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15 septembre 2017

Darwin à Bordeaux

Ça se passe sur la rive droite de la Garonne à Bordeaux. Ça s’appelle Darwin Eco-système et c’est une sorte de grand happening permanent, occupant le site de l’ancienne caserne Niel. On parle de friche militaire et le terme en forme d’oxymore définit assez bien le lieu.
Ce genre de bric-à-brac insolite donne à ces austères bâtiments, très partiellement rénovés, un look décadent, dans lequel une foultitude d’objets de récup en tous genres voisine avec fresques, tags et graffitis peints ou “bombés” à même les murs.
On entre dans ce microcosme hyper branché par une sorte de grande arche métallique tendue entre deux vénérables bâtiments. L’enseigne, c’est une accumulation de planches suspendues intitulée “Vortex”. Le soir, elles s’illuminent. Effet garanti.

Sitôt le porche franchi, on est accueilli par un immense dessin représentant un gorille patibulaire, cousin sans doute de King-Kong, portant une large banderole “Tous migrants.” Précisons qu’il s’agit du thème du dernier colloque, pardon Climax, qui vit défiler du 7 au 10 Septembre le gratin de la gent écolo-bobo-coco : José Bové, Audrey Pulvar en tête. Nicolas Hulot également prévu au programme, dut annuler son déplacement pour cause d’ouragan Irma. Le réchauffement climatique sévit déjà, il y a urgence…

C’est peu dire que le lieu se consacre à l’écologie. Ici, tout se mélange en fait : développement durable, célébration du bio, du végétarisme voire de la lubie végane, commerce équitable, entreprises responsables, décroissance économique, alter-mondialisme, récupération, recyclage, partage…
Né en 2010 de l’imagination de deux jeunes publicistes Philippe Barre et Jean-Marc Gancille, et concrétisé par l’acquisition de la caserne délabrée Niel par leur jeune société Evolution, ce concept occupe désormais 3 hectares, juste devant le Parc aux Angéliques.
Le coeur de l’éco-système ainsi créé, c’est le Magasin Général, véritable temple de la bouffe naturelle. A la fois supérette, café, réfectoire, on n’y trouve évidemment que des produits nobles. Le “manger local” et le “handmade” sont ici rois : des légumes issus de l’agriculture alternative aux insectes desséchés pour l’apéro, en passant par les bières artisanales, les vins biologiques et les fromages de la ferme...
On y mange en famille ou entre amis, assis sur de rustiques bancs de bois et accoudés à des tables en formica de la grande époque. il faut dire que l’esthétique post-industrielle qui règne ici s’appuie largement sur le style caisse-bobine-palette. Quelques canapés vieillots complètent cet ameublement très kitsch.

Dans ce complexe baroque, on trouve également une salle réservée aux conférences et à des concerts, un skatepark, des aires d’activités physiques diverses (yoga, polo-vélo...), des ateliers de bricolage, et quantité d’espaces destinés au co-working, à l’activité associative, ou hébergeant des micro-entreprises, et des start-up dont Darwin se veut une pépinière.

Devant un tel endroit des foules de questions viennent naturellement à l’esprit. Passé l’étonnement de la découverte, on hésite entre enthousiasme et circonspection. 
Certes les intentions des concepteurs sont excellentes. Face aux menaces que le progrès technique et l’industrialisation sont accusés de faire peser sur la planète, il s’agit selon Philippe Barre, de “réinventer la ville, d’occuper le terrain sans plus attendre les autorisations et les subventions”. L’état d’esprit est des plus sympathiques puisqu’il préconise “d’agir de manière joyeuse, déterminée, toujours en éveil, jamais dans le dogme”.
Quant à l’idée de partage qui fait vibrer les apôtres de cette nouvelle religion, elle s’impose tout simplement parce qu’on produit “plus de richesses par le collaboratif que par l’individualisme”.
Les résultats sont d'aiileurs déjà probants puisque selon le même Philippe Barre, interrogé par le journal Sud-Ouest en 2016, "un Darwinien émet cinq fois moins de gaz à effet de serre qu’un salarié tertiaire classique. 80% de nos déchets sont recyclés et toute notre électricité ne provient plus du nucléaire, mais d’Enercoop".

Il faudrait donc être grincheux pour être opposé a priori à une telle initiative. Ce n’est pas le cas du maire Alain Juppé qui soutient le projet depuis ses débuts. Il faut dire qu’il n'est pas totalement nouveau puisqu'il fut précédé par des réalisations similaires plutôt rassurantes aux Etats-Unis, notamment sur la côte ouest, ou bien en Europe dans les pays scandinaves ou en Allemagne.

Reste à savoir ce que deviendra ce modèle à moyen et long terme.
A lire et à entendre les slogans sur lesquels il s’appuie, on pourrait craindre une évolution sectaire, et un enfermement idéologique borné par des pseudo-certitudes, relevant parfois du fantasme voire de la névrose obsessionnelle.
A l’autre extrémité, une ghettoïsation et un pourrissement social pourrait être favorisé par l’absence durable de rentabilité. Le délabrement de certains espaces, le look post-moderne plutôt grunge, voire un tantinet trash, s’ils perdurent, pourraient faire le lit de telles dérives.
Ou bien ne sera-t-il pas tout simplement récupéré ou assimilé par le “mainstream”. Il subirait ainsi le sort de nombre de tentatives antérieures progressivement dévoyées par l’atténuation progressive de l’effet de mode, ou par l’embourgeoisement. La clientèle très bobo qui fréquente ce lieu témoigne déjà d’une certaine tendance...

Le mieux qu’on puisse souhaiter à cet éco-système évolutif, est de s’intégrer comme alternative originale dans l’offre commerciale et culturelle, pour conférer à l’univers urbain une forme d’humanisme moderne teinté de retour aux sources, sans se soustraire au progrès ni aux règles de bon sens, et sans pour autant renier totalement l’esprit originel.
A suivre...

04 février 2017

Le Sale Air de la Peur

A croire les médias, les périls sont si nombreux au dessus de nos têtes qu’on ne sait plus bien dire quels pourraient être les pires et quels sont ceux qui nous menacent le plus directement.


La pollution, mère paraît-il du réchauffement climatique, pourrait entraîner une multiplication des catastrophes naturelles. Cela fait consensus : la pollution est devenue le danger numéro 1 aux yeux de la multitude craintive.
Les particules fines qui empestent l’atmosphère font l’unanimité contre elles et les automobiles tournant au diesel apparaissent comme les odieux coupables de ce nouveau fléau.

Après avoir encouragé ce mode de propulsion par toutes sortes d’incitations dont une très relative indulgence fiscale, après avoir édicté des normes drastiques obligeant les constructeurs à munir leurs véhicules de pots catalytiques, les Pouvoirs Publics voudraient désormais les chasser des villes et sans doute bientôt des campagnes.
Sus au gazole crie madame Hidalgo du haut de sa forteresse parisienne ! Il pollue, rend malade et même tuerait 48.000 personnes par an en France selon des sources autorisées !

Une voix discordante parfois s’insinue dans ce tintamarre à sens unique. Mais on ne l’entend guère, car lorsque la rhinocérite sévit, il est vain de tenter de ramener les foules à la raison.

Ce fut sans doute le cas d’un étonnant petit aparté en fin de journal télévisé d’une grande chaîne publique (France 2, le 24 janvier). Interrogé sur ces fameuses particules fines par le présentateur David Pujadas, un spécialiste du sujet, Nicolas Chateauneuf, fit état de quelques chiffres allant à l’encontre des idées reçues.

Non seulement la pollution ne serait pas si menaçante qu’on le prétend, mais force est de constater qu'objectivement la qualité de l'air s'améliore régulièrement en France. En effet, les taux de dioxyde de soufre, de dioxyde d'azote et de particules fines sont en baisse. Seule l'ozone en définitive est en hausse. Grâce à quelques graphiques, on put voir au surplus, que cette diminution ne date pas d’hier, mais qu’elle est régulière depuis un quart de siècle.


Autre surprise, l’automobile n’est pas le principal responsable de la production de particules toxiques dans les grandes villes puisqu’elle ne représente que 14% des émissions. Trente et un pour cent proviennent du chauffage, 21 de l’agriculture, et 26 de l’industrie !
Quant à la multiplication des alertes avec lesquelles on nous casse chaque jour un peu plus le peu de moral qui nous reste, elles sont dues tout simplement à l’exigence croissante des normes. En 2012, par exemple les seuils ont été abaissés d’un tiers !

Et ceux qui accusent toujours les autres, et notamment l’Allemagne de pousser via le vent mauvais ses miasmes morbides, en sont pour leurs frais. les cartes montrent clairement qu’il n’en est rien...


En cette époque étrange où tous les repères classiques s’effondrent, où l’on peut dire impunément tout et son contraire, il est amusant de reprendre chronologiquement les opinions de certains prédicateurs en écologie. James Lovelock par exemple, qui fut un temps augure de l’apocalypse, avant de renier en bloc tout ce constituait sa foi inébranlable.
En janvier 2006, il écrivait dans le journal britannique The Independent que vers la fin du XXIe siècle, par suite du réchauffement global, « des milliards d'entre nous vont mourir et les quelques couples reproducteurs qui survivront seront dans l'Arctique, où le climat restera tolérable. »

En mars 2010, dans une interview au journal The Guardian, il proposait quelques mesures préventives drastiques, assez hallucinantes, spécialement pour un Anglais. Il déclarait en effet que la démocratie devrait peut-être être suspendue pour prévenir le changement climatique : « Même les meilleures démocraties admettent qu'à l'approche d'une guerre importante, la démocratie doit être suspendue provisoirement. Il me semble que le changement climatique est peut-être une chose aussi grave que la guerre. Il pourrait être nécessaire de suspendre la démocratie pour un certain temps. »
Et pour finir, en septembre 2016, il déclarait au Guardian : « Je ne suis pas sûr que cette histoire de changement climatique ne soit pas entièrement une idiotie. Il suffit de regarder Singapour. Elle représente deux fois et demie le pire scénario possible pour le changement climatique, et c'est une des villes au monde où il est le plus désirable de vivre... »

"Vérité en deçà des pyrénées erreur au-delà" disait Pascal... 

25 janvier 2016

Refroidissement climatique... au Dévonien

Lu dans le magazine La Recherche, un petit article relatant la découverte récente dans l'archipel norvégien du Svalbard, par une équipe britannique de paléobotanistes, de fossiles provenant de forêts tropicales datant de 380 millions d'années.
Cela ne date pas d'hier certes. Pour tout dire, de l'ère du Dévonien ( qui s'étendit de -420 à -360 millions d'années), et la Norvège, qui n'avait pas encore dérivé vers le grand Nord, se situait peu ou prou à l'équateur de la Terre. Autres temps, autres conditions climatiques...

Ces forêts d'arbres primitifs dont les feuilles naissaient directement du tronc, n'étaient semble-t-il pas très hautes, la canopée ne dépassant guère 4 mètres. Mais elles étaient très denses, composées d'individus séparés tout au plus d'une vingtaine de centimètres.
Surtout, l'intense photosynthèse découlant de cette verdure luxuriante, en absorbant massivement le dioxyde de carbone de l'atmosphère, conduisit à en diviser le taux par quinze ! Il s'en serait suivi une importante chute des températures qui aurait, nous dit-on, entraîné une extinction de masse. Jusqu'à 70% des espèces présentes à la surface de la planète auraient en effet disparu à cette période !

De cette histoire édifiante, dans laquelle l'activité humaine n'a aucune responsabilité, on pourrait tirer deux conclusions :
La première est qu'il s'avère bien difficile de savoir s'il vaut mieux mourir de chaud que de froid.
La seconde, que pour lutter contre le réchauffement climatique du à la dissipation des fameuses énergies fossiles, c'est un juste retour des choses que de planter des arbres, mais pas trop quand même !

La Recherche Janvier 2016. D'après un C.M. Berry & J.E.A. Marshall, in Geology, 2015.

29 novembre 2015

La grande kermesse climatique

La réunion internationale sur le climat dite COP21 s'inscrit dans l'actualité de manière fort troublante. Succédant par le jeu du hasard aux terribles attentats parisiens, elle offre un contraste saisissant avec ces derniers et soulève brutalement plusieurs questions.

Celle du timing bien sûr avant tout. Car après cette tuerie sauvage, qui a conduit à la proclamation de l’Etat d’Urgence, à renforcer les mesures de sécurité du plan vigipirate (déjà renforcé depuis janvier dernier), et qui met à rude épreuve les forces de l’ordre, organiser une manifestation monstre réunissant 150 chefs d’états, peut apparaître comme une gageure, voire une pure folie.
La capitale française va se transformer en camp retranché, mobilisant des milliers de policiers et gendarmes. La circulation routière va être des plus difficiles et on annonce de grandes perturbations sur les transports en commun ! Ainsi les Pouvoirs Publics recommandent aux citoyens de se débrouiller pour rester chez eux, tandis qu’en haut lieu, on fera la causette sur les caprices de la météo ! On propose de manière utopique de se mettre au télétravail, ou plus prosaïquement de prendre un ou deux jours de RTT (Réduction du temps de Travail).
On croit vraiment rêver ! Tout ce ramdam pour quoi ? Pour évoquer les risques hypothétiques d’un éventuel réchauffement de l’atmosphère terrestre dans le siècle à venir !
Devenue une véritable idéologique totalitaire, la théorie du réchauffement climatique (Global Warming), tolère de plus en plus mal la critique. On a vu récemment un haut responsable du service météorologique (Philippe Verdier) évincé par les satrapes qui réglementent le Service Public de l’information, au motif qu’il émettait quelques réserves sur ce délire collectif. On a vu une ancienne ministre préconiser le fichage des esprits déviants de la théorie officielle dont elle se veut une des figures dominantes pour ne pas dire la pasionaria. Elle voudrait qu'ils assument leur responsabilité lorsque l’apocalypse selon Corinne Lepage aura lieu, voire sans doute qu’ils soient jugés par un tribunal ad hoc…
Quant à monsieur Hulot, qui sillonna le monde sans trop se soucier de son bilan carbone, il voudrait au nom de sa nouvelle religion, empêcher les entreprises d'être profitables, pour protéger la nature…

Bref, en attendant la montée des eaux, on nage en pleine inconsistance.
Si réchauffement il y a, bien malin celui qui peut affirmer qu’il soit uniquement d’origine humaine. La science des évènements climatiques est si complexe et aléatoire que même avec les plus puissants calculateurs, et les meilleurs algorithmes, la sagesse impose de se rallier au bon vieux principe socratique selon lequel “la seule chose qu’on sache c’est qu’on ne sait rien…”
Combien de temps le réchauffement durera, personne ne peut le dire. Tant d’évènements naturels peuvent survenir à tout moment qu’il est illusoire de pouvoir affirmer ce qui va se passer dans cent ans ! En 1991 le volcan philippin Pinatubo, qu’on croyait éteint depuis 500 ans fut le siège d’une colossale éruption, qui à elle seule d’après les experts, occasionna un refroidissement moyen de l'atmosphère de 0,6 degrés celsius pendant 3 ans !

Si tant est qu’il ait réchauffement et que l’homme en soit le fautif principal, on n’en serait pas beaucoup plus avancé. Certes, il paraît évident et de bonne politique de développer des énergies propres et renouvelables, et d'une manière générale de ne pas gaspiller les ressources naturelles. De là à refuser tout développement industriel, et toute activité productrice de CO2, il y a un sacré pas.
On a quand même un peu tendance à oublier les retombées favorables pour des millions, voire des milliards d’être humains, de ce progrès industriel et technique.
Les mêmes qui s’accommodaient fort bien de l’asservissement dans la pauvreté de tous les peuples soumis au communisme, voudraient désormais leur interdire d’accéder à un peu de prospérité ! Certains ont sans doute la nostalgie du pseudo-égalitarisme de Mao qui procurait soi disant à tout Chinois un bol de riz... Ceux qui fermaient les yeux sur les horribles dégradations de l’environnement commises au nom du socialisme, continuent à donner des leçons et voudraient faire croire que l’écologie soit forcément “de gauche”. Quelle extravagance !

Enfin, si tant est qu’il y ait réchauffement du climat, est-il forcément néfaste comme on l’assène de manière univoque à longueur de journée ? N’y a-t-il pas quelque effet positif qu’on pourrait en toute objectivité, mettre en balance ?
La douceur automnale connue cette année en France fut des plus agréables. Mais sans doute a-t-elle permis de faire de substantielles économies en matière de consommation énergétique et peut-être de belles récoltes agricoles, qui sait ?

Ce qui est sûr en tout cas, l'organisation de grand happening est bonne à prendre pour des Pouvoirs Publics toujours avides de redorer leur blason défraîchi.
On pourrait pourtant gloser sur leur lourde responsabilité en matière d’aménagement du territoire, à la fois autoritaire et inefficace pour pallier les catastrophes naturelles, notamment les inondations.
On pourrait faire remarquer qu’ils ont beau jeu d’agiter des peurs sur l’avenir, qu’ils prétendent indépendantes de leur bonne volonté, alors qu'ils font mine dans le même temps doublier l’incurie gestionnaire qui les conduit à endetter massivement et pour des décennies les jeunes générations.
On pourrait observer que l’occasion est trop belle pour eux d'occulter l’inexorable montée du chômage, en grande partie due à leur politique calamiteuse. Et on pourrait noter qu’une fois encore ils profitent des circonstances pour augmenter les impôts et taxes, seule chose qu’ils sachent vraiment faire.
Pour paraphraser le Quotidien La Provence, les automobilistes se diront qu'ils avaient mal compris ce que Ségolène Royal et Manuel Valls avaient pourtant indiqué à la mi-octobre : "Dès 2016, la taxation de l'essence sera réduite d'un centime par litre par rapport à son niveau aujourd'hui prévu ; la taxation du gazole connaître le mouvement inverse."
Foin de tout cela : en fait d'une baisse du prix de l'essence d'un centime par litre, c'est à une augmentation de 2 centimes par litre à laquelle il faut s'attendre au 1er janvier prochain. Pour le gazole la note sera encore plus importante : 3,5 centimes par litre.
Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose...

22 décembre 2009

Much ado about nothing

Ouf ! Copenhague est terminé.

Une fois encore les mots de Shakespeare s'avèrent les plus à propos. Tout ce bruit pour rien ou presque. Si encore toutes ces gesticulations affolantes faisaient un peu de vent dans les éoliennes...
En tout cas, ce grand barnum (pour reprendre les mots de Nicolas Hulot) a donné l'occasion de relever un certain nombre de sentences et de contradictions qui méritent de rester dans le bêtisier universel de la politique.
Tout d'abord naturellement, l'endroit et le moment choisis pour parler du réchauffement climatique : Copenhague, à l'orée de l'hiver, au moment même où, comme pour narguer les experts et les chefs d'états réunis dans les salons feutrés du Bella Center, on annonçait une
vague de froid sur l'Europe et les Etats-Unis, (jusqu'à -33°C en Allemagne !), les premiers blocages sur les routes, sur les voies ferrées, les pannes gigantesques d'électricité, et les premiers morts...

Et puis, les pitreries involontaires de certains responsables imbus de leur mission au point d'oublier la triviale réalité. Madame Duflot par exemple, qui s'embarque pour le Danemark en train (15 heures de voyage), sous les flashes des journalistes, avec à la bouche des mots dignes de Tartarin : "Vous ne me verrez jamais dans un avion lorsqu'il m'est possible de prendre le train"... et qui revient discrètement... en jet, pour ne pas manquer d'autres caméras, sur le plateau de France 2...

La comédie grinçante d'autres dirigeants, beaucoup moins drôles assurément. Les déclarations d'Ahmadinejad, président en exercice de l'Iran, classé troisième plus gros vendeur de pétrole au monde, vantant « l'énergie verte » de l'uranium, tandis qu'il prépare au vu et su de tous, la fabrication de bombes atomiques.
Les leçons arrogantes de Chavez, à la tête d'un abject régime marxiste, assis sur les royalties de l'or noir dont son pays regorge, et qui réclame sans rire d'en limiter de manière drastique la consommation. Tout en ânonant son
sinistre couplet néo-stalinien : « Le capitalisme, ce modèle de développement destructeur, est en train d’en finir avec la vie, il menace de détruire définitivement l’espèce humaine.../... Cette planète est régie par une dictature impériale, et depuis cette tribune, nous continuons de le dénoncer. A bas la dictature impériale, et vivent les peuples, la démocratie et l’égalité sur cette planète! »
Lula, le Brésilien ne vaut guère mieux lorsqu'il juge « inacceptable que les nations les moins responsables du changement climatique en soient les premières victimes ». Son pays est en effet le champion de la déforestation depuis des années, laquelle serait responsable de 18 à 20% des émissions de gaz à effet de serre. Dans le même temps, s'il s'avère assez rentable, le fameux pétrole vert qui est produit à partir de la canne à sucre sur les terres débarrassées des arbres, n'a pas fait la preuve d'un quelconque bénéfice en terme de pollution.

Nicolas Sarkozy enfin, accouru à la fin du sommet, n'a pas lésiné dans la surenchère, en annonçant ni plus ni moins, la fin du monde : "L'échec de Copenhague serait catastrophique pour chacun d'entre nous", "Nous sommes la dernière génération à pouvoir faire quelque chose. On ne pourrait plus ensuite, arrêter le processus de destruction complet".
Quelle mouche a donc piqué le président pour qu'il se laisse aller à de si noires prédictions ? Comment prendre au sérieux ces politiciens qui ont tant de mal à anticiper les crises économiques ou à contrôler les dépenses publiques, et qui prétendent pouvoir maîtriser la météo et parvenir à en réglementer les caprices à coup de taxes et de normes bureaucratiques ? Tel un sublime Don Quichotte des temps modernes, N. Sarkozy martèle qu'il faut absolument « Réduire de moitié la production de CO2 avant 2050 », en espérant ainsi « limiter la hausse des températures à 2° dans le siècle qui vient, sinon c'est la catastrophe absolue ».
Evidemment, il ne risquait pas grand chose à s'avancer avec tant de témérité. Tout au plus, d'apparaître comme un des plus sincères défenseurs de l'environnement, seul ou presque contre tous... Il a peut-être aussi quelques arrières pensées pratiques, à quelques semaines des élections régionales. Sans doute se sentirait-il mieux s'il parvenait par exemple enfin, à désolidariser les Ecologistes des Socialistes qui exercent on ne sait trop pourquoi sur eux un si fort magnétisme...

08 décembre 2009

Retour de boomerang


L'actualité dans ses fantaisies et sa versatilité renvoie parfois de drôles de hoquets au visage des adeptes de l'Histoire à sens unique.

Alors que s'ouvre le sommet international de Copenhague, le débat sur le climat prend un tour nouveau. Hormis la voix isolée de Claude Allègre, on n'entendait en France depuis quelques années qu'un seul son de cloche, véhiculé par le biais de personnalités très médiatisées ou par la bouche des politiciens, tous plus ou moins enclins au suivisme démagogique. Une cloche quant à elle alarmiste, puisqu'elle sonne tous azimuts le tocsin de la fin du monde prochaine, en l'attribuant aux méfaits du progrès scientifique et économique.
Et puis tout à coup, à l'occasion de fuites en provenance du site internet d'une université influente, on prend conscience que ce discours reposait en partie sur un gigantesque bluff. Première révélation, le fameux GIEC qui soi disant s'inspirait des travaux convergents de l'immense majorité des scientifiques mondiaux, prenait en pratique ses informations à une source quasi exclusive, celle du Centre de Recherche sur le Climat de l'université britannique d'East Anglia !
Et quelle source ! Peu scrupuleuse sur l'objectivité, elle « arrangeait » manifestement les constats scientifiques pour qu'ils puissent coller au mieux à la thèse dominante. Les chercheurs convertis à la nouvelle religion écologique, mettaient en somme de côté les évidences scientifiques qui les dérangeaient, à la manière de ceux qui opposaient aux découvertes de Pasteur, le credo de la génération spontanée. De fait, l'argument massue mille fois lu et entendu, ressemblait étrangement à celui des docteurs d'autrefois, faisant foi scientifique d'un consensus, qui dit en substance : « Plusieurs milliers de chercheurs pensent la même chose, à savoir qu'il y a un réchauffement climatique, qu'il est forcément néfaste et qu'il a 9 chances sur dix d'être lié à l'activité humaine. » CQFD.
Coïncidence,
un sondage réalisé avant cet épisode, et publié par le magazine The Economist, révèle que les mentalités sont justement en train de changer. La question posée était : "Faut-il privilégier la protection de l'environnement au prix d'une baisse de la croissance économique, ou bien donner la priorité à cette dernière au risque de dégrader l'environnement". Depuis 1999 la première option de l'alternative était préférée par la majorité des sondés, en 2009 les proportions s'inversent (Gallup).
Évidemment, faut-il le préciser, la réponse qui s'impose, et qui n'est pas proposée au choix, se situe au milieu, consistant à trouver un compromis entre la croissance et le respect de l'environnement...
Certes la Crise qui est une réalité tangible, a tendance à influencer les avis, pourtant, il n'était pas vraiment besoin de cette affaire de mails détournés pour douter de la véracité du nouveau diktat malthusien, prônant la décroissance. Avec force arguments, certains pointaient déjà depuis quelque temps, les
méthodes peu rigoureuses des tenants du réchauffement climatique. Il n'est d'ailleurs que de voir le comportement outrancier et sectaire des militants de Greenpeace, qui encore dernièrement n'ont pas hésité à prendre d'assaut l'Assemblée nationale, pour mesurer le degré de fanatisme atteint par certains écologistes. Ils discréditent leur cause bien plus qu'ils ne la défendent.
*****
La votation suisse sur les minarets, envoie dans les gencives des tartufes de la démocratie, le verdict de l'opinion publique. Du coup, ceux qui il y a peu, brandissaient victorieusement les résultats du référendum européen à l'appui de leur philosophie, se mettent tout à coup à douter du bien fondé du scrutin populaire et nient purement et simplement ses enseignements. Vérité en deçà des Alpes, erreur au delà...
Il est bien connu que chez nous, où le bon sens prévaut, « la question ne se pose même pas », pour reprendre les termes de M. Colombani sur France Inter le 4 décembre. Et de citer à l'appui de sa démonstration le débat escamoté sur la peine de mort. Sur un vrai sujet de société, la question n'a effectivement pas été posée, au simple motif qu'on redoutait que la réponse ne soit pas politiquement correcte. On a donc préféré imposer le principe de l'abolition par la force des godillots des « élus de la république », et pour être à peu près certain qu'il ne puisse jamais être rediscuté, le graver dans le marbre de la Constitution. Curieuse conception de la démocratie...
Évidemment, la radicalisation du débat religieux est inquiétante. Mais en l'occurrence, qui a peur de qui et qui rejette qui ? La vraie question est sans doute de savoir pourquoi et comment on en est arrivé là. Plutôt que de jeter l'opprobre sur le peuple, plutôt que de s'insurger contre le poujadisme de certains politiciens, il conviendrait d'affronter la réalité sans tabou ni a priori. Aux yeux d'une quantité croissante de gens, l'islam apparaît sous un jour de plus en plus intolérant, dogmatique et conquérant. La plupart des pays à dominance musulmane affichent sans vergogne leur mépris pour les autres croyances et veulent ériger les leurs comme lois de gouvernement. Il y a de quoi s'alarmer. Il est plus que temps pour les Musulmans raisonnables de parler clairement et de montrer leur ouverture d'esprit qui conduira à chasser ces craintes dignes du Moyen Age.
*****
Enfin, la problématique de l'Afghanistan revient elle aussi en boomerang. Les défaitistes et pacifistes qui exigeaient de la coalition internationale qu'elle quitte au plus vite ce pays, et qui déclaraient que cette guerre « n'était pas la leur », sont brutalement désavoués par celui en qui ils voyaient le chantre universel de la paix.
Avec la décision d'y envoyer un contingent de 30.000 hommes supplémentaires, c'est un triplement des effectifs que le nouveau président américain aura ordonné depuis son élection ! Ils étaient 35.000 il y a un an, ils seront près de 100.000 soldats sous peu.
On pourrait s'amuser de la modération des réactions en provenance de ceux qui auraient agoni d'injures George W. Bush s'il avait fait la moitié de ce que met en oeuvre son successeur. On pourrait être dubitatif devant la stratégie qui consiste à accroitre très progressivement la présence militaire, et les hésitations à prendre les décisions en les accompagnant de moultes précautions de langage, qui pourrait
rappeler le Vietnam sous Johnson. On pourrait s'interroger sur le besoin éprouvé par M. Obama de préciser à l'avance la date de repli de ces troupes. S'il s'agit comme il le soutient, d'un objectif vital, comment peut-il être certain de pouvoir si rapidement s'en désengager ?
On pourrait enfin savourer à sa juste valeur l'appel pressant des USA à l'Europe pour envoyer conjointement un renfort d'au moins 7000 hommes. Comment va réagir la France qui adule tant le président américain ?
Objectivement, l'Afghanistan ne peut être abandonné après tous les efforts consentis pour le libérer de l'oppression des Talibans. Et à l'évidence, plus le nombre de nations engagées sera grand, plus forte sera la légitimité de la présence militaire. Le choix de M. Obama est donc logique et pas trop surprenant, sauf pour les gogos prompts à s'enticher de n'importe quelle faribole pour peu qu'elles soit couverte d'effets de style clinquants...
En définitive, il est assez clair que toutes ces problématiques tireraient meilleur profit d'une approche raisonnable, modérée, réfléchie, plutôt que des excès partisans, des a priori et des certitudes erronées, inhérentes aux idées reçues, qu'on entend trop souvent...

12 octobre 2009

Prédominance du crétin


Le titre de mon billet d'aujourd'hui fait référence à celui, épatant, du pamphlet publié par le malicieux duo Fruttero et Lucentini dans les années soixante-dix. L'actualité paraît plus que jamais leur donner raison.
Le qualificatif ne s'applique pas naturellement à des personnes en particulier mais à un état d'esprit ambiant. Que de bavardages oiseux, que d'encre gaspillée, que de salive bavée en vain ces derniers temps...
A tout seigneur tout honneur, l'attribution du prix Nobel de la paix à Barack Obama. Le cher homme n'y peut rien mais quant au Comité, il achève de décrédibiliser son entreprise déjà très amoindrie. Après avoir récompensé Al Gore pour ses prédictions ronflantes sur le réchauffement climatique, ces pontifes calamistrés de la Bonne Action, décident de porter aux nues par anticipation un Chef d'Etat en début d'exercice avant qu'il n'ait rien fait d'autres que de beaux discours. Comme si la distribution des prix avait lieu dès la rentrée des classes sur les déclarations d'intention des élèves !
Avec le festival de Cannes qui s'est fait une spécialité d'honorer les navets du conformisme, le Nobel de la Paix est vraiment devenu le symbole même du crétinisme contemporain.
Le plus navrant est que le Président américain accepte ce boulet doré dont il n'a vraiment que faire en la circonstance. Il lui eut été si facile de décliner la récompense après moults remerciements et de proposer de redistribuer la manne financière au Peuple Américain qui a le mérite de l'avoir porté si audacieusement au poste qu'il occupe...
A côté de ce modèle, les autres évidemment font figure de nains.
Alain Juppé par exemple, qui se manifeste tout à coup à l'opinion dans une interview au vitriol destinée à dézinguer bruyamment les récentes initiatives de Nicolas Sarkozy. L'abolition de la taxe professionnelle par exemple, qu'il juge stupide
«C'est tout de même se foutre du monde» s'est-il écrié aux Journalistes de Sud-Ouest la semaine dernière. La réforme des Territoires, et notamment l'élection des conseillers territoriaux ensuite, (je ne savais même pas que cela existait...) dont l'objectif selon lui «quelque peu démagogique, est de diminuer le nombre d'élus ; ce qui fait toujours plaisir...».
Bref un beau petit pavé dans la mare. Sauf que deux jours après, il fait acte de contrition en s'excusant publiquement et en revenant sur la forme et le fond de la quasi totalité de ses déclarations guerrières : «Sur la forme, j'ai utilisé sans doute une phrase excessive et si elle a offensé le Président (de la République), je le regrette très sincèrement et je le lui ai d'ailleurs dit hier au téléphone». Sur le fond il se félicite désormais de ladite reforme des territoires qui « va dans la bonne direction et (qui) va permettre de rapprocher les départements et les régions », et ne juge pas si bête la suppression de la taxe professionnelle, du moment qu'elle est compensée...
Et dire que j'ai été censuré par le Figaro sans doute pour avoir qualifié l'ancien premier ministre de plus "bureaucrate des bureaucrates de droite » et dit de ses réformes, que même les Soviétiques n'auraient pas osé les faire (pourtant n'avait-il pas affirmé lui, qu'il avait eu l'audace de voter pour Alain Krivine en 1969...)
Le psychodrame Polanski-Mitterrand secoue le landerneau médiatique. Un vrai festival. Ce n'est pas tant sur l'origine de ce petit scandale qu'il y aurait à dire. Certes, l'arrestation d'un vieux cinéaste pour un délit commis il y a plus de trente ans, paraît quelque peu extravagante. Mais ni la justice suisse ni l'américaine ne mérite le torrent d'imprécations qui s'abat tout à coup sur elles. Le péquin moyen, fut-il ministre de la culture en France, ne peut prétendre connaître tous les tenants et les aboutissants de cette lamentable affaire. C'est devenu une manie de remettre en cause toute décision de justice et d'en débattre sur la foi de rumeurs sur la place publique, et c'est prodigieusement énervant.
Le plus détestable est l'hypocrisie de certaines arguties commises à cette occasion. La manière notamment d'user d'artifices sémantiques oiseux pour justifier certains agissements. M. Polanski a reconnu avoir eu des relations sexuelles avec une jeune fille de 13 ans. On a beau dire qu'elle en faisait davantage, que le milieu d'Hollywood est spécial, qu'il ne l'a pas brutalisée, le fait est là : avoir des relations avec une enfant de 13 ans lorsqu'on en a 42 relève a priori du viol et de la pédophilie réunis. M. Polanski s'est soustrait à la justice qui aurait pu lui trouver des circonstances atténuantes. Il a pris ses risques. On a vu ce qu'a enduré de son côté Michael Jackson pour quelques prétendus attouchements dont il a été finalement blanchi. Peu de gens se sont émus du drame qu'il a du vivre suite à de fausses accusations.
Quant à M. Mitterrand, il a sans doute oublié qu'il représentait l'Etat français. Il était très mal placé pour s'élever contre la procédure judiciaire qui touche aujourd'hui Roman Polanski. Au surplus son bouquin, ressorti cruellement pour la circonstance, aggrave effectivement les choses. Le titre à lui seul « La Mauvaise Vie » distille un parfum de canaille. Quant aux faits qui y sont décrits, chacun les jugera à l'aune de sa propre morale, il paraît néanmoins un peu jésuite lorsqu'on en a fait un étalage aussi complaisant, de se prétendre farouchement opposé au tourisme sexuel, tout comme il est un peu culotté de suggérer pour sa défense, que les prostitué(e)s sont par hypothèse forcément consentant(e)s, notamment en Thaïlande...
En matière de justice, le grand déballage qu'est devenu depuis plusieurs mois l'affaire Clearstream, n'est pas moins ridicule. Confusion, rumeurs, accusations précipitées, renversement des rôles, tout cela est méprisable. D'autant que l'affaire risque fort de se terminer comme souvent en eau de boudin...
Enfin le nouveau M. Prudhomme de l'Ecologie, à savoir Nicolas Hulot y va lui aussi de son petit film. Après les superproductions d'Al Gore et de Yann Arthus Bertrand ça sent un peu le réchauffé (si l'on peut dire). Il est vraiment dommage que cet amoureux de la nature qui sait faire de si belles images se discrédite en montrant de manière aussi solennelle, qu'il est assez sot pour prendre ses désirs d'enfant pour des réalités. C'est toujours une épreuve que de voir de gentils niais se transformer progressivement en sévères doctrinaires à mesure qu'on augmente l'attention qu'on porte à leurs enfantillages. Ils s'enhardissent, se prennent au sérieux, transforment leur doux délire en théorie et finissent pas y croire si fort qu'ils voudraient y soumettre l'univers entier. Les idéologies commencent hélas souvent comme ça. Au début il s'agit de belles idées, puis elles s'accompagnent d'exhortations à un monde meilleur, lesquelles prennent une tournure de plus en plus radicale. Au bout du compte tout cela envahit le champ du politique et débouche sur des contraintes, des taxes, des impôts, des lois, et après ?
Juste un mot pour finir sur Valery Giscard d'Estaing et son inénarrable nouveau roman « La Princesse et le président ». Le sujet est certes plus léger, mais tout de même, un ancien Président de la République ! A son âge ! Avec son bel habit d'Académicien ! Se commettre dans une littérature aussi imbibée d'eau de rose. Il y a des limites... Et pourquoi donc tout ce foin autour de ce gargouillis sénile ? On ne sait s'il faut prendre tout ça au premier degré, mais au second c'est encore plus difficile...

14 décembre 2008

Ruineux principe de précaution


La France vient d'être condamnée par la Cour de Justice des Communautés Européennes à une amende de 10 millions d'euros pour avoir tardé à transposer chez elle les consignes de la directive 2001/18/CE, relative aux OGM.
Datant de Mars 2001, avec des délais d'application fixés à 2002, elle ne le fut en France, et encore incomplètement, qu'en 2007, par décret !
Craignant les réactions violentes du lobby anti-OGM en France, et les affres d'un débat au Parlement sur le sujet, Jacques Chirac avait en effet retardé sa transposition, l'assujettissant à un ambitieux programme de lois sur les biotechnologies, qui ne vit jamais le jour...
Résultat, notre pays fit l'objet de poursuites réitérées, aboutissant à une première condamnation sans frais en 2004. Eu égard à l'absence de réaction suite à la sentence, la Commission de Bruxelles demandait en 2006 des sanctions à hauteur de 38 millions d'euros vu le caractère récidivant des manquements.
Ce ne fut qu'au printemps 2008 que le projet de loi intégrant la transposition de cette directive arriva à l'Assemblée Nationale, dans la vague du fameux « Grenelle de l'Environnement ». Il fit l'objet d'un absurde retoquage, pour un mot mal placé, et à la faveur d'une session à laquelle une bonne partie les députés de la majorité avaient cru bon de ne pas assister...
Ce splendide ratage, bien à l'image des atermoiements et complications dont la France est coutumière, est d'autant plus stupide qu'il concerne un texte censé apporter plus de sécurité à la culture et au commerce des OGM. La Cour rappelle en effet que ladite directive est destinée à "protéger la santé humaine et l'environnement ainsi qu'à faciliter la libre circulation des marchandises".
Elle introduit notamment les obligations d'étiquetage des produits, et selon le jargon technique, de « traçabilité » de toutes les étapes de mise sur le marché. Elle limite à 10 ans la période de première autorisation de dissémination des produits et comporte d'autres mesures destinées à mieux informer le public et à faciliter les inspections et les contrôles après commercialisation...
Évidemment, après tant d'inconséquences, il ne reste plus que les yeux pour pleurer. N'y aurait-il pas eu mille occasions de dépenser mieux ces 10 millions d'euros en période de crise ?

08 juillet 2008

A la recherche du Paradis Perdu


Il est paradoxal qu'il faille parfois aller sur la chaine de télévision la plus commerciale qui soit dans notre pays, la plus vilipendée par les gardiens du temple du « Service Public » et de l'Exception Culturelle, pour y trouver les sujets de réflexion les plus excitants. Et les mieux mis en images.
Chaque numéro de l'émission USHUAIA Nature diffusé par TF1 est de ce point de vue un petit chef d'oeuvre. Prises de vues stupéfiantes, paysages extatiques, lumières paradisiaques, un vrai régal pour les yeux et l'esprit. Certes on sent que tout est travaillé et retravaillé, les couleurs et les contrastes savamment magnifiés. N'empêche le résultat est à la hauteur des moyens et procure un superbe spectacle.
Malheureusement les commentaires du présentateur ne s'avèrent pas toujours à la hauteur, Nicolas Hulot se laissant bien souvent aller à une sorte de philosophie angélique et un tantinet nigaude sur la Nature. Par exemple, le dernier épisode (3/07/08) qui raconte l'Amazonie et focalise l'attention sur une tribu d'indiens perdus dans la forêt, est le prétexte à ressortir le vieux mythe opposant le bon sauvage à la société moderne, prétendument corrompue.
Les Zo'és, dont la population excède à peine 250 âmes, et qui coulent une existence paisible dans un microcosme préservé, deviennent sous l'oeil émerveillé du présentateur écologiste, les survivants du Paradis perdu : « Les Zo'és, comme les derniers témoins de l'origine de l'homme, sont aussi les témoins de notre perte d'humanité, de notre avidité et de notre frénésie constructrice particulièrement… destructrice ». Et en voyant ces gentils hommes nus gambader joyeusement dans la jungle, consacrant « la plus grande partie de leur journée au sommeil, aux jeux, à la baignade ou à de précieux moments de discussion, d'échange et de partage » on ne peut selon lui que se lamenter sur notre triste sort et réaliser « combien de liens nous avons sacrifiés à la notion de possession ». On mesure « l'outrance de notre société standardisée, basée sur le pouvoir, la compétition, le rendement ».

Qu'il est doux de se bercer d'illusions séraphiques, donnant l'impression de redécouvrir le sens des vérités premières...
Seul problème : comment diable, décalquer sur le monde, avec sa complexité et sa diversité, une expérience aussi ponctuelle, aussi exceptionnelle ? Même si elle invite à réfléchir sur le mystère de la nature humaine, est-ce à croire qu'il suffise d'avoir été oublié par la civilisation pour être pur et n'avoir d'autre besoin que d'amour et d'eau fraîche ?
Ces gens quoique fort sympathiques, n'ont pas évolué d'un iota au cours des millénaires. Pour un peu, ils feraient mentir Darwin ! Ils n'ont en apparence aucun désir, aucune passion et ignorent la notion même de progrès. Il n'ont jamais cherché à dépasser les limites de la Forêt. A quoi bon ? La Nature généreuse leur procure à portée de main tout ce qu'il faut pour vivre et un climat assez clément pour se passer de tout habillement.
Sont-ils pour autant les derniers hommes libres comme le prétend Nicolas Hulot ? Difficile à dire. Ils se satisfont d'un monde irrémédiablement fermé sur lui-même, semblent n'avoir aucune angoisse existentielle et leur vie est entièrement conditionnée par l'instant. Le ciel et ses mystères paraît les indifférer et leur culture est des plus rudimentaires, se limitant à un artisanat basique et quelques rites animistes. L'écriture leur est inconnue, comme toute forme d'expression élaborée.
A bien y réfléchir, ils constituent sans doute une des innombrables facettes du génie humain. Leur destin est en soi une énigme tout comme celui de chacun d'entre nous et comme toute société, petite ou grande peuplant l'univers ici bas.

Qu'on les protège comme une espèce en voie de disparition est touchant et somme toute louable. Mais c'est aussi les maintenir dans l'ignorance de l'univers qui les entoure et dans une semi-captivité. Par le biais de caméras bien intentionnées, nous les observons avec nostalgie et tendresse, mais combien de temps joueront-ils avec autant de naturel sous nos yeux le rôle de bons sauvages, avant de chercher à passer de l'autre côté de l'écran ? Car en dépit d'espoirs chimériques, ils est peu probable que beaucoup d'entre nous soient un jour tentés de faire le chemin inverse...

15 mai 2008

La France s'amuse


Mai le joli mois de mai. Retour des grèves dans la Fonction Publique. On ne sait plus trop bien pourquoi. Qu'importe, puisque c'est l'usage.
Et puis les vitrines des librairies se couvrent d'ouvrages commémorant avec émotion les grandes et riches heures de la petite révolution bourgeoise nombriliste de 1968. C'est follement tendance et si touchant cette nostalgie du doux bordel festif qui masque depuis des décennies la vacuité de la pensée et sert avec ses leitmotivs lénifiants d'ersatz philosophique à notre pauvre pays : « sous les pavés la plage », « il est interdit d'interdire ». Vaste programme comme dirait le grand Charles...
On continue envers et contre toute évidence, de croire que le Monde pourrait être meilleur grâce aux idéologies et aux bons sentiments.
Si la Gauche se raccroche avec une incurable idiotie aux vestiges fumants de ses illusions perdues, le gouvernement et sa majorité quant à eux cafouillent quelque peu. Il faut dire que la ligne stratégique est plutôt nébuleuse, erratique, mêlant les contraires et passant sans cesse du coq à l'âne.
La pantalonnade récente à l'Assemblée Nationale au sujet des OGM donne la mesure de ces atermoiements. Faute de détermination et d'assiduité des Parlementaires de la Majorité, un texte déjà très édulcoré et timoré (un simple projet de transposition d'une directive européenne datant de 2001...) se trouve rejeté pour un mot mal placé. Le lendemain, repêchage en catastrophe par une obscure « commission mixte paritaire », avant de repasser pour un vote devant le Sénat et la Chambre des Députés. Que de temps perdu pour des broutilles !
Vingt-quatre heures après, rebelote mercredi 14 mai avec le projet de loi sur la Réforme des Institutions, retoqué par des députés UMP en commission des Affaires Etrangères...
Pendant ce temps, le Chef de l'Etat semble lui-même bien perdu. Après l'enthousiasme guerrier des premiers mois et les frasques sans complexe façon « jet-set », le voilà qui fait profil bas. Il paraît selon les observateurs avertis, que cette nouvelle manière colle davantage au « style » qui sied à un président de la république. De fait, lors de sa dernière rencontre officielle avec les journalistes le 25 avril, tout ce qui fait le décorum propre à la fonction était là : salon élyséen, dorures rutilantes et lourdes tentures, plateau somptueux doté d'une table gigantesque, pompe et circonstance, questions empesées, et réponses déclinées en majesté, avec un brin de théâtralisme.
Hélas, pour ma part je préférais sa désinvolte décontraction, ses manières directes mais un peu triviales, et même ses fautes de goût, qui ne me choquaient guère. Il est vrai que je préfère de loin un dirigeant sans allure mais conduisant un vrai projet pragmatique, qu'un dignitaire plein de prestance, mais vide d'esprit pratique et de volonté.
Pour l'heure, bien malin celui qui pourrait décrypter le fin mot de la politique gouvernementale. Certes il y a bien quelques avancées (L'Europe, les relations internationales notamment avec l'Angleterre et les Etats-Unis ), beaucoup de réformes ébauchées (retraites, heures supplémentaires, service minimum, autonomie des universités, carte scolaire) mais peu d'aboutissement (rien de probant dans le domaine de la Santé par exemple, une bureaucratie toujours galopante, le grand principe stérile de l'Etat omnipotent toujours prééminent...), quelques reculades et des coups d'épée dans l'eau (le rapport Attali, l'affaire Bétancourt, les enfants martyrs de la Shoah), et surtout pas de cap lisible...
Il souffle certes un vent de réformes, mais obéissent-elles à une stratégie cohérente et déterminée propre à rénover et dynamiser le pays ?

15 mars 2008

Le diable est Monsanto


Parmi les bêtes noires des grands prêtres de la Pensée Unique, Monsanto occupe une position privilégiée. Cette firme cristallise en effet sur son nom à peu près tous les maux supposés dont souffrirait selon eux la société « ultra-libérale » : entreprise multi-nationale, d'origine américaine, faisant du profit, et comble du comble, produisant des organismes génétiquement modifiés (OGM) ! L'horreur absolue.
ARTE, « la petite chaîne culturelle », s'est fait un devoir de mettre son antenne citoyenne, indépendante (mais d'Etat...), à la disposition de la « Résistance » à cet immonde « biototalitarisme », en diffusant récemment un reportage édifiant sur le sujet.
Je me suis infligé l'épreuve de visionner ce petit chef d'oeuvre de mauvaise foi signé Marie-Monique Robin. Je parais peut-être un peu péremptoire, mais il faut dire que dès le titre, mon opinion était quasi faite. La rhétorique commence à être connue et ses ficelles un peu voyantes (entre autres balivernes, on avait déjà dans cette inénarrable collection le fameux « Monde selon Bush » de William Karel).
De fait, je n'ai pas été surpris.
Avec des arguments comparables à ceux de Thierry Meyssan sur le 11 septembre, cette soi-disant journaliste d'investigation entreprend de démonter pièce par pièce, l'empire malfaisant. La méthode est désormais classique : fragments d'interviews dont il est impossible même d'affirmer qu'ils se rapportent au sujet, témoignages mélodramatiques de gens présentés comme étant des victimes du fléau, et comme innovation, le surf sur internet via google, en entrant dans le moteur de recherche des phrases entières du style « Monsanto est méchant », « Monsanto est poursuivi en justice »...
Il serait épuisant de reprendre point par point l'argumentaire tant il est exclusivement à charge, évoquant le déterminisme implacable des procès staliniens. Tout est prémédité pour aboutir à la seule conclusion qui s'impose : Monsanto menace la planète.
Car pour madame Robin, c'est une évidence, Monsanto qui affiche sur son site une ambition louable
(« Une agriculture de qualité, compétitive et durable » ), serait en réalité un monstre pervers dont le seul souci serait de nuire. De l'Agent Orange en passant par les PCB et le Round-Up jusqu'aux semences issues du génie génétique, l'entreprise maléfique s'ingénierait à polluer l'environnement et à pervertir les Autorités de contrôle, dans un seul but : s'enrichir. Pas une bonne action selon son analyse, n'est à porter à son crédit.
Pour parvenir à réaliser ses sombres desseins, elle se livrerait à des pressions sur les Pouvoirs Publics. Il paraît même qu'elle serait parvenue à intimider le ministre de l'agriculture de Bill Clinton et à corrompre les experts de la très puissante et très redoutée Food and Drugs Administration !
Pas de doute, la théorie du complot trouve ici un nouveau champ d'application, puisqu'à croire l'investigatrice, les sbires de Monsanto sont infiltrés partout et le Monde est à leur botte, principalement les malheureux pays en voie de développement.
S'agissant des produits, le seul axe de l'enquête consiste manifestement à en démontrer l'effroyable toxicité. Peu importe qu'aucun effet indésirable significatif ne soit encore apparu avec les OGM depuis une vingtaine d'années. Il suffit de créer dans l'esprit du public crédule une psychose, en décrivant à la manière d'un mauvais film de science fiction les dangers à venir. Les nigauds sont tellement sujets à croire n'importe quelle fantasmagorie pour peu qu'elle ait un parfum d'intrigue ou de scientisme.
A défaut de faits tangibles sur les OGM, on ressort tout le passé de la firme. Les herbicides, les PCB sont condamnés pêle-mêle et sans nuance. On oublie au passage que les défoliants sont conçus pour tuer les mauvaises herbes, qu'ils sont par nature toxiques et pas faits pour être répandus sur les hommes. Ainsi les méfaits de l'Agent Orange durant la guerre du Vietnam, largement évoqués, furent liés au type d'utilisation qu'on en fit, bien davantage qu'à la nature du produit. On reproche au Round-up de n'être pas vraiment bio-dégradable, mais le paraquat, un des herbicides les plus efficaces l'était totalement
(précisons qu'il ne vient pas de chez Monsanto). Dès qu'il touchait la terre ses redoutables radicaux libres étaient totalement inactivés. Il fut pourtant abandonné en raison de sa terrible toxicité lorsqu'il était malencontreusement ingéré ou inhalé...
Quant aux PCB parmi lesquels on compte le tristement fameux pyralène, ils ont été conçus pour servir dans l’industrie en raison de leurs qualités d’isolation électrique, de lubrification et de d’ininflammabilité. Ils se sont hélas révélés toxiques et sont interdits depuis plus de 20 ans. L'amiante, cet autre poison (sans rapport avec Monsanto) a aussi été largement utilisé avant que sa toxicité soit reconnue et que des solutions alternatives soient disponibles. Plus récemment, on se souvient des ravages des farines animales, pourtant approuvées un temps par les Pouvoirs Publics en Europe et notamment en France. A quoi rime donc de ressasser ces errements de la technique et d'en faire la substance d'un procès en sorcellerie visant un seul accusé ? Les responsabilités sont multiples et c'est le défi qui s'impose dorénavant à une société moderne que de savoir avec bon sens peser le pour et le contre, face à toute innovation scientifique.
A ce jour, les bienfaits des OGM sont indéniables : ils aident des pays ne jouissant pas de bonnes conditions en terme de climat ou de sol, à devenir auto-suffisants en matière de production agricole. Ils permettent de réduire l'apport d'eau, d'engrais et de pesticides. Ils facilitent la conservation des végétaux après leur récolte...
Les OGM du monde agricole sont issus des techniques de génie génétique. Il faut savoir que ces mêmes techniques permettent à de nombreux laboratoires pharmaceutiques de modifier des bactéries afin de leur faire synthétiser des médicaments. La plupart des diabétiques leur doivent la fabrication de l'insuline qui les soigne. Quantité d'autres médicaments sont issus des mêmes procédés.
De son côté, le Téléthon, chaque année collecte des fonds destinés à la mise au point de thérapies géniques, consistant comme leur nom l'indique à s'interposer avec les gènes naturels. Certains traitements ont déjà été essayés et se sont révélés parfois plus nocifs que bénéfiques (induction de leucémie chez des enfants traités pour déficit immunitaire congénital). Pourtant chaque année les donateurs continuent d'encourager cette recherche et il vient à l'idée de personne de condamner sans appel cette initiative.
En définitive, ce qui est choquant, ce n'est pas le fait de s'interroger sur la nature d'une entreprise, ni sur le bien-fondé de sa production ou de ses méthodes. L'investigation et la critique sont indispensables naturellement pour une société soucieuse de progrès.
Mais lorsqu'elles sont portées à ce niveau de dénigrement, de parti-pris et de désinformation, elles se décrédibilisent bien plus que les prétendus agissements qu'elles condamnent. Ce qui est excessif est insignifiant.
Autre sujet d'étonnement : la naïveté ahurissante d'une grande partie du public, prêt à croire sans discernement et à colporter en les amplifiant, nombre de fariboles et de croyances plus ou moins bien intentionnées. Plus grave encore, dans les établissements scolaires, certains professeurs appuient manifestement leur « enseignement » sur de tels ragots, censés selon eux développer l'esprit critique !
Au XXIè siècle c'est un péché que d'être aussi influençable et crédule. Il est plus urgent
que jamais de revenir aux fondements de la critique rationnelle : " Ne rien admettre pour vrai que je ne le connusse être évidemment tel " conseillait Descartes. De lire ou de relire aussi sans doute la magistrale thèse de Jean-François Revel sur la « Connaissance Inutile »...
Je précise que je n'ai aucun intérêt ni de près ni de loin à défendre Monsanto, mais que j'estime du devoir d'un esprit libre d'apporter sur le sujet, après un minimum d'enquête personnelle, ne serait-ce qu'une réflexion contradictoire face au consensus vertigineux qui a envahi les médias et l'Opinion Publique.

02 avril 2007

A chacun sa vérité


On peut avoir de la sympathie pour Al Gore qui a beaucoup contribué au magnifique développement de l'internet. On peut être totalement convaincu de l'impérieuse nécessité qu'il y a de protéger notre planète, et penser qu'aucun effort n'est inutile s'il contribue à préserver la qualité de l'environnement.

Mais il est tout aussi possible de ne pas adhérer complètement au scénario catastrophe sur papier glacé, présenté par l'ancien vice-président américain au sujet du réchauffement climatique. Pour ça, il faut évidemment une certaine audace tant le thème s'inscrit dorénavant comme un nouveau pont-aux-ânes de la correction politique, à l'encontre duquel il est devenu inconvenant d'émettre ne serait-ce qu'une réserve. On risque fort à ce jeu d'être pris pour un suppôt de l'utra-libéralisme, ou bien pour un valet des infâmes lobbies pétroliers et autres sataniques incarnations du capitalisme (dont tout un chacun profite pourtant sans vergogne).

Au départ pourtant l'évidence s'impose certes à tous : l'activité humaine, c'est certain, influe sur la biosphère. Et nul ne peut décemment contester que l'Humanité ait par ses progrès techniques, quelque peu chamboulé l'équilibre naturel qui prévalait avant qu'elle ne commence à bricoler sa galopante civilisation industrielle. Chaque être humain connaissant la fable de l'apprenti sorcier doit donc légitimement s'inquiéter pour l'avenir, car jusqu'à preuve du contraire, nous n'avons qu'une seule planète à notre disposition.

Ce constat posé, les attitudes divergent.
Certains prophètes de l'apocalypse semblent passer un peu rapidement sur le fait que l'Humanité qui bricole dangereusement, c'est nous tous. Ce sont nous tous qui avons besoin de chauffage en hiver, qui apprécions le confort que procure la fée électricité, qui trouvons bien pratiques les automobiles, qui prenons plaisir à partir en vacances en avion, et qui n'aimons guère payer cher toutes ces merveilles dont nous sommes tellement gavés qu'elles ne nous émerveillent même plus.

Avant donc de songer à savoir si le réchauffement climatique est néfaste, avant de battre sa coulpe en se tapant le cul sur la glace fondante, il est nécessaire de mettre en balance tout ce que nous avons gagné en qualité de vie, à ce prix.
Et avant de penser à déterminer ce à quoi nous serions prêts à renoncer au nom d'un danger hypothétique, il faudrait être certain que cela soit absolument nécessaire pour enrayer les drames que les oiseaux de mauvais augure nous annoncent.
Les projections des experts sont des modèles mais on sait bien que la réalité infléchit le plus souvent ce qui paraît prévisible. Il y a quelque temps c'était le trou dans la couche d'ozone qui constituait la pire menace à court terme. Aujourd'hui on n'en parle même plus...
Après tout, lorsque nous aurons brûlé tout le combustible fossile caché dans les entrailles de la Terre, le taux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère devrait commencer de baisser. Mais peut-être aussi que les efforts menés depuis de nombreuses années pour trouver des sources d'énergie moins polluantes seront couronnés de succès, avant même l'épuisement de ces réserves. Enfin l'évolution naturelle du climat pourrait elle-même s'opposer qui sait, à la tendance induite par l'activité humaine. Selon certains savants, nous serions au seuil d'une nouvelle période glaciaire...
Ce n'est donc pas parce que plusieurs milliers de publications scientifiques démontrent l'existence d'un réchauffement du climat, et qu'elles l'attribuent à l'homme, que la fin du monde doit s'inscrire pour autant comme conséquence inéluctable.

D'ailleurs, le réchauffement lui-même, s'il a certainement des effets indésirables, en a peut-être aussi de bénéfiques. Le premier qui vient à l'esprit au sortir d'un hiver doux, est qu'il a permis d'économiser près de 5% en note de chauffage, donc en consommation de gaz et de fuel... Il pourrait, en modifiant la répartition des pluies, donner de l'eau à ceux qui en manquent et rendre certains déserts fertiles. En définitive, comme tout changement, il risque fort de faire à la fois des heureux et des malheureux. Si la météorologie était une science exacte et le climat un phénomène naturel stable, constamment bienfaisant, et facile à commander, il serait légitime d'exiger qu'on fasse tout pour ne pas le dérégler. C'est loin d'être le cas, par conséquent ne cassons pas ce que nous avons eu tant de peine à construire, sans y réfléchir à deux fois.

Mr Gore a peint son tableau d'un noir un peu trop absolu pour être vraiment crédible et son titre évoque plus la polémique que l'action citoyenne. Rien ne vient pondérer le schéma effrayant qui, après beaucoup d'autres du même genre, annonce ni plus ni moins la fin du monde. Certes l'augure affirme pour positiver, que tout n'est pas encore irrémédiable et qu'il ne tient qu'à nous d'inverser la tendance.
Mais face à des prédictions cataclysmiques, il oppose des solutions alternatives plutôt timides, si l'on excepte l'idée d'une récession économique d'inspiration malthusienne, dont l'application à l'ensemble du globe paraît relever de l'utopie et qui risquerait fort d'occasionner beaucoup plus de malheurs qu'elle ne résoudrait de problèmes.
Au surplus, Mr Gore n'est peut-être pas la personne idéale pour instruire ce procès. Il fut pendant 8 ans le vice président d'une administration qui s'illustra surtout par des voeux pieux et des bonnes résolutions en matière de protection de l'environnement. Cette relative inaction ne l'empêche pas aujourd'hui de faire porter le chapeau aux gens qui lui ont succédé au pouvoir. Il en profite au passage pour ressortir sa rancoeur tenace et totalement hors sujet, d'avoir perdu les élections de 2000, et insinue que la victoire lui fut volée, en dépit des nombreux recomptages, qui tous confirmèrent le succès, certes très court, de son adversaire .
Facteur aggravant, Mr Gore n'est manifestement pas le premier à suivre ses propres conseils. On sait par exemple que sa maison consomme vingt fois plus d'électricité qu'un foyer américain moyen. De même il serait intéressant de savoir s'il voyage en appliquant scrupuleusement les recommandations qu'il dispense si généreusement aux autres. Il y a fort à parier qu'il soit plus habitué aux intérieurs feutrés des limousines et des jets qu'à ceux des trains ou du métro...
Enfin lorsqu'il assure verser à des organismes censés protéger l'environnement, l'équivalent en dollars de ce qu'il consomme en énergie « sale », on ne peut que s'insurger. Lui et les gens suffisamment riches pour se le permettre, trouvent donc normal de s'acheter par le biais de ces « carbon credits » une bonne conscience, tout en continuant à polluer comme si de rien n'était ! Si ce n'est pas du pharisaïsme, on se demande de quoi il s'agit...

En définitive, l'homme a souvent détruit autour de lui, il a souvent été l'artisan de ses propres malheurs. Mais dans la plupart des cas, ce fut lorsqu'il était soumis à une réglementation excessive, bureaucratique, sans contre-pouvoir ni liberté de critiquer. En un mot sans responsabilité. Et s'il s'est rendu coupable de désastres écologiques, il s'est également montré capable de remettre en valeur des régions dévastées par les aléas du climat ou de vivifier des déserts. Enfin, s'il ne parvient pas à empêcher certains catastrophes naturelles, il en prévient les effets néfastes de plus en plus efficacement.
Les sociétés démocratiques aimant la liberté et la responsabilité, représentent la meilleure garantie de préservation de l'environnement, car elles laissent libre cours aux dénonciations et avertissements, même les plus virulents. Bien qu'ils s'avèrent parfois excessifs voire un tantinet malhonnêtes, ils maintiennent une pression médiatique sur le sujet. Si les individus se comportent en citoyens responsables nul doute qu'ils pourront eux-même changer le cours des choses en évitant les gâchis et en favorisant l'émergence de cercles vertueux économiques. Il n'est pas nécessaire de jeter des anathèmes pour cela car c'est l'affaire de tous.