23 septembre 2023

Planification Ecologique

Cette fois c’est dit : le gouvernement a un plan pour accélérer la fameuse transition écologique ! Et c'est à marche forcée, encadrée par une nouvelle flopée d'ukases et de réglementations qu’il entend nous faire progresser sur le sentier lumineux de la régulation du climat.

Non échaudée par son piteux revirement en matière d’énergie nucléaire, madame Borne a présenté son train de mesures supposées infléchir la courbe française des émissions de gaz à effet de serre.

Ce nouvel avatar du planisme étatique est assorti d'une palanquée d’objectifs chiffrés, comme aux plus mauvais jours de l’union soviétique, et d’un coût astronomique, aux frais du contribuable : 7 milliards d’euros qui s’ajoutent aux dépenses publiques rien que pour 2024 (qui correspondent en réalité à des engagements pluriannuels de 10 milliards €) !

A tout seigneur tout honneur, la voiture électrique devenue l'étendard des tripatouillages bureaucratiques commis au nom de l'écologie, devra s'imposer coûte que coûte. Plus un seul véhicule dit "thermique" ne devra sortir des chaînes de production à compter de 2035 et la part de marché de l'électrique devra atteindre 66% dès 2030. Autrement dit, plus aucun investissement n'est dès à présent envisageable par les constructeurs français qui seront sous peu contraints de procéder à des licenciements massifs car il est clair qu'il faudra moins de ressources humaines pour élaborer, construire et entretenir des bagnoles électriques, ce d'autant qu'elles seront fabriquées à moindre coût en Chine..

Le gouvernement entend endiguer le tsunami imminent des importations par d'illusoires lignes Maginot. Mais, comme à chaque fois qu'on recourt à des expédients protectionnistes, des augmentations substantielles de prix sont prévisibles pour les consommateurs, que l'Etat va tenter de contenir à coup de ruineuses et complexes primes, bonus et autres subventions. Paradoxe amusant, après avoir instauré un bouclier tarifaire destiné à maintenir la consommation des bons vieux produits pétroliers, la Première Ministre encourage désormais les distributeurs à les vendre à perte ! A l'incohérence politique, on ajoute le non sens économique. On croit rêver…

Dans le souci de favoriser les "mobilités alternatives", le réseau des pistes cyclables offrira 150.000 Km aux cyclistes contre 60.000 aujourd’hui : si la décroissance est en marche, celle du marché des vélos, souvent asiatiques, va atteindre des sommets !
La SNCF, RATP et consorts sont également mis à contribution. Alors qu’ils sont déjà totalement débordés et de moins en moins efficients, ils devront progresser dans des proportions vertigineuses : plus 20 milliards de km-voyageurs rien que pour les transports ferroviaires !
En matière d’agriculture, il s'agira de favoriser la filière bio. Bien qu’elle soit l'objet d'une désaffection croissante de la clientèle, vu la qualité discutable et le coût élevé des produits, elle est supposée croître, par la magie des injonctions étatiques, à hauteur de 20% de part de marché ! Peut-être y arrivera-t-on en réduisant la production globale vu l'interdiction drastique de l'usage des pesticides, et des engrais. A la place, les champs vont se couvrir d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques
Passons sur la volonté de baisser de 75% le nombre des chaudières à fioul et de 20% celles à gaz. Pour ce faire, la prodigalité sans limite des Pouvoirs Publics devrait faire exploser le nombre des bénéficiaires du dispositif Maprimerenov, dont resteront bien sûr exclus les propriétaires nantis de résidences secondaires…

En revanche, rien ne semble prévu pour limiter les transports aériens, ni pour améliorer la gestion de la terre, de l’urbanisme, du traitement des eaux de pluie, de l'entretien des forêts, et rien sur le ferroutage, promis par les écologistes et sans cesse reporté aux calendes..
Rien n'est dit non plus au sujet des essais prometteurs de biocarburants (e-fuels) qui permettraient pourtant de recycler le CO2 de l'atmosphère...

Au total, l'adaptation pragmatique au prétendu dérèglement du climat est largement négligée et la priorité, chimérique, reste celle de changer le climat “quoiqu'il en coûte”.
M. Macron, incapable de régler les problèmes du quotidien, se fait fort de faire rentrer dans les clous de sa bureaucratie les aléas de la météo !

Sous l’effet de ces mesures, peut-être verra-t-on, conformément au Gosplan, décroître les émissions de CO2 de 403 à 270 millions de tonnes annuelles. Mais une chose est sûre dans ce monde incertain, la proportion du dioxyde de carbone dans l’air ambiant (aujourd’hui de moins de 0,04%) ne variera pas d’un iota. Pire, elle progressera grâce aux émanations en provenance d’autres pays !
N’en doutons pas cependant. Tout ce fatras de normes n’empêchera pas le gouvernement d’être régulièrement accusé “d’inaction climatique”. S’agissant des différents partis politiques qui ont eu la primeur de cet arsenal législatif, les critiques ne s'adressent qu'à l'insuffisance du dispositif. Comme l’a fait remarquer très subtilement M. Faure, représentant du vestigial PS, “une guerre contre le climat, ça suppose une économie de guerre, et on en est très, très loin…”

Alors que l'État s’abandonne à l’absurdité contagieuse, un scientifique révèle qu'il a dû biaiser la présentation d'un travail pour qu'il soit conforme à la doxa climatique et puisse ainsi être publié dans la prestigieuse revue Nature. Une autre revue, European Physical Journal Plus, décide carrément de dépublier un article sous la pression de lobbies réchauffistes, au motif que ses auteurs seraient des climato-sceptiques notoires.
Avec le Plan, voici le règne des comités de censure. Le doute scientifique n'est donc plus permis dans ce monde en proie à la folie des certitudes vaines. Le bon sens et la sagesse reculent un peu plus chaque jour. Après les errements de la revue médicale Lancet au temps du COVID, on en vient à perdre confiance en ce qui semblait incarner la raison et l'objectivité.
Si les mesures présentées dans ce plan relevaient d'un progrès évident, y aurait-il besoin de mettre en place une telle armada législative pour convaincre de leur bien-fondé ? Si le réchauffement climatique s'imposait comme une vérité intangible, et si les gens avaient encore un peu d’esprit critique, y aurait-il besoin de museler les contradicteurs ?

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Le consommateur est aussi un producteur (travailleur). Ce qu'il peut (éventuellement) gagner en prix plus bas, il le perdra en salaire ou conditions de travail. L'inflation n'est un réel problème que pour les détenteurs de cash. Et pour le bio, la qualité a un coût. Mieux vaut dépenser plus pour une bonne nourriture que pour la bagnole ou le smartphone... fabriqués en Chine comme vous l'indiquez fort justement. Le protectionnisme est une excellente chose, la Chine et les USA en usent, il n'y a que nous autres Européens, dindons de la farce, qui nous nous l'interdisons au nom des dogmes du libre-échange...
Petite coquille (redondance) : "En revanche, rien ne semble prévu en revanche..."
Vous disiez que la responsabilité nécessitait des lois : et bien voila, puisque les gens ne sont pas naturellement responsables. Parce que vous croyez vraiment que les grandes firmes vont s'auto-réguler et faire preuve de vertu toutes seules comme des grandes ?
Bon week-end
François

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Merci pour vos remarques sur le fond et la forme de mon texte (j'ai corrigé la redondance).
Il y aurait tant à dire sur vos commentaires, tous intéressants et sur beaucoup desquels nous pourrions parfois avoir des vues convergentes !
j'aimerais développer sur le protectionnisme, mais ce serait trop long. Le mot sonne bien mais il s'agit d'un fléau qui s'est toujours soldé par des catastrophes. C'est un fait aussi établi que la Terre est ronde, et ce depuis les Grecs ! Je vous renvoie, si le cœur vous en dit, à un précédent billet sur le sujet: https://libertylovers.blogspot.com/2021/04/du-protectionnisme-et-de-ses-mefaits.html
Bien à vous.

Anonyme a dit…

Je l'ai lu mais vous vous en doutez, je ne suis guère convaincu... Déjà, je ne saisi pas pourquoi la cupidité des propriétaires ou la rapacité des employeurs ne seraient que "supposées" (ce qui ne signifie pas non plus qu'elles seraient généralisées). Et pourquoi "usagers" entre guillemets (l'utilisateur de services publics est en effet un usager et non un client, comme certains de ces "services publics" nous désignent parfois : Poste ou transports publics, preuve qu'ils ont parfaitement intégré les logiques marchandes). L'homme est-il naturellement bon ? Bien sûr, il convient que ce protectionnisme soit intelligent et ciblé. Il y a bien eu une vie avant l'abolition de ces barrières douanières.
https://www.youtube.com/watch?v=5Tkmxvcrno8
En effet, je pense que nous sommes à peu près d'accord sur certains sujets tels que l'immigration incontrôlée, l'Islam, ce que l'on nomme le "wokisme" ou encore l'insistance suspecte de la question climatique dans le débat public (même si je ne remet pas en cause les conclusions du GIEC).
Comme je le soulignais précédemment, c'est essentiellement sur l'économie que nos vues divergent (et c'est énorme, comme dirait le regretté Desproges). Qu'il y ait trop de lois, que certaines soient ubuesques, je ne le nie pas mais cela ne justifie pas à contrario qu'il n'y en ait pas, en particulier celles favorables et protectrices pour les non-détenteurs du Capital et donc non-propriétaires de l'outil de travail : les salariés. C'est-à-dire la majorité.
Que font vos supporters ? Il est vrai que l'on se sent un peu seul...
Un petit billet sur la visite papale sur mes terres et le rouleau-compresseur médiatique sur la "question migratoire" ?
Bien à vous
François

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Ça fait pas mal de points de convergence en somme. Il faut bien quelques sujets de désaccords pour que débattre ait un sens !
Cela dit, je préfère le terme de client à celui d'usager. Pour avoir fait toute ma carrière dans le service public hospitalier, je n'ai jamais eu honte de la soi-disant marchandisation de la médecine.
Je ne me sentais pas faire un métier différent de celui de mes homologues travaillant dans le secteur privé. Et je trouvais normal de toucher un salaire, ce qui conférait sans nul doute à mon travail une valeur marchande…