06 novembre 2008

L'instant magique


Ainsi l'Amérique en élisant Barack Obama a choisi la solution la plus audacieuse. Elle démontre à nouveau au monde son inépuisable capacité à évoluer et à surmonter les préjugés.
Surprenant encore une fois tous ceux qui s'acharnent à prévoir son déclin et qui ne voient en elle qu'un bloc monolithique, elle prend tout à coup la figure de cet homme étonnant, au large sourire, débordant d'un charisme à facettes, nourri par des origines qui le placent au confluent des races, des religions et des continents.
Elle lui donne de surcroît les pleins pouvoirs avec un Congrès à sa couleur, bleu horizon.
Nul doute qu'elle saura aussi lui demander bien vite des comptes sur sa manière d'accomplir le job. La mission qui lui est confiée est écrasante, alourdie encore par les espoirs gigantesques d'une opinion publique internationale euphorique mais aussi exigeante que versatile.
Mais les Américains savent par nature qu'avec de la foi, du courage et du sens pratique, on peut déplacer les montagnes et donner un vrai sens à la Liberté. Il faut espérer que le nouveau président réussisse à redorer l'aura qui fait de son pays une nation à part, et que le reste du monde se refuse à voir aujourd'hui.
En attendant, savourons cet instant magique. Au moins pendant quelques semaines, la fanfare anti-américaine cessera son vacarme assourdissant. On va enfin respirer un peu...

04 novembre 2008

Il est jeune, il est beau, il est noir...


Voici en 3 petits mots la substance de ce qui cause l'engouement actuel en France pour la personne de Barack Obama (on sait qu'il serait élu chez nous avec plus de 80% des suffrages...).
Autant dire que l'esprit critique n'a plus de raison d'être dans cette logique.I l est toutefois impressionnant de constater à quel point les critères de choix restent envers et contre tout superficiels, basés sur l'apparence et la démagogie.
Obama a une silhouette super cool, c'est certain. Pour jouer les « gravures de mode », ça serait un atout indéniable, mais pour être président ? Quant au discours, qui le connaît vraiment en France ? A travers l'interprétation des médias, on n'en perçoit que les notions idylliques de « rêve », et de « changement ». Est-ce vraiment un programme ?
Evidemment tout ça rappelle furieusement le délire pro-Kerry en 2004 (quatre ans après, qui se souvient encore aujourd'hui de cet homme présenté comme providentiel à l'époque ?)
Les artistes, ce doit être dans leur nature, embouchent mécaniquement la trompette du candidat le plus séduisant, le plus « à gauche », et glorifient sans réserve les plus lénifiants programmes. Ce n'est pas très grave, on ne demande pas aux stars d'avoir du jugement, et on n'a jamais vu leur talent grandir en fonction de leurs idées politiques. On ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment...
Mais la Presse ? On reste songeur au sujet de son objectivité, eu égard au déferlement quasi unanime en faveur du candidat démocrate, depuis des mois. Sur France Inter ce matin on nous affirmait tranquillement que plus de 80% des journalistes qui ont couvert la campagne américaine « votent » Obama, et que d'une manière générale, 70% de la presse américaine avait clairement pris position pour ce dernier.
Le pompon c'est évidemment notre cher BHL national, qui s'émerveille depuis des lustres et inonde ceux qui le lisent, des plus beaux et clinquants clichés. C'est bien simple, pour lui « Obama c'est Kennedy »...
Certes il persiste dans ce tumulte quelques exceptions remarquables, comme Alexandre Adler, qui ne se fait guère d'illusion et fait une analyse pondérée et réaliste de la situation, mais qui l'entend ?
Un seul exemple, l'Irak. C'est curieux, plus personne n'en parle et si l'on en croit France-Inter, seuls 7% des Américains en font un enjeu essentiel au moment de la campagne électorale. Est-ce parce que le pays est en voie de pacification comme on peut le penser (en allant chercher l'information), ou bien est-ce parce qu'entre les 2 candidats, la différence est désormais plus fine que l'épaisseur d'un papier à cigarettes ?
Et qui peut penser que face à l'actuelle crise économique les stratégies des 2 candidats pourraient être radicalement différentes l'une de l'autre ?
Au point où nous sommes rendus, de toute manière, le programme d'Obama, manifestement tout le monde s'en moque. Il suffit de savoir qu'il porte un "espoir historique", qu'il sera la « solution à tout » et qu'il mettra fin à « huit ans de cauchemar » !
Le fait qu'il disposera probablement des pleins pouvoirs, avec une confortable majorité à la Chambre des représentants aussi bien qu'au Sénat, cela n'émeut personne et surtout pas ceux qui vociféraient au nom du nécessaire partage des pouvoirs, quand Bush était dans une situation analogue... A entendre les dithyrambes de certains, on peut même penser qu'ils donneraient volontiers au sénateur de l'Illinois, les clés du Monde si c'était possible...


Pour ma part, peu importe en réalité. L'essentiel sera de voir l'élu à l'oeuvre. De toute manière la suite sera sans nul doute jubilatoire. J'imagine la stupeur et le désespoir qui s'emparerait des foules si John McCain devenait malgré tout président ! Mais je me délecte à l'avance de la désillusion inévitable de ces mêmes foules lorsqu'elles s'éveilleront de leur transe imbécile, alimentée par un manichéisme désarmant.
On dit souvent que les Républicains sont bellicistes mais ce furent 2 présidents démocrates qui engagèrent les Etats-Unis dans les deux conflits mondiaux du XXè siècle, ce futTruman qui fulgura sous le feu atomique Hiroshima et Nagasaki, ce fut Kennedy qui lança son pays dans le vrai bourbier vietnamien (avec des arguments plus fallacieux encore que ceux de Bush en Irak..), ce fut Clinton qui ensevelit la Serbie sous un tapis de bombes...
Quant à être "social", paradoxalement Bush le fut infiniment plus que Clinton. Hors coûts militaires, les dépenses de l'Etat furent beaucoup moins importantes avec le second qu'avec le premier. Clinton ne fit à peu près rien de son programme annoncé, notamment en matière de "Couverture Médicale universelle", et il limita drastiquement les aides aux personnes sans emploi. Bush, de son côté, réputé "ultra-libéral", dépensa beaucoup avec ses programmes de lutte contre le SIDA, d'amélioration de l'éducation des enfants défavorisés, d'élargissement de la couverture médicale medicare...
Bref, pas mal de raisons en somme de penser comme Adler : "McCain ou Obama ? Bonnet blanc et blanc bonnet..."

24 octobre 2008

Montaigne libéral


Grâce à Pierre Assouline qui signale l'initiative, et à Guy Jacquesson qui en est l'auteur, il est facile désormais à tout un chacun d'aborder l'oeuvre dense de Michel de Montaigne (1533-1592), en lisant la belle transcription en Français moderne.
Certes l'idée n'est pas complètement nouvelle, puisque Claude Pinganaud l'avait déjà eue pour le compte des éditions Arlea, il y a quelques années. L'originalité ici est d'offrir en plus de l'édition « papier » classique, un accès libre au texte électronique.
Et à ce jour, la plus grande partie des Essais est dores et déjà disponible sur internet.

En me plongeant dans l'oeuvre, je redécouvre avec délectation dans le chapitre 13 du Livre III les réflexions que faisait le grand humaniste, à propos des lois, et notamment de la nécessité de ne pas les faire en trop grand nombre. Je ne résiste pas au plaisir de les reproduire ici, tant elles paraissent actuelles.
Je suis souvent étonné d'entendre tant de gens se référer à Montaigne sans manifestement bien mesurer la portée de sa parole. Débarrassée des délicieuses vieilleries qui lui conféraient un caractère sibyllin, elle semble plus que jamais limpide...
« Je n'ai guère de sympathie pour l'opinion de celui qui pensait, par la multiplicité des lois, parvenir a brider l'autorité des juges en leur taillant la-dedans les morceaux qu'il leur faudrait [pour chaque cas].
Il ne se rendait pas compte du fait qu'il y a autant de liberté et de latitude dans l'interprétation des lois que dans leur rédaction.
Et ils ne sont pas sérieux, ceux qui s'imaginent affaiblir nos débats et y mettre un terme en nous ramenant à la lettre de la Bible : le champ qui s'offre a notre esprit pour examiner la pensée d'autrui n'est pas moins vaste que celui dans lequel il expose la sienne ; et pourquoi y aurait-il moins d'animosité et de méchanceté à commenter qu'à inventer?
Nous voyons donc a quel point ce législateur se trompait : nous avons en France plus de lois que n'en a le reste du monde tout entier, et plus qu'il n'en faudrait pour réglementer tous les mondes d'Epicure « si autrefois on souffrait, des scandales, maintenant c'est des lois que nous souffrons », et nous avons pourtant si bien laissé nos juges discuter et décider qu'il n'y eut jamais autant de liberté ni de licence. Qu'ont donc gagné nos législateurs a distinguer cent mille espèces de faits particuliers et à y associer cent mille lois? Ce nombre est sans commune mesure avec l'infinie diversité des actions humaines. La multiplication de nos inventions ne parviendra pas à égaler la variété des exemples.
Ajoutez-y encore cent fois autant : vous ne pourrez pas faire que dans les évènements a venir, il s'en trouve un seul qui, dans ces milliers d'évènements repérés et répertoriés, en rencontre un autre auquel il puisse se joindre et s'apparier si exactement qu'il ne reste plus entre eux la moindre particularité et différence, et qui ne requiert de ce fait un jugement particulier. Il y a peu de rapport entre nos actions, qui sont en perpétuelle évolution, et des lois fixes et immobiles.
Les plus souhaitables sont les plus rares, les plus simples, et les plus générales : et je crois même qu'il vaudrait mieux ne pas en avoir du tout, plutôt que d'en avoir autant que nous en avons. »
Et un peu plus loin dans le même chapitre :
« Il n'est rien qui soit si souvent, si lourdement et largement faillible que les lois. Celui qui leur obéit parce qu'elles sont justes ne leur obéit pas vraiment par ou il le devrait. Nos lois françaises prêtent en quelque sorte la main, par leurs imperfections et leur incohérence, au désordre et a la corruption que l'on peut observer dans leur application et leur exécution. Leurs injonctions sont si troubles et si peu fermes qu'elles excusent en quelque sorte la désobéissance et la mauvaise interprétation dans leur administration et leur observance. »

16 octobre 2008

Vive l'Etat !


Le 12/10 au micro de France Inter, François Hollande évoquant la crise financière, brocardait les libéraux qui crient « Vive l'Etat ».
En disant ça, non seulement il prend ses désirs pour des réalités, mais il utilise pour appuyer son raisonnement, un sophisme douteux. Décrétant ex cathedra que la crise actuelle est celle du libéralisme, donc de la dérégulation, il embouche la trompette de l'Etatisation généralisée et affirme que tout le monde désormais se rallie à cette caricature de politique.


A la vérité, les Libéraux ne souhaitent pas plus aujourd'hui un renforcement de l'Etat, qu'ils ne voulaient hier sa disparition. De même, à la différence des Anarchistes, ils n'ont jamais exigé la suppression des règles organisant la société. Au contraire, ils en font un pré requis indispensable au « contrat social » cher à John Locke. Leur seul objectif, à l'instar de Montaigne ou de Montesquieu, est que l'Etat n'abuse pas de ses prérogatives et que les lois soient aussi simples et utiles que possible.
Or que voit-on depuis des années dans presque toutes les nations même réputées libérales, si ce n'est un accroissement vertigineux de la place de l'Etat et l'inflation sans fin des réglementations ?

En France, même s'il a cédé un peu de terrain après la funeste époque des nationalisations d'entreprises, l'Etat reste en effet omniprésent dans tous les rouages de la société. Si on évalue son poids en terme d'impôts, charges et taxes, cela représente plus de 44% du PIB. Et le résultat de sa gestion n'est guère brillant : Dette colossale, quasi impossible à chiffrer, entre 1200 et 3000 milliards d'euros, équivalent à une vraie faillite aux dires même du premier ministre(1.) De cause structurelle, elle n'a cessé de progresser depuis le début des années 80. Elle s'accompagne d'un grave déficit de la balance commerciale et d'une diminution inexorable de la compétitivité industrielle. Enfin la croissance reste vissée au plancher.
En dépit de plusieurs décennies de socialisme, ce naufrage économique n'est gagé quoiqu'on en dise, par aucun vrai progrès social. On a les 35 heures et le RMI mais des salaires de misère et du chômage autant qu’avant; on a la Sécu et la CMU mais la qualité du système de santé se détériore tandis que son déficit ne cesse de croître; on a un système soi-disant "solidaire" de financement des retraites par répartition, mais il rétrécit comme peu de chagrin faute d'avoir tenu compte de l’évolution démographique; on a l’abolition de la peine de mort, mais un taux record de suicides dans les prisons... Le malaise est dans quasi tous les domaines où s'exerce la responsabilité du gouvernement : Education, Recherche, Justice, Prisons et même Culture !

Parallèlement, le nombre des lois et des réglementations n'a cessé de croître, asphyxiant littéralement l'initiative privée. Le Conseil d'Etat(2) constatait lui-même en 2006 sans pouvoir hélas rien y faire " qu'il y a trop de lois, des lois trop complexes, des lois qui changent tout le temps !"
De fait, l'inflation législative n'a cessé de s'accélérer. En 1973, le Parlement produisait 430 pages de lois. Dix ans après, plus de 1000. Aujourd'hui, presque 4000. Les textes sont plus nombreux, mais surtout, ils sont plus longs et plus compliqués. Selon le journal Le Monde(3), le Bulletin des lois est passé de 912 grammes en 1970 à 3,266 kilogrammes en 2004. Il comportait 380 pages en 1964, 620 en 1970, 1055 en 1990 et 2566 en 2004. La loi sur les communications électroniques du 9 juillet 2004 comprend 101 pages, celle du 13 août de la même année sur les responsabilités locales en faisait 231, et celle sur la santé publique du 9 août, 218. Cela ne semble jamais suffire. A peine l'ubuesque loi sur la « Nouvelle Gouvernance Hospitalière » s'applique-t-elle, qu'elle est détrônée par une autre, encore plus délirante (Loi « Patients, Santé et Territoires »), en passe d'être votée ! En matière fiscale, le gouvernement en est désormais réduit à proposer un « bouclier fiscal » pour protéger les contribuables de ses propres attaques. On croit rêver...

Les Etats-Unis, pays réputé libéral, ne sont pas épargnés par cette frénésie d'Etat. Même en retranchant la part consacrée à l'armée, les dépenses fédérales ont progressé durant le mandat de George W. Bush de plus de 11% conduisant à un déficit de 5 000 milliards de dollars sur la décennie 2000(4). Pendant ce temps le dollar se dévaluait de 40% par rapport à l'euro. Même si l'Amérique conserve un taux de croissance honorable, le chômage s'accroit rapidement, dépassant ces derniers mois les 6%. Pourtant, selon le magazine the Economist(5), jamais les dépenses sociales n'ont été aussi importantes depuis la Grande Société du président Johnson (SIDA, programme No Child Left Behind, modernisation du réseau autoroutier, amélioration de la prise en charge des prescriptions pharmaceutiques...)
S'agissant de la production de réglementations et de textes administratifs en provenance des agences fédérales, on peut l'évaluer par la quantité de pages ajoutées chaque année au Federal Register(6) : d'un volume de 15.000 en 1960, on est passé à 50.000 en 1975, et 80.000 en 2007...

Au total, il est vraiment surprenant qu'on invoque le manque d'Etat et de régulation dans la survenue de la crise économique actuelle. Ce serait plutôt l'inverse. D'ailleurs des économistes(7) relèvent la responsabilité gouvernementale dans la faillite du système des subprime, à cause d'incitations certes bien intentionnées, mais se révélant à l'usage perverses (taux d'intérêt bas, garanties illusoires des organismes para-gouvernementaux Fannie Mae et Freddy Mac, règles comptables trop complexes...). De l'autre côté ils évoquent l'enchevêtrement inextricable des réglementations à l'origine des diaboliques inventions censées les contourner (titrisation des créances, ventes à découvert...)
En définitive, c'est l'ensemble de la société qui a dérapé sur la pente glissante des bonnes intentions et les responsabilités sont largement partagées, de l'Etat aux citoyens, en passant par les banques et les entreprises. A l'évidence, il ne s'agit pas dans un tel contexte de renforcer encore l'arsenal législatif mais de l'assainir et de s'assurer sans tabou idéologique de l'utilité réelle de toutes les lois, car comme l'affirmait Montesquieu : « Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires »
Quant à renforcer le rôle de l'Etat à la manière souhaitée par François Hollande et ses amis, ce serait le pompon : à savoir se retrouver avec des entreprises nationalisées du type d'Elf ou du Crédit lyonnais, dont l'incurie fut manifeste et qui ont coûté si cher aux citoyens !

Soyons toutefois optimiste : si l'Etat parvient à redonner confiance à un système déboussolé en garantissant les fameuses liquidités évaporées, il aura fait oeuvre utile, ce qui est bien le moins qu'on puisse attendre de lui...

1 François Fillon Septembre 2007
2 Bulletin annuel 2006 du Conseil d'Etat
3 Le Monde 3/12/05
4 André Cotta, Le Figaro, 23/02/04
5 The Economist : 29/05/08.
6 Federal register
7 The Wall Street journal 19/09/2008, Johan Norberg.net 22/09/08, Guy Milliere 1/10/08

12 octobre 2008

Le Clézio, un Nobel insulaire


La France est à l'honneur, avec 2 prix Nobel cette année. On s'étonne évidemment du quart de siècle nécessaire à l'Académie Suédoise pour se décider à attribuer celui de Médecine à Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi, qui découvrirent le virus du SIDA... au début des années 80 ! On peut également s'étonner de l'hommage inattendu rendu à J.M.G. Le Clezio, si discret, si classique, surtout qu'il est qualifié à cette occasion par le jury « d'écrivain de la rupture ». Ce qui a plu c'est peut-être cette aura étrange qui nimbe le personnage et en fait « un cas », en quelque sorte...
Je ne connais Le Clézio que par un petit ouvrage paru à la fin des années 80, Voyage à Rodrigues. Il y raconte à peu près la même histoire que dans son roman Le Chercheur d'Or, à savoir celle de son grand-père, juge à Port-Louis de l'Ile Maurice, ruiné, exproprié de sa maison de famille et parti, seul, dans l'espoir de « se refaire », vers Rodrigues, à la recherche du mythique trésor du pirate Olivier Levasseur dit « la Buse ».
Le Clézio raconte en réalité sa propre équipée vers ce petit bout de terre perdu dans l'Océan Indien, quelques soixante ans après son grand-père.
Qu'est-il allé y faire, il ne le sait lui-même : « Ai-je vraiment cherché quelque chose ? ».
Il faut bien dire qu'on s'en doute dès le début : pas plus que son aïeul qui s'y est éreinté durant une bonne vingtaine d'années, il ne trouvera le fameux butin.
Par moment surgit une sorte d'éclair : « Je vois ce que je suis venu chercher réellement à Rodrigues : les traces visibles de cet homme, restées apparentes par le miracle de la solitude... ». Mais le lecteur reste sur sa faim car en définitive il ne s'agit que de « coups sur les parois, vers le fond du ravin, qui ont ouvert des blessures dans le schiste, détachant les blocs de lave ».
Peut-être alors l'illusion étrange, à travers cette aventure vaine, « de ne faire qu'un » avec son grand-père, « comme deux hommes qui auraient la même ombre ». Mais, de son propre aveu, il s'agit d'un rêve et, « Comme tous les rêves, il s'achève sur rien... »
Au bout du compte, on est donc un tantinet frustré par ce récit erratique, écrit dans un style limpide mais un peu répétitif. La personnalité sûrement originale du grand-père ne ressort pas vraiment : il est comme une silhouette ahanant silencieusement sur fond de cailloux et de basalte. Quant au paysage, il inspire manifestement des sentiments contradictoires. Tantôt il est « d'une pureté extraordinaire, minéral, métallique, avec les arbres rares d'un vert profond, debout au-dessus de leurs flaques d'ombre, et les arbustes aux feuilles piquantes, palmiers nains, aloés, cactus, d'un vert plus aigu, pleins de force et de lumière », tantôt c'est un « paysage de pierre noire, où blesse la lumière et brûle le vent. Paysage d'éternel refus... », une « Terre brûlée, noire, dure qui refuse l'homme. Terre indifférente à la vie, rocs, montagnes, sable, poussières de lave ».

Le Clézio est un personnage atypique. Sûrement s'agit-il d'un authentique écrivain, mais la substance de son oeuvre paraît quelque peu évanescente, nébuleuse. Et son style est si fluide et lointain, qu'on se demande si le nom même de cet auteur évoque quelque chose de précis à quelqu'un. Une sorte d'île mystérieuse, peu accessible, sans doute...

05 octobre 2008

Je sème à tout vent


La crise financière qui secoue le monde donne lieu à beaucoup d'interprétations. Il est curieux d'entendre colportées, rabâchées, ânonnées, beaucoup d'affirmations à l'emporte-pièce et d'excès en tous genres, ne reposant bien souvent sur aucun substratum rationnel.
Passons, sur quelques superlatifs auxquels nous sommes habitués à force de les entendre répétés à tout bout de champ : « c'est la plus grande crise depuis... ». Que ce soit la météo, l'économie, l'insécurité, le moral des ménages ou je ne sais quel paramètre, il est toujours au plus haut ou au plus bas depuis... la dernière fois !

« Le capitalisme ne sera plus jamais comme avant ». Évidemment, personne n'en sait rien mais la plus grande probabilité est que tôt ou tard, « le naturel revienne au galop ». Les temps à venir seront peut-être durs mais, pas plus qu'après 1929 la société ne changera fondamentalement, à moins d'une révolution violente, qui n'arrangerait rien...

« Les dogmes de l'idéologie libérale sont remis en cause ». Les personnes qui me font l'honneur de leur visite sur ce blog, savent que la conception du libéralisme que je défends est tout simplement l'amour « raisonné » de la liberté, hérité en droite ligne du précepte tocquevillien. Par conséquent, hormis cet attachement fondamental, il ne peut y avoir ni dogme, ni idéologie. A contrario, l'Histoire des Peuples montre et démontre que plus le gouvernement des hommes est régi par des dogmes ou des idéologies, moins il y a de liberté. CQFD.

« Le libéralisme a besoin d'être régulé ». Monsieur de La Palisse n'aurait pas dit mieux. Autant affirmer que pour faire des phrases, il faille des mots ! Encore faut-il qu'ils soient cohérents, en bon ordre, et qu'on soit corrigé si l'on commet des fautes. En l'occurrence, le rôle de l'Etat est ici évident, par l'intermédiaire de ses bras législatif, exécutif et judiciaire. A condition que les règles qu'il édicte soient nécessaires, utiles, applicables... et appliquées !
Trop souvent les lois sont promulguées sans qu'on ait soupesé leur utilité réelle, sans qu'on se préoccupe de leur application sur le terrain, et sans qu'on évalue objectivement leur impact. Les limitations de vitesse sur les routes, n'ont montré vraiment leur pertinence, qu'à dater du moment où elles ont été respectées. Pour cela, il a fallu la mise en place de radars pour repérer et sanctionner les excès.. et l'analyse des statistiques pour prouver a posteriori que la loi était utile Cette démarche devrait être requise systématiquement.

« L'Amérique redécouvre les nationalisations ». Le plan Paulson qui devrait disperser 700 milliards de dollars, vise à reconstituer les « liquidités » évanouies, afin de rétablir la confiance et enrayer le jeu fatal de dominos inter-bancaire. Cette opération est ponctuelle, et hormis la mise provisoire sous tutelle des AIG, Freddie Mac et Fanny Mae, il n'a jamais été question de nationaliser les banques. Les chances de succès du nouveau plan sont assez aléatoires, mais ne rien faire serait sans doute pire. Ce plan a rencontré des réticences, car il y a beaucoup de gens aux USA pour vouloir limiter l'intervention étatique qui va endetter le pays tout entier, et surtout exiger des garanties quant au retour de la manne exceptionnelle.
Quant à nationaliser "par principe", rappelons qu'en France, la dernière expérience remonte à celle du Crédit Lyonnais en 1982 et qu'elle a conduit à « l'une des plus grosses faillites qu'ait connu le pays », quelques années ans plus tard
(130 milliards de francs évaporés)...

« On privatise les profits et on socialise les pertes ». Rien de plus faux. Affirmer cela c'est ignorer que l'Etat vit par nature au dépends des contributions des entreprises et des particuliers. Plus ceux-ci sont riches et plus celui-là engrange de recettes.
Pour autant l'impôt n'est pas un fin en soi, pas plus que l'enrichissement de l'Etat. Car si ce dernier peut faire oeuvre utile en rendant ou en prêtant un peu de ce qu'il a ponctionné, sa fonction redistributrice, chère aux socialistes est un leurre, car elle consiste, après avoir englouti une bonne part de l'oseille en frais de fonctionnement, à arroser en pure perte du sable ou à remplir le tonneau des Danaïdes. Le risque est toujours le même : celui de favoriser l'irresponsabilité par un interventionnisme, assimilé à une rassurante providence, et in fine, ruiner l'Etat...

Tout ça pour dire que ces leitmotiv qui plaident triomphalement pour le retour de l'Etat, confondent joyeusement les rôles dans lesquels ce dernier est susceptible d'intervenir. L'Etat régulateur est à l'évidence une nécessité, à condition d'éprouver l'efficacité des règles. Quant à l'Etat redistributeur, ou l'Etat nationalisateur, ça reste envers et contre tout, une hérésie contre le simple bon sens.

02 octobre 2008

When you got a good friend


Ce joli titre d'une chanson de Robert Johnson (1911-1938), donne à merveille à mon sens, la mesure de ce que représente dans le coeur de beaucoup d'amoureux du Blues, un musicien hors norme, d'une sensibilité exceptionnelle : Peter Green.

Natif de Londres, en 1946 pour être précis, il pinça ses premières cordes auprès de John Mayall, notamment au sein de son mythique groupe The Bluesbreakers. Sorti brillamment de cette excellente école, il fut le guitariste fondateur et compositeur de Fleetwood Mac à la fin des années soixante. On lui doit notamment les superbes Albatross et Black Magic Woman.
Mais, anti-star caractérisée, il ne supporta pas le succès fulgurant du groupe et sombra dans une sorte de terrible dépression arrosée de quantité de substances toxiques. Cette affreuse descente aux enfers le maintint hors des sunlights pendant de longues années. Alors qu'il errait dans un état second, Il fut en quelque sorte repêché par une bande de copains, musiciens chevronnés et amateurs invétérés de Blues. Bien décidés à le remettre en selle, ils formèrent autour de lui en 1996 le Splinter Group. Le résultat fut d'emblée éblouissant, donnant naissance à de merveilleux enregistrements, une ribambelle de nouvelles compositions, et une nouvelle vie sur la route des salles de concerts à travers le monde.


Peter Green est un remarquable représentant du blues anglais, courant très original, illustré par une pléiade de grands noms (qui outre Mayall, compte Mick Taylor, Eric Clapton, Alvin Lee, Jeff Beck et dans une certaine mesure Rory Gallagher, Gary Moore, Jimmy Page...) Comme beaucoup de ses compatriotes, il fut toutefois saisi par le charme ensorcelé des chansons de Robert Johnson.
Grâce à son jeu fluide, un peu décalé, superbement mélodique, et à la douceur nostalgique de sa voix écorchée, il parvient à donner une intonation sublime à cette musique au charme rustique mais à l'inspiration céleste.

L'histoire de cet artiste à nul autre pareil, est donc celle d'une chaude amitié. Celle avant tout qui le lie à travers l'éternité au grand pionnier du Delta, et lui fit consacrer un vibrant hommage en 1998 sous forme d'un CD avec le Splinter Group : The Robert Johnson Songbook, et un autre deux ans plus tard : Hot Foot Powder.
Bien sûr Peter Green revient de loin. Il est marqué, et sa voix est parfois un brin chevrotante. Mais ça fait vraiment chaud au coeur de voir sa bonne bouille ronde s'illuminer de joie lorsqu'il joue avec ses amis (dans un superbe DVD tiré de sa tournée 2003). En acoustique aussi bien qu'en électrique, on est littéralement sous le charme. Ses interventions à la guitare gardent un feeling incomparable et lorsqu'il chante on est envahi par l'émotion, malgré ou peut-être à cause du timbre usé de sa voix et de sa diction hésitante. De toute manière, Nigel Watson, qui lui prodigue manifestement une affection gigantesque, se révèle à ses côtés, un guitariste hors pair doublé d'un chanteur exceptionnel. Enfin Roger Cotton au piano et la section rythmique parfaitement réglée (Neil Murray, basse, Larry Tolfree batterie), complètent admirablement cet ensemble très homogène.

De vrais petits bijoux, à posséder si l'on est amateur de travail bien fait et d'émotion. Et qui donnent un deuxième sens à l'amitié : celui du lien mystérieux entre cet archange du blues et tous ceux qui éprouvent parfois la dureté de la vie et qui trouvent auprès de lui une intense et chaude consolation...

When you got a good friend, that will stay right by your side
When you got a good friend, that will stay right by your side

Give her all of your spare time, love and treat her right


I mistreated my baby, but I can’t see no reason why
I mistreated my baby, but I can’t see no reason why
Anytime I think about it, I just wring my hands and cry

Wonder, could I bear apologize, or would she sympathize with me
Mmm, or would she sympathize with me
She's a brownskin woman, just as sweet as a girlfriend can be

Mmm, baby I may be right or wrong
Tell me your feeling, I may be right or wrong
Watch your close friend, baby, then you enemies can't do you no harm

When you got a good friend that will stay right by your side
When you got a good friend that will stay right by your side
Give her all of your spare time, love and treat her right.....

25 septembre 2008

Faux démons et vraies évidences


Il n'y a pas de mérite à vivre dans un monde libre.
Dans ces conditions en effet, la Liberté paraît aussi naturelle que l'air qu'on respire. Rien ne permet d'en mesurer la valeur, le risque étant de la sous-estimer, ou bien de ne pas l'utiliser à bon escient, voire même de s'en départir plus ou moins consciemment, en échange d'une poignée de cacahuètes.
Pure folie lorsqu'on sait les sacrifices à consentir pour la retrouver.
Pour autant, la Liberté, si difficile à conquérir et si facile à perdre, ne signifie pas l'anarchie, c'est à dire une jungle sans foi ni loi, où tout est permis et où rien n'a véritablement de sens.
C'est précisément ce qui distingue le libéralisme de l'utopie libertaire.
Dans les temps de crise hélas, la confusion s'empare vite des esprits. Certains exploitent la situation et tentent plus ou moins sciemment de faire prendre des vessies pour des lanternes. D'autres, naïfs cèdent à la panique, abandonnent toute raison, et se fient imprudemment à ces faux docteurs.

Aujourd'hui on voit des ténors de la Gauche s'appuyer sur les circonstances pour ressortir de plus belle leurs insanités intellectuelles. Martine Aubry par exemple, qui annonce bravache, que « le libéralisme s'effondre autour de nous », et qui en tire des conséquences plus qu'expéditives : « On assiste à la fin d'un modèle, d'un système, alors il faut faire appel à tous les socialistes pour amener un nouveau modèle ».
On connaît hélas trop bien celui qu'elle voudrait fourguer, après en avoir retapé en toute hâte les gentilles dorures de « justice sociale » qui en fardent l'inanité. De toute manière, bien malin celui qui pourrait discerner une proposition audacieuse et novatrice dans le tumulte dérisoire qui entoure la guerre des chefs sévissant chez les socialistes. Cette semaine, le nouvel Obs titrait en grand : « le PS est-il nul ? ». On se demande comment on peut encore poser la question...

De son côté Nicolas Sarkozy, profite de la tribune de l'ONU pour faire de grands moulinets moralisateurs sur les fautes du capitalisme et sur l'impéritie des « patrons voyous ». Comme s'il découvrait tout à coup les évidences, le voilà qui réclame « plus de régulation » exigeant notamment des sanctions à l'encontre de « ceux qui mettent en danger l'argent des épargnants ». Au moment même où Bernard Tapie se voit indemnisé par l'Etat dirigé par le même Sarkozy, de près de 300 millions d'euros, on croît rêver... (en dépit de nombreuses dettes à soustraire, il devrait tout de même d'après ce qu'on en dit, s'enrichir de la coquette somme de 40 millions d'euros). On ne connaîtra sans doute jamais le fin mot de l'histoire, tant elle est emberlificotée, et tant les juridictions amenées à statuer à son sujet se révèlent opaques ou aléatoires (la dernière « procédure arbitrale » est un petit bijou en la matière). Chacun jugera donc si l'homme d'affaires emblématique du socialisme mitterrandien, est un chef d'entreprise avisé, moral et constructif ou bien un brillant funambule de la finance...

En réalité, ce n'est pas parce que le monde « libre » est en crise qu'il faut remettre en cause le fondement même de son existence. Pour les libéraux sensés, il n'a jamais été question de supprimer ni les règles, ni l'Etat qui régissent toute société humaine. Il n'y a donc aucune raison aujourd'hui de se mettre « par principe », à sécréter plus de lois et plus de gouvernement...
Plus que jamais en revanche il apparaît nécessaire de veiller à ce que ces derniers protègent contre les pestes qui menacent en permanence le beau mais fragile jardin de la liberté : bureaucratie, centralisme, monopole, corruption, spéculation, irresponsabilité....
Il faut donc, comme le recommandait déjà Montaigne, des règles simples et les moins nombreuses possibles, et un Etat modeste mais efficace, garant de leur mise en oeuvre.

Or depuis des années, les gouvernements en France, qu'ils soient de gauche ou de droite n'ont cessé de prôner le renforcement de l'Etat et de compliquer l'arsenal législatif, au point d'imposer des dispositions de plus en plus inapplicables voire contradictoires entre elles. Et tous ont applaudi ou encouragé les folles fusions d'entreprises et d'organismes bancaires. Il y a quelques jours encore, on voyait EDF investir plus de 15 milliards d'euros pour « s'offrir British Energy », avec la bénédiction des gouvernements britannique et français...
Résultat, nous n'échappons pas à la crise des banques et des entreprises, mais avons en prime celle, chronique, de l'Etat !

Dans son discours à la Nation Américaine, George W. Bush de son côté s'est exprimé sans détour mais finalement avec plus de conviction et d'esprit pratique que bien des discoureurs de la méthode. Il n'a pas caché la gravité de la situation, tout en restant optimiste sur l'avenir.
Il a réaffirmé qu'il était «
un fervent partisan de la libre entreprise », et que son « instinct naturel » était de « s'opposer à une intervention du gouvernement ».
En plaidant pour cette dernière, il a insisté sur son caractère exceptionnel et sur le fait qu'elle ne visait pas à secourir des intérêts privés en péril, mais à « préserver l'économie américaine en général ». Afin qu'il n'y ait aucune ambiguïté, il a d'ailleurs enfoncé le clou : « Je crois qu'on devrait laisser les entreprises qui prennent de mauvaises décisions s'éteindre »

Quant à la fameuse régulation, il a rappelé qu'elle existait mais qu'elle devrait être adaptée aux défis du 21è siècle, et s'attaquer tout particulièrement aux méfaits du gigantisme : « récemment, nous avons vu qu'une seule compagnie pouvait devenir si grosse que ses difficultés mettaient en péril la totalité du système financier ». CQFD...

19 septembre 2008

Liberté, j'écris ton nom


Accoudé au balcon surplombant les flancs de la défunte forteresse de Taillebourg (Charente Maritime), je songe à la vanité du monde.
Dans la douce tiédeur baignant la fin d'un été sans chaleur ni parfum, je vois de cet auguste tumulus, les toits des maisons alanguies s'épauler les uns les autres en descendant en douces inclinaisons vers le fleuve.
Comme ces cascades de tuiles, comme ce château évanoui, tout semble s'écrouler dans ce monde épuisé par tant de vaines exigences et de productions futiles. C'est la crise, c'est peut-être la récession ! Mais pourquoi au fond s'en faire ?

« Car personne ici-bas ne termine et n'achève ;
Les pires des humains sont comme les meilleurs ;
Nous nous réveillons tous au même endroit du rêve.
Tout commence en ce monde et tout finit ailleurs* »

Les experts s'affrontent à coup de sombres prévisions. Le gouvernement ne sait plus où donner de la tête et brûle soudain tout ce qu'il prétendait adorer hier. De leur côté, les dévots de L'Etat Providence, requinqués par l'odeur de ce désastre fuligineux qui n'en finit pas de disperser ses scories, croient y voir la confirmation en forme d'apothéose, de leur lubie anti-libérale. Pardi l'Etat fédéral américain est contraint de renflouer Freddie Mac et Fanny Mae, si ce n'est pas une humiliation !

Je n'insisterai pas sur le caractère monstrueux de ces deux géants du Mortgage, sur leur situation quasi monopolistique, et leurs rapports plutôt ambigus avec l'Etat lui-même. Je préfère observer que le gouvernement n'est en mesure de secourir le « Marché » que si ce dernier ne lui est pas trop assujetti, s'il n'en a pas déjà circonscrit les règles à son seul profit, et surtout s'il n'est pas lui-même ruiné...
Il suffit d'évoquer les entreprises nationalisées qui ne vont pas bien. Hélas, ça arrive aussi et pas qu’un peu notamment, en France (le Crédit Lyonnais par exemple, la Sécu… voire l’Etat tout entier en quasi faillite permanente…). Eh bien c’est l’Etat qui est contraint d'accourir à sa propre rescousse, à la manière du serpent qui se mord la queue (ou du fameux Baron Münchausen qui se tire par les cheveux…). Pas trop difficile pour lui en réalité, il n’a qu’à pomper un peu plus les ressources des entreprises et des contribuables, tant qu'il y en a ! Tout est donc dans tout et réciproquement...

Plus que jamais, je reste donc amoureux de la Liberté et pense que le monde ne souffre pas d'un excès mais d'un manque de libéralisme bien compris, c'est à dire averti des dangers de l'excès de centralisation et de monopole, et convaincu que l’Etat doit être réduit à sa plus simple expression. C’est la sagesse. Ce n’est pas grandiose mais au moins les dégâts sont limités et ça stimule la responsabilité citoyenne…
Car c'est un fait, le libéralisme est fait pour des gens responsables. C’est évidemment sa faiblesse. Quand il est livré à des joueurs qui investissent en bourse comme ils jouent au casino, qui ne veulent plus rien payer à sa juste valeur, pas étonnant qu’il y ait de la casse. Heureusement il est solide, et je ne doute pas qu’il s’en sorte mieux que tout autre système en crise. Mais revenons aux sources, de grâce. Jefferson, Jefferson…

* Tristesse d'Olympio. Victor Hugo

17 septembre 2008

A sad gig in the sky

Avec cette variation sur le titre d'une des somptueuses compositions de Richard Wright (1943-2008), pianiste et organiste émérite du groupe Pink Floyd, s'évanouit en souvenirs émus un peu de cette musique qui traversa en l'illuminant, la fin du XXè siècle. En d'autres termes, avec la disparition de cet artiste discret, charmant et talentueux, c'est encore un pan des sixties qui s'écroule. Avec le temps tout s'en va... Bien qu'il ait souvent joué ces dernières années avec son cher ami David Gilmour, et même une fois ou deux avec tous ses camarades de la grande époque, les derniers grands concerts et le dernier album du groupe datent de 1994. Dans cette fameuse ambiance d'extase flottante, bleue, rouge et multicolore, traversée de lasers tranchants comme des rayons émanant de diamants utopiques, l'esprit s'égare et s'imagine en bateau ivre, échappé du temps, mais sillonnant sereinement une mer de raison. Et après les réminiscences de Rimbaud, on songe en définitive aux mots de Baudelaire : « là tout n'est qu'ordre et beauté, luxe calme et volupté »...