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25 juin 2017

Macron, Acte III

Et bien c’est fait. Les légions “En Marche”, aux pieds légers et aux mains immaculées ont investi l’Assemblée Nationale !
On pourrait à l’occasion de cette razzia à l’allure de révolution molle, évoquer l’adage qui veut qu’à vaincre sans péril on triomphe sans gloire. Tout semble aller tellement de soi qu'on devient fataliste, voire indifférent. Dans la chaleur de ce mois de juin, on croirait voir une marée languide monter en douceur et sans effort sur une plage offerte. Aucun obstacle, aucune digue à ce flux prévisible, mais  sans nom, ni étendard. Il n’y eut pas de combat, et à peine plus de controverse.

C’est un constat battu et rebattu, les partis traditionnels sont en pleine débandade. Plus aucun n’est en mesure à ce jour de mobiliser les électeurs. A l'occasion de ces élections législatives, ces derniers sont d’ailleurs restés chez eux pour le plus grand nombre, où bien ils ont renoncé à exprimer leur vote.
Avec le passage à l’Elysée du lénifiant et inconsistant Hollande, et la direction peu inspirée du hiérarque empesé Cambadelis, les Socialistes, qui l’ont bien cherché, sont ratiboisés. Exit Benoit Hamon, le frondeur, piteux candidat à la présidentielle, qui ne parvient même pas à passer le premier tour de l’élection législative ! Exit cette nomenklatura de l’ancien régime, balayée sans ménagement.
Les Républicains, dont l’emprise a rétréci comme peau de chagrin, auraient pu avec leurs alliés de l’UDI incarner un semblant d’opposition aux troupes en carton de Macron. Mais quoique défaits, ils ne pensent qu’à se diviser, histoire d'émietter un peu plus leur force de frappe. C’est devenu une armée mexicaine pleine de généraux, mais qui erre sans direction, sans programme et sans conviction. Les uns jouent les rebelles, par principe; les autres se veulent "constructifs" par opportunisme...
Résultat, le pouvoir est livré sans partage pour cinq ans à des candides dont la feuille de route est quasi vierge. Ils débarquent au Palais Bourbon comme une masse d’élèves déboussolés lors d’une rentrée scolaire. A l’autre bout, on voit s’agiter l’histrion Mélenchon, entouré de cancres hilares, auto-proclamés Insoumis. Ils font leur entrée théâtrale, le poing levé et l’esprit de revanche dégouline de leurs bouches tordues par les rictus de haine.

Dans ce brouhaha informe, le Président de la République, en dépit de son aura, rate complètement ses débuts. La nouvelle génération morale avec laquelle il entendait construire son action, s’effondre d’entrée de jeu comme un château de cartes. Un mois après avoir été nommés, quatre ministres, et pas des moindres, se retrouvent au tapis, pour de sordides affaires d’enrichissement douteux, de détournement de financement public ou d’emplois fictifs. Et ce n'est peut-être pas fini !

La “loi de moralisation de la vie publique” que nous promettait l’ineffable François Bayrou est rebaptisée à la hâte. Elle est devenue “loi pour la confiance dans notre vie démocratique”, mais ce n’est pas lui de toute manière qui la portera. On peut évidemment se réjouir de voir partir si vite en capilotade cette comédie montée par le président du Modem. C’était si mal joué qu’on ne pouvait y croire un instant
 
Mais on peut aussi s’interroger sur l’avenir : cet échec prélude-t-il à d’autres désillusions ? Une politique de reconstruction peut-elle être bâtie comme Venise sur des fondements sans consistance ?
Il va bien falloir un jour que le Président de la République précise la nature de la politique qu'il entend mener. Est-elle d'inspiration libérale ? Ou plutôt sociale ? De gauche ? de droite ? ou du centre ? De tout un peu et de rien beaucoup ? Le pied sur le frein ou l'accélérateur ou les deux à la fois ?
On ne sort paraît-il de l’ambiguïté qu'à son détriment, mais les atermoiements tuent à petit feu... Le nouveau gouvernement est au pied du mur. Il va falloir qu’il entreprenne quelque chose, mais quoi ? Que peut-on faire avec un programme bourré d’oxymores, de flatulences bien intentionnées, et de vides pusillanimes ?
Derrière les hausses d’impôts qui se profilent déjà et les trains de demi-mesures qu’on entrevoit au détour des belles paroles, y a-t-il encore de la place pour l’ambition, le courage et la volonté ? ça reste à voir...

19 mai 2017

Macron : Acte II

Sous une noria crépitante de flashes et de caméras, devant des forêts de micros affamés de scoops, dans un concert ronflant d'analyses et de commentaires lénifiants voire insipides, s'installe le nouveau Pouvoir, désigné en quelque sorte par le peuple, au terme d'un scrutin présidentiel des plus étranges.

Après l'intronisation « sans faute » mais un tantinet pompeuse du nouveau président, vient la nomination d'un premier ministre et de son gouvernement.
Quelques atermoiements en coulisse ont retardé l'évènement. Un délai causé officiellement par la patiente dissection des parcours, la décortication intransigeante du passé fiscal, judiciaire, moral des impétrants putatifs.
Mais enfin, ça y est ! Voici réunis les hommes et les femmes qui vont gouverner le pays, répartis selon une stricte parité sexuelle, et tout auréolés de leur quasi sainteté.
Ils sont censés, selon un dosage subtil, représenter toutes les composantes de la société et tous les horizons politiques ou presque.

Pour quoi faire, c'est désormais la question qui vient sur toutes les lèvres.
Il y a beaucoup de vœux pieux, et beaucoup de contradictions dans le programme bien intentionné qui fut porté par le candidat Emmanuel Macron. Il y a beaucoup d'oppositions entre les différentes tendances qu'incarnent toutes ces personnes, et la Presse cruelle a beau jeu de mettre à jour des incohérences au sein même des individus, dans leurs convictions affichées en fonction du temps...

Surtout, il y a l'échéance des élections législatives qui attend tous ces intrépides révolutionnaires en marche. Qu'en sortira-t-il ?
Certains prophétisent une majorité pour le Président.
L'effondrement des partis classiques auquel on assiste rend cette hypothèse probable, mais de quelle majorité s'agira-t-il ? Est-il possible de construire si vite sur des décombres fumants, quelque chose de solide ? Est-il possible d'engager des actions fortes et déterminées avec une équipe formée à la hâte, en piochant de ci de là des personnes caractérisées avant tout par leur sens de l'opportunité, la malléabilité ou l'indécision de leurs convictions, et qui furent parfois rejetées en leur nom propre clairement par les électeurs ?
Ce sont là toutes les questions qui se posent. Pour l'heure, 45% des Français seulement font confiance au président élu. L'état de grâce n'aura donc pas lieu. Mais rien n'interdit une éclaircie à venir, qu'il ne reste donc plus qu'à attendre et à espérer.
Le 18 juin inscrira le début d'un nouveau chapitre à cette aventure rocambolesque...

07 mai 2017

Souffler n'est pas jouer

Et bien c’est donc fait ! le pari est remporté sans suspense ni surprise.


Si le talent de séducteur d’Emmanuel Macron n’est évidemment pas étranger au triomphe romain que le peuple vient de lui accorder, ce succès  en trompe-l'oeil révèle également la maladie profonde dont souffre la démocratie française.

Passons sur le caractère météorique de la carrière du très jeune nouveau Président de la République. Passons sur le caractère nébuleux de son programme, rempli de vides prometteurs et plein de contradictions dans l’inspiration (ni de droite, ni de gauche ou plutôt de droite et de gauche comme il se plaît à le dire…). Passons enfin sur l’aspect très hétéroclite des troupes qui le soutiennent, aux premiers rangs desquelles on voit nombre de politicards rassis, quelques convaincus de la première heure sans doute, mais aussi beaucoup d’opportunistes et de ralliés par pur pragmatisme.

Le plus important pour l’heure est de constater l’effondrement des deux grands partis qui contrôlaient de manière bi-polaire l’essentiel du débat depuis des décennies.

La Gauche socialiste est à l'agonie. Minée par les divisions, décrédibilisée par l'échec du quinquennat Hollande, elle n'a pas su évoluer ni se rénover.
La Droite traditionnelle ne vaut guère mieux. Littéralement éparpillée par cette campagne calamiteuse, elle n’a plus que ses yeux pour pleurer. Sans vrai leader et sans ligne directrice, elle paraît au bout du rouleau. Elle peut faire mine d’imaginer s’imposer lors des prochaines Législatives, mais l’espoir est ténu car le désastre de la Présidentielle risque d'être suivi par une onde de choc qui n’a pas fini de secouer le Landerneau.

En réalité, elle doit sa défaite à l'indigence de son inspiration et à ses erreurs stratégiques, et celles-ci ne datent pas d’hier. Les affaires qui ont terni l’image de François Fillon et la désunion qui s'ensuivit ne sont qu’une petite partie du problème. Les causes de la déroute peuvent être recherchées beaucoup plus loin. Aussi loin sans doute qu’existe le Front National.


Ce parti créé en 1972 n’émergea réellement sur l’échiquier politique qu’au cours des années Mitterrand. On se souvient des efforts que ce dernier déploya pour en doper l’influence tout en veillant de manière machiavélique à le diaboliser.
La stratégie du vieux politicien retors qui avait ourdi ou participé à tant de combines était simple, consistant à plomber la Droite modérée avec un boulet équivalent pour elle à ce qu’avait représenté durant des décennies pour le Parti Socialiste, l’épouvantail du Parti Communiste.


Mitterrand était parvenu à neutraliser ce dernier en l’asphyxiant au sein du Programme Commun de gouvernement.

Mais alors qu’il avait sans scrupule fait alliance avec l’extrême gauche, la Droite elle, se laissa emprisonner dans l’impasse idéologique représentée par le Front National. Elle fit même du zèle pour tenter de démontrer qu’elle n'avait rien à voir avec lui, jusqu’à nier toutes les idées ou propositions qui en émanaient, même si certaines étaient défendables. 

A contrario, dans le but de séduire certains électeurs, les dirigeants de la Droite classique se mirent à d'autres moments à renchérir sur le langage du FN (on se souvient du “bruit et des odeurs” de Chirac, du “kärcher” de Sarkozy.
Mais comme dans le même temps ils maintenaient leur ostracisme, ils ne firent que déboussoler un peu plus les gens. Et incapables de traduire en actions leurs propos provocateurs, ils ne firent que se décrédibiliser un peu plus, comme Sarkozy avec sa “ligne Buisson” et son piteux débat sur l’identité nationale.


Aujourd'hui, nous nous trouvons à la fin d’un cycle. Il est trop tard pour la Droite d'espérer phagocyter le FN, devenu plus gros qu'elle. De l'autre côté, les deux Gauches sont qualifiées "d'irréconciliables". Près de 50% des électeurs votent pour les extrêmes, et en face, nous avons une sorte de magma idéologique raccroché au radeau de la méduse de la social-démocratie. Que peut-il sortir de tout ça ?


Partout, le libéralisme a marqué des points décisifs, même dans les pays scandinaves qui se sont débarrassés peu à peu de la gangue socialiste.
Emmanuel Macron sera-t-il l’héritier de Hollande, laissant dériver un peu plus le paquebot France vers je ne sais quels abîmes ?
Ou bien saura-t-il construire quelque chose de solide, pour faire suite au joli soufflé de son élection, et incarner un vrai renouveau fondé enfin sur l’esprit de liberté et l’ouverture au monde, that is the question...
Il y a un tout petit espoir pour ceux qui sont résignés à l’idée que ce renouveau ne peut venir dans notre pays que de la Gauche...

24 avril 2017

Les jeux sont faits


Ainsi, comme en 2002, dès le soir du premier tour de l’élection présidentielle, nous connaissons le nom de celui qui sera vainqueur dans 15 jours.
Le jeu politique français est à ce point faussé, qu’il suffit d’être au second tour pour emporter à coup sûr la mise, puisque le Front National reste un parti frappé d’ostracisme, dont les électeurs sont condamnés à végéter encore longtemps dans une opposition virtuelle, confite dans la frustration.

Pour la quasi-totalité des candidats défaits, le seul objectif désormais est de faire barrage à Marine Le Pen, incarnation de Satan. Programme simpliste mais qui suffira pour cette fois encore à maintenir sous le fameux plafond de verre le parti à la rose bleue.
Pendant l’entre-deux tours, nous allons avoir le droit à la classique dramatisation qui suit les succès électoraux du FN, et l’on fera mine de croire que le pays est en péril. Le second tour sera donc comme en 2002 une mascarade et M. Macron sera élu triomphalement (avec peut-être un pourcentage de voix légèrement inférieur aux 82% de Jacques Chirac, qualifié encore quinze jours avant le scrutin de Supermenteur et de Supervoleur !). C’est grâce à cette attitude grotesque, à la fois pleutre et arrogante, que les partis de droite et de gauche réunis (sous l'appellation fameuse d'UMPS) sont parvenus à cristalliser durablement le Front National, en le poussant à se radicaliser, et en excluant au passage près d’un quart de l’électorat, ce qui constitue un problème démocratique majeur.

Ainsi se termine le quinquennat de François Hollande. Avec le culot des cancres, il affirmait il y a quelques jours « qu’il rendait le pays en bien meilleur état qu’il ne l’avait trouvé ». Le coquin, qui a pourtant profité d’une situation économique internationale excellente a réussi à plomber un peu plus celle de la France. Toutes les tares dont souffre le pays se sont aggravées, et il a tellement perverti le climat social et le débat politique qu’on peut lui coller la responsabilité de l’effondrement des partis traditionnels, dont le sien !
Il va passer la main à un golden boy surdoué qu’il peut se targuer d’avoir découvert et promu, mais c’est surtout à la conjoncture décadente et à son sens de l’opportunité, joint à un indéniable talent d’enchanteur, qu’Emmanuel Macron doit sa réussite.

Qu’adviendra-t-il maintenant ? Aurons-nous droit à une cohabitation molle, sans majorité, rassemblant des politiciens de tous bords, plus soucieux de conserver leurs prébendes que de porter des réformes audacieuses ? Verrons-nous au contraire se former une majorité nouvelle mais inexpérimentée, au service d’un président prisonnier de promesses démagogiques, quelque peu incohérentes ?
L’avenir est des plus incertains. Parions que la recomposition « en marche » fera progressivement tomber les tabous idéologiques qui gangrènent notre pays et asphyxient l’esprit d’ouverture et de liberté. C’est hélas peu probable au vu du programme évasif, contradictoire et pusillanime du futur président, et surtout lorsque l’on songe que près de 50% des électeurs se sont exprimés en faveur de solutions extrêmes, marquées par un archaïsme ressorti des affreux placards du nationalisme ou du socialo-communisme. Mais sait-on jamais ? Soyons fous…

09 février 2017

Fermeture pour intempéries

Le torrent de boue qui s'est abattu sur le champ de bataille politique m’amène à renoncer temporairement à commenter l'actualité dans ce domaine.

Le désolant spectacle dans lequel s’abîme la France donne la nausée, et je ne saurais quoi dire d’original sur ce désastre. Il n'y a d'ailleurs désormais plus de débat, plus de controverse, seulement des polémiques stériles, des ragots et des boniments. C'est indigne d'une démocratie ou bien cela révèle une maladie profonde...

A deux mois de l'élection présidentielle, on parle de tout sauf des vrais problèmes et personne ne semble vouloir prendre la mesure de la faillite générale dans laquelle le bateau ivre “France” s'enfonce inéluctablement. Quant à trouver des solutions pragmatiques, il faudra repasser, car en ces temps médiocres, tout n'est que bassesse et démagogie...

François Fillon paraît bien empêtré dans les remugles d'un passé troublé par quelques complaisances népotiques, qu'on lui jette brutalement à la figure. Sa campagne qui peinait à prendre du rythme s'en trouve indéniablement atteinte. Ses amis le soutiennent dit-on, mais on pense surtout à la corde qui soutient le pendu. Il n'y a guère de combativité et d'enthousiasme dans toutes les circonlocutions qui sont supposées défendre sa cause. On sent comme une sorte d’expectative. Tiendra-t-il ou pas ? Tout repose désormais sur une farouche détermination de sa part et de vraies convictions...

Il y a quelque temps, je présentais prudemment son brillant succès à la Primaire de la Droite et du Centre, en me demandant avec un brin de sarcasme, si vraiment une nouvelle dynamique était « en marche ». L'avenir le dira mais le moins qu'on puisse dire est que l’oiseau nouvellement paré qui prenait avec sérénité son envol, a du plomb dans l'aile...


Le fait est qu’Emmanuel Macron, profitant largement des circonstances, a de son côté décollé. Il gesticule, il harangue à tous vents et il égrène les bonnes paroles, les vœux pieux et les promesses contradictoires. Comment peut-on croire à la sincérité et à la volonté de rupture de cet énarque bon teint, né avec une cuiller en argent dans la bouche, qui fréquente les palais de la République depuis qu’il a la tête bien pleine à défaut d’être bien faite ? Son seul fait de gloire, en dehors de la haute fonction publique, fut d’avoir été trader chez Rothschild et d'avoir joué au Monopoly en achetant ou en fusionnant des entreprises pour le coquet salaire de 2,4 millions d'euros en 18 mois.

Puisqu’il dit tout et son contraire, peut-être qu’après tout, il serait en mesure d’incarner l'éclaircie libérale qui pourrait dérouiller notre pays. Cela ne manquerait assurément pas de sel…

C’est si peu probable que l'élire semble une pure folie, mais aux yeux de beaucoup, l'élection de Donald Trump en Amérique fut une pure folie. Alors qui sait ?


Marine Le Pen caracole en tête des sondages, mais le fameux plafond de verre est au dessus de sa tête. Il y a peu de chances qu’elle le brise, et d’ailleurs le veut-elle vraiment? C’est la question récurrente depuis que le Front national existe, tant son programme à l’emporte pièce paraît difficile à mettre en œuvre, et tant le parti est traversé de courants contradictoires. Un fait est sûr, à force d’exclure ce parti du débat, à force de le rejeter systématiquement comme maléfique, on a contribué à sa radicalisation et à son enkystement dans le corps électoral. La Gauche a soufflé pernicieusement sur le feu, et la Droite, sans doute la plus bête du monde, s’est laissée claquemurer dans cette logique suicidaire.
 

Il n’y a rien à dire des autres factions,et de leurs représentants paradant comme les généraux d’armées mexicaines. Tantôt donneurs de leçons à deux balles, tantôt histrions, ils ne méritent que l’indifférence...Bonne nouvelle, dans ce merdier général, le Parti Socialiste est à l’agonie. Il pourrait certes un jour renaître de ses cendres tels le Phénix, mais pour l’heure, c’est un champ de ruines et de désillusions.

 

Il faut dire que son microscopique lider maximo, M. Cambadelis, à l’image d’une bonne partie de ses condisciples, incarne la gauche la plus ringarde qui soit.
Il y a deux jours à peine, il se croyait autorisé sur la chaine de télevision LCP, à qualifier la Cour des Comptes d'assemblée “irresponsable”, considérant du haut de sa chaire lilliputienne qu'elle « s'évertuait à promouvoir des mesures dogmatiques, austéritaires et punitives déconnectées de la réalité et des besoins de notre pays ».

En matière de comptabilité, M Cambadelis s’y connaît. Est-il utile de rappeler qu’il fut reconnu coupable en 2006 dans l'affaire des emplois fictifs de la Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF) ? Condamné à six mois de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende, il avait été rémunéré par la mutuelle proche du PS entre 1991 et 1995, à hauteur de quelque 620 500 francs au titre d'une activité fictive de conseil (Le Monde 08/09/12)
.
Il faut dire aussi que la Cour des Comptes avait selon son habitude “épinglé” quelques dysfonctionnements des Pouvoirs Publics, notamment le fiasco de l’écotaxe dont elle chiffre le coût à 1 milliard d'euros, et le manque à gagner à 10 milliards d'euros.

Rejetant selon la bonne vieille habitude la faute sur les autres, M. Cambadelis incrimina M. Fillon, premier ministre en exercice lorsque la loi fut entérinée. Il oublie ce faisant, que ce génial dispositif fiscal avait été voté à la quasi-unanimité en 2009 dans la foulée du Grenelle de l'environnement, et que c'est bien le gouvernement socialiste qui s'est montré incapable de le mettre en application....


Les médias enfin, se complaisent dans cette fange immonde, faisant tourner sans relâche les moulins à “breaking news” bien faisandées. Il ne leur reste plus que cette folle chasse aux scoops pour exister. Et bien sûr, à l’instar des syndicats, ils vivent surtout des généreuses subventions de l’Etat, qu’ils encaissent sans vergogne et sans s’inquiéter de compromettre leur sacro-sainte indépendance. Pas moins de 400 millions d'euros/an portés jusqu’à 5 milliards entre 2009 et 2011, et un taux de TVA “préférentiel” de 2,1%, grâce à l’empressement de Nicolas Sarkozy aux prises avec la crise...


Fort heureusement, il y a d'autres moyens de chanter la liberté; il me reste donc tous les sujets sans rapport avec cette fantasmagorie ubuesque, tout en continuant à espérer des jours meilleurs….

19 décembre 2016

Game Over

Les Historiens se pencheront sans doute objectivement sur les faits et actions marquant le double mandat de Barack Obama, qui fut à la tête des Etats-Unis de 2008 à 2016.

Porté par un élan confinant parfois à l’extase mystique, le “premier président noir” a-t-il été à la hauteur de ce que les foules enthousiastes attendaient de lui ?

Le moins que l’on puisse dire est que cette épopée annoncée un peu trop emphatiquement, s’achève en fiasco.

Le dernier discours du Président, révèle que même dans les mots, il n’est plus très efficace, lui qui savait si bien manier le verbe pour émouvoir le bon peuple.
Les médias pourtant si indulgents à son égard ont surtout retenu ses vaines piques vengeresses adressées à la Russie. Pourquoi donc, alors qu’il s’apprête à quitter la Maison Blanche, se lance-t-il ainsi dans une charge nécessairement dérisoire et potentiellement désastreuse à l’encontre d’un pays avec lequel son successeur aura la délicate tâche de composer ?


Sans doute est-il déçu de n’avoir pas réussi à faire triompher son ex-rivale et coreligionnaire Hillary Clinton; sans doute est-il quelque peu humilié par l’influence grandissante de Wladimir Poutine sur la scène internationale.
Mais y a-t-il encore un admirateur assez béat pour prendre au sérieux les accusations de piratage informatique, responsables paraît-il de la déstabilisation de la candidate démocrate au profit de Donald Trump ?

Si c’était vrai, ce serait la preuve d’une inquiétante faiblesse de l’Amérique, et d’une tragique impuissance des services de contre-espionnage. La CIA et la NSA seraient donc tombées si bas, qu’elles ne parviendraient même pas à contrer de bien banales cyber-attaques ?


Les menaces qu’aurait adressées Obama à Poutine, pour le contraindre à faire cesser ces agressions, relèvent de la tartarinade : « Je lui ai dit qu'il y aurait des conséquences sérieuses s'il ne le faisait pas... »
Hélas, le futur ancien président américain a beau monter sur ses grands chevaux virtuels, il ne convainc personne, et ses admonestations tournent à l’infantilisme, notamment lorsqu’il traite la Russie de « petit pays qui ne produit que du pétrole, du gaz et des armes... »

Une aussi stupide provocation ne peut que le couvrir de ridicule, à l’heure où l’Amérique fait si pâle figure face à la Russie, notamment en Syrie. Il est bien loin le temps où l’on qualifiait l’Amérique de George W. Bush d’hyperpuissance (Hubert Védrine).


Par son inaction, Barack Obama a laissé en toute connaissance de cause s’opérer d’épouvantables massacres. A côté de l’horrible guerre civile dont la tragédie d’Alep est le point d’orgue, on a vu proliférer un peu partout au Proche-Orient la gangrène du terrorisme islamique, étouffant les grandes espérances de liberté qu’avaient fait naître les printemps arabes.

De ce feu contagieux la Russie de Poutine est en train peu à peu de tirer les marrons, sans qu’on puisse dire où tout cela va mener. Pour l’heure, son influence grandit chaque jour tandis que celle des Etats-Unis s’étiole. Il y a lieu de s’inquiéter de cette évolution. Si les desseins de Poutine restent assez impénétrables, le fait est que sa politique n’a guère d’états d’âmes.

M. Obama tente de se défausser sur d’autres de ses propres erreurs et ses lâchetés et invoque des périls imaginaires. Il tente un peu naïvement de se construire une posture, mais elle fait de plus en plus penser à celle de Don Quichotte qui combattait les moulins à vent...

02 décembre 2016

Cul-de-sac

Les évènements se précipitent. Les échéances se succèdent. Et le grand nettoyage politique est à l’oeuvre.
Aujourd’hui François Hollande prend enfin une sage décision. Il renonce à se représenter à l’élection présidentielle !
Un soupir de soulagement parcourt le microcosme politique. Comme titre Le Figaro : “Le retrait de Hollande est unanimement salué !”

On ne voyait pas bien ce qu’il pouvait faire d’autre, au vu de la conjoncture, mais que d’atermoiements, pour en arriver là ! Que de longueurs dans ce feuilleton en forme de glauque soap-opera.

C’est évidemment un terrible aveu d’échec. Le Chef de l’Etat a beau d’une voix blanche, égrener les soi-disant réussites de son mandat et affirmer n’avoir qu’un seul regret (le débat en eau de boudin sur la déchéance de nationalité), c’est évidemment l’impression d’un monumental ratage qui s’impose.
Victime d’une impopularité précoce, profonde et durable, il n’a jamais réussi à incarner un vrai projet, donnant l’impression de mener le “pédalo” gouvernemental au jour le jour, sans but, sans boussole, avec le seul espoir de pouvoir à un moment ou un autre, profiter d’une bénéfique vague porteuse. Tout ça pour échouer lamentablement sur le banc de sable de la Primaire de la Gauche...

Au risque de passer pour partisan, on peut avant tout évoquer l’inanité de cette politique, errant entre socialisme à l’eau de rose et tiède social-démocratie. On peut considérer comme normal, que rien de bien ne soit sorti d’une telle accumulation de voeux pieux, de mesures à la Dubout, et d’a priori idéologiques surannés. Le Socialisme, ça ne marche décidément pas, comme le disait Giscard dans un éclair de lucidité.
En plus d’un défaut d’ambition politique, le personnage manque singulièrement de charisme et de panache. Il apparaît plus que jamais évident que son accession aux plus hautes marches du pouvoir ne fut que la conséquence d’un concours de circonstances. Divine surprise pour les uns, erreur de casting pour les autres
Sa lente décrépitude qui s’achève aujourd’hui n’a pas grand chose à voir avec le départ choisi et assumé du général De Gaulle, qui avait lié son sort au résultat d’un référendum. Hélas, François Hollande n’a pas l’occasion de partir avec dignité. C’est sur la foi de sondages désastreux et dans une ambiance pestilentielle qu’il est contraint de s’effacer piteusement.
Après son retrait, qui finit de le décrédibiliser, il persiste néanmoins à vouloir végéter encore cinq long mois, sans plus de légitimité qu'un acte notarial, dans le lugubre cul-de-sac dans lequel il s’est lui-même fourvoyé, et le pays avec. Triste fin...

Cela dit, s’il laisse un Parti Socialiste dévasté, cela n’empêchera pas ses coreligionnaires éparpillés “façon puzzle”, de tenter de nous resservir les mêmes plats, soit en rajoutant un peu de vinaigre de gauche, soit au contraire une pincée d’épices libérales.
Les Français auront-ils enfin un peu plus d’exigences; vont-ils montrer leur dégoût pour ces mixtures dégoulinant d’huile démagogique c’est là toute la question...

30 novembre 2016

En marche ?

La primaire de la Droite et du Centre a donc rebattu les cartes du jeu politique, qu’on croyait déjà distribuées…


Ce scrutin très ouvert, qui a passionné le pays s’est déroulé dans une ambiance un peu étrange mais somme toute très démocratique et rassurante pour l’avenir. Le pire n’est donc pas certain et c’est le grand mérite des organisateurs de cette confrontation, d’avoir relevé le défi. Thierry Solère en fut un des principaux artisans. Ses manières simples, sans emphase ni artifice, cachent évidemment une belle détermination. Elles révèlent également une nouvelle approche politique, marquée par le souci de dire les choses telles qu’elles sont et non telles qu’on voudrait que le peuple croie qu’elles soient.

François Fillon
a été désigné comme le nouveau porteur des espérances de celles et ceux qui se sont exprimés avec enthousiasme. Ils ne représentent qu’une partie du pays, mais n’en doutons pas, le succès de l’opération révèle une aspiration profonde. L’essai ne demande désormais qu’à être transformé.

La personne même de François Fillon semble taillée pour les épreuves à venir. Il a le calme et le sang froid des vieilles troupes. Il a une expérience trempée au feu de l’action, nul ne peut le contester, et il paraît savoir où il veut emmener le pays, ce qui n’est pas la moindre des qualités, en ces temps de trouble et de confusion.


S’agissant de son programme, il a de quoi séduire tout amoureux de la liberté. On entend évidemment déjà les voix de ceux qui crient à l’ultra-libéralisme, qui s’effarouchent par avance de la “casse sociale” qu’il serait susceptible de provoquer. La rengaine est si caricaturale, si éculée qu’elle devrait faire honte à ceux qui osent encore l'entonner.
Ces gens ont-ils donc de la m…. dans les yeux pour ne pas voir le lent dépérissement de la nation, pour être aveugle au malheur de toutes les personnes sans emploi ou qui végètent dans une misère entretenue par un Etat Providence déresponsabilisant ? Sont-ils donc pétris de mauvaise foi pour occulter les déchirements qui traversent notre société, pour réclamer toujours plus de bureaucratie, qui asphyxie les initiatives ?


Dans quel monde est-on lorsqu’on refuse aux gens la liberté de travailler comme bon leur semble ? Lorsqu’on ne voit d’autre perspective au problème de l’emploi que celle de la Fonction Publique ? Lorsqu’on n’imagine d’autre horizon pour l’éducation des enfants que celui de l’Etat ? Lorsqu’on ne parvient à penser l’assurance maladie autrement qu’à travers le dogme monolitihique de la Sécurité Sociale ? Lorsqu’on considère la famille comme une référence relevant du fascisme ?


Pour l’heure François Fillon veut échapper à cette gangue conservatrice confinant au gâtisme. Il veut avancer en éradiquant un à un les tabous idéologiques qui forment autant de mirages trompeurs sur le chemin du progrès.
On ne saurait toutefois se réjouir trop vite ayant tant été échaudés par le passé.
Il reste en effet à savoir dans quelle mesure il appliquera tout ce qu’il propose, et comment il fera passer la pilule amère à des Français drogués aux promesses et aux illusions...

22 novembre 2016

Le combat de trop

Ainsi s’achève donc la trajectoire politique de Nicolas Sarkozy...


Même s’il ne faut jamais jurer de rien en matière de politique, cette fois le destin national de l’ancien Président de la République paraît scellé pour un moment, si ce n’est pour toujours.
Ce parcours incandescent, brisé une première fois en 2012, s’achève donc abruptement ce 20 novembre 2016, à l’issue d’une primaire organisée par son propre parti, et dont il fut bon gré mal gré l’artisan ! Ce parti qu’il avait conquis, fasciné, mené à la victoire, puis sévèrement déçu, avant finalement de le sauver de l'auto-destruction, à l’occasion d’un improbable et risqué retour.
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Si cette reconquête étonnante mais illusoire n’était pas sans rappeler les fameux cent-jours de Napoléon, le résultat du scrutin de cette “Primaire de la Droite et du Centre”, c’est en quelque sorte Waterloo et l’exil à Saint-Hélène...

L
es électeurs ont écarté leur champion d’un nouveau challenge présidentiel, et ce, sans ambiguïté ni ménagement.

Il faut croire que l’Histoire repasse rarement les plats. La chance qui a souri à Nicolas Sarkozy ce soir de mai 2007, où vainqueur de l’élection présidentielle il exultait sa joie, s’exclamant “Je ne vous trahirai pas”, “Je ne vous décevrai pas”, cette chance s’est obstinément refusée à lui pour une nouvelle aventure.


Derrière la meute des ennemis jurés, ni plus ni moins nombreux depuis 10 ans, l’ancien chef de l’Etat n’a pas vu celles et ceux qui se sont sentis trompés et trahis durant ce quinquennat trépidant mais désordonné, plein de fougue mais sans vraie ligne directrice, marqué par tant de renoncements, de contradictions et tant d’erreurs grossières de communication ! Il n’a pas vu que s’est imposée peu à peu dans beaucoup d’esprits, l’idée que chez lui, l’énergie et la volonté masquaient un manque quasi total de convictions.


Certes il y eut cette haine irrépressible, inextinguible, épidermique, inexplicable tant elle est irrationnelle, qui l’a poursuivi sans répit durant tout son quinquennat, et ce quoiqu’il fasse ou qu’il dise. Cette haine qui s’est accrochée à ses basques dès le début du marathon un peu fou qu'il avait entrepris pour tenter de revenir au premier plan.

Tout y passa, des insultes les plus viles aux accusations les plus extravagantes pour tenter de le discréditer. Le “Hollande bashing” contre lequel quelques chochottes enfarinées de la Gauche bobo font mine de s’émouvoir et qui fait gémir les Saintes-Nitouches “people” de la Socialie, n’est rien en comparaison de celui qui s’abattit sans discontinuer depuis de nombreuses années sur Sarko.
Il perdura jusqu’à ces derniers temps, où nombre de revanchards hystériques se déclaraient prêts à tout ou presque pour barrer la route au candidat républicain, y compris piétiner leur prétendu engagement idéologique, en allant voter pour le quelque peu rassis Juppé. Six-cent mille personnes ont cru bon d’accomplir cet obscur dessein, à ce qu’il paraît.


Le parti des Republicains peut dire merci à ces idiots utiles qui ont un peu renfloué ses caisses en même temps qu’ils ont précipité ce qui était devenu inéluctable !

Même si Sarkozy était encore capable de déployer une énergie admirable, même s’il émanait toujours de sa personne un charisme puissant, les ressorts étaient usés. La ligne stratégique était devenue franchement erratique, tellement difficile à comprendre que plus grand monde ne parvenait à la suivre.


Pourtant, les événements ne se sont pas vraiment déroulés comme prévu. La Gauche vindicative et le Centre équivoque ont eu la peau de Sarko mais, faisant involontairement d’une pierre deux coups, ils ont blackboulé par la même occasion celui qu’ils avaient désigné comme l’exécuteur de leurs basses oeuvres !

Mu par une intuition contagieuse et déjouant tous les pronostics, le “peuple de droite” a en effet anticipé la chute annoncée de son héros et s’est reporté massivement sur François Fillon, prenant à contrepied la stratégie machiavélique, un peu cousue de fil blanc. Résultat : Sarkozy entraîne dans sa chute Alain Juppé qui se croyait déjà en haut de l'affiche, et toute sa suite de courtisans, parfois de la dernière heure, alléchés par les juteuses prébendes qui se profilaient à l’horizon.


Mauvais perdant, mal conseillé, et obstiné jusqu’à l’absurde, Juppé “a décidé de continuer le combat” au nom du “rassemblement”. Largement distancé, il avait une belle occasion de faire cesser au contraire les hostilités inutiles, et de s’associer à cette nouvelle dynamique porteuse d’espoir pour son parti. Il préfère courir le risque d’ouvrir de nouvelles divisions dans lesquelles pourront s’engouffrer les adversaires de tout poil. Il prend également celui d’une défaite cuisante en deux temps, qui ne serait en définitive que justice face à tant de mesquinerie.


Quant à Nicolas, il s’est esquivé sur la pointe des pieds, rendant les armes avec panache et humilité, au terme d’une brève et touchante allocution. Ce dernier combat fut sans doute celui de trop, mais il lui donne l’occasion de prouver que derrière des manières parfois histrioniques, il y a un coeur sensible et une âme noble. Respect lui soit rendu...

30 septembre 2016

De Bygmalion en Absurdie

Elise Lucet, fervente fan de Nicolas Sarkozy comme chacun sait, s’est attachée pour sa première initiative à la tête de l’émission Envoyé Spécial (France 2, le 29/09/16), à remonter le cours de l’affaire dite Bygmalion
Avec ses collaborateurs zélés, elle démontre dans cette enquête édifiante, qu’il n’y eut en somme aucune malhonnêteté caractérisée, mais une simple dérive comptable comme seule l'ineffable bureaucratie française avec sa montagne de règles plus idiotes les unes que les autres, sait en générer.


Au départ, il faut se rappeler que le législateur, dans sa grande folie régulatrice, a jugé opportun de plafonner le montant des dépenses de campagne. On ne sait trop pour quelle raison cette disposition fut entérinée; sans doute pour répondre à un obscur principe de transparence et d’égalité... 
Dans le même temps, comme pour plomber un peu plus le budget de l'Etat, il fut décidé que ces dépenses seraient prises en charge pour moitié par l’Etat, tout dépassement constaté par le Conseil Constitutionnel, étant sanctionné par un versement du même montant au Trésor Public.

La campagne 2012 de Nicolas Sarkozy fut brillante, à l’image des meetings enthousiastes et grandioses que l’on revoit au cours de l’émission. Le point d’orgue des festivités fut le gigantesque meeting de Villepinte, 2 mois avant le scrutin, et à quelques jours de ce dernier, l'apothéose fut le grand show du Trocadéro réunissant 200.000 personnes sous une nuée de drapeaux tricolores. Mais en dépit de l’euphorie communicative portant ces kermesses, l’ancien président de la République échoua, quoique de justesse, à se faire réélire.
En plus de tourner en eau de boudin, l'aventure coûta fort cher, et creva largement le plafond des débours autorisés.

Pour pallier ces débordements et même les anticiper, “on” imagina à l'époque, un système de double facturation, faisant porter l’excédent des frais sur le Parti lui-même, de manière à ne déclarer officiellement au titre de la campagne que les dépenses autorisées. Ce n’est certes pas légal, mais ce n’est pas, stricto sensu, malhonnête. Les factures étaient dédoublées mais couvraient des prestations bien réelles. Les Pouvoirs Publics, donc les contribuables, ne devaient pas être impliqués au delà de leurs obligations, et l’UMP payait le reste. De fait, aucun fournisseur de fut lésé et aucun enrichissement personnel illicite ne fut constaté. 
Malgré le stratagème, le dépassement "officiel" ne put toutefois être évité et le comble fut atteint car Nicolas Sarkozy se retrouva en fin de compte privé de toute subvention publique. Sa campagne comme il se plaît à le dire, ne coûta donc pas un centime aux contribuables ! Elle faillit ruiner l’UMP, mais c’est une autre histoire….

En France, on raffole des absurdités, mais aussi des scandales. D’où le déchaînement médiatique et justicier auquel on assiste, alors qu’une nouvelle campagne électorale majeure se profile.
C’est la curée, et ce n’est pas très reluisant. Chacun se débine ou tente de faire porter le chapeau à l’autre. A écouter les différents protagonistes de l'affaire, personne ou bien tout le monde était informé de ces méthodes peu orthodoxes, y compris le secrétaire général de l'UMP !
Probablement n’y aura-t-il aucune conséquence au bout du compte hormis le remboursement déjà effectué du dépassement, mais les électeurs infligeront peut-être une sanction dans les urnes, but évidemment recherché avant tout par beaucoup d'anti-sarkozystes...

A y regarder de près, ce système est pourtant d’une grande banalité un peu partout dans la fonction publique : combien de fois voit-on détournées tout ou partie des dotations budgétaires allouées aux diverses administrations, pour financer des missions ciblées ? C’est monnaie courante pourrait-on dire.. On appelle ça pudiquement la fongibilité des enveloppes ! 
Combien d’artifices comptables et de jeux d’écritures la Cour des Comptes a-t-elle pointé de son doigt accusateur sans que cela fasse broncher le moindre haut dignitaire du régime ?

En vérité, plus il y a de règles et de lois, plus on cherche à les contourner. Montaigne l’avait déjà constaté et aurait préféré qu’il n’y eut pas de loi du tout plutôt que la pléthore qu’il déplorait déjà à son époque….



17 avril 2016

Philippe de Villiers, l'imprécateur

Le récent livre de Philippe de Villiers a ceci de particulier, qu’il échappe à la retape pré-électorale dans laquelle s’inscrivent nombre d’insipides opuscules politiciens. Il relève bien davantage à l’évidence du pamphlet qui fut un genre prisé lorsque les opinions n’étaient pas encore devenues de vains mots.

Quoique un peu désabusé, car témoignant d’une destinée quasi révolue, le propos fait souvent mouche car il a du style et du panache. Philippe de Villiers écrit bien et cette qualité mérite à elle seule des éloges.
On retrouve la classe, la fougue et la sincérité du chouan, vibrant plus que jamais de toutes ses racines aristocratiques et de son tempérament rebelle. Mais on trouve également beaucoup d’excès, de convictions à l’emporte-pièce, et toutes les œillères idéologiques qui bridèrent son parcours en dents de scie, dont on retient avant tout le beau succès du Puy-du-Fou, et pas mal de ratages plus ou moins magnifiques.

Il est difficile de situer Philippe de Villiers sur l’échiquier politique. Ni vraiment à droite, sa famille naturelle, mais de laquelle il a souvent fait sécession, ni à gauche, qu’il exècre, mais avec laquelle il est prêt à certains compromis dès qu’elle exalte le concept de la nation souveraine. Pour la même raison, il côtoya souvent de très près le Front National sans jamais s’y associer… Enfin, comme cet ouvrage le démontre, il n’a pas grand chose d’un libéral.
En réalité Philippe de Villiers peine à se départir de ses gènes, qui le conduisent tantôt à se montrer sous un jour chevaleresque et quelque peu “vieille France”, et tantôt à se comporter de manière méprisante, si entière, si rentre-dedans, qu’il décourage toute sympathie durable.

Lassé de la politique et ayant abandonné toute ambition, il met à jour dans son dernier ouvrage, au titre un peu ronflant, quelques turpitudes du monde politique, mais qui les ignorait vraiment ?
Il dézingue à tout-va, insistant sur le caractère fluctuant, contradictoire et veule des convictions affichées par ses congénères, mais dans le tourbillon qu’il provoque c’est le bébé qui part avec l’eau du bain. Tout y passe. La classe politique dans son ensemble est qualifiée de “crapaudaille”, qui “a déclassé la France et l’a précipitée dans une impasse alors qu’elle avait mandat de la rétablir en sa grandeur…”
Même les gens avec lesquels il fit cause commune, furent de faux-amis. Ainsi son alliance avec Philippe Séguin et Charles Pasqua, fut de son propre aveu bien plus circonstancielle que sincère. La foi du premier s’évapora en respectueuses lâchetés devant Mitterrand lors du référendum sur le traité de Maastricht. Pire encore, après avoir fustigé l’Europe de Bruxelles, Séguin s’en accommoda fort bien lorsque son intérêt personnel l’exigea. Quant au second, il apparaît sous la plume du Vendéen sous les traits d’un homme sans foi ni loi, à part la sienne…
Cela dit, Philippe de Villiers a tendance à occulter le fait que lui aussi participa au jeu. Et s’il pourrait presque convaincre qu’il fut le seul à être honnête, doté de convictions et fidèle à ses principes, il ne fera pas oublier que ce fut au prix d’une intransigeance cassante, de ruptures navrantes, et d’un enfermement idéologique confinant parfois à l’absurde.

Tout au long de ce livre, la charge la plus violente, lancinante, qui revient sans cesse au fil des pages, c’est celle qui vise la Mondialisation, le Capitalisme, le Progrès, et in fine l’Amérique.
Outre son caractère désuet, imprégné d’un parfum d’ancien régime, et d’une nostalgie vaine de la France de jadis, cette vindicte participe hélas du tsunami morbide dans lequel se perd un pays refusant de voir la réalité, et incapable de s’adapter au nouveau monde. Par exemple, lorsque le chevau-léger s’attaque au libre-échange et à la mondialisation, il sombre dans la caricature. Ainsi, critiquant le traité ALENA et la perspective d’un éventuel accord trans-atlantique entre l’Europe et les Etats-Unis, il n’hésite pas à affirmer “qu’il nous faudra supprimer ce qu’il reste de nos protections et nous mettre à parité avec le moins disant social, écologique, sanitaire et culturel américain. Entreront chez nous librement la viande aux hormones, les farines animales, les volailles lavées à l’acide et à la chlorine, gorgés de pesticides interdits…”

Son aversion du progrès le fait condamner sans nuance toutes les techniques utilisées par l’agriculture moderne, responsables selon lui d’un “empoisonnement général”. “Depuis l’eau qu’on boit, l’air qu’on respire, où flottent de fines particules, la nourriture qu’on ingère et qui est chargée de molécules neurotoxiques…” Il éructe sa haine autant que son incompréhension de manière plutôt confuse face aux projets des nouveaux “technoprophètes” de la Silicon Valley. Sans doute hanté par le péché originel dont son éducation l’a empreint, il va jusqu’à voir dans le logo de la firme Apple “la pomme du Livre, croquée, rongée jusqu’au trognon même…”

Au total, Philippe de Villiers maîtrise mal sa fougue. Certaines de ses imprécations sonnent juste, notamment lorsqu’il vilipende le mercantilisme, le matérialisme, la cupidité du monde et la lâcheté, la versatilité des politiciens.
Mais ces vices ne sont pas d’aujourd’hui.
Surtout, cela ne le met pas à l’abri de certaines contradictions. Lorsqu’il rappelle qu’il fut soutenu financièrement par Jimmy Goldsmith, devenu milliardaire grâce au capitalisme, à l’industrie et à la mondialisation. Ou bien lorsqu’il ramena fièrement de Los Angeles en 2012 le Thea Classic Award, qu’un jury international décerna au “plus beau parc du monde”, en l’occurrence la cinéscénie du Puy du Fou, sans doute son plus beau titre de gloire...

28 janvier 2016

The Trumpets of Anti-Americanism

A l’occasion de la candidature du Tycoon Donald Trump à la Primaire républicaine et de l’élan populaire inattendu et durable qui l’accompagne, se déchaîne à nouveau la vindicte pavlovienne des vigiles de l'anti-américanisme.

Si l'on parvient à prendre un peu de recul face à ce phénomène aussi étrange qu’excessif, le spectacle pourrait être plutôt jouissif. Enfin un peu d'ambiance !

Il est vrai que "l’obsession anti-américaine", pour reprendre l'expression de Jean-François Revel, était quelque peu en sommeil sous l’effet du lénitif Obama. Le soufflet de l’enthousiasme des admirateurs du beau gosse au teint d’ébène, si joli coeur, si drôle dans les salons, et de surcroît si délicieusement pacifiste et un brin écolo, était un peu retombé. A défaut d’efficacité, l’actuel président américain avait procuré un peu vacances à ceux qui avaient les oreilles meurtries par les vociférations répétitives adressées à son prédécesseur George W. Bush.

Aujourd’hui on retrouve les mêmes légions d’imbéciles, même pas heureux, qui se remettent de plus belle à hurler à la mort.
Évidemment les artistes se doivent d'être en tête de ce peloton de nigauds, auquel les médias complaisants et dénués de toute originalité, servent de caisse de résonance.
On voit par exemple de glorieux chanteurs s’offusquer de l’emprunt par le Donald de leurs chansons, destinées à égayer ses meetings.

D'autres enjoignent les grandes entreprises à cesser illico presto leurs relations d’affaires avec lui ou bien exhortent les citoyens politiquement corrects à signer des pétitions réclamant la censure du-dit candidat : Salma Hayek, Jane Fonda, Danny Glover, Kerry Washington...
Tiens, on ne trouve pas le nom de Sean Penn, "leftist" bien connu qui ne manque pas une occasion de manifester son indignation à sens unique, si prévisible. Il faut dire que le gars est empêtré dans une sale affaire : il n’a rien trouvé de plus intelligent que d’interviewer le baron de la drogue mexicain El Chapo, récemment arrêté, et accusé d’avoir par ses sordides trafics occasionné la mort de plus de 30.000 personnes...
On voit en revanche quelques illustres inconnus ne pas hésiter à se vautrer dans l’outrance pour tenter d’avoir leur quart d’heure de célébrité sur le dos de la bête. Ainsi, on peut évoquer au chapitre d’un indicible mauvais goût, l’oeuvre d’une certaine Sarah Levy, auto-proclamée féministe homosexuelle, qui a peint le portrait du candidat putatif républicain avec le sang de ses règles ou bien ce collectif de photographes exhibant fièrement un tableau figurant le même Trump à l’aide de 500 photos de pénis !

A l’extérieur des Etats-Unis, la vindicte n’est pas moins caricaturale. Citons par exemple la pétition exigeant l’interdiction de séjour au Royaume uni du leader républicain, lancée par une Ecossaise et relayée par certains députés travaillistes, qui a occasionné un débat aussi mouvementé que stérile à la Chambre des Communes, au motif qu’elle avait rassemblé plus de 500.000 signatures !

Il n’est pas utile en revanche de s'appesantir sur la France où l’on sait que Panurge est roi et où au moins 99% des gens sont résolument et définitivement anti-Trump !
A la limite, devant un tel concert de stupidités, on n’a même pas besoin d’essayer de juger Donald Trump. Toutes ces critiques volent si bas, s’attaquant à la forme plutôt qu’au fond, et montant en épingle la moindre petite phrase ! 

Il est vrai que M. Trump est un bon client, comme on dit. Il ne pratique pas la langue de bois. Il n’a pas son pareil pour asséner quelques truismes ciselés dans le plomb, et s’amuse manifestement énormément de ce petit jeu qui hérisse les cocottes conformistes, autant qu'il provoque la liesse chez ses partisans, de plus en plus nombreux.
Mais nous Français, avons nous des leçons à donner à la démocratie américaine, nous qui avons porté au pouvoir un champion du monde toute catégorie de l’inefficacité satisfaite, expert magnifique en bourdes, mensonges, contradictions, sentences haineuses, muflerie, et qui s’est entouré d’un ineffable gouvernement de bras cassés ?