27 avril 2017

A la poursuite du vide spirituel

Lorsqu'un ouvrage se vante d’être un guide d'éveil spirituel et qu’il se vend à plusieurs millions d'exemplaires, il est assez naturel de se montrer curieux mais également un peu dubitatif sur son contenu.

C'est donc avec un mélange d'intérêt et de doutes que j'ai abordé la lecture du best-seller de la fin des années quatre-vingt-dix, Le Pouvoir du Moment Présent d'Eckhart Tolle, en m'efforçant de faire table rase d'éventuels préjugés. Et avec seul parti pris que toute quête spirituelle est louable en cette époque portée au matérialisme, qui voit les idéologies et les philosophies s'essouffler, tandis que les religions s'étiolent ou se radicalisent dangereusement.


Il faut sans doute ne pas trop s’appesantir sur la préface, signée par un certain Russel E. DiCarlo, car elle n’est pas vraiment faite pour éteindre toute appréhension. Elle loue en effet de manière dithyrambique le propos qu'elle introduit, en le plaçant dans le contexte un peu nébuleux des clubs de réflexion et d'approfondissement spirituel inspirés du mouvement hippie (Institut Esalen en Californie) ou dans le sillage pseudo-scientifique, auto-prétendu « post-quantique » de Jack Sarfetti, lequel s'est surtout illustré par ses digressions saugrenues sur  les expériences  de psychokinèse, de télépathie et autres voyages supraluminaux…

Eckhart Tolle, livre quant à lui, en préambule à son ouvrage, le contexte dans lequel ses théories lui furent révélées brutalement, après de longues années de dépression et de difficultés existentielles.
Lors d'une nuit particulièrement éprouvante, il ressentit soudain un grand vide en lui ; il se sentit aspiré par un « vortex d'énergie » qui le conduisit à abandonner toute résistance aux vicissitudes de la vie, et à se réveiller régénéré en quelque sorte. Dès lors le monde lui parut tout autre. Ses peurs avaient disparu, définitivement remplacées par une grande sérénité. C'est cette expérience extraordinaire qu'il relate et qu'il tente de faire partager.


La forme de l'ouvrage, fondée sur un dialogue faisant alterner questions/réponses est un grand classique depuis Platon et vaut sans doute mieux qu'un long discours. Cela permet de rendre le message plus fluide et plus accessible, et force est de reconnaître que le challenge paraît réussi, eu égard aux tirages impressionnants du bouquin.
Toutefois, le procédé ne permet pas vraiment d'occulter les redondances, voire les incohérences, et malgré sa division en 10 chapitres, force est de constater que le livre tourne autour de quelques idées, qui reviennent comme des antiennes.

De manière générale, les recettes et préconisations données par l’auteur s’inscrivent dans le registre assez traditionnel usité par les guides, gourous, mentors de tous poils : il s'agit de trouver au plus profond de soi une sorte de quiétude déconnectée de la réalité du quotidien et de tout ce qui parasite la pensée, nous empêchant d'accéder à une « conscience totale ».
Le chemin emprunté tient tantôt de la révélation religieuse, notamment par ses références fréquentes au Christ ou à Bouddha, tantôt de la méditation transcendantale, par sa recherche du « vide mental », de « l'illumination », sans oublier un zeste d’épicurisme, reprenant le principe du carpe diem et la libération « du corps de souffrance »...

Premier commandement de ce catéchisme spirituel : il faut lutter contre son mental, car c'est l'ennemi !
Pour asséner ce truisme, Eckhart Tolle n’y va pas par quatre chemins : « le mental ressemble à un navire qui coule, si vous ne le quittez pas , vous sombrerez avec lui ».
En d’autres termes, il faut faire le vide en soi pour se consacrer à l'essentiel. C’est plutôt conventionnel pour un maître en « zénitude », sauf que l'auteur pousse le raisonnement très loin, puisqu'il va jusqu'à prétendre que « le vide mental c'est la conscience sans la pensée.»
Autrement dit, pour « atteindre la conscience pure, l'état où l'on est totalement présent, condition qui élève les fréquences vibratoires du champ énergétique qui transmet la vie au corps physique », il faudrait s'affranchir de la pensée elle-même !
Plus fort, il affirme que « La conscience n'a pas besoin de la pensée, dont 80 à 90% est non seulement répétitif et inutile mais aussi en grande partie nuisible en raison de sa nature souvent négative voire dysfonctionnelle.»
De fait, Eckhart Tolle n'hésite pas à envoyer paître le bon vieux Descartes et son fameux « cogito ergo sum », qu'il qualifie “d'erreur fondamentale, confondant la pensée et l'être, et assimilant l'identité à la pensée”. Les émotions, qualifiées de “réaction du corps au mental” sont pareillement refoulées, et tant qu’on y est, il faudrait évacuer la notion de temps, trop « indissociablement liée au mental ». Ni passé, ni futur donc, il n'y a que le moment présent qui vaille.

Evidemment, après s’être émancipé du mental, de la pensée, des émotions et du temps, il ne reste plus grand chose pour vous tracasser, et les problèmes disparaissent, n'étant en somme « qu’une fiction du mental [qui a] besoin du temps pour se perpétuer ». 

Ainsi, "quand on n'offre aucune résistance à la vie, on se retrouve dans un état de grâce et de bien-être..." et de fait « les prochaines factures ne sont plus un problème », et même « la disparition du corps physique ne l'est pas non plus... »

Il ne reste qu’un pas à franchir pour basculer dans l’au-delà éthéré, et le Maître le franchit allègrement en révélant que le but ultime de la démarche, c’est de pouvoir lâcher prise, c’est à dire atteindre cet état spirituel qui conduit à "accepter l'inacceptable (mort d'un condamné, ou d'un malade...) à transformer la souffrance en paix, voire à mourir, à devenir rien, à devenir Dieu parce que Dieu est également le néant... "
De ce point de vue, "le secret de la vie c'est de mourir avant de mourir et de découvrir que la mort n'existe pas..."

Cette conception radicale des choses aboutit donc à une sorte de nihilisme mystique assez déconcertant. Ce qui importe en définitive c’est "la source invisible de toutes choses, l'Etre à l'intérieur de tous les êtres" qu’il nomme « le non manifeste » et qui le conduit à affirmer étrangement que « L'essence de toute chose c'est le vide. » 
On pourrait penser à la fameuse citation de Saint-Exupéry « on ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux ». Mais pour Eckhart Tolle, point de sentiment, le monde visible n’est là que pour révéler le non manifeste qui a besoin de lui pour se réaliser, tout comme « vous ne pourriez être conscient de l'espace s'il n'était pas occupé par des objets. »

A force de dépouiller la conscience humaine de tous les attributs qui la définissent habituellement, l’auteur finit par ravaler l’être humain à un rang inférieur à celui des animaux ou même des plantes auprès desquels il faudrait selon lui prendre des leçons : “Observez n'importe quelle plante ou n'importe quel animal, et laissez-lui vous enseigner ce qu'est l'acceptation, l'ouverture totale au présent”.
Il est vrai comme il le fait remarquer, que pour un animal le temps n’existe pas. Les questions “quelle heure est-il”, “quel jour sommes-nous” n'ont pas de sens, puisque seul compte pour lui l'instant présent. Mais n’est-ce pas précisément parce qu’ils n’a pas conscience d’exister, différence ontologique fondamentale avec l’homme ? A contrario, n'est-ce pas la pensée, par son pouvoir d'imagination, sa capacité à s'interroger sur les choses et sur le temps qui passe, qui confère à l'être humain sa grandeur tragique et qui donne son sens au monde ?
Ce n’est pas vraiment le souci d’Eckhart Tolle pour qui “même une pierre a une conscience rudimentaire, sinon elle n'existerait pas…”


Une telle réduction relève de l’aporie. Elle limite hélas grandement la portée de la réflexion sur la conscience, qui tombe parfois dans les clichés, notamment lorsqu'elle énonce “qu’en se libérant de son identification aux formes physique et mentale, elle devient ce qu'on pourrait qualifier de conscience pure ou illuminée, ou encore de présence”.

Pour être gentil, on peut juste juger intéressant le parallèle avec le satori du bouddhisme, défini comme étant “un bref moment de vide mental et de présence totale.../... un avant-goût de l'éveil spirituel", et adhérer à l'extension du concept qui conduit à définir l’éternité, non comme un temps infini mais comme étant l’absence de temps.

Il y a certainement du bon à prendre dans ce livre pour ceux dont le stress grignote la sérénité. On peut y trouver des solutions pour approfondir sa vie intérieure ; des conseils qui peuvent aider, pour reprendre les termes de l’auteur, à être « semblable à un lac profond », à peine agité en surface par les circonstances extérieures et les misères de la vie, mais totalement et irrémédiablement paisible en dessous…
Mais il y a beaucoup d’irréalisme, sur lequel buteront celles et ceux qui seraient tentés d’en appliquer in extenso les préconisations, et in fine, il y a peu de recettes réellement novatrices par rapport aux nombreux guides qui peuplent les rayonnages du spiritualisme.
Au surplus, on trouve quelques réflexions l’inscrivant dans le fameux courant de pensée « New Age », hanté par une vision sinistre de la société moderne, industrielle.
Par exemple, on trouve ce concept rabâché et un tantinet culpabilisateur, faisant des humains « une espèce dangereusement désaxée et très malade. Ou encore cette « résistance au présent » qui serait responsable d’un dysfonctionnement collectif, constituant « le fondement de notre civilisation industrielle déshumanisée.../... tourmentée et extraordinairement violente qui est devenue une menace pour elle-même mais aussi pour toute vie sur la planète.../...
Ou encore ce raccourci, qui part d'un vrai constat, accusant la société moderne "de créer des monstruosités, et ce pas uniquement dans les musées d'art", mais également dans « nos aménagements urbains et la désolation dans nos parcs industriels », mais qui en attribue la responsabilité exclusive au "mental collectif", qualifié "d'entité la plus dangereusement démente et destructrice."

Il est difficile de suivre l'auteur dans ces affirmations excessives. Dommage, car d’autres sombres constats sonnent terriblement juste, tel celui qui stipule que “le temps psychologique, qui exprime le fait que notre bien se trouve dans l'avenir, et que la fin justifie les moyens, est une maladie mentale dont on peut trouver l'illustration dans le socialisme, le communisme, le nationalisme, certaines religions rigides : la croyance dans un paradis futur peut créer un enfer dans le présent.”

On peut enfin regretter que trop peu d’affirmations soient corroborées par des preuves tangibles. Il est certes difficile de “prouver ce qui s’éprouve” pour paraphraser Kant, mais lorsque l’auteur déclare que « la conscientisation du corps énergétique entre autres bienfaits, provoque le ralentissement significatif du vieillissement de corps humain », on est droit, à l’instar de l’interlocuteur imaginaire de l’auteur de lui poser la question : "Y a-t-il des preuves scientifiques ? " , et de ne pas forcément se satisfaire de la réponse en forme de tautologie « Essayez, et vous en serez la preuve... »
De même, on reste un peu sur sa faim lorsqu’à l’interrogation « Quand savoir que j'ai lâché prise ? » on se voit retourner : « Quand vous n'aurez plus besoin de poser cette question... »

Eckhart Tolle. Le pouvoir du moment présent : Guide d'éveil spirituel [« The power of now »], Outremont, Éditions Ariane, septembre 2000 (et dans la collection J'ai Lu)

24 avril 2017

Les jeux sont faits


Ainsi, comme en 2002, dès le soir du premier tour de l’élection présidentielle, nous connaissons le nom de celui qui sera vainqueur dans 15 jours.
Le jeu politique français est à ce point faussé, qu’il suffit d’être au second tour pour emporter à coup sûr la mise, puisque le Front National reste un parti frappé d’ostracisme, dont les électeurs sont condamnés à végéter encore longtemps dans une opposition virtuelle, confite dans la frustration.

Pour la quasi-totalité des candidats défaits, le seul objectif désormais est de faire barrage à Marine Le Pen, incarnation de Satan. Programme simpliste mais qui suffira pour cette fois encore à maintenir sous le fameux plafond de verre le parti à la rose bleue.
Pendant l’entre-deux tours, nous allons avoir le droit à la classique dramatisation qui suit les succès électoraux du FN, et l’on fera mine de croire que le pays est en péril. Le second tour sera donc comme en 2002 une mascarade et M. Macron sera élu triomphalement (avec peut-être un pourcentage de voix légèrement inférieur aux 82% de Jacques Chirac, qualifié encore quinze jours avant le scrutin de Supermenteur et de Supervoleur !). C’est grâce à cette attitude grotesque, à la fois pleutre et arrogante, que les partis de droite et de gauche réunis (sous l'appellation fameuse d'UMPS) sont parvenus à cristalliser durablement le Front National, en le poussant à se radicaliser, et en excluant au passage près d’un quart de l’électorat, ce qui constitue un problème démocratique majeur.

Ainsi se termine le quinquennat de François Hollande. Avec le culot des cancres, il affirmait il y a quelques jours « qu’il rendait le pays en bien meilleur état qu’il ne l’avait trouvé ». Le coquin, qui a pourtant profité d’une situation économique internationale excellente a réussi à plomber un peu plus celle de la France. Toutes les tares dont souffre le pays se sont aggravées, et il a tellement perverti le climat social et le débat politique qu’on peut lui coller la responsabilité de l’effondrement des partis traditionnels, dont le sien !
Il va passer la main à un golden boy surdoué qu’il peut se targuer d’avoir découvert et promu, mais c’est surtout à la conjoncture décadente et à son sens de l’opportunité, joint à un indéniable talent d’enchanteur, qu’Emmanuel Macron doit sa réussite.

Qu’adviendra-t-il maintenant ? Aurons-nous droit à une cohabitation molle, sans majorité, rassemblant des politiciens de tous bords, plus soucieux de conserver leurs prébendes que de porter des réformes audacieuses ? Verrons-nous au contraire se former une majorité nouvelle mais inexpérimentée, au service d’un président prisonnier de promesses démagogiques, quelque peu incohérentes ?
L’avenir est des plus incertains. Parions que la recomposition « en marche » fera progressivement tomber les tabous idéologiques qui gangrènent notre pays et asphyxient l’esprit d’ouverture et de liberté. C’est hélas peu probable au vu du programme évasif, contradictoire et pusillanime du futur président, et surtout lorsque l’on songe que près de 50% des électeurs se sont exprimés en faveur de solutions extrêmes, marquées par un archaïsme ressorti des affreux placards du nationalisme ou du socialo-communisme. Mais sait-on jamais ? Soyons fous…

12 avril 2017

Dans le ciel


Sur une corde au bord d'un abîme insondable
Dans les airs affrontant le vertige et la peur
S’élance sans un bruit, tout en grâce et lenteur
Celui qui fit d’un fil un lien avec le diable

Lorsqu'il vient à danser, c'est sur le ciel qu'il table
Pour accomplir enfin son rêve de hauteur
Si loin de ces pygmées, fourbus de pesanteur
Que sous ses pas ailés la gravité accable

Est-il rien d’aussi beau que ce voltigeur fou
Parcourant l’infini, seul, crâne, mais debout
Repoussant la raison par son geste imbécile ?

Est-il dans notre monde empreint de vanité
Plus sublime qu’un acte apparemment futile
Et pourtant si chargé de notre éternité ?

Inspiré par les exploits de Philippe Petit, qui traversa notamment l'espace entre les tours jumelles du World Trade Center en 1974. Aventure qui fut magnifiée par le film the Walk réalisé par Robert Zemeckis en 2015.

31 mars 2017

Introduction à la philosophie 2

Une des caractéristiques marquantes de la pensée jamesienne est sa répulsion pour les constructions intellectuelles trop formalisées, pour les systèmes trop fermés. Devant chaque alternative, le philosophe opte pour la voie la plus ouverte, celle qui préserve le plus de potentialités d’avenir. C’est même au nom du pragmatisme et de l’empirisme qu’il préconise une telle attitude.

Ainsi face au problème de l’unité du monde, que sous-tendent nombre de théories ou de religions, il émet plus qu’un doute en recommandant de “tourner le dos aux méthodes ineffables ou inintelligibles d’explication de l’unité du monde”, et de se demander “si, au lieu d’être un principe, l’unité que l’on affirme ne serait pas simplement un nom comme celui de substance…”
L’attitude pragmatique doit selon lui, nous amener à nous interroger : “à supposer qu’il y ait une unité dans les choses, en tant que quoi peut-on la connaître ? Quelles différences cela fera-t-il pour vous et moi ?”

Il va même plus loin lorsqu’il affirme que “le pluralisme, acceptant un univers inachevé, avec des portes et des fenêtres ouvertes sur des possibilités non contrôlables d’avance, nous donne moins de certitude religieuse que le monisme avec son monde absolument clos.”

In fine, “le monde est “un” sous certains aspects et “multiple” à d’autres égards.../…et l’alternative du monisme et du pluralisme constitue de facto, le dilemme le plus lourd de sens de toute la métaphysique.”


De manière un peu similaire, plutôt que d’opposer l’infini au fini comme de contraires, il se demande comment le second peut connaître le premier, “comme le gras connaît le maigre.”

Fort de cet exemple trivial, il reprend le fameux paradoxe de Zenon qui stipule qu’un lièvre ne peut en théorie jamais dépasser une tortue, même s’il court dix fois plus vite qu’elle, s’il est pénalisé au départ, d’une longueur de retard. En effet, pendant le temps que le lièvre met à parcourir cette distance, la tortue en aura de son côté couvert une autre, certes dix fois moins grande mais qui la placera toujours en tête. En répétant ce raisonnement, l’avance de la tortue diminue à chaque étape mais n'est jamais nulle, tendant vers l’infiniment petit.

Il suffit d'imaginer une telle compétition, pour savoir qu’évidemment ce raisonnement quoique vrai est absurde car le lièvre malgré son handicap aura tôt fait de dépasser la tortue, démontrant ainsi que le fini peut contenir l'infini. De même il suffit d’un instant pour compter de 0 à 1 alors que cela pourrait prendre un temps infini, s’il fallait énumérer tous les nombres décimaux imaginables entre les deux chiffres…


Beaucoup de concepts semblent ainsi s’affronter à la réalité. A la vérité, ils ne font que l’enjamber ou l’escamoter et c'est ainsi que des évidences, trop certaines ou trop fermées, se terminent parfois en absurdités.

Il en est ainsi de la causalité qui lie les phénomènes entre eux, et dont il n'est 
peut-être pas inutile en préambule, de rappeler les quatre catégories, telles qu’elles ont été décrites par Aristote : cause matérielle (la matière qui constitue une chose), cause formelle (l'essence de cette chose), cause motrice ou efficiente, cause du changement (ce qui produit, détruit ou modifie la chose), et cause finale (ce « en vue de quoi » la chose est faite). 
Ainsi, la cause matérielle d'une écuelle est le bois ou le métal, son essence le fait de contenir des aliments, sa cause motrice le procédé par lequel on l'a fabriquée et sa cause finale son usage en alimentation.
Le problème est de savoir si la causalité est universelle, univoque et incontournable. 

Si tel était le cas, il faudrait admettre, à force de remonter le cours des évènements dans une logique déterministe, “que le premier matin de la création a écrit ce que sera la dernière aurore du monde.”

Pour William James, “la tentative de traiter la cause dans un but conceptuel comme un maillon séparable, a historiquement échoué. elle a conduit à nier la causalité efficiente et à lui substituer la notion purement descriptive d’une séquence uniforme entre les évènements.../… Une fois de plus la philosophie intellectualiste a dû massacrer notre vie perceptuelle sous prétexte de la rendre “compréhensible”, alors que le flux perceptuel concret, pris tel qu’il vient, nous offre dans nos propres situations d’activité des exemples parfaitement compréhensibles d’agencement causal…”

On peut supposer que James se serait régalé de la théorie quantique sur laquelle planchaient les physiciens au moment où il écrivait ces lignes. Elle colle si bien avec sa conception du monde, tant elle se joue en effet de la causalité, introduisant dans les sciences exactes l’incertitude et l’indétermination. De même elle se joue des contraires tels le continu (les ondes) et le discontinu (les particules) dont elle montre la complémentarité, voire la superposition !


Concluons cette analyse par un des champs de réflexion les plus passionnants abordés par le père du pragmatisme, celui de la foi, en évoquant tout particulièrement l’importance que revêt dans son esprit la volonté de croire. Celle-ci s’impose d’ailleurs naturellement dans bien des circonstances, car “ne pas agir selon une croyance revient souvent à agir comme si la croyance opposée était vraie…” et refuser de croire tout ce qui n’a pas été démontré par l’évidence, relève tout bonnement d’une attitude intellectualiste.

Empressons-nous de préciser qu’il n'est pas recommandé de croire n’importe quoi et surtout pas de se laisser aller à la superstition. Mais, bien qu’il haïsse les principes non fondés sur l’expérience, James considère qu’il est légitime pour une philosophie ouverte, dans certains cas et sous certaines conditions, de raisonner en intégrant des incertitudes, et faire en quelque sorte un pari sur l’avenir.

Dans la plupart des cas d’urgence, nous devons agir sur de simples probabilités et courir le risque d’erreur.” A l’inverse d’un compagnie d’assurance dont le rôle est de couvrir certains risques de la vie, et qui ne court elle-même aucun risque car elle opère sur un grand nombre de cas et sur une longue durée. Nous n’avons quant à nous "qu’une vie pour prendre position vis à vis des grandes alternatives métaphysiques ou religieuses, en choisissant l’option la plus probable et faire comme si l’autre n’existait pas, en nous exposant à subir le dommage entier si l’évènement trompe notre confiance….”


En définitive, “la foi demeure comme l’un des droits naturels inaliénables de notre esprit.”
Malheureusement, c’est aussi le point de fuite de toute philosophie, puisqu’il s’ouvre sur l’incertitude ontologique fondamentale.
Ainsi, l’ouvrage s’achève sur un double constat quasi kantien : “l’homme excepté, aucun être ne s’émerveille de sa propre existence. Cet étonnement est la mère de la métaphysique…” Et dans le même temps, “la philosophie contemple ce problème mais n’y apporte aucune solution raisonnée, car du néant à l’être, il n’existe aucun pont logique.”

Introduction à la philosophie. William James. Les Empêcheurs de penser en rond.

30 mars 2017

Introduction à la Philosophie 1

Il peut paraître étrange pour un penseur de l’envergure de William James (1842-1910), de terminer son oeuvre par une brève introduction à la philosophie.


Pourtant, c’est bien dans la ligne du personnage qui, armé d’un robuste pragmatisme, s’échina toute sa vie à rendre limpides les problématiques les plus complexes. Quoi de plus naturel et de plus louable en somme, au soir de sa vie, que de rassembler toute son expérience et tout son savoir pour tenter de mettre la métaphysique à la portée du commun des mortels, et notamment d’étudiants ?

Il n’eut hélas pas le temps de parachever son ouvrage et avant de s’éteindre, émit en toute humilité le souhait qu’on le présentât comme une esquisse. Mais bien qu’inabouti, ce livre ouvre de passionnantes pistes de réflexion.

Celles et ceux qui connaissent un peu l’oeuvre et l’esprit de James ne seront pas surpris par sa manière radicale, qui le conduit à s’exclamer bille en tête : qu’un homme sans philosophie est le plus défavorable et le plus stérile de tous les compagnons possibles.”

Ils ne seront pas plus étonnés par son approche non conventionnelle du sujet, considérant la philosophie, non comme une rêverie déconnectée de la réalité ou bien une utopie sans débouché concret, mais comme la mère de toutes les sciences, c’est à dire en somme bien davantage que le seul “reliquat des questions qui n’ont pas encore reçu de réponse...”


Philosopher, c’est donc faire preuve de modestie, et surtout se garder de tout dogmatisme : “Trop de philosophes ont cherché à construire des systèmes clos, établis a priori, se proclamant infaillibles et qu’on devait accepter ou rejeter en bloc...”

S’agissant de la métaphysique, qui se donne pour objet d’explorer “les questions les plus obscures qui soient, abstraites et de portée universelle, que la vie en général et les sciences suggèrent mais ne résolvent pas”, elle est naturellement sujette à caution. James fait sienne l’opinion de Kant, selon laquelle elle devrait se réduire à trois questions : Que puis-je savoir ? Que puis-je faire ? Que puis-je espérer ?


C’est une vraie gageure que de résumer l’exposé qui suit, tant il est fluide, relevant tantôt de l’évidence, comme l’eau qu’on boit, et tantôt de l’air impalpable, côtoyant les confins du monde tangible, parfois tout près de basculer dans l’indicible. Il s’agira donc d’en faire un relevé le plus libre possible et se donnant comme fil conducteur la préoccupation typiquement jamesienne, consistant à confronter chaque problématique à l’épreuve d’alternatives simples, binaires pourrait-on dire le plus souvent.


En tout premier lieu, on voit s’opposer le substrat de nos sensations, qu’il nomme “percept”, aux fruits de notre imagination et de notre raisonnement, les “concepts”. Et dans la foulée, se succèdent une ribambelle de couples antinomiques : Rationalisme/empirisme, Unique/multiple, fini/infini, continu/discontinu, être/néant, déterminisme/indéterminisme, causalité/hasard….


L’objet n’est pas ici de s’étendre sur tout ce qui sous-tend l’empirisme, déjà abordé dans d’autres billets, mais de rappeler que l’imagination humaine n’a de réel intérêt constructif que lorsqu’elle se fonde sur les données tirées de l’expérience.

A l’origine de toute approche philosophique il y a ce choix fondamental opposant attitudes rationaliste et empiriste : “Les rationalistes sont les hommes des principes, les empiristes les hommes des faits”, ou encore, “Les rationalistes préfèrent déduire les faits des principes. Les empiristes préfèrent expliquer les principes comme des inductions à partir des faits.”


En dépit du fameux clivage cartésien, force est de considérer que les sensations et la pensée sont mélangées chez l’homme, et qu’elles peuvent varier de manière indépendante, quoique n’tant pas vraiment de même nature.

La grande différence entre les percepts et les concepts est en effet que les premiers sont continus, tandis que les seconds sont discrets (ou discontinus). Ainsi, lorsque nous conceptualisons le monde, nous sommes contraints de l’enfermer dans des catégories distinctes et disjointes, même s’il s’agit de notions abstraites, aux transitions indéfinies telles que le jour et la nuit, l’été et l’hiver : “Nous harnachons la réalité perceptuelle à l’aide de concepts afin de la faire mieux correspondre à nos fins…”

Mais quelque soit la puissance de l’esprit qui le construit, “le schème conceptuel consistant en termes discontinus, il ne peut recouvrir le flux perceptif que par endroits, et incomplètement.”


La complémentarité entre percepts et concepts est toutefois source évidente de progrès : “Si nous n’avions pas les concepts, il nous faudrait vivre en recevant simplement chaque moment successif de l’expérience, comme l’anémone de mer, immobile sur son rocher, reçoit pour se nourrir ce que la lame ou les vagues lui apportent. Avec les concepts, nous partons en quête de l’absent, nous rencontrons le lointain, nous prenons rapidement telle ou telle direction, nous courbons notre expérience et nous la portons à ses limites.”

Grâce aux concepts, nous donnons donc un sens au monde qui nous entoure. Ce sont donc des outils indispensables mais la tentation est forte pour les êtres pensants que nous sommes, d’en abuser, de s’en gargariser et de “considérer la conception comme l’élément le plus essentiel de la connaissance.../… de mépriser les organes des sens, responsables d’une illusion vacillante qui barre la route de la connaissance.”
Il faut donc sans doute garder les pieds sur terre, même si l’on a la tête dans étoiles, et surtout “fuir l’attitude intellectualiste qui tente d’extraire la continuité de la nature comme on extrait le fil d’un collier de perles…”


A suivre...

12 mars 2017

L'Etat voit tout

Au chapitre de l’étatisation toujours croissante du système de santé français, on pourra prochainement ajouter une nouvelle avancée décisive. Elle concernera le domaine de la gestion des données médicales personnelles.

Conséquence directe de la loi dite de modernisation du système de santé promulguée le 26 janvier 2016, et du décret n°2016-1871, publié en décembre dernier, un monumental serveur informatique dédié à la santé va en effet très prochainement voir le jour.
Derrière l’appellation anodine de SNDS (Système National de Données de Santé), il s’agit en réalité ni plus ni moins d’un nouvel avatar du Big Brother décrit autrefois par George Orwell.


Selon le ministère de la santé, ce système « aura vocation à regrouper les données de santé de l’assurance maladie obligatoire, des établissements de santé, les causes médicales de décès, les données issues des maisons départementales des personnes handicapées, ainsi qu’un échantillon de données de remboursement d’assurance maladie complémentaire ».
Ainsi, dès le 3 avril 2017, toutes les feuilles de soins, les visites chez les médecins, les prescriptions de médicaments et les séjours à l’hôpital seront systématiquement envoyés dans cette base, qui de facto, colligera plus d'un milliard d'actes médicaux par an.

Cette nouvelle usine à gaz, “unique en Europe, voire au monde”, comme le revendiquent fièrement les experts de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), va réunir dans une même base 67 millions d'habitants !


La santé en France va donc entrer dans l'ère du "big data", sans que soit précisé clairement à quoi pourra servir ce gigantesque entrepôt, ni quelles seront les personnes autorisées à l’exploiter, et dans quelles conditions. On reste à ce jour à l'annonce de quelques objectifs très vagues et bien intentionnés : “une meilleure gestion des politiques de santé”, “le moyen d’assurer le suivi des politiques de santé en cours et d’en faire le bilan”, de “permettre une mise sur le marché de médicaments plus adaptée”, et in fine de tendre vers “la diminution du déficit de la sécurité sociale…”


Placée sous le contrôle de la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNAMTS), les données constituant le SNDS seront paraît-il "pseudonymisées" afin de préserver la vie privée des personnes : aucun nom, prénom, adresse ni numéro de sécurité sociale n’y figureront, si l’on en croit les concepteurs de ce système.

La Commission Nationale Informatique et Liberté (CNIL), paraît quant à elle, plutôt réservée. Selon l’avis émis par ce pseudopode de l’Etat, prétendu indépendant: « le SNDS est susceptible de permettre l’accès à des données de santé à caractère personnel concernant l’ensemble des bénéficiaires de l’assurance maladie. Elle relève également que “le nombre d’utilisateurs potentiels du SNDS est susceptible d’être élevé et que le législateur a prévu que certains de ces utilisateurs y auront un accès permanent.”

En vérité, d’après ce que l’on sait, il sera “possible de ré-identifier un patient, à partir des données, pour le contacter dans des cas exceptionnels et très précis, notamment pour l’avertir d’un risque sanitaire grave auquel il serait exposé, ou bien pour proposer à certains patients atteints de maladies rares de contribuer à une recherche, dès lors qu’il n’existe pas de solution alternative…”


Force est de conclure qu’il n’y aura donc sous peu, quasi plus de limite à l’emprise de l’Etat sur nos vies, sur nos misères, nos maladies et notre intimité. Les droits qu’il s’arroge semblent ne jamais devoir s’arrêter, sans que cela semble choquer grand monde, dans un pays qui se targue pourtant de porter très haut la défense des libertés individuelles. Faut-il croire notre cher Etat-Providence, lorsqu’il affirme qu’il n’y a aucun danger à ce qu’il sache tout de nous…. sauf notre nom ?


Il faut ajouter que ce pur joyau de la centralisation bureaucratique sera amené à compléter le fameux Dossier Médical Personnel dit DMP, que les Pouvoirs Publics s’échinent à mettre en place depuis 2004, lui aussi aux frais des contribuables.

Il n’est sans doute pas inutile de rappeler que l’Etat avait créé en 2009 une agence spéciale pour s’en occuper, l’ASIP (Agence des Systèmes d'Information Partagés de Santé).

La première expérimentation s’est soldée par un fiasco, qui fut épinglé par la Cour des Comptes, laquelle évaluait en 2011 les coûts engloutis en pure perte dans cette machinerie, à plus d’un demi-milliard d’euros ! Pour mémoire, le ministre de l’époque avait annoncé que le DMP devait permettre d’en économiser trois sur les dépenses de santé, dès 2007 !

Résultat, l’ASIP fut déchargée de cette mission, mais ne fut ni sanctionnée, ni dissoute pour autant, et le dossier fut transmis tout simplement à la CNAMTS...


Pendant ce temps, l’Etat entreprend dans chaque région, de réunir bon gré, mal gré, les établissements de santé publics en formant des Groupes Hospitaliers de territoires (GHT).
Cette vaste opération de centralisation ne date certes pas d’hier, et tous les gouvernements, quelque soit leur couleur politique, y ont peu ou prou apporté leur contribution. Elle fut amorcée dès 1996 avec le fameux plan Juppé qui vit la création des Agences Régionales de l’Hospitalisation. Jugé insuffisamment efficient, encore et toujours par la Cour des Comptes, le dispositif fut pourtant renforcé en 2009, avec la création des Agences Régionales de Santé issues de la loi HPST (Hôpital Patients Santé territoires).

Aujourd’hui, si l'on n’ose franchement parler de fusions hospitalières, le mot est sur toutes les lèvres et l’évolution semble inéluctable quoique très laborieuse, tant elle véhicule de non-dits, de faiblesses, de contraintes, et d’interactions parfois ubuesques entre les champs politiques et administratifs.

Ce plan, qui devait lui aussi générer de substantielles économies, aboutit surtout pour l’heure, par sa rigidité et les normes planificatrices qu’il impose, à plonger les petits établissements dans des marasmes financiers inextricables et ne contribue pas peu à la désertification médicale qu’on voit s’étendre dans les petites villes et les campagnes.


Par un paradoxe étonnant, dont seul la machinerie étatique a le secret, ces établissements en cours de restructuration se voient privés d’outils d’analyse stratégiques, au moment où ils en auraient le plus besoin !
Une des premières mesures entourant la création des GHT est en effet de mettre en place des “Départements d’Information Médicale de Territoire”, placés sous la responsabilité de médecins de santé publique. Ces structures sont supposées rassembler celles qui existaient déjà dans chaque établissement depuis la mise en oeuvre du Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information (PMSI). 

Créés au début des années 90, lorsque la loi obligea les hôpitaux et cliniques à évaluer leur activité plus précisément que par le nombre d'entrées et les durées de séjours,  les DIM ont pour mission cardinale de recueillir et de coder toute l’information médicale liée aux hospitalisations.
Depuis 2004 ces informations permettent une tarification forfaitaire au séjour, dite tarification à l’activité ou T2A. Ainsi, chaque mois, les DIM adressent à leur ARS de référence les résumés standardisés réputés “anonymes” de leur établissement, ce qui permet à cette dernière de délivrer en contrepartie, un arrêté de versement de la dotation financière, calculée sur la base de tarifs nationaux affectés aux Groupes Homogènes de Malades.

En plus de son rôle économique majeur, le PMSI, qui décrit assez finement l’activité médicale, constitue également un outil d’analyse utile
en matière de stratégie, quoiqu'il soit biaisé par ses réformes incessantes.
Les DIM peuvent ainsi travailler de manière fructueuse avec les Directions des établissements, afin d’élaborer sur des critères objectifs, les actions de réorganisation ou de restructuration hospitalières et inter-hospitalières.

Depuis une vingtaine d’années, les ARH puis les ARS avaient pris l’initiative de faciliter la tâche des DIM en leur adressant chaque année l’ensemble des Résumés Standardisés Anonymes de leur région. Il s’agissait d’une base de données très intéressante pour comparer l’activité des établissements, évaluer leurs points forts et leurs faiblesses en termes d’activité, et mesurer leurs zones d’attractivité respectives.

Or l’incroyable écheveau légal qui vaut aujourd’hui aux donnés de santé d’être hyper-centralisées à l’échelon national, interdit désormais aux établissements et donc aux GHT tout neufs, de pouvoir traiter directement celles qui leur seraient utiles. Au motif que ces résumés de séjours anonymes n’empêchent pas la possibilité de “ré-identification des patients”, les médecins responsables de DIM s’en sont vus brutalement privés !


Ainsi le Pouvoir s’arroge le droit de constituer un serveur colossal en garantissant qu’il n’y a aucun risque d’atteinte à la confidentialité, et dans le même temps dénie aux acteurs de terrain, dont c’est la mission, le droit de traiter à leur échelle ces mêmes données ! Cela ne manque assurément pas de sel. Ubu n’aurait sans doute pas désavoué...

Lorsqu’on les interroge sur les raisons de ces contradictions, les Pouvoirs Publics restent évasifs en renvoyant sur le magmatique SNDS, ou plus généralement opposent une fin de non recevoir.
A ce jour en effet, ni la Direction Générale de l'Offre de Soins (DGOS), ni le ministère, ni même le Médiateur de la République, n’ont pris en considération la pétition adressée de toute la France par 218 médecins et techniciens de l'information médicale suppliant de desserrer ce carcan…



LOI n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires

LOI n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé (1), JORF du 27/01/2016.

Décret n° 2016-1871 du 26 décembre 2016 relatif au traitement de données à caractère personnel dénommé « système national des données de santé »
 
Système National des Données de Santé (SNDS). Jean-Christophe André pour le Cabinet Deprez Guignot Associés 23/03/16

06 mars 2017

Bach et le Tao


Il est peu d’émotions artistiques qui côtoient les sommets que permet d’atteindre la musique de Johann Sebastian Bach. A la vérité, c’est une telle merveille qu’elle n’a pas d’égal...

Parmi la profusion de ses œuvres, toutes plus enchanteresses les unes que les autres, celles pour clavier seul offrent une évidence et une pureté absolument bouleversantes.

Depuis qu’à la suite de Glenn Gould revisitant les Variations Goldberg, certains artistes se sont risqués à interpréter au piano ces oeuvres, originellement destinées au clavecin. Elles s’en sont trouvées magnifiées.


Je croyais difficile de trouver encore des interprètes apportant une touche d’originalité à l’interprétation des chefs d’œuvres que j’affectionne tant : Goldberg naturellement, mais également Clavier Bien Tempéré, Partitas, Suites Françaises, Suites Anglaises, Inventions à deux voix et Sinfonias…

Pourtant, par le plus grand des hasards, je tombai il y a quelques jours sur une version du Clavier Bien Tempéré par une pianiste chinoise à laquelle je n’avais pas prêté attention jusqu’alors : Zhu Xiao-Mei. Touché par la grâce de son jeu, j’essayai d’en savoir plus et découvris bientôt l’étonnant destin de cette pianiste, native de Shangai en 1949.


Des fées, ou bien des Muses, s’étaient manifestement penchées sur son berceau. Née dans une famille musicienne, elle manifesta très tôt des dispositions exceptionnelles, qui lui permirent de se produire en concert dès l’âge de 8 ans.
Hélas pour elle, dans le même temps son pays bascula dans le communisme et sous la férule de Mao, tous les intellectuels, tous les artistes devinrent suspects par nature, de porter la contre-révolution. Le seul fait de jouer de la musique occidentale et d’avoir des parents cultivés, lui valut d’être déportée en Mongolie et enfermée dans un camp de rééducation par le travail durant cinq ans. Dans cette geôle, elle dut subir quantité de privations et dut à longueur de journées entendre et répéter les absurdités du socialisme fanatique, allant jusqu’à devoir renier ses propres parents.

Cette cruelle et débilitante séquestration non seulement n’aliéna pas sa raison, mais ne fit que renforcer sa passion. Durant ces années terribles, elle put continuer grâce à quelques complicités, à jouer clandestinement du piano et conçut une vraie dévotion pour la musique de Bach qui l’aida à sublimer cette épreuve.


Ayant survécu à l'enfer, elle parvint à s’exiler aux Etats-Unis en 1980, quatre ans après la mort du tyran, alors que le pays commençait tout juste à s’ouvrir un peu au monde et à la liberté.

Après quelques années passées outre atlantique, elle finit par choisir la France comme nouvelle patrie, où elle réside depuis plus de 30 ans, tout en menant une carrière internationale modeste mais magnifique. Elle retourna en Chine où elle souleva l’enthousiasme d’un public étonnamment jeune, contrairement à ce qu’elle voit en Occident dans les salles de concerts, pluôt peuplées de seniors.


Zhu Xiao-Mei raconte cette épopée peu banale dans un livre (La Rivière et son Secret) et une émission qui lui a été consacrée sur Arte. Elle a gardé de ses origines l’essentiel de ce qui fait l’esprit d’Extrême Orient : élégance distanciée, discrétion, humilité et grande élévation d’âme. C’est sans doute ce qui la rapproche de Bach. Le fait est qu’elle a parfaitement assimilé toutes les subtilités de sa musique. Elle en a pénétré la profondeur sublime, comme en témoigne les lumineuses versions de toutes les partitions qu’elle grava sur CD, jusqu’à l’Art de la Fugue, dont la polyphonie est si complexe à exprimer, et si étrangère a priori à la musique chinoise.
Un des temps forts de son existence fut le concert qu’elle donna en 2014 à Leipzig dans l’église Saint-Thomas, là même où le grand homme repose. Elle y interpréta ses chères Variations Goldberg, qu’elle conçoit comme l’expression d’un message proche de celui du Tao Te King.


On sait combien Bach était empreint d'une foi intense, et comme sa musique s’en ressent, mais on peut parfois s’interroger sur l’idée qu’il avait de Dieu. Selon Zhu Xiao-Mei, comme elle le confie avec humour, il n’y a pas de doute, s’il était chrétien, il n’en était pas moins bouddhiste…

Il est vrai que le livre de la Voie et de la Vertu de Lao Tseu pourrait si bien se marier, sur les cimes de l’entendement humain, avec le flux indicible et indéfini de la musique de Bach… 

Quel bonheur de voir à cette altitude les cultures se rejoindre, et tendre vers un langage universel !

27 février 2017

De Quincey et le rêve

La vie de Thomas de Quincey (1785-1859) est une des plus étranges dans l’histoire de la littérature. Opiomane invétéré, il fut un écrivain prolixe mais on ne lui connaît aucune oeuvre majeure. Pourtant, il eut une influence considérable sur ses contemporains et bien au delà. On sait notamment qu'il inspira de nombreux poètes, au premier rang desquels figure son compatriote et contemporain Coleridge, et comme chacun sait en France, Charles Baudelaire. Ce dernier n'aurait peut-être pas fait éclore certaines de ses vénéneuses fleurs du Mal et encore moins conçu ses fameux Paradis Artificiels s'il n'avait connu les Confessions d'un mangeur d'opium anglais du sulfureux de Quincey.


Longtemps après cette génération d'artistes romantiques et post-romantiques, ils seront nombreux jusqu'à nos jours les aficionados de l'ivresse que délivre le pavot et autres substances aussi magiques et délétères. Parmi les écrivains, on retient notamment les témoignages et expériences de Ernst Jünger (Approches, Drogues et Ivresses), d’Aldous Huxley (Les Portes de la Perception), et même celui d’André Breton qui rendit hommage à sa littérature sarcastique (notamment à son ouvrage “De l’Assassinat Comme un des Beaux Arts”) et lui fit une place dans son anthologie de l’humour noir.
Vint pour finir, toute une flopée de musiciens hallucinés de l'époque beatnik et ou hippie : Jim Morrison, Jimi Hendrix, Grateful Dead… La mort fut hélas parfois le point d’orgue de cette quête insensée, qui ne s’arrêta pas à l’opium, mais courut après des sensations toujours plus fortes...


Ni poète, ni philosophe, ni romancier, de Quincey fut un peu tout cela, tout en se faisant avant tout le chroniqueur attentif de sa propre existence, pourtant sans grand relief.
Toujours est-il que l'usage immodéré de drogues, qui fut le fait marquant et récurrent de son existence, ne l'empêcha pas de vivre jusqu'à 74 ans ce qui n'est pas si mal, à son époque.
Sans doute faut-il voir dans cette longévité l’effet d’une fort tempérament, qui prouve en tout cas “qu’après avoir usé pendant dix-sept ans et abusé pendant huit ans des vertus de l’opium, on peut toujours y renoncer…”

Il tomba jeune dans l'addiction au laudanum « sous la contrainte d'une douleur atroce », dont on ignore précisément la cause. Malgré des moments difficiles, jamais il n'admit cependant avoir commis une faute. Plus fort, « s'il avait su plus tôt et dans d'autres circonstances quels pouvoirs subtils résident dans ce puissant poison », il aurait certainement « inauguré sa carrière de mangeur d'opium dans la peau d'un chercheur de jouissances et de facultés extra, au lieu d'être un homme qui fuit un supplice extra. »
En clair, pour de Quincey, en dépit des ravages provoqués par l’opium, aucun argument moral ne saurait prévaloir contre son libre usage. Il en va de la responsabilité de chacun en somme…

Il faut dire qu'à son époque il était en vente libre dans les pharmacies, notamment sous la forme de laudanum.
L'entrée en matière dans le monde de sensations extraordinaires procurées par le « puissant, juste et subtil opium » lui parut étonnamment simple, comme il le raconta lorsque pour la première fois, il acheta une fiole de l'élixir : « Voici que le bonheur s'achetait pour deux sous, qu'on pouvait le garder dans la poche de son gilet : avoir des extases portatives bouchées en bouteilles d'une pinte, et expédier la tranquillité d'esprit en gallons par la diligence... »
S’agissant d’un breuvage enivrant, la comparaison avec le vin s’impose mais pour de Quincey, elle n’est pas en faveur de ce dernier, qui “dépouille un homme de sa maîtrise de soi”, tandis que “l'opium la renforce grandement.” Et c'est cette stupéfiante sérénité intérieure (sans jeu de mots) qu'il a chantée à sa manière.


Jünger avait constaté que sous l'effet de l'opium, le temps se dilate et devient indéfini. C’est ce que décrit de Quincey en relatant ses voyages immobiles : « Je tombais souvent dans de profondes rêveries, et il m'est arrivé bien des fois les nuits d'été, étant assis près d'une fenêtre ouverte d'où j'apercevais la mer et une grande cité,.../... de laisser couler toutes les heures, depuis le coucher du soleil jusqu'à son lever, sans faire un mouvement et, comme figé...
Il me semblait que, pour la première fois, je me tenais à distance et en dehors du tumulte de la vie ; que le vacarme, la fièvre et la lutte étaient suspendus ; qu'un répit était accordé aux secrètes oppressions de mon coeur ; un repos férié ; une délivrance de tout travail humain. L'espérance qui fleurit dans les chemins de la vie ne contredisait plus la paix qui habite dans les tombes, les évolutions de mon intelligence me semblaient aussi infatigables que les cieux, et cependant toutes les inquiétudes étaient aplanies par un calme alcyonien ; c'était une tranquillité qui semblait le résultat, non pas de l'inertie, mais de l'antagonisme majestueux de forces, égales et puissantes, activités infinies, infini repos ... »

Malgré la léthargie qu'induit la drogue, lorsqu’on parvient à ne pas totalement s'en laisser submerger, elle peut être compatible avec une vie sociale équilibrée. En dépit de certaines expériences cauchemardesques et des affres de l'état de manque, relatées par le détail dans ses confessions, jamais de Quincey ne bascula dans l’isolement ou la déshérence. Au contraire, il remarque que : “Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, l'opium ne m'incitait pas à rechercher la solitude, et bien moins encore l'inactivité ou l'état d'inertie et de repli sur soi-même que l'on prête aux Turcs.”
En revanche, malgré l’espoir de tout artiste, de s’élever et de voir ses capacités créatrices dopées, force est de conclure avec lui qu'il s'agit d'une impasse. Sous l’emprise de la drogue, les idées viennent à profusion et semblent incroyablement riches et variées, mais il s’avère impossible de leur donner une forme concrète, durable : “Tous les mangeurs d'opium ont l'infirmité de ne jamais finir un travail” se lamenta-t-il avec beaucoup de lucidité, allant jusqu’à donner une image quelque peu désabusée de son oeuvre, prolixe, mais désordonnée: « c'est comme si l'on trouvait de fins ivoires sculptés et des émaux magnifiques mêlés aux vers et aux cendres, dans les cercueils et parmi les débris d'une vie oubliée ou d'une nature abolie... »


Au total, ces récits décrivent une aventure étonnante et déroutante, qui se traduit au plan littéraire par mille et un rêves, et des digressions dans lesquelles on s’égare parfois, mais dont on reprend le cours avec émotion car certaines portent à l’évidence les stigmates d’expériences vécues (l’épisode poignant de la mort de sa soeur), et d’autres exaltent avec talent un univers de liberté onirique dans lequel l’auteur sait sublimer les idées qui lui traversent l’esprit en faisant feu de tout bois intellectuel : poésie, musique, philosophie, exotisme, voyages…

En définitive on peut considérer ces Confessions et ces Suspiria de Profundis, comme une sorte d’hymne au rêve, et en dépit de ses dangers, à l’opium, qui en est le puissant catalyseur.
Une chose apparaît clairement à Thomas de Quincey : “la machinerie du rêve, alliée au mystère des ténèbres est le seul grand conduit par lequel l’homme communique avec l’obscur. Et l’organe du rêve, conjointement au coeur, à l’oeil et à l’oreille, composent le magnifique appareil qui force l’infini à entrer dans les chambres du cerveau humain et qui projettent les sombres reflets d’éternité sous jacentes à toute vie sur le miroir de cette mystérieuse chambre noire - l’esprit endormi.../… 

L’opium semble posséder un pouvoir spécifique; non seulement parce qu’il avive les couleurs des scènes de rêve, mais parce qu’il approfondit ses ombres et, par dessus tout, parce qu’il renforce le sens de ses redoutables réalités…”

Illustration: William Blake, Milton's mysterious dream

09 février 2017

Fermeture pour intempéries

Le torrent de boue qui s'est abattu sur le champ de bataille politique m’amène à renoncer temporairement à commenter l'actualité dans ce domaine.

Le désolant spectacle dans lequel s’abîme la France donne la nausée, et je ne saurais quoi dire d’original sur ce désastre. Il n'y a d'ailleurs désormais plus de débat, plus de controverse, seulement des polémiques stériles, des ragots et des boniments. C'est indigne d'une démocratie ou bien cela révèle une maladie profonde...

A deux mois de l'élection présidentielle, on parle de tout sauf des vrais problèmes et personne ne semble vouloir prendre la mesure de la faillite générale dans laquelle le bateau ivre “France” s'enfonce inéluctablement. Quant à trouver des solutions pragmatiques, il faudra repasser, car en ces temps médiocres, tout n'est que bassesse et démagogie...

François Fillon paraît bien empêtré dans les remugles d'un passé troublé par quelques complaisances népotiques, qu'on lui jette brutalement à la figure. Sa campagne qui peinait à prendre du rythme s'en trouve indéniablement atteinte. Ses amis le soutiennent dit-on, mais on pense surtout à la corde qui soutient le pendu. Il n'y a guère de combativité et d'enthousiasme dans toutes les circonlocutions qui sont supposées défendre sa cause. On sent comme une sorte d’expectative. Tiendra-t-il ou pas ? Tout repose désormais sur une farouche détermination de sa part et de vraies convictions...

Il y a quelque temps, je présentais prudemment son brillant succès à la Primaire de la Droite et du Centre, en me demandant avec un brin de sarcasme, si vraiment une nouvelle dynamique était « en marche ». L'avenir le dira mais le moins qu'on puisse dire est que l’oiseau nouvellement paré qui prenait avec sérénité son envol, a du plomb dans l'aile...


Le fait est qu’Emmanuel Macron, profitant largement des circonstances, a de son côté décollé. Il gesticule, il harangue à tous vents et il égrène les bonnes paroles, les vœux pieux et les promesses contradictoires. Comment peut-on croire à la sincérité et à la volonté de rupture de cet énarque bon teint, né avec une cuiller en argent dans la bouche, qui fréquente les palais de la République depuis qu’il a la tête bien pleine à défaut d’être bien faite ? Son seul fait de gloire, en dehors de la haute fonction publique, fut d’avoir été trader chez Rothschild et d'avoir joué au Monopoly en achetant ou en fusionnant des entreprises pour le coquet salaire de 2,4 millions d'euros en 18 mois.

Puisqu’il dit tout et son contraire, peut-être qu’après tout, il serait en mesure d’incarner l'éclaircie libérale qui pourrait dérouiller notre pays. Cela ne manquerait assurément pas de sel…

C’est si peu probable que l'élire semble une pure folie, mais aux yeux de beaucoup, l'élection de Donald Trump en Amérique fut une pure folie. Alors qui sait ?


Marine Le Pen caracole en tête des sondages, mais le fameux plafond de verre est au dessus de sa tête. Il y a peu de chances qu’elle le brise, et d’ailleurs le veut-elle vraiment? C’est la question récurrente depuis que le Front national existe, tant son programme à l’emporte pièce paraît difficile à mettre en œuvre, et tant le parti est traversé de courants contradictoires. Un fait est sûr, à force d’exclure ce parti du débat, à force de le rejeter systématiquement comme maléfique, on a contribué à sa radicalisation et à son enkystement dans le corps électoral. La Gauche a soufflé pernicieusement sur le feu, et la Droite, sans doute la plus bête du monde, s’est laissée claquemurer dans cette logique suicidaire.
 

Il n’y a rien à dire des autres factions,et de leurs représentants paradant comme les généraux d’armées mexicaines. Tantôt donneurs de leçons à deux balles, tantôt histrions, ils ne méritent que l’indifférence...Bonne nouvelle, dans ce merdier général, le Parti Socialiste est à l’agonie. Il pourrait certes un jour renaître de ses cendres tels le Phénix, mais pour l’heure, c’est un champ de ruines et de désillusions.

 

Il faut dire que son microscopique lider maximo, M. Cambadelis, à l’image d’une bonne partie de ses condisciples, incarne la gauche la plus ringarde qui soit.
Il y a deux jours à peine, il se croyait autorisé sur la chaine de télevision LCP, à qualifier la Cour des Comptes d'assemblée “irresponsable”, considérant du haut de sa chaire lilliputienne qu'elle « s'évertuait à promouvoir des mesures dogmatiques, austéritaires et punitives déconnectées de la réalité et des besoins de notre pays ».

En matière de comptabilité, M Cambadelis s’y connaît. Est-il utile de rappeler qu’il fut reconnu coupable en 2006 dans l'affaire des emplois fictifs de la Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF) ? Condamné à six mois de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende, il avait été rémunéré par la mutuelle proche du PS entre 1991 et 1995, à hauteur de quelque 620 500 francs au titre d'une activité fictive de conseil (Le Monde 08/09/12)
.
Il faut dire aussi que la Cour des Comptes avait selon son habitude “épinglé” quelques dysfonctionnements des Pouvoirs Publics, notamment le fiasco de l’écotaxe dont elle chiffre le coût à 1 milliard d'euros, et le manque à gagner à 10 milliards d'euros.

Rejetant selon la bonne vieille habitude la faute sur les autres, M. Cambadelis incrimina M. Fillon, premier ministre en exercice lorsque la loi fut entérinée. Il oublie ce faisant, que ce génial dispositif fiscal avait été voté à la quasi-unanimité en 2009 dans la foulée du Grenelle de l'environnement, et que c'est bien le gouvernement socialiste qui s'est montré incapable de le mettre en application....


Les médias enfin, se complaisent dans cette fange immonde, faisant tourner sans relâche les moulins à “breaking news” bien faisandées. Il ne leur reste plus que cette folle chasse aux scoops pour exister. Et bien sûr, à l’instar des syndicats, ils vivent surtout des généreuses subventions de l’Etat, qu’ils encaissent sans vergogne et sans s’inquiéter de compromettre leur sacro-sainte indépendance. Pas moins de 400 millions d'euros/an portés jusqu’à 5 milliards entre 2009 et 2011, et un taux de TVA “préférentiel” de 2,1%, grâce à l’empressement de Nicolas Sarkozy aux prises avec la crise...


Fort heureusement, il y a d'autres moyens de chanter la liberté; il me reste donc tous les sujets sans rapport avec cette fantasmagorie ubuesque, tout en continuant à espérer des jours meilleurs….