25 juin 2025

Ainsi va la France 2

Si les différents aspects du diagnostic sévère établi par le maire de Cannes sont pertinents, et partagés par un nombre croissant de gens, il s’agit de savoir s’il est possible de passer enfin des paroles à une refondation concrète de la société. Pour ce faire, il faudrait redonner aux Français le goût de la liberté et de la responsabilité, ce qui n’est pas une mince affaire. Mais le plus gros problème est de définir un vrai projet de gouvernement et surtout de préciser sur quelle plateforme politique il pourrait s’établir.

David Lisnard annonce une suite programmatique à ce premier recueil, mais dès à présent, deux réserves majeures peuvent être faites.
La première porte sur la faiblesse de l’assise politique actuelle de celui qui est à ce jour maire de Cannes et président de l’Association des Maires de France (AMF). Ce n’est certes pas rien, d’autant qu’il fut réélu brillamment à la tête de sa ville en 2020, mais il semble peu probable que le micro parti Nouvelle Énergie pour la France, fondé par lui en 2014, soit en mesure de peser suffisamment à lui tout seul pour proposer une vraie alternative nationale.
S'il s'agit de garder l'étiquette de son parti d’origine Les Républicains, comment imposer les vues libérales audacieuses qu’il expose hardiment, au quarteron de politiciens ego-centrés retranchés dans la dernière casemate d'un Gaullisme usé jusqu'à la corde ? Comment convaincre ces gens biberonnés au lait de l’Etat-Providence d'adopter une vraie ligne libérale, de casser les codes périmés de la politique à la papa et d'ouvrir la voie à une vaste union, s’écartant sans vergogne des idéaux funestes d'une gauche ringarde, et dépassant les cloisonnements égotiques ?
A gauche, et même au centre, il n'y a bien sûr aucun espoir de rallier les foules, tant les parti pris idéologiques semblent ancrés dans les esprits. Mais à droite, les perspectives semblent tout aussi bouchées puisque M. Lisnard répète à qui veut l’entendre qu’il n’a rien à partager avec le Rassemblement National dont il qualifie le projet de “socialiste sur le plan économique, étatiste et interventionniste”. Hélas, à ne vouloir autour de soi que des gens parfaitement alignés sur toutes les problématiques, on ne peut que rester très loin d’une vaste union à l’instar de celle qu’a réussi à mettre sur pied Giorgia Meloni en Italie..

Second reproche, M. Lisnard rappelle avec vigueur son attachement aux principes cardinaux de la Vème république, dont il loue la stabilité et dont il exclut seulement la réforme du quinquennat. Mais si cette constitution a pour elle une certaine longévité, c’est oublier quand même qu’elle nous a mené au marasme actuel. Même du temps béni du septennat, elle a permis des cohabitations douteuses et n’a pas empêché l’ostracisation systématique d'un parti politique, lequel n’a cessé de grossir jusqu'à fausser gravement le jeu démocratique.
Contrairement à l’opinion de l’auteur, dans ce contexte, l'élection du président de la république au suffrage universel est loin d'être la panacée. On a vu à plusieurs reprises qu’à cause du funeste barrage prétendu républicain, les dés étaient pipés, avec pour triste résultat le triomphe en trompe l’œil en 2002 du candidat Chirac, pourtant très impopulaire, avec 82% des voix. Les succès faciles d’Emmanuel Macron en 2017 et en 2022 relèvent du même vice de forme.
Si pour le maire de Cannes, le quinquennat est une mauvaise réforme, n’est-ce pas parce qu'elle n'a pas été associée à la révision de la durée du mandat des députés ?
Facteur aggravant dans le régime actuel, l’équilibre des pouvoirs reste des plus incertains en dépit d’assemblées pléthoriques (577 député et 348 sénateurs vs 435 et 100 pour les Etats-Unis). Le rôle du Sénat est symbolique et on peut déplorer, comme M. Lisnard le fait d'ailleurs, une centralisation excessive des prises de décisions, l’absence de toute responsabilité, de toute remise en cause de la justice et le pouvoir excessif du Conseil constitutionnel, du conseil d'Etat et de nombre d’instances qui n’ont d’indépendantes que le nom.

En définitive, la voix de David Lisnard apporte incontestablement un peu d’air frais dans le débat politique vicié qui asphyxie peu à peu les esprits. Elle est porteuse d’une vraie espérance car elle exprime une détermination claire, courageuse, saine, aux accents empreints de sincérité. Il y a malheureusement loin de la coupe aux lèvres et d’ici que cette bonne volonté se transforme en véritable rénovation du pays, beaucoup d’eau saumâtre risque encore de s’écouler sous les ponts vermoulus de notre pauvre république…

David Lisnard. Ainsi va la France. Edition de l’Observatoire / Humensis. Paris 2025.

24 juin 2025

Ainsi va la France 1

Un amoureux de la Liberté ne peut qu’avoir de la sympathie pour David Lisnard qui porte cette dernière “au pinacle des valeurs fondamentales” et l’exprime concrètement dans son récent ouvrage, “Ainsi va la France”, audacieusement sous-titré “manifeste libéral”.
On peut partager quasi tous les constats cinglants qu’il y fait sur presque tous les aspects de notre société en pleine déconfiture, même s’ils ne sont pas vraiment nouveaux. Ils sont connus de tous ceux qui cherchent de manière objective l'information "de base” et qui sont attachés au bon sens et au pragmatisme davantage qu'à l'idéologie et aux grands principes.
Il faut toutefois préciser qu’il ne s’agit ici ni d’un programme ni d’un texte fondateur, mais d’une compilation d'articles, parus entre 2016 et 2024. D'où une épaisseur conséquente de l'ouvrage (420 pages), une certaine discontinuité du discours et quelques redondances.
N'empêche, la référence claire au libéralisme détonne avec la soupe insipide déversée au nom de la social-démocratie par tant de politiciens rassis, depuis des décennies.

On peut juger de cet engagement sur les sept thématiques abordées et les perspectives d’action proposées :
-Reprendre avant toute chose le chemin de la liberté, en l'adossant à la propriété, à la liberté d’entreprendre, et à l’apprentissage de l’esprit critique.
-Améliorer l'efficacité publique, ce qui signifie moderniser, débureaucratiser, décentraliser, car “nous assistons en fait à une accélération de la dégénérescence du social-étatisme, dépensier et bureaucratique, interventionniste et infantilisant.”
-Rétablir l'ordre en réformant la justice devenue partisane et trop laxiste, notamment face aux mineurs multi-récidivistes, en appliquant les peines, en augmentant la capacité des prisons, en luttant plus efficacement contre les fléaux qui rongent la société : islamisme, terrorisme, chaos migratoire.
-Retrouver la prospérité, c’est-à-dire avant toute chose, favoriser le libre échange, alléger la fiscalité, retrouver la rigueur budgétaire, relever l'industrie, développer le numérique, et l’IA.
-Se loger, se nourrir dans le respect de la terre: en pratiquant une “économie écologique de marché”, et une agriculture rentable allégée des contraintes excessives, en libérant l'immobilier du fatras de réglementations, et d’interdits qui le plombent. Supprimer notamment les DREAL (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), ARS (Agence Régionale de Santé), et MREAL (mission régionale d’autorité environnementale).
-Réparer le tissu social, ce qui implique de s’attaquer aux chantiers dévastés de la santé, de l’éducation, de la famille, et des retraites auxquelles il est urgent d’ajouter un volet fondé sur la capitalisation.
-Rétablir enfin la concorde nationale, ce qui passe par une lutte sans merci contre la décivilisation, l'incivisme, et le wokisme.

Comment ne pas être d’accord avec l’objectif affiché en conclusion de l’ouvrage : porter “l’ambition de faire de la France une superpuissance éducative et culturelle, un des pays les plus sûrs d’Europe, à l’immigration diminuée de façon draconienne et strictement maîtrisée, avec une économie compétitive qui revient dans les dix plus performantes de la planète en termes de richesse par habitant, une dépense publique ramenée dans la moyenne européenne et un revenu net rehaussé grâce à une baisse des charges et des impôts qui pèsent sur le travail et le capital."
Reste à savoir tout cela est réalisable dans notre vieux pays usé par un désespérant égalitarisme né de la Révolution, mâtiné de socialisme débilitant et d’illusions quant aux vertus supposées de l’Etat-Providence.

à suivre…

17 juin 2025

Si Vis Pacem...

C’était inéluctable. La guerre éclate entre Israël et Iran, après des années pendant lesquelles le régime vicieux des Mollahs n'a cessé d'alterner le chaud et le froid, et d'entretenir les illusions occidentales sur l'issue potentiellement favorable des négociations sur le dossier nucléaire.
Les derniers constats faits par l'Agence Internationale pour l'Energie Atomique (AIEA) ne laissaient plus aucune place au doute : le point de non retour était en passe d'être franchi. Les Iraniens avaient enrichi l'uranium beaucoup plus que nécessaire pour un usage civil (60% vs 3,67). Malgré leur engagement, ils avaient accumulé un stock de matière fissile 45 fois supérieur à la limite imposée par les accords de Vienne ! Le moment de produire des bombes atomiques était donc tout proche. Connaissant la volonté affichée de rayer Israël de la carte, il n'était plus possible de continuer à laisser faire.
Pour espérer vivre paisiblement un jour, les Israéliens n'ont jamais eu d’autre choix que de préparer la guerre. Avant tout pour répondre aux agressions dont ils sont si régulièrement victimes. Mais cette fois, en raison de l’énormité de ce que préparaient leurs ennemis, ils n’ont pas attendu d'être attaqués pour intervenir.
L'Etat juif, confronté de longue date à un péril existentiel, a donc entrepris une action préventive de grande ampleur visant à démanteler l'arsenal terrifiant en préparation et à décapiter l'organigramme des dirigeants du régime.
Une fois encore, cette opération démontre l'efficacité militaire époustouflante de Tsahal et la qualité exceptionnelle de ses services de renseignement.

Malheureusement, une fois encore, le peuple juif dont la cause est pourtant devenue universelle depuis la fin de la seconde guerre mondiale, se trouve terriblement seul. C'est d'autant plus choquant qu'Israël incarne le modèle de société auquel les pays démocratiques se disent attachés.
On peut remarquer bien sûr la grande retenue des réactions en provenance de la plupart des pays arabo-musulmans.
On peut tout autant subodorer que le grand allié américain est toujours là. Les Etats-Unis sont à l'évidence à la manœuvre en coulisse avec leur gros bâton, sous forme d'aide tactique et de livraisons massives d'armes. On peut d'ailleurs supposer qu'ils ont feint de poursuivre des négociations qu'ils savaient inutiles, à seule fin de faciliter l'effet de surprise.
Comme d'habitude, la Communauté Internationale est aux abonnés absents. L'Europe est inexistante. M. Macron, fidèle à lui-même, s'embrouille dans les messages contradictoires. Un jour il déclare être prêt à reconnaître un chimérique état palestinien et vouloir sanctionner Israël, et un autre il assure qu'il l'aidera à se défendre. Comme d'habitude, il ne sort rien de concret de ces piteux cafouillages. Pendant qu’il joue les matamores d'opérette au Groenland, la France, où s'exprime impunément l'antisémitisme des nazillons mélanchonistes de LFI, offre un bien triste et honteux spectacle.

Dieu seul sait comment tout cela finira, mais il est permis d'être optimiste. Si l'intervention militaire en cours, Rising Lion, pouvait aider le peuple iranien à retrouver la liberté dont ce régime abject le prive depuis près d'un demi-siècle, ce serait une divine surprise. Et le Monde pourrait remercier Israël d'avoir grandement et courageusement contribué à éliminer un péril que les pays libres n'ont pas su enrayer avant qu'il ne devienne monstruosité (et que la France a même inconsidérément aidé). Et de vraies perspectives de paix pourraient enfin se faire jour au Proche Orient !

Illustration : fronton du centre culturel des armées. Madrid.

13 juin 2025

Harangue malfaisante

Les jeunes médecins avaient depuis l’antiquité le serment d'Hippocrate fixant les règles éthiques du métier. Les magistrats en herbe ont depuis 1974 la
Harangue de Baudot.
Ce texte émanant du substitut du procureur de Marseille de l’époque prétend leur servir de guide moral et entend “corriger quelques-unes des choses qui [leur] ont été dites”.
En réalité, il décline tous les dogmes d’une gauche rétrograde, engluée dans une idéologie post-révolutionnaire revancharde et nihiliste. Il est difficile de rester de marbre en découvrant (fortuitement il y a quelques jours quant à moi) cette accumulation de clichés nauséabonds.

Le magistrat commence très fort, en dévalorisant la fonction et en la caricaturant : “On vous a dotés d’un pouvoir médiocre : celui de mettre en prison…/… Évitez d’abuser de ce pouvoir.” Il s’attaque ensuite à l'essence même du métier en affirmant, selon le refrain fallacieux, que “si la répression était efficace, il y a longtemps qu’elle aurait réussi.”
S’il fait le constat malheureusement pertinent “qu’on rend la justice impunément”, il en tire la conclusion qu'il ne faut “pas en abuser”, c'est à dire inverse de celle qui s'impose : les juges ne sont jamais jugés, ce qui est un pur scandale. Puisque les juges sont au dessus des lois, on n'est guère étonné qu'il incite à s’en affranchir, exhortant à “ne pas en faire un usage exagéré” et à “mépriser généralement les coutumes, les circulaires, les décrets et la jurisprudence.”
Dès lors, tout devient simple, autant qu'effrayant : “la loi s’interprète. Elle dira ce que vous voulez qu’elle dise.”

Dans la seconde partie du document, l’auteur semble durant un court instant revenir à la raison en s’écriant “Ne soyez pas victime de vos préjugés de classe, religieux, politiques ou moraux.”
Mais juste après il préconise de faire l’inverse en se fondant systématiquement sur l’a priori : “surtout ne pas appliquer extensivement les lois répressives et restrictivement les lois libérales. Agissez tout au contraire.”
Il enfonce le clou de la présomption d’innocence à géométrie variable, mère de la culture de l'excuse : “Ne croyez pas qu’un homme soit coupable d’être ce qu’il est, ni qu’il ne dépende que de lui d’être autrement. Autrement dit, ne le jugez pas. Ne condamnez pas l’alcoolique. L’alcoolisme, que la médecine ne sait pas guérir, n’est pas une excuse légale mais c’est une circonstance atténuante.”
A la fin, il ne s'embarrasse plus d’aucun scrupule, ni d’aucun souci d’équité se délestant d’une tirade hallucinante : “Soyez partiaux ! Pour maintenir la balance entre le fort et le faible, le riche et le pauvre, qui ne pèsent pas d’un même poids, il faut que vous la fassiez un peu pencher d’un côté. Ayez un préjugé favorable pour la femme contre le mari, pour l’enfant contre le père, pour le débiteur contre le créancier, pour l’ouvrier contre le patron, pour l’écrasé contre la compagnie d’assurance de l’écraseur, pour le malade contre la sécurité sociale, pour le voleur contre la police, pour le plaideur contre la justice.”

Tout est donc dit explicitement. On mesure l’impact maléfique d’un tel texte quand on sait qu’il est devenu un des piliers dogmatiques du Syndicat de la Magistrature créé en 1968, représentant bon an mal an un bon tiers des magistrats et sans doute un peu plus encore de sympathisants, jusqu'au sein même du gouvernement. On pourrait sans être trop excessif, le qualifier d'ignominie, tant il va à l'encontre des principes cardinaux de la justice. C'est une vraie perversion du métier, à laquelle il semble impossible de s'opposer tant le pouvoir judiciaire échappe à toute évaluation objective. Le garde des sceaux de l'époque Jean Lecanuet tenta sans succès d'enrayer cette machine infernale idéologique en saisissant le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM), au motif du manquement au devoir de réserve. Ce dernier proposa au ministre d’infliger une réprimande à l’auteur, mais face à la collusion de plusieurs syndicats, aucune sanction ne fut prononcée. Depuis, personne n'ose plus s’indigner contre ce tonneau d'immondices. On comprend à sa lecture comment la justice est rendue dans notre pays et comment nous en sommes arrivés à la défaillance quasi généralisée d’une autorité essentielle, mettant en péril désormais la sécurité des citoyens, détruisant la confiance et minant les fondements du fameux état de droit, c’est-à-dire de la république…

Illustration : Trois juges par Honoré Daumier

10 juin 2025

L'insoutenable légèreté du pouvoir

Peu à peu, l'escroquerie écologique apparaît au grand jour. Les masques tombent à mesure qu'on découvre la fragilité de l'argumentaire sous-tendant la politique "environnementale" du gouvernement et qu'on prend en considération son peu de retombées bénéfiques eu égard à la quantité d'effets néfastes.

Dernier avatar en date, le dispositif Maprimrenov créé en 2020 était destiné à subventionner les travaux d'isolation et d'amélioration énergétique des logements. D'une efficacité douteuse, il s'avère dispendieux pour l'Etat et il a ouvert la voie à toutes sortes d’excès et de fraudes. Dans un contexte budgétaire tendu, le gouvernement a donc suspendu son application.
S'agissant des innombrables lois, réglementations, décrets qui plombent le secteur immobilier, des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent pour remettre en cause le bien fondé du Diagnostic de Performance Energétique (DPE) devenu au fil des révisions aussi stupidement punitif et contraignant qu'incompréhensible. Parallèlement, on assiste à la révision à la baisse du plan ubuesque de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) devenu un vrai pipotron à l’image des loi ALUR, SRU et de leurs déclinaisons toujours plus délirantes qui, entre autres méfaits, contribuent à raréfier gravement l'offre de nouveaux logements.
Dans le champ dévasté de l'agriculture, on songe enfin à alléger la chape administrative pesant sur les exploitations (non sans tergiversations à l’instar de l'épisode grotesque ayant conduit à l’avortement de la loi Duplomb). Il faut dire qu'à la suite de constats scientifiques incontournables (sauf par les complotistes irréductiblement endoctrinés), la plupart des instances officielles américaines, européennes et même française "indépendantes", plaident pour la réintroduction de pesticides, dont on avait, par principe, exagéré la toxicité et minimisé les effets positifs : entre autres glyphosate, néonicotinoïdes...

Dans le secteur de l'automobile, la valse des bonus et des malus a de quoi faire sourire, ne serait-ce que pour éviter d'en pleurer. Après s'être ruiné en subventions destinées à doper la vente de véhicules électriques, chers et peu convaincants, on a réduit le périmètre de leur attribution (faute de moyens et pour protéger le marché de la concurrence étrangère). Mais vu le dépérissement rapide du secteur, on a annoncé leur renforcement prochain ! Dans le même temps on inflige au marché déjà mal en point des véhicules thermiques, la double peine du “malus masse” pénalisant leur poids - dont sont exonérées les voitures électriques - en plus des émissions de CO2. Comprenne qui pourra…
S'agissant des règles de plus en plus folles rendant quasi impossible la circulation en ville, on a vu récemment les élus battre un peu en retraite sur le dossier non moins absurde des Zones à Faible Émissions (ZFE).

En matière énergétique, on a pu admirer le ballet surréaliste des Pouvoirs Publics se félicitant du programme de fermeture des centrales nucléaires avant de plaider pour leur multiplication tous azimuts.
Le développement accéléré des énergies renouvelables fait quant à lui face à un scandale grandissant. S'agissant notamment des parcs éoliens accusés de nombreux défauts : défiguration des paysages, production aléatoire de l’électricité à un coût prohibitif, dysfonctionnements à répétition. La récente panne électrique généralisée, mal expliquée, qui a touché l'Espagne et le Portugal alimente de ce point de vue des craintes légitimes.

C'est à ce moment précis, et alors que le pays vit en permanence sous la menace de graves désordres sociaux et d'une banqueroute inédite, que le président de la République juge opportun de monter au front pour rappeler l'urgence écologique, pointant du doigt ceux qui lui reprochaient de ne pas en faire assez, et aujourd'hui d'en faire trop.
C’est “une erreur historique de céder aux facilités du moment” s'exclame-t-il. « Certains voudraient faire oublier le combat pour le climat » et « préfèrent, pendant ce temps-là, “brainwasher” sur l’invasion du pays et les derniers faits divers ».
Devant ces déclarations franglaises insensées, une question s'impose : Comment l'obstination d'un homme peut-elle mener à un tel aveuglement et un tel déni du réel ?
Don Quichotte était entré en guerre contre les moulins à vent, M. Macron en fait des chevaux de bataille avec lesquels il mouline les idées reçues, les billevesées et les chimères grandioses. Au détriment des vrais défis que sa politique erratique a conduit à faire grandir.
On aurait certes pu comprendre qu’il réagisse au détricotage des lois écologiques qu’il avait promues. L’ennui c’est que lui-même avait fait machine arrière de manière totalement inconséquente sur le dossier nucléaire. En vérité, l’impression qui domine est que peu lui chaut le péril climatique sur lequel il surfe au gré des vagues de l’opinion publique.
Rarement on vit président plus désinvolte, plus inconséquent et pour tout dire, inefficace. Combien de temps encore durera ce pitoyable cirque tournant tragiquement en rond ?

Illustration : par Folon

05 juin 2025

Fumerolles Cannoises

Après quelques turbulences médiatiques, le volcan du cinéma s'est assoupi.
Hélas la montagne a accouché d’une souris.
Il ne reste du miteux jaillissement qu’un champ de ruines au sein duquel les fumerolles témoignent surtout d'un passé héroïque, en voie d'extinction.
A Cannes, le festival n'est plus là que pour le fun. Pour l'auto-célébration d'un petit monde tournant autour d'une gloriole illusoire. Le culte du nombril y est porté aux nues jusqu'à l'extase.

Le spectacle, fort médiocre, n’est plus sur l’écran mais sur un tapis rouge défraîchi par des années d'inanité, et sur les plateaux télévisés complaisants remplis de flagorneurs aussi zélés que peu inspirés. On a donc pu y contempler l’évaporée Juliette Binoche, ornée d'un voile marmoréen qu'elle voulait sans doute suggestif de quelque cause politique, mais dont le caractère grotesque évoquait surtout une vestale de plâtre ou bien Sainte Nitouche en personne. On y a vu Laurent Lafitte, embourgeoisé par une moustache de chef de rayon suranné, débitant laborieusement une tirade pompeusement qualifiée de “sacrificielle”. Il ne s’agissait en réalité que d’aligner, avec la plate empathie qui convient, les poncifs évoquant climat, équité, féminisme, LGBTQIA +, migrants, racisme, autant de mots s’empressa-t-il de préciser, “qui ne sont plus seulement des sujets de films, mais également interdits par l’administration de la première puissance mondiale”. Belle envolée, d’une ineffable médiocrité, qui eut inspiré Bouvard et Pécuchet !
On y entendit Robert de Niro, vieillard cacochyme achevant une carrière adulée mais réduite à l’état de vestige, dans le rôle douteux d'un papy gâteux confit dans une aigre saumure revancharde contre une démocratie à laquelle il ne comprend plus rien. On dut se farcir également les vaines élucubrations du sinistre Mathieu Kassovitz, illustration parfaite du beauf gauchisant d'autant plus sermonneur qu'il sent le sol gluant de son idéologie nauséabonde se dérober sous lui…

Après toutes ces simagrées, le palmarès est passé par profits et pertes. Que reste-t-il de ce show clinquant mais creux ? Aucun titre de film n'émerge en définitive, hormis Mission Impossible, the Final Reckoning, précisément hors compétition… On ne retiendra en somme, que la prestation de Tom Cruise. Seul, terriblement seul dans son genre, il fut à la hauteur avec élégance et distinction et parla de cinéma, rien que de cinéma…