15 mai 2008

La France s'amuse


Mai le joli mois de mai. Retour des grèves dans la Fonction Publique. On ne sait plus trop bien pourquoi. Qu'importe, puisque c'est l'usage.
Et puis les vitrines des librairies se couvrent d'ouvrages commémorant avec émotion les grandes et riches heures de la petite révolution bourgeoise nombriliste de 1968. C'est follement tendance et si touchant cette nostalgie du doux bordel festif qui masque depuis des décennies la vacuité de la pensée et sert avec ses leitmotivs lénifiants d'ersatz philosophique à notre pauvre pays : « sous les pavés la plage », « il est interdit d'interdire ». Vaste programme comme dirait le grand Charles...
On continue envers et contre toute évidence, de croire que le Monde pourrait être meilleur grâce aux idéologies et aux bons sentiments.
Si la Gauche se raccroche avec une incurable idiotie aux vestiges fumants de ses illusions perdues, le gouvernement et sa majorité quant à eux cafouillent quelque peu. Il faut dire que la ligne stratégique est plutôt nébuleuse, erratique, mêlant les contraires et passant sans cesse du coq à l'âne.
La pantalonnade récente à l'Assemblée Nationale au sujet des OGM donne la mesure de ces atermoiements. Faute de détermination et d'assiduité des Parlementaires de la Majorité, un texte déjà très édulcoré et timoré (un simple projet de transposition d'une directive européenne datant de 2001...) se trouve rejeté pour un mot mal placé. Le lendemain, repêchage en catastrophe par une obscure « commission mixte paritaire », avant de repasser pour un vote devant le Sénat et la Chambre des Députés. Que de temps perdu pour des broutilles !
Vingt-quatre heures après, rebelote mercredi 14 mai avec le projet de loi sur la Réforme des Institutions, retoqué par des députés UMP en commission des Affaires Etrangères...
Pendant ce temps, le Chef de l'Etat semble lui-même bien perdu. Après l'enthousiasme guerrier des premiers mois et les frasques sans complexe façon « jet-set », le voilà qui fait profil bas. Il paraît selon les observateurs avertis, que cette nouvelle manière colle davantage au « style » qui sied à un président de la république. De fait, lors de sa dernière rencontre officielle avec les journalistes le 25 avril, tout ce qui fait le décorum propre à la fonction était là : salon élyséen, dorures rutilantes et lourdes tentures, plateau somptueux doté d'une table gigantesque, pompe et circonstance, questions empesées, et réponses déclinées en majesté, avec un brin de théâtralisme.
Hélas, pour ma part je préférais sa désinvolte décontraction, ses manières directes mais un peu triviales, et même ses fautes de goût, qui ne me choquaient guère. Il est vrai que je préfère de loin un dirigeant sans allure mais conduisant un vrai projet pragmatique, qu'un dignitaire plein de prestance, mais vide d'esprit pratique et de volonté.
Pour l'heure, bien malin celui qui pourrait décrypter le fin mot de la politique gouvernementale. Certes il y a bien quelques avancées (L'Europe, les relations internationales notamment avec l'Angleterre et les Etats-Unis ), beaucoup de réformes ébauchées (retraites, heures supplémentaires, service minimum, autonomie des universités, carte scolaire) mais peu d'aboutissement (rien de probant dans le domaine de la Santé par exemple, une bureaucratie toujours galopante, le grand principe stérile de l'Etat omnipotent toujours prééminent...), quelques reculades et des coups d'épée dans l'eau (le rapport Attali, l'affaire Bétancourt, les enfants martyrs de la Shoah), et surtout pas de cap lisible...
Il souffle certes un vent de réformes, mais obéissent-elles à une stratégie cohérente et déterminée propre à rénover et dynamiser le pays ?

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