L'information
n'a guère eu d'écho dans la presse.
Le meurtrier de 77 personnes le 22 juillet dernier en Norvège, ne serait selon l'expertise des psychiatres, "pas pénalement responsable de ses actes" (Figaro 29/11/11). Par conséquent, si le tribunal suit l'avis de ces médecins, il devrait tout bonnement échapper à la prison et n'être condamné qu'à subir des soins en établissement psychiatrique.
Le meurtrier de 77 personnes le 22 juillet dernier en Norvège, ne serait selon l'expertise des psychiatres, "pas pénalement responsable de ses actes" (Figaro 29/11/11). Par conséquent, si le tribunal suit l'avis de ces médecins, il devrait tout bonnement échapper à la prison et n'être condamné qu'à subir des soins en établissement psychiatrique.
Ce
cas soulève un problème de fond en matière de justice. Alors que
la polémique resurgit à chaque fois qu'un criminel est sur le point
d'être exécuté aux Etats-Unis, au motif qu'il serait peut-être
innocent, l'étonnante indifférence entourant le cas présent à de
quoi interroger.
Cet
homme est coupable, cela ne fait aucun doute. Ses forfaits,
prémédités, ont été froidement calculés et organisés avec une
précision diabolique. Ils sont particulièrement horribles –
l'assassin n'a laissé aucune chance à ses victimes exécutées par
pur plaisir de tuer – et déstabilisants pour une société
entière.
S'il
se confirme que la justice s'avère incapable de sanctionner cet
effroyable bain de sang autrement que par un expédient médical, il
y a vraiment de quoi se poser des questions sur le sens qu'elle
accorde au concept de responsabilité, et peut-être même
de justice...
Pourquoi
la barbarie serait-elle plus acceptable venant de gens considérés
comme malades dits "mentaux", que de gens normaux ? Où s'arrête la
raison, où commence la folie dans de telles circonstances ?
C'est
faire un quasi affront aux aliénés que de trouver la violence
excusable lorsqu'elle est de leur fait. J'en veux pour preuve les
dénégations de l'intéressé qui avec beaucoup de calme refuse le
qualificatif de malade mental, et qui relève dans le rapport des
médecins "nombre d'erreurs factuelles et une méconnaissance
des idéologies politiques".
Les
crimes les plus affreux sont toujours la conséquence d'un "coup
de folie", comme l'exprime de manière spontanée le bon sens
populaire. La justice devrait donc se résigner systématiquement à
se déclarer incompétente et par la même, incapable de sanctionner
à leur mesure, tous ces crimes. Tant de palabres pour en arriver là...
Tant de questions abandonnées à la friche...
Quel
est en la circonstance, l'espoir qu'un tel individu redevienne un
citoyen normal, ou tout simplement puisse purger sa peine à l'égard de
ses victimes et de la société ?
Quel
est objectivement l'intérêt, pour lui et pour la société, d'une
condamnation à vivre enfermé dans un asile, à défaut d'une prison,
pendant le restant de ses jours ?
Et
si par miracle il retrouvait un jour la raison, comment imaginer
qu'il puisse vivre avec le poids de son forfait sur la conscience ?
Ce drame ne peut évidemment permettre d'occulter la
problématique de la peine de mort.
En l'ayant totalement abolie, on imagine parfois avoir réglé le problème. Pourtant, la société se condamne par voie de conséquence, à des solutions absurdes, et probablement au moins aussi cruelles. Elles témoignent en outre d'une certaine lâcheté et d'une étrange irresponsabilité. En l'occurrence, les psychiatres qui déclarent le forcené irresponsable, se déclareraient eux-mêmes irresponsables du devenir de cette personne, qu'elle soit recluse à vie entre quatre murs ou qu'elle recouvre la liberté.
Il est frappant de constater qu'à chaque fois qu'un déséquilibré, relâché après avis d'experts, commet un nouveau crime, les psychiatres refusent d'assumer la moindre responsabilité, et plaident la bouche en cœur l'aléa imprévisible...
En l'ayant totalement abolie, on imagine parfois avoir réglé le problème. Pourtant, la société se condamne par voie de conséquence, à des solutions absurdes, et probablement au moins aussi cruelles. Elles témoignent en outre d'une certaine lâcheté et d'une étrange irresponsabilité. En l'occurrence, les psychiatres qui déclarent le forcené irresponsable, se déclareraient eux-mêmes irresponsables du devenir de cette personne, qu'elle soit recluse à vie entre quatre murs ou qu'elle recouvre la liberté.
Il est frappant de constater qu'à chaque fois qu'un déséquilibré, relâché après avis d'experts, commet un nouveau crime, les psychiatres refusent d'assumer la moindre responsabilité, et plaident la bouche en cœur l'aléa imprévisible...
Ce
genre d'affaire me fait irrésistiblement penser à la magnifique
nouvelle de John Steinbeck, "Des souris et des hommes".
C'est
un récit simple. Trop simple peut-être pour les amateurs
d'intrigues alambiquées ou de métaphysique en forme de jus de
cervelle. Pourtant, l'histoire de George et de Lennie est de celles
qui s'impriment en profondeur dans la conscience du lecteur et qui ne
le quittent plus de sa vie.
Ce
que George est amené à faire, parce qu'il considère qu'il s'agit
de son devoir, de sa responsabilité, touche au sublime, au sens
philosophique. Et sa portée pourrait sans peine inspirer une vraie
réflexion sociale, sans tabou, sans faux semblant ni artifice, et
pour autant profondément humaine...