13 août 2025

La France fort molle

Nous sommes dans un pays où un bon tiers des gens sont pour tout ce qui est contre, un autre tiers contre tout ce qui est pour, et au milieu, ceux qui ne sont ni pour ni contre, bien au contraire…
Comment peut-on gouverner un tel peuple ? Surtout avec des dirigeants motivés avant tout par la démagogie et attachés plus que tout à la douce sinécure prodiguée à vie par la haute fonction publique. Le changement c'est maintenant, à condition que rien ne change...

La silhouette bedonnante du premier ministre et la flaccidité de sa gestuelle sont à l’image de la politique actuelle, et un véritable éloge, sui generis, de la lenteur et de la nonchalance.
Engluée dans un micmac politique sans issue, la France depuis bon nombre d’années n'avançait plus guère. Peu importe à François Bayrou qui annonce benoîtement qu’il va couper les derniers moteurs.

L’année blanche est la dernière trouvaille technocratique proposée en lieu et place d’action et de réforme. C’est en quelque sorte l’arrêt du train en rase campagne. Certes, on réduit (un peu) dépenses et consommation, mais le convoi ne bouge plus du tout. Dieu sait quand et comment le faire redémarrer…

Derrière le sempiternel refrain sur “l’effort nécessaire et partagé”, on voit à nouveau poindre à l’horizon les augmentations d’impôts tous azimuts et la baisse du pouvoir d’achat.
La liste des grignotages et rabotages annoncés n’est pas exhaustive, ni définitive :
Non revalorisation des indices, conduisant au blocage des salaires de la fonction publique, des pensions de retraites, et de nombre de prestations (sauf sans doute les fameux minima sociaux).
Dans le même temps, se profile le gel du barème fiscal indexé sur l’inflation, ce qui induit, de facto, une hausse mécanique de l'imposition directe. C’est la double peine pour les retraités qui apprennent la suppression prochaine de l'abattement de 10%, dans leur déclaration de revenus.
Les gens fortunés, s'il y en a encore, vont se voir frappés d’un nouveau super impôt sur la fortune, et le commun des mortels devra faire face à un doublement des franchises non remboursables sur les médicaments et les consultations médicales.

De vraies réformes, il n’en est évidemment pas question. D’économies substantielles sur les dépenses de l’Etat, pas davantage. On se borne à envisager le gadget consistant à supprimer 2 jours fériés. L’inconsistant M. Raffarin avait déjà fait le coup avec le lundi de Pentecôte, avec le résultat qu’on connaît. Mettre sur pied le monstre bureaucratique de la réduction du temps de travail (RTT) afin d'offrir du temps pour les loisirs, tout en rognant sur les jours fériés, il n’y a sans doute qu’en France qu'on ose faire ça. Père Ubu aurait sans doute apprécié.

Avec ce type d’expédients, M. Bayrou espère alléger de 43,8 millions d’euros le budget du pays (et peut-être pouvoir rester vissé à son siège doré encore quelque temps).
Dans le même temps, on apprend par la bouche du Premier Ministre lui-même que la dette faramineuse de l’Etat s’élève à 3400 milliards d’euros, s’accroissant de plus de 5000€ par seconde, soit 40 milliards pour le seul premier trimestre 2025. Mais qui tient la bourse, ouverte à tous vents, si ce n’est lui, nos chers élus, et le Président de la République, adepte comme on sait du “quoi qu'il en coûte” ? Tandis qu’on tente de serrer un peu plus la ceinture du contribuable, le chef de l'Etat annonce 65 milliards de dépenses militaires nouvelles !
Cerise sur ce très onéreux gâteau, il justifie ces débours par la nécessité, pour rester libres, d’être craint, eu égard aux menaces extérieures grandissantes. Nul doute qu’on doit beaucoup rire en Russie, en Iran, en Algérie et ailleurs. Comme on rit dans nombre de cités françaises où la rébellion se propage à la faveur de l’aplatissement de la puissance étatique, la vraie, celle supposée garantir la sécurité…

Pendant ce temps, le Conseil Constitutionnel semble prendre plaisir, au nom des textes sacrés de la république, à étouffer les derniers soubresauts d’un pouvoir à l’agonie. Se fondant sur les vœux pieux d’une foireuse Charte de l’Environnement (merci Chirac), il outrepasse sans vergogne ses prérogatives, et entérine crapuleusement le non sens d’une pétition moutonnière et passionnelle et l’absurdité de sur-transpositions réglementaires mortifères pour le monde agricole. Dans cette logique folle, on en songe désormais à interdire l’importation de fruits et légumes produits à l’aide de l’acétamipride, dont les normes d’utilisation viennent d’être justement d’être assouplies par la Communauté Européenne. C’est à désespérer…



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