16 novembre 2023
Chronique d'une guerre perdue
06 novembre 2023
L'ONU à nu
24 octobre 2023
Still Rolling
A l’instar du chaos ambiant, rien ne s’oppose au mélange des genres, surtout s’il s’agit de musique qui, comme chacun sait, adoucit les mœurs…
Quoiqu'on en dise, un inédit des Rolling Stones, c'est un évènement. Inutile d'insister sur la carrière fabuleuse de ce groupe pop issu des sixties. Sans doute ces garçons devenus octogénaires n'ont-ils plus rien à démontrer, et sans doute leur initiative peut paraître quelque peu décalée par rapport à la mode actuelle.
N'est-ce pas l'album de trop ?
La jaquette à l'esthétique laquée mais impersonnelle et stéréotypée, n'a pas grand intérêt. Encore qu'on pourrait trouver à ce cœur de diamant brisé en mille morceaux par un couteau acéré, quelque allusion à la violence de l'actualité et l'explosion de haine à laquelle on assiste consterné.
S'agissant de la musique, en dépit d’assez nombreuses médiocres critiques, force est de constater que ça fonctionne encore, même si on a sans doute perdu un peu du grain de folie et d’ardeur juvénile qui faisait le sel du groupe de rock. Sex, drug and rock'n roll, le cocktail s'est bien affadi et le temps n'est plus celui du Flower Power.
Mais ça sonne encore bien. La musique regorge de rythme et d’énergie et le timbre inimitable de la voix de Mick Jagger est intact. Quand il n'éructe pas un rock acide et tonitruant, ses effets inimitables, mêlant lascivité et gémissement, sortent avec délectation de sa bouche à la fois sensuelle et carnassière. Les rides, l’émaciation des chairs n’ont en rien altéré la force du chant.
Dans cette collection de nouveaux titres on compte des rocks aux riffs bien agressifs, très entraînants à défaut d’être d’une originalité renversante : Angry, Get Close, Bite My Head Off (avec la participation robuste de Paul McCartney), Mess It Up, Whole Wide World.
Il y en a d’autres plus circonstanciés et pulpeux : Depending On You, Live By The Sword, Drive Me Too Hard
Il y a enfin de bonnes vieilles ballades langoureuses, telles Dreamy Skies, Sweet Sounds Of Heaven (on peut y entendre s’égosiller Lady Gaga et pour ceux qui ont l’oreille fine, le piano d’Elton John…).
Et avant de partir, deux petits blues. L’un susurré avec modestie et tendresse par Keith Richards (Tell Me Straight), l’autre résonnant comme l'oméga d’une aventure commencée dans le sillage du bon Muddy Waters : Rolling Stone Blues. En définitive; si les Stones ne se réinventent pas, ils font mieux qu’entretenir la flamme, ils l’attisent. Ça fait revenir des souvenirs enfouis des belles années passées trop vite, ce n’est pas si mal…
Par un hasard bienvenu, j’ai découvert via Youtube, un titre jamais édité, datant de 1997, Dream About. Incontestablement, il émane de cette chanson méconnue, un jus à la saveur supérieure à celle des décoctions présentes. Ligne rythmique hypnotique, petits accords acidulés à la guitare, et une mélodie ensorcelante, pour ne pas dire poignante, qui fait monter encore un peu plus la nostalgie...
18 octobre 2023
Intermède Goldberg
Pour échapper à l’horreur de l’actualité, au vertige de la barbarie et du non sens qui tel un trou noir nous aspire de plus en plus, je reviens donc à mon alpha, qui sera sans nul doute également l’oméga de mon destin, si tant est que je puisse pleinement en profiter jusqu’aux confins de mon existence terrestre.
La publication toute récente d’une nouvelle version de ce chef-d'œuvre par le pianiste danois Vikingur Olafsson donne l’occasion de plonger à nouveau dans cet absolu de bien et de beauté.
On retrouve sous les doigts de cet artiste, la grâce unique faite de légèreté, de fantaisie et d’inventivité qui ne sacrifie rien à la fidélité, mais qui la transcende et l’illumine. Il y a une puissance à la fois grave et joyeuse qui vous transporte quasi instantanément. Tout en faisant indéfectiblement partie d’un ensemble, chaque variation s’individualise à merveille comme un monde à part entière, empli d’une troublante évidence. Certaines sont époustouflantes de virtuosité (variation 1 et 5 enlevées avec tant de gourmandise qu'on les entend à peine passer, et 20, superbe), d’autres de profondeur (3, 13, 15, 21, 25, ainsi que le crescendo dramatique des dernières variations, et bien sûr l’énigmatique et envoûtante aria qui commence et qui termine le parcours). La prise de son est idéale, très précise, d'une pureté quasi cristalline, avec juste ce qu’il faut de réverbération et de rondeur.
Il y a tant d'interprétations à ce jour qu’il est bien difficile de savoir ce qu’apporte un énième regard, et pourtant…
Cette nouvelle exploration constitue assurément un trop bref moment d’extase et de plénitude…
14 octobre 2023
Le bon grain et l'ivraie
Le vrai drame est là.
Supposée représenter dans beaucoup d'esprits une résistance héroïque, cette organisation abjecte ne fait que pérenniser et accroître le malheur des gens honnêtes et respectables au nom desquels elle répand la terreur.
Ceux qui ne parviennent ou qui ne veulent pas dessiller leurs yeux devant l'évidence se font consciemment ou non complices de l'horreur. Loin d'être les amis du peuple palestinien, ils risquent de se faire ses pires adversaires et les ennemis d’eux-mêmes.
Pour reprendre une expression en vogue, ce sont les idiots utiles du jihad dont le but, revendiqué haut et fort, est la destruction d'Israël, l'éradication du peuple juif, et au-delà, la fin du monde occidental et de ses valeurs.
Nos démocraties portent une très lourde responsabilité devant l'Histoire.
M. Macron dans sa dernière allocution, nous a donné un nouvel exemple de sa calamiteuse politique du "en même temps". Il réaffirme avec force la nature terroriste du Hamas et reconnaît le droit à Israël de se défendre, mais fixe de telles contraintes à son action "juste", qu'elle ne pourrait se résumer qu'à une vaine stratégie du "avance et recule".
Contrairement à beaucoup d'autres nations, son soutien est des plus mesurés, sauf en paroles. Alors que des Français ont été atrocement tués ou enlevés, il se paie de mots pour venir à leur secours. Mais d'action point. Aucun soutien militaire n'est envisagé, aucune aide technique en matière de renseignement n'est annoncée. Pire, la France s'oppose à l'interruption de l'aide européenne versée à Gaza, dont on sait qu'une bonne partie est consacrée par le Hamas à l'endoctrinement anti-juif et à l'armement des terroristes qu'il a fanatisés.
En vérité, dans le discours crépusculaire de M. Macron, transparaissait avant tout la crainte de voir l'anti-sémitisme progresser brutalement en France, les émeutes déchirer à nouveau l'espace public et peut-être se propager une nouvelle vague d'attentats. Son appel à l'union sacrée fait partie des vœux pieux qui lui servent de politique, comme à beaucoup de ses prédécesseurs. Pour preuve, son incapacité à faire respecter l'interdiction des manifestations haineuses et violentes anti-israéliennes, qui se multiplient un peu partout, et son laisser-aller coupable face au comportement inqualifiable des partis d'extrême gauche.
Force est de constater qu'en dépit de toutes les dénégations et tous les faux semblants, l'anti-sémitisme est revenu en force. Il grandit chaque jour un peu plus, rappelant une époque sinistre qu'on pensait ne plus jamais revoir.
Sans prise de conscience de ce fléau qui a déjà fait tant de mal par le passé, les choses risquent fort d'aller de mal en pis. Il est urgent, pour celles et ceux qui désirent sincèrement la paix civile et un sort meilleur pour le peuple palestinien, de le dissocier de ceux qui parlent et agissent en son nom, sans autre légitimité que celle de la force et de la coercition. Pour aider ces populations martyres, il est vain de verser des larmes de crocodiles devant les images dramatiques, souvent manipulées, exhibées à dessein. Il faut commencer par se désolidariser sans ambiguïté des canailles. C'est le challenge auquel toutes les personnes bien intentionnées ont le devoir de se rallier, de quelque confession et de quelque parti soient-elles. Il n'est vraiment plus temps de tergiverser…
10 octobre 2023
L'Horreur
30 septembre 2023
Madness or Common Sense ?
25 septembre 2023
Le Fanatisme de l'Indifférence
Hélas, force est de constater que ce dernier a manqué sa cible. François est resté dogmatique, sentencieux, et plus imprécateur que jamais. Devenu pontife il pontifie à tout va, avec un ton revanchard et un goût pour la provocation vaine qui témoignent d'une inquiétante inaptitude à l’élévation spirituelle.
Sa venue très théâtralisée dans la patrie de Marius pour exprimer avec des larmes de crocodile sa compassion pour les migrants est une belle pierre jetée dans le jardin honni du Capitalisme et plus généralement de l’Occident. Sans doute cela satisfera l'âme révolutionnaire du curé coco devenu leader de la chrétienté, mais quant à l'efficacité, ce n'est rien de mieux qu'un coup d'épée dans l'eau ou un hourra pour les pauvres, aussi audacieux et courageux qu'une résolution de l'ONU, contre la guerre ou pour l'amélioration du climat…
Dans quel monde vit le pape ?
A-t-il conscience du dépérissement tragique du christianisme qu'il est supposé incarner et en tout état de cause défendre avant toute chose ?
Pas un jour sans que des chrétiens ne soient insultés, ridiculisés, humiliés, violentés, assassinés par le fanatisme et l'intolérance.
Pas un jour sans que des églises ne soient pillées, vandalisées ou brûlées par des idiots animés de la plus noire des bêtises.
S'agissant du sort tragique des migrants qui semble tant remuer l’héritier au petit pied de Saint-Pierre, pas un jour sans que des passeurs cupides sans foi ni loi n'organisent l'exode périlleux de ces malheureux auxquels ils ont fait croire que l'Europe était une nouvelle Cythère.
Pas un jour sans que des ONG, irresponsables, financées par des États inconséquents, n'encouragent les candidats à l'émigration.
Pas un jour sans que les tyranneaux et les incapables qui prétendent gouverner les pays d'origine des exilés, n'accentuent en toute impunité leur emprise et leurs maléfiques agissements.
Et pas un jour sans qu'on constate avec effarement l'incapacité de nos pays, totalement débordés par l'ampleur du phénomène, à accueillir si ce n'est endiguer le déferlement de populations hagardes fuyant ces misères évitables mais que personne ne cherche vraiment à éviter.
Le pape, qui semble ignorer les liens de causalité, n’eut pas un mot pour ces fléaux terribles, pas un mot pour déplorer le chaos migratoire qui s’apparente de plus en plus à un désastre humanitaire. Au lieu de cela, il se livra à une litanie marmonnée avec onction et componction, cachant derrière de vagues propos lénifiants, un lit de pointes venimeuses et d'accusations fielleuses, destinées non pas aux fauteurs de ces troubles, mais à ceux qui y sont confrontés ! Pire, ses condamnations à sens unique et ses leçons de morale pharisiennes risquent d’alimenter et d’attiser, consciemment ou non, l'incendie.
A défaut de convaincre ses paroissiens et de déclencher des vocations pour sa religion en voie d'extinction, il devient l'idole de ses adversaires et de tous ceux qui n'ont rien à faire de la sainteté dont il est le dépositaire désigné.
Profitant de l'aubaine, l'infâme Mélenchon ramène avec une torve jubilation sa fraise, couleur du sang des révolutions d'antan. Lui qui ne vit que dans l'espoir de voir revenir le temps des coupeurs de têtes et de la lutte fratricide des classes, à laquelle il ajoute celle des races et des sexes, il s'accroche indécemment aux basques du pontife cacochyme et décarochant, espérant par ses simagrées, tel le joueur de flûte de Hameln, faire venir à lui, comme futurs électeurs, les foules étiques et désemparées que le pape bénit de ses vœux insanes.
23 septembre 2023
Planification Ecologique
Non échaudée par son piteux revirement en matière d’énergie nucléaire, madame Borne a présenté son train de mesures supposées infléchir la courbe française des émissions de gaz à effet de serre.
Ce nouvel avatar du planisme étatique est assorti d'une palanquée d’objectifs chiffrés, comme aux plus mauvais jours de l’union soviétique, et d’un coût astronomique, aux frais du contribuable : 7 milliards d’euros qui s’ajoutent aux dépenses publiques rien que pour 2024 (qui correspondent en réalité à des engagements pluriannuels de 10 milliards €) !
A tout seigneur tout honneur, la voiture électrique devenue l'étendard des tripatouillages bureaucratiques commis au nom de l'écologie, devra s'imposer coûte que coûte. Plus un seul véhicule dit "thermique" ne devra sortir des chaînes de production à compter de 2035 et la part de marché de l'électrique devra atteindre 66% dès 2030. Autrement dit, plus aucun investissement n'est dès à présent envisageable par les constructeurs français qui seront sous peu contraints de procéder à des licenciements massifs car il est clair qu'il faudra moins de ressources humaines pour élaborer, construire et entretenir des bagnoles électriques, ce d'autant qu'elles seront fabriquées à moindre coût en Chine..
Le gouvernement entend endiguer le tsunami imminent des importations par d'illusoires lignes Maginot. Mais, comme à chaque fois qu'on recourt à des expédients protectionnistes, des augmentations substantielles de prix sont prévisibles pour les consommateurs, que l'Etat va tenter de contenir à coup de ruineuses et complexes primes, bonus et autres subventions. Paradoxe amusant, après avoir instauré un bouclier tarifaire destiné à maintenir la consommation des bons vieux produits pétroliers, la Première Ministre encourage désormais les distributeurs à les vendre à perte ! A l'incohérence politique, on ajoute le non sens économique. On croit rêver…
Dans le souci de favoriser les "mobilités alternatives", le réseau des pistes cyclables offrira 150.000 Km aux cyclistes contre 60.000 aujourd’hui : si la décroissance est en marche, celle du marché des vélos, souvent asiatiques, va atteindre des sommets !
La SNCF, RATP et consorts sont également mis à contribution. Alors qu’ils sont déjà totalement débordés et de moins en moins efficients, ils devront progresser dans des proportions vertigineuses : plus 20 milliards de km-voyageurs rien que pour les transports ferroviaires !
En matière d’agriculture, il s'agira de favoriser la filière bio. Bien qu’elle soit l'objet d'une désaffection croissante de la clientèle, vu la qualité discutable et le coût élevé des produits, elle est supposée croître, par la magie des injonctions étatiques, à hauteur de 20% de part de marché ! Peut-être y arrivera-t-on en réduisant la production globale vu l'interdiction drastique de l'usage des pesticides, et des engrais. A la place, les champs vont se couvrir d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques
Passons sur la volonté de baisser de 75% le nombre des chaudières à fioul et de 20% celles à gaz. Pour ce faire, la prodigalité sans limite des Pouvoirs Publics devrait faire exploser le nombre des bénéficiaires du dispositif Maprimerenov, dont resteront bien sûr exclus les propriétaires nantis de résidences secondaires…
En revanche, rien ne semble prévu pour limiter les transports aériens, ni pour améliorer la gestion de la terre, de l’urbanisme, du traitement des eaux de pluie, de l'entretien des forêts, et rien sur le ferroutage, promis par les écologistes et sans cesse reporté aux calendes..
M. Macron, incapable de régler les problèmes du quotidien, se fait fort de faire rentrer dans les clous de sa bureaucratie les aléas de la météo !
Sous l’effet de ces mesures, peut-être verra-t-on, conformément au Gosplan, décroître les émissions de CO2 de 403 à 270 millions de tonnes annuelles. Mais une chose est sûre dans ce monde incertain, la proportion du dioxyde de carbone dans l’air ambiant (aujourd’hui de moins de 0,04%) ne variera pas d’un iota. Pire, elle progressera grâce aux émanations en provenance d’autres pays !
N’en doutons pas cependant. Tout ce fatras de normes n’empêchera pas le gouvernement d’être régulièrement accusé “d’inaction climatique”. S’agissant des différents partis politiques qui ont eu la primeur de cet arsenal législatif, les critiques ne s'adressent qu'à l'insuffisance du dispositif. Comme l’a fait remarquer très subtilement M. Faure, représentant du vestigial PS, “une guerre contre le climat, ça suppose une économie de guerre, et on en est très, très loin…”
Alors que l'État s’abandonne à l’absurdité contagieuse, un scientifique révèle qu'il a dû biaiser la présentation d'un travail pour qu'il soit conforme à la doxa climatique et puisse ainsi être publié dans la prestigieuse revue Nature. Une autre revue, European Physical Journal Plus, décide carrément de dépublier un article sous la pression de lobbies réchauffistes, au motif que ses auteurs seraient des climato-sceptiques notoires.
Avec le Plan, voici le règne des comités de censure. Le doute scientifique n'est donc plus permis dans ce monde en proie à la folie des certitudes vaines. Le bon sens et la sagesse reculent un peu plus chaque jour. Après les errements de la revue médicale Lancet au temps du COVID, on en vient à perdre confiance en ce qui semblait incarner la raison et l'objectivité.
Si les mesures présentées dans ce plan relevaient d'un progrès évident, y aurait-il besoin de mettre en place une telle armada législative pour convaincre de leur bien-fondé ? Si le réchauffement climatique s'imposait comme une vérité intangible, et si les gens avaient encore un peu d’esprit critique, y aurait-il besoin de museler les contradicteurs ?
18 septembre 2023
Statistiques et Transhumanisme 2
Dire précisément de quoi il s’agit serait difficile tant le concept est sujet à interprétations. On se situe en effet dans une sorte de nébuleuse portant l’idée que le progrès technique aboutira tôt ou tard à une transformation radicale de l’être humain. Selon les plus enthousiastes zélateurs de cette théorie, l’Homme deviendra plus intelligent, plus puissant, résistant à quasi toutes les maladies, et à terme, il pourra peut-être accéder à l’immortalité.
Pour en débattre, le premier protagoniste était Michel Onfray, philosophe bien connu, très médiatique et surtout très prolixe en ouvrages célébrant une vision athée, quelque peu nietzschéenne du monde, fermement ancrée dans un socialisme utopique, de type proudhonien. Le second, Laurent Alexandre, fut chirurgien, cofondateur du site web Doctissimo, auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’avenir des sciences et des biotechnologies, également habitué des plateaux télévisés et tout aussi engagé politiquement, mais quant à lui, dans une sorte de libéralisme de centre gauche, néo-macroniste, selon ses propres déclarations.
Le point de départ de la discussion se fondait sur un objectif en apparence partagé : celui d'améliorer les perspectives d’avenir pour l'Humanité. La visée est on ne peut plus louable, mais il ne fallut pas attendre bien longtemps pour comprendre que les voies préconisées pour y parvenir étaient largement divergentes.
Laurent Alexandre propose une voie résolument optimiste, et se fait le démiurge d’une nouvelle humanité. Selon ses dires, “l’Homme 1.0 est mort, vive l’Homme 2.0”! Emporté par la passion, il lui arrive même d'appeler ce dernier Homo Deus.
Les progrès rapides en biologie, en génétique, en intelligence artificielle (IA), en nanotechnologies, l’incitent en effet à penser que l'être humain est en passe d’être transfiguré. Tout ce qui semblait relever de la Nature sera selon lui revisité par la technique. Ainsi “le bébé à la carte” deviendra la règle eugéniique, et la grossesse et l’accouchement ne seront bientôt plus qu’un souvenir, grâce à l’avènement de l’utérus artificiel. Ce dispositif permettra d’optimiser la gestation, et de doter le foetus d’extraordinaires capacités physiques et intellectuelles. La famille réunie autour de la machine, trônant dans le salon durant 9 mois, pourra même suivre le bon développement du futur enfant...
Dans ce monde idéal, il n'y aura peut-être même plus besoin de travailler. Un revenu universel sera versé aux oisifs et tous les désirs pourront être satisfaits sans délai par l'Intelligence Artificielle, omniprésente.
Inutile de dire que cette description horrifia Onfray, qui y voit la concrétisation maléfique du fameux "Meilleur Des Mondes". Lui à l'opposé, reste envers et contre tout attaché à un monde fondé sur le respect des traditions. Il veut l'avènement d'un modèle de société libre et joyeuse, ouverte aux délices de l'épicurisme, tout en garantissant la protection des citoyens contre toute emprise excessive du Pouvoir, des Médias, des Commerçants, des Religions, de la Mondialisation, et in fine de la Technique et de l'Informatique.
Taddei qui se trouvait pris entre le marteau et l'enclume tenta quelques incursions visant à rapprocher les deux paradigmes mais rien n'y fit. Bioconservatisme contre transhumanisme, c'est de toute manière irréconciliable, et dans les deux cas, extravagant. On pouvait supposer d'ailleurs, que l'animateur ne penchait n'y d'un côté ni de l'autre tant les paradoxes et les contradictions étaient légions, quelque soit l'option considérée.
Le scientifique exalté se veut le chantre d’une nouvelle humanité assujettie à la technique, sans aspiration spirituelle autre que “de tuer la mort”, et dont la foi et la morale se réduisent à un fumeux “théo-logiciel”. Une perspective d’évolution entièrement consacrée à la réalisation narcissique d'un idéal de perfection, plein de vanité, donc de vide. Par un étrange oxymore, le culte de l'individu le plus exacerbé s'inscrit dans une vision holistique de la société au sein de laquelle les citoyens valent à peine mieux que des fourmis au comportement programmé.
Il imagine avec un sérieux confondant qu’on pourra rendre les gens plus intelligents par la magie de la biotechnologie, en leur greffant des puces dans la cervelle ! Comme si l'intelligence pouvait être aussi simple, comme si la machine, aussi perfectionnée soit-elle, pouvait être qualifiée d'intelligente, et comme si elle excluait totalement par nature la bêtise ! Dans un beau geste altruiste, il voudrait que ces progrès profitent à tout le monde, prioritairement aux gens défavorisés par la nature, et qu'ils soient remboursée par la Sécurité Sociale ! Une telle naïveté ruine la crédibilité qu'on serait tenté d'accorder à ce modèle caricatural.
Mais on n’est pas plus convaincu par son interlocuteur Michel Onfray, proposant une version amendée du rêve ancestral de société juste et égalitaire.
Le philosophe, aussi brillant qu’idéaliste, qui se veut novateur, ne fait rien d’autre que recycler de vieilles lunes révolutionnaires d'inspiration collectiviste, toujours désastreuses lorsqu’elles furent mises en œuvre par le passé. Oubliant ces expériences malheureuses, et alors qu’il se prétend libertaire, il en vient à considérer le libéralisme, incarné selon lui par son interlocuteur, comme aussi néfaste que le communisme ! Il s'oppose de toutes ses forces à “la réification du monde” mais reste envers et contre tout fidèle au socialisme, fondé quelque soit la version mise en œuvre, sur une vision matérialiste et athée qui symbolise le mieux cette réification.
Au bout du compte, à l'issue de la confrontation, l'envie qui se faisait jour était de renvoyer dos à dos les deux conceptions, car décidément, l'une mélange science et scientisme, l'autre continue de confondre philosophie et utopie …
14 septembre 2023
Statistiques et Transhumanisme 1
La première confrontation portait sur le mésusage des statistiques et sur leur dévoiement pour servir une cause idéologique. La discussion tourna autour du récent ouvrage de Sami Biasoni intitulé "Le Statistiquement Correct".
Beaucoup d’exemples furent donnés des stupidités chiffrées qu’on entend colportées par les médias à longueur d’année. Un seul suffirait à donner la mesure de la bêtise, si ce n’est de la mauvaise foi, de certaines sentences proférées par les politiciens et autres “penseurs autorisés”, pour reprendre l’expression de Coluche.
Pour légitimer et défendre la limitation de vitesse à 30 km/h que presque toutes les villes, dans un bel élan panurgien, sont en train d’imposer aux automobilistes, l’ébouriffé représentant du parti Europe Écologie Les Verts, Julien Bayou, présenta la mesure comme généreuse au motif qu’on roule déjà en moyenne à Paris à 11,6 km/h entre 7h et 20h !
On pourrait tout de go lui demander de s’expliquer sur la nécessité d’une telle limitation puisqu’on circule en pratique déjà nettement en dessous. Mais le plus grave et le plus contestable est de fournir un chiffre qui ne veut rien dire. S’il est vrai au sens statistique, il ne représente pas la réalité puisqu’on ne roulait avant cette réglementation quasi jamais à cette vitesse, mais toujours soit en dessous lors des embouteillages, soit en dessus lorsque la voie était libre. C’est donc avec ce genre de raisonnement pernicieux qu’on promulgue des normes inapplicables.
Pour illustrer autrement le caractère parfois fallacieux d’une moyenne ou d’une valeur médiane, il suffit d’imaginer un établissement de santé qui ne comporterait qu’une maternité et qu’un service de soins pour personnes âgées. L’âge moyen se situerait autour de 50 ans ce qui n’a évidemment, dans un tel contexte, aucun sens.
Le nombre de slogans appuyés par une présentation biaisée des chiffres ne fait que croître et pour celles et ceux qui n’ont pas le temps ni la volonté d’approfondir les choses, ces contre-vérités finissent par s’imposer. “Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose”, selon le dicton bien connu.
07 septembre 2023
Jazz Me Blues
Surtout si l’on a la chance d’écouter dans le même temps les envolées musicales torrides d’une des plus belles sessions de jazz qui fut : Art Pepper Meets The Rhythm Section.
Ça se passe en janvier 1957 dans les studios de la maison Contemporary Records à Hollywood, mais la tonalité est si légère, si éblouissante et suspendue en quasi lévitation, qu’on se croirait en pleine extase estivale .
Le saxophoniste, âme damnée de la Beat Generation et du West Coast Jazz, est entouré d’une section rythmique de rêve: celle qui accompagne habituellement Miles Davis, à savoir Red Garland au piano, Paul Chambers à la basse et Philly Joe Jones à la batterie.
Les ingénieurs du son, peut-être conscients de vivre un instant unique, font preuve d’un petit miracle pour sublimer les émanations de ce quatuor improvisé. Avec la technique dont ils disposent, ils se mettent en quatre pour donner à chaque instrument une véritable existence, faite de pulpe, de fruité, et de densité. Le résultat reste aujourd’hui absolument époustouflant d’équilibre, de puissance, de musicalité.
Du temps des 33 tours, je débutais toujours par la face B, s'ouvrant sur le saisissant Jazz Me Blues, bondissant, virevoltant joyeusement autour d’un beat ravageur. Brillant prélude au festival qui s’ensuit avec les pétillants You’d Be So Nice To Come Home To, Waltz Me Blues, et Tin Tin Deo & Co...
Au titre des morceaux de bravoure, s’impose naturellement le trépidant Straight Life qu'incarne si bien l’artiste, avec ses frasques, son inspiration et sa spontanéité. Et pour finir en douceur un petit régal fait de l’onctueuse rêverie de Star Eyes et du splendide Imagination, qui évoquent si bien l’alchimie envoûtante, mêlant farniente et rage de vivre. Entre cool, beat et bop…
Une édition récemment remastérisée, et numérisée en très haute définition (192 Khz et 24 Bits), donne un incontestable surcroît de saveur à ce moment magique. On vibre aux frôlements lascifs de l’archet sur les cordes, on goûte avec des frissons de bonheur la rondeur acidulée du piano, on savoure avec exaltation les claquements feutrés des toms et de la caisse claire et last but not least, on s’enivre de la pulsation hypnotique du sax débordant d’énergie et de sensualité. Tout cela est parfaitement maîtrisé, d'une clarté cristalline. Joie, joie, joie, pleurs de joie comme disait ce cher Blaise…
30 août 2023
Pas d'impôt, juste des taxes
Lorsqu'on entend ce genre de propos, ça sent le roussi. L’État étant incapable de réduire ses dépenses, il lui faut évidemment toujours plus d'oseille. Et si ce n'est pas l'impôt, ce sont les taxes et cotisations obligatoires.
Il ne faut pas être dupe, en premier lieu, des baisses de la fiscalité en trompe-l'œil.
Il en est ainsi de la suppression de la taxe d'habitation. Puisque le gouvernement garantit les mêmes ressources "à l'euro près" aux communes, il ne s'agit à l'évidence que d'un simple transfert de charges. D'ailleurs, la hausse vertigineuse de la taxe foncière est là pour attester du subterfuge. Avantage substantiel, l'assiette de prélèvement est plus large que celle de la taxe d'habitation, de laquelle étaient exonérés beaucoup de gens. Quant aux propriétaires de résidences secondaires, ils sont gâtés. Non seulement ils restent les seuls à payer, pour des logements qu'ils n'habitent que partiellement, mais ils ont droit en prime à une surtaxe punitive qui peut s'élever à 60% ! Contrairement à l'objectif affiché, ce sera tout bon pour les communes ciblées, de n'avoir que des résidents secondaires : ils consomment peu de services publics et les paient plein pot !
Le raisonnement est identique avec la disparition de la redevance TV. A ressources égales garanties pour les chaînes d’État, il faudra bien trouver de nouvelles contributions …
Passons sur les baisses d'impôts annoncées et jamais appliquées ou bien toujours repoussées.
Il en est ainsi de l'impôt sur le revenu (IRPP) dont le montant, selon Bruno Le Maire, sera atténué, "quand les conditions seront réunies". A la Saint Glinglin peut-être ?
S'agissant de la Contribution sur la Valeur Ajoutée (CVAE) dont la suppression avait été promise aux entreprises pour 2024, elle est repoussée à 2027, en toute fin de quinquennat, ou pour le suivant, si tout va bien…
En matière fiscale, l'imagination et le zèle des fonctionnaires rémunérés grâce à l'impôt, sont sans limite. Et l'écologie offre des perspectives épatantes.
Elle permet par exemple de justifier l'augmentation délirante du malus automobile qui sera bientôt plus onéreux que la voiture elle-même ! Elle permet de légitimer les limitations de vitesses, devenues complétement folles, dont l'apport au Trésor Public, via les contraventions, est certainement bien supérieur à celui supposé bénéficier à la protection de l'environnement. Elle permet enfin d'étendre le stationnement payant en ville, censé favoriser les "mobilités douces" mais qui renfloue les budgets au risque d’accélérer la mort des commerces et la désertification des cœurs de cités.
Il en est de même ou quasi, de l'augmentation des taxes sur les billets d'avion et sur les sociétés gérant les autoroutes. En l'occurrence, surtout ne pas croire le ministre des transports Clément Beaune, lorsqu'il affirme qu’elles n’impacteront pas le prix des péages…
On pourrait au même chapitre, rire jaune aux annonces de hausses "modulées" des taxes sur l'eau, sur les sodas et autres aliments jugés trop gras ou trop sucrés, sur le traitement des déchets …
Au plan plus général, on pourrait s'appesantir sur le doublement prochain des franchises médicales. Ce "reste à charge", presque indolore car caché derrière les remboursements de la sécu, augmente progressivement et inexorablement à la manière de la CSG, sans la moindre diminution des cotisations à l'Assurance Maladie obligatoire.
On pourrait citer la proposition faite par l'Inspection Générale des Finances, de mettre fin à la TVA réduite pour les dépenses relatives à l'amélioration du logement, ce qui conduirait à la faire passer de 10 à 20%.
On pourrait évoquer la fin du bouclier tarifaire sur l'électricité et les carburants. Il donnait l'illusion d'un blocage des prix, mais n'était qu'un artifice comptable, augmentant le solde débiteur de la Nation.
En attendant, la hausse du prix du baril de pétrole fait bien l'affaire du gouvernement, qui voit se majorer mécaniquement, en proportion, ses rentrées fiscales, tout comme l'inflation qui fait croître pareillement le montant perçu au titre de la TVA.
Décidément, avec le pseudo ultra-libéral Emmanuel Macron, la France est manifestement bien décidée à conserver son titre de championne du Monde de la fiscalité.
24 août 2023
Grandeur et Décadence du Journalisme
Aujourd'hui on assiste à une dilution de ce qui faisait l'âme du journalisme dans un magma consensuel insipide. L'esprit critique est en berne et les idées reçues, pourtant férocement flétries en son temps par Gustave Flaubert, sont omniprésentes, répercutées à l'infini par une Presse sans inspiration ni originalité.
L'affaire du Journal du Dimanche (JDD) est emblématique de cette époque couarde, vouée à l'instinct moutonnier.
Jugeant de manière expéditive et péremptoire que Geoffroy Lejeune, le directeur nouvellement nommé, était marqué du sceau de l'infamie d'extrême-droite, la rédaction se mit illico en grève, réclamant durant quarante jours, à cor et à cri, son éviction par principe. Ces gens qui n'auraient sûrement pas désavoué le stalinien Edwy Plenel, s'offusquaient donc de voir arriver chez eux un transfuge du magazine Valeurs Actuelles. Lequel est rituellement qualifié d'extrême, voire de facho par des gens qui n'en ont à l'évidence jamais lu un article ni même ouvert un numéro.
Le propriétaire du JDD tint bon face à cette infantile mais impressionnante révolte de salon. Il confirma sa nomination et offrit de substantielles indemnités financières à ceux qui souhaitaient démissionner.
Les rebelles, très à cheval sur les principes et soucieux de préserver leur éthique à deux balles, montrèrent en la circonstance qu'ils avaient beaucoup moins de problème avec les espèces sonnantes et trébuchantes facilement gagnées. Ils quittent donc le navire drapés dans un succédané de vertu républicaine mais sécurisés par un confortable parachute doré, concédé au nom de la paix sociale. Nul doute qu'ils pourront atterrir en toute quiétude à gauche, auréolés de leur action de résistance.
Il n'y a pas de morale à cette histoire...
22 août 2023
La Ligue des Empêcheurs
Ces gens peuvent donc tout oser. Selon l'adage bien connu c'est même à ça qu'on les reconnaît .
Aujourd'hui, leur lutte consiste à s'opposer judiciairement à toutes les initiatives des Pouvoirs Publics, visant à améliorer la propreté et la sécurité urbaine. En combattant ce qu'ils appellent les arrêtés anti-SDF, ils prétendent qu'il s'agit d'un droit fondamental que de se vautrer sur les trottoirs, en faisant plus ou moins la manche en compagnie de packs de bière et de chiens patibulaires.
Toutes les mesures prises par les mairies sont ainsi battues en brèche par ces pseudo bienfaiteurs de l'Humanité au risque de voir le chaos et la décrépitude dévaster peu à peu les cités.
La LDH reçoit chaque année près d'un million d'euros de subventions publiques. Outre le scandale de cette générosité forcée au dépens des contribuables, et du gaspillage des deniers publics qui pourraient être tellement mieux utilisés ailleurs, c'est l'aveu que cette association n'a que faire de sa propre indépendance vis à vis du Pouvoir et qu'elle est incapable, avec son idéologie miteuse, de convaincre suffisamment d'adhérents payants, libres et responsables.
Il faut dire qu'au fil du temps, l'ambition universaliste originelle s'est réduite comme peau de chagrin. Elle est désormais ratatinée sur de médiocres objectifs communautaires, enfermés dans un parti-pris anti-système aux relents politiques moisis.
On peut se demander in fine quel est l'intérêt d'une telle institution dans un pays démocratique, puisque le peuple est libre de changer de politique et de gouvernants à chaque échéance électorale ? Ne serait-elle pas plus utile en régime totalitaire pour dénoncer les méfaits du pouvoir et tenter d'amender ses excès ? Ironie du sort, c'est précisément là où on aurait besoin de ces gens qu'ils brillent par leur absence. Le problème est sans doute que leur courage en paroles s'avère inversement proportionnel à leur témérité en action...