C’est la question que pose l’abbé Robert Sirico dans un récent ouvrage* décapant.
Ce prêtre américain au parcours contrasté commença sa carrière dans la mouvance de ce qu’on appelle parfois la Théologie de la Libération, venue d’Amérique Latine et dont le pape François est également issu. Il baigna durant ses années de séminaire dans le bouillon marxiste qui infusait toute bonne pensée de l’époque, celle des sixties et des seventies. Cela lui valut de vivre la religion comme un engagement résolument ancré “à gauche”.
Il était toutefois très à cheval sur les usages et le dogme, considérant par exemple que l’homosexualité était contraire aux préceptes de l’église. La destinée étant parfois cruelle, cela lui posa un vrai cas de conscience lorsqu’il dut convenir qu’il était lui même gay…
Se trouvant en porte à faux avec l’église catholique, il se fit alors protestant, fonda la Seattle's Metropolitan Community Church, et plaida pour une plus grande tolérance, réclamant notamment activement le droit pour les prêtres de se marier (entre eux pourrait rajouter facétieusement Laurent Baffie…). Il fut le premier à célébrer un mariage entre deux personnes du même sexe en 1975 à Denver.
Redevenu par la suite catholique, Robert Sirico fut ébranlé par la lecture des oeuvres de Friedrich Hayek (La Route de la Servitude) et de Milton Friedman (Capitalisme et Liberté). Ce fut un choc, entraînant une nouvelle conversion, cette fois pour les idées libérales, c’est à dire l’inverse de la perspective dans laquelle il s’était jusqu’alors engagé de bonne foi, si l’on peut dire, menant au socialisme.
Son dernier ouvrage paru cet été s’est donné pour objectif de préciser “les raisons morales” qui le poussent désormais à se faire l’avocat d’une économie libre.
Non seulement cette option ne lui semble pas contradictoire avec le message du Christ, mais il donne quantité d’exemples montrant qu’il n’y a rien en somme de plus naturel.
Jésus n’a-t-il pas dit et répété que l’homme était libre et que c’était justement en exerçant cette liberté qu’il était susceptible de s’émanciper des contingences et de s’élever spirituellement ?
Si l’on sait qu’il est “plus difficile à un riche d’entrer au Paradis qu’à un chameau de passer par le chas d’une aiguille”, personne ici bas, et aucun pouvoir n’a pour autant la moindre légitimité pour empêcher quiconque de devenir riche. Cela relève de la responsabilité individuelle, autant d’ailleurs d’être riche que de faire usage de cette richesse. Si la pauvreté n’est pas indigne et peut être choisie en toute conscience, l’abondance de biens n’est pas immorale en soi.
S’agissant de l’organisation de la société, Sirico remarque que la Capitalisme est le modèle le plus propice à garantir la prospérité au plus grand nombre. Si le Socialisme a réussi sans peine à appauvrir les gens, il n’est jamais parvenu, ni aucun de ses innombrables avatars, à donner la richesse au peuple, hormis à la Nomenklatura.
Entre autres vertus, la société capitaliste est également la plus réactive pour se préoccuper des problèmes sociaux et environnementaux. Syndicats et lobbies écologistes y sont bien plus puissants et aptes à défendre leurs causes qu’en régime hyper réglementé collectiviste.
Le raisonnement suivi par Robert Sirico n’est en soi pas d’une originalité fracassante. Il est celui tenu par nombre de philosophes libéraux depuis des décennies, voire des siècles.
Ce qui en l’occurrence est frappant, détonnant, c’est qu’un prêtre affirme qu’il soit possible de l’inscrire sans difficulté dans le message chrétien. On croit rêver…
En cela, l’auteur se distingue du Pape François, qui affiche des conceptions par trop partisanes, pour ne pas dire bornées, et qui continue rituellement de vouer la liberté aux gémonies.
De leur côté, les penseurs libéraux ne font habituellement pas de référence à la religion, considérant que l’amour de la liberté est compatible par nature avec toute foi digne de ce nom. Pour tout dire, le libéralisme ne se définit pas par rapport au Divin. Il s’oppose catégoriquement en revanche, aux théories assujettissant l’homme à un Dieu hypothétique et à Sa Loi, surtout si celle-ci est dictée par des ignorants qui s’octroient le droit de parler en Son nom. Il s’oppose pareillement aux credos athées, pires encore, qui soumettent le peuple à un Parti sans visage et sans âme, mais si cruellement et stupidement humain...
Robert Sirico apporte fraîcheur, ouverture et espoir à ce champ de réflexion, habituellement plombé par les a priori et par un prêt-à-penser à sens unique. En définitive, il illustre bien cette citation tirée des évangiles : “Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres” (Jean 8:36)
Ce prêtre américain au parcours contrasté commença sa carrière dans la mouvance de ce qu’on appelle parfois la Théologie de la Libération, venue d’Amérique Latine et dont le pape François est également issu. Il baigna durant ses années de séminaire dans le bouillon marxiste qui infusait toute bonne pensée de l’époque, celle des sixties et des seventies. Cela lui valut de vivre la religion comme un engagement résolument ancré “à gauche”.
Il était toutefois très à cheval sur les usages et le dogme, considérant par exemple que l’homosexualité était contraire aux préceptes de l’église. La destinée étant parfois cruelle, cela lui posa un vrai cas de conscience lorsqu’il dut convenir qu’il était lui même gay…
Se trouvant en porte à faux avec l’église catholique, il se fit alors protestant, fonda la Seattle's Metropolitan Community Church, et plaida pour une plus grande tolérance, réclamant notamment activement le droit pour les prêtres de se marier (entre eux pourrait rajouter facétieusement Laurent Baffie…). Il fut le premier à célébrer un mariage entre deux personnes du même sexe en 1975 à Denver.
Redevenu par la suite catholique, Robert Sirico fut ébranlé par la lecture des oeuvres de Friedrich Hayek (La Route de la Servitude) et de Milton Friedman (Capitalisme et Liberté). Ce fut un choc, entraînant une nouvelle conversion, cette fois pour les idées libérales, c’est à dire l’inverse de la perspective dans laquelle il s’était jusqu’alors engagé de bonne foi, si l’on peut dire, menant au socialisme.
Son dernier ouvrage paru cet été s’est donné pour objectif de préciser “les raisons morales” qui le poussent désormais à se faire l’avocat d’une économie libre.
Non seulement cette option ne lui semble pas contradictoire avec le message du Christ, mais il donne quantité d’exemples montrant qu’il n’y a rien en somme de plus naturel.
Jésus n’a-t-il pas dit et répété que l’homme était libre et que c’était justement en exerçant cette liberté qu’il était susceptible de s’émanciper des contingences et de s’élever spirituellement ?
Si l’on sait qu’il est “plus difficile à un riche d’entrer au Paradis qu’à un chameau de passer par le chas d’une aiguille”, personne ici bas, et aucun pouvoir n’a pour autant la moindre légitimité pour empêcher quiconque de devenir riche. Cela relève de la responsabilité individuelle, autant d’ailleurs d’être riche que de faire usage de cette richesse. Si la pauvreté n’est pas indigne et peut être choisie en toute conscience, l’abondance de biens n’est pas immorale en soi.
S’agissant de l’organisation de la société, Sirico remarque que la Capitalisme est le modèle le plus propice à garantir la prospérité au plus grand nombre. Si le Socialisme a réussi sans peine à appauvrir les gens, il n’est jamais parvenu, ni aucun de ses innombrables avatars, à donner la richesse au peuple, hormis à la Nomenklatura.
Entre autres vertus, la société capitaliste est également la plus réactive pour se préoccuper des problèmes sociaux et environnementaux. Syndicats et lobbies écologistes y sont bien plus puissants et aptes à défendre leurs causes qu’en régime hyper réglementé collectiviste.
Le raisonnement suivi par Robert Sirico n’est en soi pas d’une originalité fracassante. Il est celui tenu par nombre de philosophes libéraux depuis des décennies, voire des siècles.
Ce qui en l’occurrence est frappant, détonnant, c’est qu’un prêtre affirme qu’il soit possible de l’inscrire sans difficulté dans le message chrétien. On croit rêver…
En cela, l’auteur se distingue du Pape François, qui affiche des conceptions par trop partisanes, pour ne pas dire bornées, et qui continue rituellement de vouer la liberté aux gémonies.
De leur côté, les penseurs libéraux ne font habituellement pas de référence à la religion, considérant que l’amour de la liberté est compatible par nature avec toute foi digne de ce nom. Pour tout dire, le libéralisme ne se définit pas par rapport au Divin. Il s’oppose catégoriquement en revanche, aux théories assujettissant l’homme à un Dieu hypothétique et à Sa Loi, surtout si celle-ci est dictée par des ignorants qui s’octroient le droit de parler en Son nom. Il s’oppose pareillement aux credos athées, pires encore, qui soumettent le peuple à un Parti sans visage et sans âme, mais si cruellement et stupidement humain...
Robert Sirico apporte fraîcheur, ouverture et espoir à ce champ de réflexion, habituellement plombé par les a priori et par un prêt-à-penser à sens unique. En définitive, il illustre bien cette citation tirée des évangiles : “Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres” (Jean 8:36)
* Catholique et libéral: les raisons morales d’une économie libre. Robert Sirico Salvator. 2018
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