Il y a quelques mois, Nicolas Sarkozy s'en est allé serrer la main de George Bush. On pouvait interpréter ce geste inattendu de la part d'un dirigeant hexagonal, comme étant la manifestation courageuse de sincères convictions.
Aujourd'hui il lui donne le coup de pied de l'âne, espérant probablement ainsi récupérer le soutien du vieux pontife élyséen, et glaner quelques voix au sein du troupeau bêlant des moutons de l'antiaméricanisme franchouillard.
Lui qui se disait l'ami de l'Amérique, qui clamait « qu'il ne fallait jamais mettre en difficulté ses amis », le voilà qui entonne le refrain éculé de « l’erreur historique de la guerre en Irak » et qui mégote ses sentiments à la manière d'un apothicaire retors : « l’amitié, c’est être capable de dire à ses amis la vérité quand ils ont tort. L’amitié, ce n’est pas la soumission » (propos tenus le 14/01 lors de son investiture comme candidat de l'UMP, puis renouvelés le 28/02/07 à Paris, hôtel Méridien).
Rhétorique un peu facile. Quand donc l'Amérique a-t-elle fait seulement mine de soumettre la France ? N'a-t-elle pas au contraire payé de son sang pour la libérer à plusieurs reprises ? Et de notre côté, quand avons-nous dit un oui franc et dénué d'arrière-pensée calculatrice à l'une de ses entreprises ? Quand lui avons-nous donc manifesté un réel soutien lorsqu'elle était à la peine ? Depuis l'épisode enchanté de Lafayette et de Rochambeau on serait bien en peine de trouver un seul exemple de vraie fraternité de la part de la France et surtout pas dans les difficultés où l'on sait pouvoir compter ses vrais amis.
Oh bien sûr les Français qui aiment se payer de mots et de belles idées, les distribuent généreusement à tous vents. On se souvient lors du 11 septembre, de l'emphatique « Nous sommes tous des Américains », aussi ampoulé qu'inutile et surtout sans lendemain; ou bien des subtiles différences établies entre le peuple américain « qu'on aime », et son gouvernement « qu'on déteste ». Mais dans ce dernier cas, c'est ajouter l'ignorance à la bêtise. Il faut avoir en effet de la merde dans les yeux et les circuits neuronaux bouchés à l'émeri, ne vraiment rien connaître des principes élémentaires de la démocratie, pour oser faire une discrimination aussi stupide (d'autant qu'elle est répétée à chaque nouveau président).
En réalité les Américains, qui sont de grands enfants, mais tout de même pas nés de la dernière pluie, doivent avoir compris depuis longtemps ce que vaut l'amitié que leur porte soi-disant la France : pas même une poignée de fifrelins !
Ce faisant, je m'interroge sur la nature de la torve stratégie adoptée par Nicolas Sarkozy : les quelques personnes qui comme moi éprouvent une admiration émue pour la grande nation d'Amérique, qui espèrent encore une issue heureuse au difficile combat qu'elle mène pour redonner la liberté aux Irakiens et aux Afghans, seront mortifiés par cette traîtrise. Ceux infiniment plus nombreux, qui se définissent par leur opposition systématique à la politique américaine, se moqueront des atermoiements de Mr Sarkozy et ne seront pas plus convaincus par ses propos d'aujourd'hui qu'ils ne l'étaient par ceux d'hier. Restent les benêts qui croient naïvement le dernier discours en date...
Voyant cette morne uniformité de l'opinion publique dans notre pays et le peu de courage et de conviction de l'ensemble des politiciens, j'en viens à me demander s'il existe encore des esprits suffisamment libres pour se garder d'approuver une opinion, au seul motif qu'elle fait la quasi unanimité.
Ironie du sort, la France peut-être satisfaite. Elle continuera selon toute probabilité d'avoir longtemps encore les présidents qu'elle mérite...
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