09 octobre 2007

Les nouveaux calotins

La médiocrité du débat politique en France donne parfois des hauts-le-coeur. Surtout quand l'argumentation s'appuie sur les artifices usés d'une morale sulpicienne à deux balles, rancie dans le marigot gluant des truismes républicains les plus surannés. Ça pue la tartuferie, c'est écoeurant.
Le pataquès fait au sujet des tests ADN pour prouver les liens familiaux d'étrangers candidats au regroupement familial est révélateur de cet état d'esprit boursouflé et insane. On pourrait multiplier les citations grandiloquentes, mais les propos de Mouloud Aounit, président du MRAP donnent à eux seuls la démesure de cette tempête dans un verre d'eau bénite. Il s'agit selon cette belle âme d'une régression, d'une « une tache qui souille la page de l'histoire des droits et des libertés fondamentales" !
Ben voyons ! Rien que ça. Nous sommes dans un monde si parfait, si vertueux, si généreux, qu'on se demande en effet comment un gouvernement peut être assez tordu pour inventer de tels stratagèmes xénophobes.
Trop contente de trouver une occasion de faire prendre l'air à ses étendards moisis, la vieille garde sonne la charge. Tout le ban et l'arrière ban des vicaires et autres zélateurs de l'orthodoxie intellectuelle alter-trotsko-bobo accourt comme une nuée de mouches attirées par un morceau de viande. Regardez la "pétition d'ouverture" lancée selon le rite établi, mercredi dernier par Charlie Hebdo et SOS-Racisme : ils sont tous là, en rangs d'oignons, confits dans leur jus bien pensant. "Touche pas à mon ADN !" bêlent-ils à l'unisson. Pour eux assurément, nul besoin de test génétique pour se regrouper. L'instinct pétitionnaire les réunit à coup sûr. A leur tête, le grand satrape Robert Badinter ne mâche pas ses mots : "Ce que nous faisons là est une erreur (...). Le retentissement que ce texte aura en Afrique et dans d'autres pays sera totalement négatif".
Et ce tribunal de la pensée unique, à l'instar de ses sinistres précurseurs de l'Inquisition ne plaisante pas. Chaque mot est pesé, analysé, interprété pour débusquer les vils relaps inspirés par Satan. Celui à qui échappe ne serait-ce qu'un « détail » signe son arrêt de mort. On se moque des raisons pratiques qu'il invoque pour justifier son action. Peu importe de savoir si l'immigration clandestine existe, nul besoin d'en mesurer les conséquences néfastes sur l'équilibre déjà fragile d'une société cacochyme, et pas davantage naturellement de nécessité d'évaluer rationnellement les moyens d'une éventuelle maîtrise de ce fléau des temps modernes. Le but est simple, quasi pavlovien dans sa nature réflexe : décréter ex cathedra que les gouvernants sont des hérétiques, que leur l'intention est nécessairement mauvaise, perverse, et rejeter en bloc leurs propositions, leur action et pour tout dire leur légitimité...

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