07 août 2006

La malédiction de l'Inca


Le 1er août, on apprenait la démission du président de l'Institut National pour le Cancer (INCA).
Le Pr Khayat avait été nommé en mai 2005, par Jacques Chirac en vertu de son droit régalien, à la tête de cette nouvelle et nième entité administrative créée par ses bons soins, pour être en quelque sorte le fer de lance de son emblématique « Plan Cancer ».
Cher vieux pays où l'on continue à croire aux pouvoirs magiques des commissions, agences, instituts et autres bras rapportés de l'Administration Centrale, sur les fléaux qui minent la société !
Magie n'est pas déplacé en la circonstance. Probablement espérait-on de ce grand Inca des pouvoirs surnaturels capables de faire fondre les affreuses statistiques du cancer.
Passons sur les accusations portées contre le brillant cancérologue. Elles sont probablement exagérées comme a conclu le Contrôle général économique et financier au terme d'une enquête approfondie des comptes de l'Institut.
Pour autant, on peut se demander ce qu'une telle instance est susceptible d'apporter de bien efficace contre le cancer. Pour l'heure on a vu surtout en émaner des recommandations en forme de diktats bureaucratiques.
Ainsi le sort des infortunés malades est-il désormais entre les mains non plus de médecins, mais de commissions. Ces dernières sont chargées lors de Réunions dites « de Concertation Pluri-disciplinaire », d'établir les cursus de soins et de traitement. Ainsi, la médecine s'exerce donc en conclave, le praticien n'étant qu'un rouage quasi passif dans cet engrenage bien intentionné, mais par nature anonyme et irresponsable.
Même le moment si terrible, où il faut révéler au malade ce dont il souffre, échappe désormais au cadre si singulier du "colloque médecin-malade". Il est planifié, enrobé d'une molle gélatine administrativo-humanitaire, douce, consensuelle, mais hélas par nature désincarnée. On appelle ça le "dispositif d'annonce", et c'est comme ça qu'on entre dorénavant dans la "filière de soins"...
Autres genre de mesures prises par l'INCA, le calcul de seuils d'activité en deçà desquels il devient interdit d'exercer les soins dans telle ou telle spécialité et dans tel ou tel établissement. Appliquant à l'art médical les recettes stakhanovistes de la production industrielle on décrète ex cathedra « qu'il n'est possible de faire bien que ce qu'on fait souvent. »
En raisonnant de la sorte, on « restructure l'offre de soins » comme on dit en jargon technique. En réalité, on juge les gens a priori sur leurs compétences supposées, qu'on assimile grossièrement à des quota et on décapite par avance ceux qui ne répondent pas au gold standard.

On peut avoir des doutes sur l'efficacité d'un telle stratégie, faisant de la quantité un gage de qualité.
Surtout lorsqu'on la met en perspective avec la récente escroquerie à l'Assurance Maladie, dévoilée mi-juillet : un médecin de l'Essonne enregistrait une moyenne de 147 consultations par jour 6 jours sur 7 depuis 2002, déclarant un chiffre d'affaires annuel de plus d'un million d'euros.
On frémit quand on pense qu'il a fallu plus de 4 ans aux Pouvoirs Publics pour mettre à jour cette extravagance !
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