22 novembre 2016

Le combat de trop

Ainsi s’achève donc la trajectoire politique de Nicolas Sarkozy...


Même s’il ne faut jamais jurer de rien en matière de politique, cette fois le destin national de l’ancien Président de la République paraît scellé pour un moment, si ce n’est pour toujours.
Ce parcours incandescent, brisé une première fois en 2012, s’achève donc abruptement ce 20 novembre 2016, à l’issue d’une primaire organisée par son propre parti, et dont il fut bon gré mal gré l’artisan ! Ce parti qu’il avait conquis, fasciné, mené à la victoire, puis sévèrement déçu, avant finalement de le sauver de l'auto-destruction, à l’occasion d’un improbable et risqué retour.
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Si cette reconquête étonnante mais illusoire n’était pas sans rappeler les fameux cent-jours de Napoléon, le résultat du scrutin de cette “Primaire de la Droite et du Centre”, c’est en quelque sorte Waterloo et l’exil à Saint-Hélène...

L
es électeurs ont écarté leur champion d’un nouveau challenge présidentiel, et ce, sans ambiguïté ni ménagement.

Il faut croire que l’Histoire repasse rarement les plats. La chance qui a souri à Nicolas Sarkozy ce soir de mai 2007, où vainqueur de l’élection présidentielle il exultait sa joie, s’exclamant “Je ne vous trahirai pas”, “Je ne vous décevrai pas”, cette chance s’est obstinément refusée à lui pour une nouvelle aventure.


Derrière la meute des ennemis jurés, ni plus ni moins nombreux depuis 10 ans, l’ancien chef de l’Etat n’a pas vu celles et ceux qui se sont sentis trompés et trahis durant ce quinquennat trépidant mais désordonné, plein de fougue mais sans vraie ligne directrice, marqué par tant de renoncements, de contradictions et tant d’erreurs grossières de communication ! Il n’a pas vu que s’est imposée peu à peu dans beaucoup d’esprits, l’idée que chez lui, l’énergie et la volonté masquaient un manque quasi total de convictions.


Certes il y eut cette haine irrépressible, inextinguible, épidermique, inexplicable tant elle est irrationnelle, qui l’a poursuivi sans répit durant tout son quinquennat, et ce quoiqu’il fasse ou qu’il dise. Cette haine qui s’est accrochée à ses basques dès le début du marathon un peu fou qu'il avait entrepris pour tenter de revenir au premier plan.

Tout y passa, des insultes les plus viles aux accusations les plus extravagantes pour tenter de le discréditer. Le “Hollande bashing” contre lequel quelques chochottes enfarinées de la Gauche bobo font mine de s’émouvoir et qui fait gémir les Saintes-Nitouches “people” de la Socialie, n’est rien en comparaison de celui qui s’abattit sans discontinuer depuis de nombreuses années sur Sarko.
Il perdura jusqu’à ces derniers temps, où nombre de revanchards hystériques se déclaraient prêts à tout ou presque pour barrer la route au candidat républicain, y compris piétiner leur prétendu engagement idéologique, en allant voter pour le quelque peu rassis Juppé. Six-cent mille personnes ont cru bon d’accomplir cet obscur dessein, à ce qu’il paraît.


Le parti des Republicains peut dire merci à ces idiots utiles qui ont un peu renfloué ses caisses en même temps qu’ils ont précipité ce qui était devenu inéluctable !

Même si Sarkozy était encore capable de déployer une énergie admirable, même s’il émanait toujours de sa personne un charisme puissant, les ressorts étaient usés. La ligne stratégique était devenue franchement erratique, tellement difficile à comprendre que plus grand monde ne parvenait à la suivre.


Pourtant, les événements ne se sont pas vraiment déroulés comme prévu. La Gauche vindicative et le Centre équivoque ont eu la peau de Sarko mais, faisant involontairement d’une pierre deux coups, ils ont blackboulé par la même occasion celui qu’ils avaient désigné comme l’exécuteur de leurs basses oeuvres !

Mu par une intuition contagieuse et déjouant tous les pronostics, le “peuple de droite” a en effet anticipé la chute annoncée de son héros et s’est reporté massivement sur François Fillon, prenant à contrepied la stratégie machiavélique, un peu cousue de fil blanc. Résultat : Sarkozy entraîne dans sa chute Alain Juppé qui se croyait déjà en haut de l'affiche, et toute sa suite de courtisans, parfois de la dernière heure, alléchés par les juteuses prébendes qui se profilaient à l’horizon.


Mauvais perdant, mal conseillé, et obstiné jusqu’à l’absurde, Juppé “a décidé de continuer le combat” au nom du “rassemblement”. Largement distancé, il avait une belle occasion de faire cesser au contraire les hostilités inutiles, et de s’associer à cette nouvelle dynamique porteuse d’espoir pour son parti. Il préfère courir le risque d’ouvrir de nouvelles divisions dans lesquelles pourront s’engouffrer les adversaires de tout poil. Il prend également celui d’une défaite cuisante en deux temps, qui ne serait en définitive que justice face à tant de mesquinerie.


Quant à Nicolas, il s’est esquivé sur la pointe des pieds, rendant les armes avec panache et humilité, au terme d’une brève et touchante allocution. Ce dernier combat fut sans doute celui de trop, mais il lui donne l’occasion de prouver que derrière des manières parfois histrioniques, il y a un coeur sensible et une âme noble. Respect lui soit rendu...

2 commentaires:

extrasystole a dit…

derrière des manières parfois histrioniques, il y a un coeur sensible et une âme noble. Respect lui soit rendu...
Tu parle de qui? de Nicolas, de François ou de toi?
Amicalement

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Devine !
Pas de moi en tout cas ! Je suis si timide, si inhibé, et je n'aurais de toute manière pas la forfanterie de me juger...
Bien amicalement à toi