Derrière
les commémorations consensuelles du 8 Mai, se noue un épisode
climatérique de la vie de notre pays.
Ce
n'est certes pas que le président de la république fraîchement élu
manque de perspective ou d'ambition. Au contraire, elle paraissent si présomptueuses, ou
bien d'une telle naïveté qu'elles sidèrent : «Le 6 mai doit être
une grande date pour notre pays, un nouveau départ pour l'Europe,
une nouvelle espérance pour le monde.» (Tulle 6/05/12).
Advienne
que pourra ! L'avenir jugera...
Encore
abasourdi par ce doux délire, c'est en parcourant le Wall
Street Journal que je
prends connaissance d'un appel signé par 21 économistes français,
paru juste avant le scrutin présidentiel. Il n'y va pas par quatre
chemins et a évidemment peu de chance d'inspirer la nouvelle
politique française. Mais il y eut tant d'initiatives venant de
l'autre bord, dont les médias se sont fait un tel écho, que je me
permets modestement ici de lui donner le mien, infime, mais qui
sait ? Les petits ruisseaux finissent parfois par donner de
grandes rivières... Et l'esprit de liberté ne doit jamais se
résigner à l'abandon.
« Le
programme de François Hollande et de ses amis socialistes procède
de motivations démagogiques, mais qui sont illusoires et
destructrices : augmenter le SMIC au lieu de libérer les énergies,
punir les riches au lieu d'inciter tout le monde à l'effort
productif, dépenser pour stimuler la croissance (en fait pour
acheter des clientèles) au lieu d'utiliser au mieux les ressources.
Le socialisme n'a jamais réussi, sous sa forme extrême - le
communisme - comme sous sa forme plus modérée – la
social-démocratie. Il est en effet incontestable que la prospérité
est étroitement corrélée au degré de liberté économique.
Comment
peut-on encore, au XXIème siècle, après des décennies et des
siècles de réflexion et d'expériences, croire à des recettes qui
relèvent plus de la magie incantatoire que de la science ?
Comment peut-on croire que l'Etat peut manipuler l'économie comme le
ferait un conducteur de locomotive en poussant quelques manettes ?
Comment peut-on imaginer qu'il suffirait de fabriquer ex nihilo des
unités monétaires irréelles pour que les hommes se mettent à
produire plus ? Comment croire qu'un État peut promouvoir la
croissance par le seul fait qu'il dépense plus, sans se rendre
compte qu'il prélève par l'impôt ou par l'emprunt les ressources
nécessaires à ses gaspillages et à ses dépenses démagogiques?
La croissance ne
se décrète pas, elle est le résultat non planifiable des décisions
et des actes innombrables d'individus capables d'efforts et
d'imagination. Mais pour cela il est indispensable de ne pas freiner
leurs élans par des contraintes réglementaires paralysantes ou des
impôts spoliateurs. C'est dire que la politique socialiste qu'un
François Hollande ferait si, malheureusement, il accédait au
pouvoir suprême, avec le soutien de ses alliés inévitables -
communistes et écologistes - ne pourrait produire que la stagnation
économique, un chômage et une pauvreté accrus, un endettement
public insupportable.
Il est
tragique qu'on puisse penser qu'on va améliorer le sort de certains
en punissant et en spoliant les autres.
Nous sommes tous solidaires dans une société humaine et il est dans
l'intérêt de tous d'inciter chacun à donner le meilleur de
lui-même. La France souffre depuis des décennies d'une faible
croissance, d'un chômage élevé, mais aussi du manque d'espoir qui
frappe en particulier les plus jeunes. Malheureusement, nous ne
sommes pas sortis du socialisme, des étatistes de droite ayant
succédé aux étatistes de gauche. Pour rendre l'espoir aux Français
il n'y a qu'une solution : sortir du socialisme. Y rentrer plus
profondément ne pourrait être qu'une funeste erreur… »
Les signataires
s'engagent en tant qu'économistes professionnels et n'appartiennent
à aucun parti politique
Florin Aftalion
(ESSEC), Charles Arnoux (Univ. Aix-Marseille), Jacques Bichot
(Univ.Lyon-3), Gérard Bramoullé (Univ. Aix-Marseille), Jean Pierre
Centi (Univ. Aix-Marseille), Liliane Debroas (Univ. Aix-Marseille),
André Foursans (ESSEC), Georges Gallais-Hamonno (Univ. Orléans),
Jacques Garello (Univ. Aix-Marseille), Guido Hülsmann (Univ.
Angers), Georges Lane (Univ. Paris-Dauphine), Jacques Lecaillon
(Univ. Paris-2-Assas), Jean-Didier Lecaillon (Univ. Paris-2-Assas),
Bertrand Lemennicier (Univ. Paris-2-Assas), Henri Lepage (Institut
Turgot), Jean-Yves Naudet (Univ. Aix-Marseille), Patrice Poncet
(ESSEC), Alain Redslob (Univ. Paris-2-Assas) Pascal Salin (Univ.
Paris-Dauphine), Anne Tassy (Univ. Aix-Marseille), Alain
Wolfelsperger (Science-Po Paris)