27 juin 2013

Transitions écologiques

Lorsque les Écologistes nous parlent de la protection de l'environnement, cela produit dans le meilleur des cas de splendides images magnifiant le spectacle de la nature, et dans le pire, des lapalissades ronflantes aux prétentions moralisatrices. Mais lorsque le registre de l'emphase un peu naïve s'épuise, le discours se transforme alors souvent en dialectique laborieuse et pédante, cédant en général aux vieilles lubies gauchisantes auxquelles ils empruntent la calamiteuse phraséologie idéologique.

Un exemple de cette dérive a été donné il y a quelques semaines sur France Culture par le sympathique duo formé par le présentateur d'émissions TV Nicolas Hulot et la philosophe Cynthia Fleury, venus présenter le Think Tank auxquels ils contribuent, baptisé un peu pompeusement  « Laboratoire d'idées innovantes pour la transition écologique. »

A cette occasion, ils ont tenté d'amorcer une démarche tendant selon eux à repositionner l'écologie dans « l'interdisciplinarité » et ont appelé à « cesser de penser une barrière épistémologique ».



Malheureusement, plutôt que d'élever le débat vers de nouveaux cieux, ils l'ont ramené aux vieilles lunes et ont surtout démontré qu'en tant que mouvement politique, l'Ecologie se mêle de tout... ce qui ne la concerne pas !

S'inspirant largement des thèses du dernier penseur altermondialiste en vogue Gaël Giraud, ils se sont lancés dans le procès si convenu du capitalisme. En réponse aux remarques du chroniqueur Brice Couturier reprochant aux écologistes d'être quelque peu phobiques du risque, Cynthia Fleury a cherché à renverser la charge en affirmant à l'inverse, que l'accusation concernait bien davantage le « Grand Capital » qui n'avait pas son pareil pour "internaliser les profits, et externaliser les coûts des risques... sur les autres !"

Dans la foulée, les deux compères fustigèrent le monde de l'entreprise dont le seul objet serait le profit. Quelque chose d'horrible à leurs yeux car « le profit n'est pas une finalité mais un moyen au service de quelque chose »

A ce sujet ils évoquèrent l'article 1832* du code civil qu'ils jugent choquant, et ils proposèrent rien de moins que de le réécrire en redéfinissant l'entreprise, et la notion même, de propriété. Sans donner, ne serait-ce que l'esquisse de que cela pourrait être...

Se bornant à constater que « le modèle économique était à réinventer », ils réclamèrent entre autres platitudes bien intentionnées, «la séparation des activités bancaires ». Et lorsque quelqu'un leur demanda en quoi ce genre de proposition était lié à l'écologie, ils se lancèrent dans des explications alambiquées, aussi contournées que nébuleuses. 
Le problème pour eux renvoie à « une régulation éco-systémique », et dans le domaine, il faut les croire sur parole: l'Ecologie interroge « le juste... »
Ils ont sans surprise plaidé pour « un capitalisme plus régulé » et demandé « plus de réciprocité entre les acteurs, plus de réciprocité entre la question de l'internalisation des coûts, l'externalisation et l'internalisation des bénéfices, plus de transparence sur les rémunérations des uns et des autres... » 
Au passage Nicolas Hulot s'interrogea gravement : « Est ce que les actionnaires sont propriétaires de l'entreprise ou bien sont-ils propriétaires de leurs actions ? » Faut-il qu'il ait une idée bien angélique du monde ! Imagine-t-il donc que les investisseurs accepteraient de placer leur argent dans ce qui ne serait en somme que de la roupie de sansonnet ?



En définitive, ce petit débat se révéla instructif en ce sens qu'il confirma les a priori idéologiques dans lesquels patinent les Ecologistes, tenant tantôt de l'égalitarisme marxisant, tantôt des doctrines malthusiennes, et tantôt de la névrose climatique, sous-tendue par ce que Nicolas Hulot définit comme étant « la mère des menaces ».

On ne saurait trop rappeler que l'économiste Gaël Giraud qu'ils considèrent comme un mentor, prend également position sur la théorie régulièrement contredite par les faits du « pic du pétrole », qu'il milite en faveur d'un protectionnisme aux frontières de l'Europe, pour un plafonnement arbitraire des revenus, pour un financement massif de la transition écologique par la planche à billets, et pour le passage de l'euro monnaie unique à l'euro monnaie commune... Vaste programme !





* Article 1832 du Code Civil : La société est instituée par deux ou plusieurs personnes qui conviennent par un contrat d'affecter à une entreprise commune des biens ou leur industrie en vue de partager le bénéfice ou de profiter de l'économie qui pourra en résulter. Elle peut être instituée, dans les cas prévus par la loi, par l'acte de volonté d'une seule personne.

Les associés s'engagent à contribuer aux pertes

25 juin 2013

Coup de froid sur la liberté d'expression

Ce n'est pas un fait nouveau, mais il s'inscrit dans l'actualité avec une acuité plutôt préoccupante. La France, terre de liberté à ce que l'on pouvait croire, semble livrée à une insidieuse censure dont les progrès plombent désormais de plus en plus le quotidien.

La Gauche, qui a toujours eu la manie d'invoquer la liberté, tandis qu'elle l'asphyxiait de ses contraintes hypocrites reste fidèle à ses principe si l'on peut dire. Même diluée dans le bain capitaliste, et plus ou moins convertie à la démocratie, elle montre toujours qu'elle tolère difficilement les opinions contraires à ses dogmes.


Dotée des pleins pouvoirs par l'inconséquence populaire et une organisation constitutionnelle défaillante, elle ne se gène pas pour en abuser.

On se rappelle les outrances verbales de certains porte-drapeaux du socialisme, au soir de victoires électorales: « nous sommes passés des ténèbres à la lumière » (Jack Lang), « Il ne suffit pas de dire que des têtes doivent tomber, il faut dire lesquelles » (Paul Quilès), « Vous avez juridiquement tort car vous êtes politiquement minoritaires » (André Laignel)... On se souvient également qu'à l'initiative de maints députés et sénateurs communistes, Gayssot et Lederman en l'occurrence, la République s'est avilie en votant des lois liberticides, sur des thèmes soi-disant sensibles. Ainsi, les élus de la nation, majoritairement à gauche, n'hésitèrent pas en 1990 à emboîter le pas en matière de restriction des libertés, à des représentants de l'idéologie la plus tyrannique de toute l'histoire de l'Humanité, ouvrant la voie à quantité de textes insanes, dits mémoriels, instituant en réalité le délit d'opinions !

Selon la même logique on voit aujourd'hui sanctionnés de manière insensée quelques égards de langage, ou quelques manifestations hostiles au pouvoir en place.
La plus navrante illustration de cet état de fait est la mise à pied temporaire du journaliste Clément Weill-Raynal par son employeur France 3, au motif qu'il osa révéler au grand jour le comportement scandaleusement partisan et sectaire de certains magistrats.

Non seulement cette chaîne télévisée financée par les deniers publics, devrait avoir honte de recourir à un telle extrémité, mais elle devrait s'interroger sur le fait que le journaliste ait cru bon de choisir un autre média qu'elle pour faire ses édifiantes révélations. Car en l'occurrence cette intolérance sonne comme l'aveu qu'elle scotomise l'actualité en fonction de considérations partisanes et pire, qu'elle est capable de couvrir à ce titre, des comportements inacceptables.

La quasi indifférence générale de l'opinion, et particulièrement de la sympathique confrérie journalistique, face à cette incroyable décision, révèle au mieux la léthargie intellectuelle dans laquelle est tombé notre pays, au pire une complicité passive qui rappelle de sinistres moments du passé. La Presse est décidément tombée bien bas. Elle s'intéresse davantage à commenter d'insignifiants tweets, ou à propager n'importe quelle rumeur non fondée, qu'à défendre la liberté d'expression !

On a certes un peu plus parlé de l'arrestation musclée d'un opposant au mariage gay et du verdict assez hallucinant prononcé à son encontre, au motif qu'il aurait refusé un prélèvement ADN qui lui était imposé, pour avoir manifesté avec un peu trop d'insistance son opinion sur la voie publique : 4 mois de prison dont 2 fermes et 1000€ d'amende !
Le contraste avec la clémence habituelle des juges face aux actes de violence, de déprédations et de saccages auxquels se livrent de plus en plus fréquemment des hordes de vandales est évidemment choquant. Dans un cas c'est la dégradation de biens publics et l'atteinte à la propriété privée et même aux personnes qu'on néglige de sanctionner, dans l'autre c'est la liberté d'expression qu'on punit avec une sévérité disproportionnée.

Il faut croire que le Pouvoir est vraiment aux abois face à la contestation, puisqu'on compta le fameux soir du "délit", pas moins d'une centaine de fourgons de CRS mobilisés pour protéger le Président de la République venu réciter son lénifiant catéchisme sur M6...

10 juin 2013

Une République en voie d'apaisement...

Le dramatique fait divers ayant conduit à la mort du jeune Clément Méric dont tout le landerneau médiatique et politique fait ses choux gras, révèle de manière édifiante l'incapacité totale de M. Hollande à concrétiser cette fameuse « République apaisée » dont il s'était fait le héraut.

Le tintamarre totalement disproportionné fait autour d'un fait divers isolé, certes dramatique, pourrait être pris pour l'expression d'une prise de conscience. On fait mine de découvrir subitement que le pays est en proie à la violence, à la délinquance et à l'incivisme. Mais hélas, les excès grotesques caractérisant les réactions qui ont fusé, témoignent qu'il n'en est rien. Tout cela s'apparente plutôt à un théâtralisme outrancier, cherchant à masquer la déroute générale des pouvoirs publics, et à trouver des boucs émissaires.

Ainsi, l'issue tragique d'une bagarre est devenue un événement national auquel nombre de responsables politiques de tous bords ont donné une portée totalement absurde.
Dans ce qui fut d'après les témoignages, une altercation née de provocations stupides, aucun des protagonistes ne valait mieux que les autres et il était franchement imbécile de tenter de faire des distinctions, surtout basées sur un manichéisme idéologique éculé. Or, les faits furent présentés avec un flagrant parti pris. Et ce, de manière quasi unanime.
On insista à propos de la victime, sur son statut de jeune étudiant en Sciences-Po, brillant, au physique poupin, militant aux convictions inébranlables mais posé, engagé dans le combat anticapitaliste et anti-fasciste (Figaro). Laissant imaginer au passage, que le capitalisme est désormais assimilable au fascisme...
Les agresseurs du jeune homme, dont on ne savait pourtant rien, hormis qu'ils avaient les cheveux ras, ne furent quant à eux, pas même qualifiés d'êtres humains, mais comme des skinheads, d'extrême-droite, apparentés nécessairement au front National, ayant tué selon les propos de François Hollande « sans doute pour un motif politique »...
Le premier ministre Ayrault se crut même autorisé dans la foulée, à clamer qu'il allait tailler en pièces «ces mouvements d'inspiration fasciste et nazie qui font du tort à la République».

Au total, exactement le contraire de ce que le bon sens voudrait qu'on fasse en pareille situation. C'est à dire la traiter avec le maximum d'objectivité, en se gardant surtout de faire des amalgames renforçant les haines et la radicalisation des opinions.

Il n'est surtout pas besoin d'être un exégète du CNRS pour voir l'état désastreux dans lequel s'enfonce notre pays à tous points de vue et notamment celui de la délinquance et du délitement social. Au moment de l'affaire Méric, RTL révélait les statistiques effarantes des caillassages de trains de banlieue, en augmentation de près de 25% en un an (que la SNCF avoue minimiser par peur d'exacerber le phénomène) ! Et chaque semaine ou presque désormais est émaillée de nouvelles manifestations en tous genres de ce désordre grandissant. Sans compter les déchirements profonds de la société que, pour de minables considérations clientélistes, le gouvernement prend le risque d'induire, notamment avec sa mascarade législative autour du mariage gay...
En définitive, devant pareil délabrement, les remèdes du docteur Coué-Hollande, tout dans les diagnostics spécieux et les mots creux, sont bien loin de la panacée...