A
quelques mois de l'élection présidentielle, la valse des sondages,
le ballet des candidatures, a de quoi interroger. Face à l'ampleur
de la crise qui aspire peu à peu en le fragmentant, le fragile et
baroque édifice européen, le spectacle qui est donné s'apparente à une sorte de farce rococo dont
l'outrance et la poudre farderaient la vanité.
Malheureusement c'est infiniment plus tragique que comique.
Des
enquêtes d'opinion, il n'y a pas grand chose à dire. Il est évident
que la situation tangue tellement que tout peut être revu du jour au
lendemain.
Mais
des projets de tous les prétendants, c'est la vacuité qui frappe, car elle atteint
une profondeur vertigineuse.
Passons
sur les misérables pantomimes égo-centrées de M. Villepin, Morin,
Bayrou et consorts. Le numéro a déjà été fait un peu trop
souvent pour embabouiner, ni même émouvoir. D'une manière
générale, la multiplication indécente des candidats auto-déclarés
est à l'image de l'effritement des perspectives.
Quant
au ramassis informe qui avance dans un désordre indescriptible
derrière les étendards fripés d'une Gauche plus ringarde et
prétentieuse que jamais, il vaut en revanche son pesant de
cacahuètes. Je ne sais si le pays se laissera aller une fois encore,
par dépit, à choisir cette voie plus qu'hasardeuse, mais il y a des
moments où en viendrait presque à se désintéresser de la question
tant devient fort le sentiment que l'époque a perdu tout bon sens,
et tant le caractère irrémédiable de la déchéance s'impose avec
fatalité.
A
commencer par les dérives innombrables dans lesquelles semblent
patouiller avec délectation les hordes bruyantes de sycophantes
bavant la générosité, l'égalité, la solidarité. Il faudrait
être bien myope ou inconséquent pour se risquer à leur confier
sous peu tous les leviers de commande (ce dont eux-mêmes ne
devraient pas vouloir, tant ils se prétendent sourcilleux sur
l'équilibre des pouvoirs).
La
dérive idéologique est naturellement la plus grave. Ces chantres du
socialisme "à visage humain", tous peu ou prou passés sur
les fonds baptismaux du marxiste-léninisme, ont quelque peu édulcoré
leur propos. Des refrains révolutionnaires du passé, ils n'ont
retenu que celui de "la justice sociale" et de la
"taxation des riches". Ils se raccrochent de manière
pathétique à ces lubies comme des naufragés à des débris
dérisoires. Espèrent-ils vraiment "ré-enchanter le monde"
avec ces ersatz faisandés de la lutte des Classes, alors que moins
de 20% des ouvriers désormais jugent utile de voter pour eux ?
Malgré
les dénégations, les vieux idéaux tombent un à un en lambeaux.
Déstabilisés par d'autres populismes plus percutants, certains
tentent bien de mêler à leur potion rance des ingrédients
nouveaux mais ils ne parviennent ainsi qu'à concevoir une sorte de
resucée nauséabonde de National Socialisme... Protectionnisme,
dé-mondialisation, souverainisme, autant de calamiteux miroirs aux
alouettes...
S'il
n'y avait que l'absence d'idée ce serait déjà pitoyable, mais
hélas, où qu'on tourne son regard ce n'est que marigot.
On
a vu les dérives morales, certes pas nouvelles, mais si longtemps
tues, qui caractérisent ces infatigables donneurs de leçons de
vertu, qui ont paraît-il "le cœur à gauche". Malchanceux
nigauds qui espèrent encore en eux ! Leur candidat putatif, si emblématique, si
"intelligent", si "gagnant d'avance", s'est abîmé
définitivement dans le stupre. Les "amis" ont bien tenté
de minimiser la débauche, où même de la dissimuler derrière une
histoire grotesque de complot, mais maintenant que l'abcès s'est
répandu au grand jour, chacun préfère s'écarter discrètement des remugles
asphyxiants.
Les
dérives mafieuses sont quant à elles devenues si courantes que même
au sein "du Parti", certains les dénoncent désormais
ouvertement, préférant sans doute risquer de discréditer tout le
clan pour préserver leur propre avenir. Même si les Saint-Just ont
un petit air d'opérette, on comprend qu'il y a sans doute du grain à
moudre... Et que les pestilences débordent largement le cadre du
seul PS ! On fait grand bruit et assommant rabâchage sur les affaires impliquant la
Droite, mais chaque jour voit son lot de poursuites judiciaires
maculer ce qui reste de la parure emblématique de Gauche "progressiste".
Si nombre de politiciens apparaissent englués dans les scandales, dès
qu'on lève un peu le voile sur les syndicats, mangeant tous ou quasi
au râtelier du socialisme, on est pris de hauts-le-cœur. Mais que
le bon peuple se rassure. A peine le couvercle de la marmite
s'entrouvre par le biais d'un rapport, qu'il faut par correction
politique, le refermer bien vite. La soi-disant "paix sociale"
a un prix. Ainsi nous n'aurons qu'entrevu les ripailles, les
bombances, les orgies, et la vie de château des satrapes censés
représenter les "travailleurs". Il est vrai qu'avec 4
milliards d'euros redistribués par une législation prodigue et attentionnée, ils ont de quoi combler le manque à gagner dû à une
piteuse emprise, atteignant à peine 8% des salariés !
Et comme pour détourner l'attention, ils profitent de manière jubilatoire de la période des vacances, pour paralyser le pays autant que leur pouvoir de nuisance – qu'ils appellent "Service Public" – le permet encore...
Et comme pour détourner l'attention, ils profitent de manière jubilatoire de la période des vacances, pour paralyser le pays autant que leur pouvoir de nuisance – qu'ils appellent "Service Public" – le permet encore...
Au
sein de ces turpitudes en tous genres, les dérives magouilleuses ne
sont pas en reste. Passons sur le cumul des mandats contre lequel on
ne compte d'adversaires que parmi ceux qui ne parviennent pas à se
faire élire plusieurs fois ! Le scandale est dans toutes ces
compromissions, tous ces marchandages politiciens, ces parachutages qui
s'étalent au grand jour, sans vergogne. Ces alliances de
circonstance, ces accords vite torchés, sacrifiant par exemple du jour au lendemain, pour
quelques soutiens écolos, tout le programme énergétique du pays !
Ces lâchetés démagogiques, ces rodomontades inconséquentes, à
propos des mirobolantes promesses de recrutements dans la fonction publique, du retour à la retraite à 60
ans, de la renégociation des traités européens, et pourquoi pas
des 32 heures écologiques...
Il
faudrait évoquer les accusations malséantes à propos du déficit
causé selon eux par la politique de Nicolas Sarkozy. Malgré tout le
mal qu'on peut penser de ce dernier, sans doute faut-il le
considérer comme plutôt modeste eu égard à celui qu'auraient
occasionné les Socialistes qui préconisaient un plan de relance
encore plus gigantesque que celui du gouvernement actuel (et qui même
en période de croissance parvenaient à creuser les déficits et
faire enfler la dette).
Il faudrait encore évoquer la polémique insane relative au droit de vote des étrangers "qui paient des impôts", totalement hors de propos, remise sur le devant de la scène par des Socialistes en mal d'inspiration et d'opposition. Ou l'initiative encore plus ubuesque et anachronique, consistant à légiférer sur le génocide arménien ! Et pourquoi pas sur la Corée du Nord, tiens donc ?
Il faudrait encore évoquer la polémique insane relative au droit de vote des étrangers "qui paient des impôts", totalement hors de propos, remise sur le devant de la scène par des Socialistes en mal d'inspiration et d'opposition. Ou l'initiative encore plus ubuesque et anachronique, consistant à légiférer sur le génocide arménien ! Et pourquoi pas sur la Corée du Nord, tiens donc ?
Tout
cela donne la mesure de l'absence de vision politique régnant en
notre vieux pays. D'autant que dans les rangs de la majorité ce
n'est guère plus brillant.
On
a vu le président de la république, au motif de la crise, manger
son chapeau sur la quasi totalité des réformes les plus
emblématiques de son mandat, tandis que les autres sont restées le
plus souvent inabouties voire contradictoires entre elles. Face à la
débâcle, le discours se veut ferme dans la forme mais reste
erratique sur le fond, sacrifiant trop souvent le pays aux postulats
d'une religion aussi bien intentionnée qu'elle est peu pragmatique.
C'est
peu de dire qu'on est mal barrés...