J'avais pensé intituler cette chronique Guignol's Band tant la situation actuelle en Côte d'Ivoire, avec ses deux présidents élus, pourrait parfois prêter à rire.
Malheureusement, c'est un drame qui semble se nouer derrière cette pantomime électorale. Le peuple de ce pays risque d'en faire les frais, mais la Communauté Internationale joue gros également.
L'ONU qui a cru bon (et qui pourrait le lui reprocher ?) de se porter garante du bon déroulement du dernier scrutin destiné à élire le président de la république, se trouve aujourd'hui dans une situation inconfortable.
Il est clair que le despote qui revendique une souveraineté devenue illégitime aux yeux du monde entier, ne manifeste aucune intention de faire machine arrière.
Que peut dorénavant faire la Communauté Internationale ?
S'en tenir à des avertissements musclés mais verbaux, et brandir la menace d'hypothétiques sanctions comme l'a déjà fait le président Sarkozy ? Il y a peu de chance que Laurent Gbagbo n'obtempère avant longtemps à ces pressions. Au point où il est rendu, il perdrait tout, et serait sans doute passible de poursuites judiciaires. Son acharnement a déjà causé la mort de plusieurs dizaines de ses concitoyens.
Faire tenir aux Casques Bleus la position de plus en plus intenable et absurde d'observateurs dans ce pays en proie à l'instabilité et à un début de guerre civile ? Ce serait proprement ridicule et indigne.
Ou bien menacer de déloger manu militari le gouvernement indésirable ? Ce serait évidemment l'engrenage infernal, et le risque de se trouver confronté à une situation rappelant fâcheusement l'intervention en Irak. Pire sans doute, car Gbagbo n'est pas accusé de détenir des armes de destruction massive, ne menace pas les pays voisins, et ne s'est pas rendu coupable d'une oppression sur son peuple, comparable à celle de Saddam Hussein.
On lui reproche surtout d'avoir truqué le résultat d'élections et bien qu'il ne fasse guère de doute qu'il soit mis en minorité, il conserve des appuis nombreux et puissants dans son pays. Une intervention extérieure ne serait donc vécue comme libératrice que par une partie de la nation. Contexte explosif s'il en est.
On lui reproche surtout d'avoir truqué le résultat d'élections et bien qu'il ne fasse guère de doute qu'il soit mis en minorité, il conserve des appuis nombreux et puissants dans son pays. Une intervention extérieure ne serait donc vécue comme libératrice que par une partie de la nation. Contexte explosif s'il en est.
Pour l'heure, toutes les parties semblent jouer le pourrissement de la situation, espérant un improbable et heureux dénouement "à l'amiable", mais certains signes font craindre un abandon progressif du terrain par la Communauté Internationale.
On apprenait le dimanche 19/12 par Le Monde que le Royaume Uni avait recommandé à ses ressortissants de quitter le pays et que le Département d'Etat américain "avait ordonné aujourd'hui aux employés non-essentiels de leur ambassade en Côte d'Ivoire et à leurs familles de quitter le pays" en raison d'une "détérioration de la situation politique et sécuritaire" à Abidjan et d'un "sentiment anti-occidental croissant" dans le pays...
Un sombre pressentiment commence à étreindre tous ceux qui espèrent encore une résolution pacifique à cette affaire. L'ONU y joue sa crédibilité. Une fois encore la question se pose : jusqu'où peut aller le fameux droit d'ingérence ?
Jusqu'à présent en tout cas, les Droits-de-l'hommistes sont plutôt discrets. C'est pourtant dans ces moments qu'on aimerait qu'ils proposent de belles et bonnes solutions...