement fondé sur des a priori aussi grotesques ?
Ici réside le vrai problème du PS. Il s'est enferré dans une impasse idéologique dont personne ne semble pouvoir le sortir avant un bail. On vit certes Ségolène revendiquer timidement l'héritage de Tocqueville ou même certaines actions de Tony Blair, mais ce fut de manière confuse et sans lendemain. Il y eut bien également une tentative de la part de Bertrand Delanoé de revendiquer pendant quelque temps une certaine forme de libéralisme, mais elle ne convainquit personne tellement elle était alambiquée et sujette aux oxymores. De toute manière il a fini par se rallier à Martine Aubry qui incarne une conception particulièrement radicale de la Gauche.
Globalement les Socialistes restent plus que jamais accrochés aux vieilles lunes de la bureaucratie étatique, aux mirages de la justice sociale administrée, et au leurre de la redistribution autoritaire des richesses. Les plus jeunes ne laissent hélas guère d'espoir. Tous revendiquent une politique encore plus à gauche. En définitive, le paysage politique est si morne à ce jour en France, et le débat si pauvre en idées novatrices, qu'il ne reste à ceux qui veulent échapper à cette désespérante ornière, qu'à passer en désespoir de "cause", avec armes et bagages chez Sarkozy... les plus obtus allant planter leur tente à côté de celle de Besancenot !
Si le libéralisme (dont la France n'a jamais connu l'application) est très loin d'être parfait et sujet à des crises, il reste infiniment supérieur au socialisme qui a démontré son échec quasi universel. Les seuls modèles qui n'ont pas trop mal réussi sont le fait d'hommes ayant vraiment rénové leur parti et abandonné les tabous doctrinaires. Ceux qui ont accepté en quelque sorte le jeu de la "concurrence non faussée", du "libre échange" et de "l'économie de marché". Hélas, les Socialistes français qui a un moment ou un autre ont pourtant reconnu que c'était la seule manière de produire vraiment des richesses, proposent aujourd'hui à la faveur de la Crise, le modèle le plus ringard qui soit. Celui qui assura notamment la faillite du système éducatif français.
Les personnes qui ont regardé le dernier numéro de Capital sur M6 ont été témoins d'un constat accablant, et pourtant non partisan. L'Education Nationale, fleuron du modèle social à la française, premier poste de dépenses de l'Etat, fait de notre pays l'une des nations les plus dépensières en matière d'éducation de l'OCDE. Pourtant, nous sommes placés en 17è position en terme de résultats objectifs ! Non seulement le système aujourd'hui est inefficace, mais il est scandaleusement inégalitaire. Le fameux ascenseur social n'a jamais aussi mal marché dans ce pays. Parallèlement les enseignants sont démotivés par une logique qui fait fi de leurs vraies compétences et se révèle incapable de récompenser leurs efforts de manière pragmatique. C'est ce désastre que les Socialistes toutes tendances confondues, veulent pérenniser et encore aggraver en renforçant encore le rôle de l'Etat, et en réclamant toujours plus de moyens... à fonds perdus !
16 octobre 2008
Vive l'Etat !
En disant ça, non seulement il prend ses désirs pour des réalités, mais il utilise pour appuyer son raisonnement, un sophisme douteux. Décrétant ex cathedra que la crise actuelle est celle du libéralisme, donc de la dérégulation, il embouche la trompette de l'Etatisation généralisée et affirme que tout le monde désormais se rallie à cette caricature de politique.
A la vérité, les Libéraux ne souhaitent pas plus aujourd'hui un renforcement de l'Etat, qu'ils ne voulaient hier sa disparition. De même, à la différence des Anarchistes, ils n'ont jamais exigé la suppression des règles organisant la société. Au contraire, ils en font un pré requis indispensable au « contrat social » cher à John Locke. Leur seul objectif, à l'instar de Montaigne ou de Montesquieu, est que l'Etat n'abuse pas de ses prérogatives et que les lois soient aussi simples et utiles que possible.
Or que voit-on depuis des années dans presque toutes les nations même réputées libérales, si ce n'est un accroissement vertigineux de la place de l'Etat et l'inflation sans fin des réglementations ?
En France, même s'il a cédé un peu de terrain après la funeste époque des nationalisations d'entreprises, l'Etat reste en effet omniprésent dans tous les rouages de la société. Si on évalue son poids en terme d'impôts, charges et taxes, cela représente plus de 44% du PIB. Et le résultat de sa gestion n'est guère brillant : Dette colossale, quasi impossible à chiffrer, entre 1200 et 3000 milliards d'euros, équivalent à une vraie faillite aux dires même du premier ministre(1.) De cause structurelle, elle n'a cessé de progresser depuis le début des années 80. Elle s'accompagne d'un grave déficit de la balance commerciale et d'une diminution inexorable de la compétitivité industrielle. Enfin la croissance reste vissée au plancher.
En dépit de plusieurs décennies de socialisme, ce naufrage économique n'est gagé quoiqu'on en dise, par aucun vrai progrès social. On a les 35 heures et le RMI mais des salaires de misère et du chômage autant qu’avant; on a la Sécu et la CMU mais la qualité du système de santé se détériore tandis que son déficit ne cesse de croître; on a un système soi-disant "solidaire" de financement des retraites par répartition, mais il rétrécit comme peu de chagrin faute d'avoir tenu compte de l’évolution démographique; on a l’abolition de la peine de mort, mais un taux record de suicides dans les prisons... Le malaise est dans quasi tous les domaines où s'exerce la responsabilité du gouvernement : Education, Recherche, Justice, Prisons et même Culture !
Parallèlement, le nombre des lois et des réglementations n'a cessé de croître, asphyxiant littéralement l'initiative privée. Le Conseil d'Etat(2) constatait lui-même en 2006 sans pouvoir hélas rien y faire " qu'il y a trop de lois, des lois trop complexes, des lois qui changent tout le temps !"
De fait, l'inflation législative n'a cessé de s'accélérer. En 1973, le Parlement produisait 430 pages de lois. Dix ans après, plus de 1000. Aujourd'hui, presque 4000. Les textes sont plus nombreux, mais surtout, ils sont plus longs et plus compliqués. Selon le journal Le Monde(3), le Bulletin des lois est passé de 912 grammes en 1970 à 3,266 kilogrammes en 2004. Il comportait 380 pages en 1964, 620 en 1970, 1055 en 1990 et 2566 en 2004. La loi sur les communications électroniques du 9 juillet 2004 comprend 101 pages, celle du 13 août de la même année sur les responsabilités locales en faisait 231, et celle sur la santé publique du 9 août, 218. Cela ne semble jamais suffire. A peine l'ubuesque loi sur la « Nouvelle Gouvernance Hospitalière » s'applique-t-elle, qu'elle est détrônée par une autre, encore plus délirante (Loi « Patients, Santé et Territoires »), en passe d'être votée ! En matière fiscale, le gouvernement en est désormais réduit à proposer un « bouclier fiscal » pour protéger les contribuables de ses propres attaques. On croit rêver...
Les Etats-Unis, pays réputé libéral, ne sont pas épargnés par cette frénésie d'Etat. Même en retranchant la part consacrée à l'armée, les dépenses fédérales ont progressé durant le mandat de George W. Bush de plus de 11% conduisant à un déficit de 5 000 milliards de dollars sur la décennie 2000(4). Pendant ce temps le dollar se dévaluait de 40% par rapport à l'euro. Même si l'Amérique conserve un taux de croissance honorable, le chômage s'accroit rapidement, dépassant ces derniers mois les 6%. Pourtant, selon le magazine the Economist(5), jamais les dépenses sociales n'ont été aussi importantes depuis la Grande Société du président Johnson (SIDA, programme No Child Left Behind, modernisation du réseau autoroutier, amélioration de la prise en charge des prescriptions pharmaceutiques...)
S'agissant de la production de réglementations et de textes administratifs en provenance des agences fédérales, on peut l'évaluer par la quantité de pages ajoutées chaque année au Federal Register(6) : d'un volume de 15.000 en 1960, on est passé à 50.000 en 1975, et 80.000 en 2007...
Au total, il est vraiment surprenant qu'on invoque le manque d'Etat et de régulation dans la survenue de la crise économique actuelle. Ce serait plutôt l'inverse. D'ailleurs des économistes(7) relèvent la responsabilité gouvernementale dans la faillite du système des subprime, à cause d'incitations certes bien intentionnées, mais se révélant à l'usage perverses (taux d'intérêt bas, garanties illusoires des organismes para-gouvernementaux Fannie Mae et Freddy Mac, règles comptables trop complexes...). De l'autre côté ils évoquent l'enchevêtrement inextricable des réglementations à l'origine des diaboliques inventions censées les contourner (titrisation des créances, ventes à découvert...)
En définitive, c'est l'ensemble de la société qui a dérapé sur la pente glissante des bonnes intentions et les responsabilités sont largement partagées, de l'Etat aux citoyens, en passant par les banques et les entreprises. A l'évidence, il ne s'agit pas dans un tel contexte de renforcer encore l'arsenal législatif mais de l'assainir et de s'assurer sans tabou idéologique de l'utilité réelle de toutes les lois, car comme l'affirmait Montesquieu : « Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires »
Quant à renforcer le rôle de l'Etat à la manière souhaitée par François Hollande et ses amis, ce serait le pompon : à savoir se retrouver avec des entreprises nationalisées du type d'Elf ou du Crédit lyonnais, dont l'incurie fut manifeste et qui ont coûté si cher aux citoyens !
Soyons toutefois optimiste : si l'Etat parvient à redonner confiance à un système déboussolé en garantissant les fameuses liquidités évaporées, il aura fait oeuvre utile, ce qui est bien le moins qu'on puisse attendre de lui...
1 François Fillon Septembre 2007
2 Bulletin annuel 2006 du Conseil d'Etat
3 Le Monde 3/12/05
4 André Cotta, Le Figaro, 23/02/04
5 The Economist : 29/05/08.
6 Federal register
7 The Wall Street journal 19/09/2008, Johan Norberg.net 22/09/08, Guy Milliere 1/10/08
05 octobre 2008
Je sème à tout vent
La crise financière qui secoue le monde donne lieu à beaucoup d'interprétations. Il est curieux d'entendre colportées, rabâchées, ânonnées, beaucoup d'affirmations à l'emporte-pièce et d'excès en tous genres, ne reposant bien souvent sur aucun substratum rationnel.
Passons, sur quelques superlatifs auxquels nous sommes habitués à force de les entendre répétés à tout bout de champ : « c'est la plus grande crise depuis... ». Que ce soit la météo, l'économie, l'insécurité, le moral des ménages ou je ne sais quel paramètre, il est toujours au plus haut ou au plus bas depuis... la dernière fois !
« Le capitalisme ne sera plus jamais comme avant ». Évidemment, personne n'en sait rien mais la plus grande probabilité est que tôt ou tard, « le naturel revienne au galop ». Les temps à venir seront peut-être durs mais, pas plus qu'après 1929 la société ne changera fondamentalement, à moins d'une révolution violente, qui n'arrangerait rien...
« Les dogmes de l'idéologie libérale sont remis en cause ». Les personnes qui me font l'honneur de leur visite sur ce blog, savent que la conception du libéralisme que je défends est tout simplement l'amour « raisonné » de la liberté, hérité en droite ligne du précepte tocquevillien. Par conséquent, hormis cet attachement fondamental, il ne peut y avoir ni dogme, ni idéologie. A contrario, l'Histoire des Peuples montre et démontre que plus le gouvernement des hommes est régi par des dogmes ou des idéologies, moins il y a de liberté. CQFD.
« Le libéralisme a besoin d'être régulé ». Monsieur de La Palisse n'aurait pas dit mieux. Autant affirmer que pour faire des phrases, il faille des mots ! Encore faut-il qu'ils soient cohérents, en bon ordre, et qu'on soit corrigé si l'on commet des fautes. En l'occurrence, le rôle de l'Etat est ici évident, par l'intermédiaire de ses bras législatif, exécutif et judiciaire. A condition que les règles qu'il édicte soient nécessaires, utiles, applicables... et appliquées !
Trop souvent les lois sont promulguées sans qu'on ait soupesé leur utilité réelle, sans qu'on se préoccupe de leur application sur le terrain, et sans qu'on évalue objectivement leur impact. Les limitations de vitesse sur les routes, n'ont montré vraiment leur pertinence, qu'à dater du moment où elles ont été respectées. Pour cela, il a fallu la mise en place de radars pour repérer et sanctionner les excès.. et l'analyse des statistiques pour prouver a posteriori que la loi était utile Cette démarche devrait être requise systématiquement.
« L'Amérique redécouvre les nationalisations ». Le plan Paulson qui devrait disperser 700 milliards de dollars, vise à reconstituer les « liquidités » évanouies, afin de rétablir la confiance et enrayer le jeu fatal de dominos inter-bancaire. Cette opération est ponctuelle, et hormis la mise provisoire sous tutelle des AIG, Freddie Mac et Fanny Mae, il n'a jamais été question de nationaliser les banques. Les chances de succès du nouveau plan sont assez aléatoires, mais ne rien faire serait sans doute pire. Ce plan a rencontré des réticences, car il y a beaucoup de gens aux USA pour vouloir limiter l'intervention étatique qui va endetter le pays tout entier, et surtout exiger des garanties quant au retour de la manne exceptionnelle.
Quant à nationaliser "par principe", rappelons qu'en France, la dernière expérience remonte à celle du Crédit Lyonnais en 1982 et qu'elle a conduit à « l'une des plus grosses faillites qu'ait connu le pays », quelques années ans plus tard (130 milliards de francs évaporés)...
« On privatise les profits et on socialise les pertes ». Rien de plus faux. Affirmer cela c'est ignorer que l'Etat vit par nature au dépends des contributions des entreprises et des particuliers. Plus ceux-ci sont riches et plus celui-là engrange de recettes.
Pour autant l'impôt n'est pas un fin en soi, pas plus que l'enrichissement de l'Etat. Car si ce dernier peut faire oeuvre utile en rendant ou en prêtant un peu de ce qu'il a ponctionné, sa fonction redistributrice, chère aux socialistes est un leurre, car elle consiste, après avoir englouti une bonne part de l'oseille en frais de fonctionnement, à arroser en pure perte du sable ou à remplir le tonneau des Danaïdes. Le risque est toujours le même : celui de favoriser l'irresponsabilité par un interventionnisme, assimilé à une rassurante providence, et in fine, ruiner l'Etat...
Tout ça pour dire que ces leitmotiv qui plaident triomphalement pour le retour de l'Etat, confondent joyeusement les rôles dans lesquels ce dernier est susceptible d'intervenir. L'Etat régulateur est à l'évidence une nécessité, à condition d'éprouver l'efficacité des règles. Quant à l'Etat redistributeur, ou l'Etat nationalisateur, ça reste envers et contre tout, une hérésie contre le simple bon sens.
19 septembre 2008
Liberté, j'écris ton nom
Dans la douce tiédeur baignant la fin d'un été sans chaleur ni parfum, je vois de cet auguste tumulus, les toits des maisons alanguies s'épauler les uns les autres en descendant en douces inclinaisons vers le fleuve.
Comme ces cascades de tuiles, comme ce château évanoui, tout semble s'écrouler dans ce monde épuisé par tant de vaines exigences et de productions futiles. C'est la crise, c'est peut-être la récession ! Mais pourquoi au fond s'en faire ?
« Car personne ici-bas ne termine et n'achève ;
Les pires des humains sont comme les meilleurs ;
Nous nous réveillons tous au même endroit du rêve.
Tout commence en ce monde et tout finit ailleurs* »
Les experts s'affrontent à coup de sombres prévisions. Le gouvernement ne sait plus où donner de la tête et brûle soudain tout ce qu'il prétendait adorer hier. De leur côté, les dévots de L'Etat Providence, requinqués par l'odeur de ce désastre fuligineux qui n'en finit pas de disperser ses scories, croient y voir la confirmation en forme d'apothéose, de leur lubie anti-libérale. Pardi l'Etat fédéral américain est contraint de renflouer Freddie Mac et Fanny Mae, si ce n'est pas une humiliation !
Je n'insisterai pas sur le caractère monstrueux de ces deux géants du Mortgage, sur leur situation quasi monopolistique, et leurs rapports plutôt ambigus avec l'Etat lui-même. Je préfère observer que le gouvernement n'est en mesure de secourir le « Marché » que si ce dernier ne lui est pas trop assujetti, s'il n'en a pas déjà circonscrit les règles à son seul profit, et surtout s'il n'est pas lui-même ruiné...
Il suffit d'évoquer les entreprises nationalisées qui ne vont pas bien. Hélas, ça arrive aussi et pas qu’un peu notamment, en France (le Crédit Lyonnais par exemple, la Sécu… voire l’Etat tout entier en quasi faillite permanente…). Eh bien c’est l’Etat qui est contraint d'accourir à sa propre rescousse, à la manière du serpent qui se mord la queue (ou du fameux Baron Münchausen qui se tire par les cheveux…). Pas trop difficile pour lui en réalité, il n’a qu’à pomper un peu plus les ressources des entreprises et des contribuables, tant qu'il y en a ! Tout est donc dans tout et réciproquement...
Plus que jamais, je reste donc amoureux de la Liberté et pense que le monde ne souffre pas d'un excès mais d'un manque de libéralisme bien compris, c'est à dire averti des dangers de l'excès de centralisation et de monopole, et convaincu que l’Etat doit être réduit à sa plus simple expression. C’est la sagesse. Ce n’est pas grandiose mais au moins les dégâts sont limités et ça stimule la responsabilité citoyenne…
Car c'est un fait, le libéralisme est fait pour des gens responsables. C’est évidemment sa faiblesse. Quand il est livré à des joueurs qui investissent en bourse comme ils jouent au casino, qui ne veulent plus rien payer à sa juste valeur, pas étonnant qu’il y ait de la casse. Heureusement il est solide, et je ne doute pas qu’il s’en sorte mieux que tout autre système en crise. Mais revenons aux sources, de grâce. Jefferson, Jefferson…
* Tristesse d'Olympio. Victor Hugo