Contrairement à la plupart des penseurs du socialisme, qui expriment une sainte horreur du profit, Thomas Sowell le considère comme quelque chose de naturel et même comme un moteur de la croissance. Selon lui, le profit, loin d’être du vol, est tout simplement nécessaire. C’est la condition indispensable à la pérennité d’une entreprise et à son développement, son adaptation ou sa modernisation via l’investissement. Sans contrôle, il peut certes donner lieu à des abus. Face à ce danger, la concurrence, honnie également par les gens de gauche, est hautement souhaitable car elle constitue la meilleure arme pour limiter tout excès. En l’occurrence, elle s’avère beaucoup plus efficace que l'étatisation et sa régulation autoritaire, toujours complexe, onéreuse, plombée par l’inertie bureaucratique.
Mais avant d’être profitable, une jeune entreprise a besoin de capitaux. Hélas, sauf à hériter d’une société déjà prospère, il ne faut pas espérer que les fonds nécessaires à toute création tombent du ciel, et pour démarrer, il est quasi inéluctable de recourir à des prêts accordés par des banques ou des investisseurs fortunés et audacieux, aussi appelés “capital riskers”. Dans ce contexte, les intérêts sur les sommes empruntées n’ont quant à eux rien d’immoral mais obéissent à une logique relevant de l’évidence. Ils équivalent à un loyer et leur montant est proportionnel au risque pris par le prêteur.
Ces notions, fondatrices du capitalisme, coulent de source et on comprend mal qu'elles fassent encore débat, au nom de principes nébuleux, et au mépris de la réalité la plus triviale. Soit on les accepte et on construit le progrès et la prospérité, soit on les refuse et on se condamne à végéter dans la désespérance et le dépérissement. Les régimes socialistes aboutissent invariablement à ce résultat, sauf à instiller dans le système une dose plus ou moins importante de capitalisme, à se résoudre à desserrer les verrous réglementaires et à alléger le boulet des taxes et des réglementations coercitives.
La Chine moderne représente de ce point de vue un exemple édifiant. Longtemps vitrifiée par le glacis maoïste, elle s’est brutalement réveillée lorsque les dirigeants qui ont succédé à l’ubuesque tyran, ont enfin ouvert le pays à la loi du marché, à l’initiative privée et à la propriété. L’expansion économique du pays a été foudroyante. L’absence de toute opposition, de tout syndicat et de tout système de protection sociale a permis au capitalisme de progresser sans obstacle et de faire preuve d’une efficacité quasi sauvage. Ce fut expérimental en quelque sorte.
La comparaison des niveaux de prospérité des deux Corées est également sans appel. Il s’agit en réalité du même pays, des mêmes populations, séparés seulement depuis la fin de la guerre par deux systèmes économiques opposés, l’un relevant du communisme le plus archaïque et intolérant, l’autre de la démocratie libérale d’inspiration capitaliste. Partant tous deux d’un niveau proche de la misère, l’évolution des deux camps a de quoi faire réfléchir. Malgré son surarmement, la Corée du Nord est restée dans un état de pauvreté inimaginable. Par contraste, le PIB de la Corée du Sud s’est hissé au 11ème rang mondial et le PIB par habitant dépasse les 30.000 dollars, soit plus de vingt fois supérieur à celui de la Corée du Nord.
L’Allemagne, divisée pareillement en deux à l’issue de la seconde guerre mondiale, a connu le même sort, avant sa réunification, sous l’égide et avec l’aide de la partition occidentale, parvenue à la prospérité grâce au capitalisme.
À suivre...