A les voir poser en contre-plongée, dans l'escalier majestueux de la faculté de médecine Paris-Descartes, ils semblent fiers comme les mandarins de l'ancien temps.
De fait, ces praticiens, souvent doublés de professeurs, restent des privilégiés dans une sorte de bulle du système de santé actuel : les hôpitaux où ils exercent sont les plus prestigieux, et surtout les mieux dotés...
Aujourd'hui ils disent pourtant leur mécontentement au Président de la République ((Figaro Magazine du 3/07/10) sur l'évolution du fonctionnement hospitalier !
C'est d'autant plus étonnant qu'en tant que hauts dignitaires, ils ont été largement consultés, comme le souligne dans le même article, madame la ministre, et qu'ils ont peu ou prou avalisé les réformes qui depuis plusieurs décennies, conduisent à la formidable et ruineuse centralisation à laquelle on assiste aujourd'hui.
Le dernier avatar de ce grand chambardement, nommé Loi HPST (Hôpitaux, Patients, Santé, Territoires) s'inscrit dans cette planification quasi soviétique, dont le funeste plan Juppé n'était qu'une étape, et dont on retrouve partout l'empreinte : prévisions utopiques des besoins de soins, régime ubuesque d'autorisations, étatisation et bureaucratie dévorantes, plans quinquennaux, stakhanovisme... Et dont le résultat s'apparente à un vrai désastre : désertification générale, fermetures de plateaux techniques parfois presque neufs au motif qu'ils n'atteignent pas les seuils et quota théoriques d'activité, manque ressenti de médecins (alors que leur nombre excède la moyenne de l'OCDE), manque de professionnels para-médicaux dont les tâches restent trop subalternes (contrairement à nombre de pays), sous équipement chronique en appareillages modernes...
Si l'organisation laisse à désirer, le financement ne vaut guère mieux. Il est par exemple une chose que le Programme de Médicalisation des Systèmes d'Information (PMSI) a bien montré, avant même l'arrivée en fanfare de la Tarification A l'Activité (T2A), c'est que les structures les plus grosses sont en général les plus difficiles à gérer et les plus dispendieuses. La quasi totalité des Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) sont à ce jour gravement déficitaires. Or plutôt que de privilégier des hôpitaux à échelle humaine, les grand patrons, espérant peut-être en récupérer les moyens, plaident pour le démantèlement arbitraire des petites et moyennes structures. Plus fort, comme s'ils entendaient pérenniser certains abus du Service Public, ils continuent de réclamer, même pour des prestations équivalentes, des tarifs plus élevés dans les hôpitaux que dans les cliniques, et se disent in fine contre « le retour à l'équilibre budgétaire », contre « les suppressions d'emplois dans les établissements en déficit », contre « la recherche de la rentabilité »... Imaginent-ils qu'il existe quelque part une corne d'abondance sur laquelle il suffirait de tirer pour combler le gouffre de la Sécu et résoudre tous les problèmes économiques ?
Tout cela n'est vraiment pas très raisonnable et contribue à maintenir le débat au niveau des idéologies et des principes, dans lesquels il est englué depuis tant d'années. Seconde nation la plus dépensière pour son système de santé, la France semble toujours croire qu'elle est gratuite...
Tout cela n'est vraiment pas très raisonnable et contribue à maintenir le débat au niveau des idéologies et des principes, dans lesquels il est englué depuis tant d'années. Seconde nation la plus dépensière pour son système de santé, la France semble toujours croire qu'elle est gratuite...
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