08 juin 2023

Climato-Réalisme

Chaque incendie de forêt donne lieu à une nouvelle louchée d’informations à sens unique, accusant encore et toujours ce fameux dérèglement climatique, mis à toutes les sauces pour expliquer tout et n’importe quoi, sans une once d’esprit critique ni même le moindre recul que la prudence élémentaire exigerait pourtant. On glose ad nauseam sur les feux gigantesques observés un peu partout mais on ne s’interroge guère sur les causes immédiates de ces sinistres effrayants. Sauf erreur le climat n’a jamais allumé tout seul la moindre flamme, mais qu’importe, il a bon dos pour servir de bouc émissaire.

Dans le même temps, on assène à longueur de journée, qu’il existe un consensus scientifique incontournable et définitif au sujet du réchauffement climatique et de ses causes, impliquant paraît-il la responsabilité humaine, et sous-entendant généralement celle du capitalisme et du libéralisme.
Pourtant des voix, et pas des moindres, s’élèvent pour proposer un point de vue différent de la doxa et pour proposer des solutions moins destructrices que la tabula rasa des prêcheurs d’apocalypse. John Clauser prix Nobel de physique en 2022 s’est exprimé sans détour sur le sujet, apportant un peu d’eau fraîche au moulin du climato-réalisme. Ses propos, rejoignant ceux de son co-lauréat Alain Aspect, n’en sont pas moins alarmants : “Le discours populaire sur le changement climatique reflète une dangereuse corruption de la science qui menace l’économie mondiale et le bien-être de milliards de personnes. Une science climatique erronée s’est métastasée en une pseudoscience journalistique de choc.”

Hélas on entend peu ce discours de raison, étouffé qu’il est par le bruit assourdissant des moutons de la pensée unique.
Plusieurs livres sortis récemment vont dans le même sens. Notamment celui de Steven E Koonin, qui fut conseiller scientifique à la Maison Blanche du temps du président Obama. Le titre à lui seul est explicite: “Climat, La part d'incertitude”. Il méritera sans doute une analyse à venir dans ce blog. Tout comme l’ouvrage Sapiens et le climat, d’Olivier Postel-Vinay, ancien rédacteur en chef de la revue La Recherche, qui fait œuvre de paléo-climatologue en analysant sans idéologie préconçue, l’évolution chaotique du climat depuis des millénaires.

Pendant ce temps, le gouvernement persévère dans les contradictions et le non-sens. Elisabeth Borne était toute fière d'annoncer il y a deux ans à peine la fermeture de la centrale de Fessenheim, au nom de la transition énergétique. Aujourd’hui, elle fait sien le programme de renucléarisation massif du Président de la République.
Cela ne l’empêche pas d’annoncer des propositions à venir pour accélérer la réduction des émissions de CO2 dans une perspective catastrophiste de "+4⁰C à l'horizon 2100". Le coût de ces mesures dont l'efficacité serait évidemment négligeable, dépasserait allègrement les 300 milliards d’euros et de toute évidence aurait des conséquences désastreuses sur l’industrie qu’elle affirme vouloir doper…
Décidément, le gouvernement, plus irrationnel et inconséquent que jamais, est en passe de devenir un asile psychiatrique…

31 mai 2023

L'impôt en questions

Une fois n'est pas coutume, le Trésor Public s'intéresse, ou fait semblant de s'intéresser, au ressenti du contribuable.
Profitant du moment exquis de la déclaration de revenus, et tandis qu'il nous promet une chasse accrue et plus impitoyable que jamais aux fraudeurs et aux évadés fiscaux, une gentille enquête de satisfaction est proposée aux citoyens (Consultation en avoir pour mes impôts).
Il est écrit qu’à travers ce questionnaire, "tous les Français sont invités à donner leur avis sur les impôts et l'utilisation qui en est faite dans les différents domaines d'intervention de l'État et des autres administrations publiques. Les réponses permettront de tirer des enseignements pour les prochains budgets."
On n'en croit bien sûr pas un mot, pas davantage en tout cas que le gros pschiiit qui résulta du fameux Grand Débat lors de la crise des Gilets Jaunes.
Quelle est d'ailleurs la valeur d'un questionnaire anonyme, qui ne précise pas la position du répondant face à l'impôt, et qui n'exclut pas qu'une personne puisse envoyer plusieurs réponses ? Il ne s’agit ni d’un vote, ni même d’un sondage en somme.

N'empêche, on peut s'épancher et rêver d'être entendu. Ça ne coûte rien et ça soulage un peu...
On peut déplorer par exemple que tant et plus d'argent soit dépensé pour la santé et l'éducation et que la qualité du service public soit si médiocre et en constante dégradation.
On peut demander, vu l'inefficacité des politiques publiques, que soient revue la gestion de ces domaines et qu'on les ouvre davantage aux initiatives privées.
On peut exprimer son mécontentement devant des dépenses choquantes, notamment les subventions publiques à la Presse, aux syndicats et aux associations non, voire anti-gouvernementales.
On peut réclamer une baisse drastique des frais de fonctionnement, énormes et maintes fois épinglés par la Cour des Comptes, des trop nombreux haut comités, agences étatiques, et instances publiques de tout poil (départements, régions...).
On peut déplorer l'augmentation continue des déficits et donc de la dette du pays, inacceptables à ce niveau, eu égard aux taux d'imposition très élevés.
On peut enfin regretter que l’État soit contraint d’emprunter pour couvrir des dépenses sociales, reconductibles sans fin, contrairement à celles d'investissement.

Mais imaginer que ces opinions, relevant du simple bon sens, puissent impacter la stratégie fiscale, relève hélas d’une douce illusion…

29 mai 2023

Des Insoumis, des vrais

Quel pourrait être le point commun reliant deux artistes qui viennent de disparaître ? Hormis le fait de chanter, sans doute d'être des insoumis, au vrai sens du terme. Pas comme ces guignols sinistres qui font de la démagogie la plus vile leur seule politique, et de la nostalgie du Grand Soir l'exutoire de leur haine de classe...

Jean-Louis Murat (1952-2023) et Tina Turner (1939-2023) se sont dressés de toutes leurs forces contre un destin contraire et, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, ont puisé leur énergie dans les épreuves. Par amour propre ils n’hésitèrent pas à sortir des chemins balisés, à se priver de toute facilité, et refusèrent tout assujettissement.
Résultat, leurs parcours furent quelque peu chaotiques mais chacun  à sa manière, a laissé dans son sillage quelques pépites inoubliables qui doivent tout à leur talent et à leur énergie.

Tina Turner donna un nouveau souffle puissant, décapant, au Rhythm 'n Blues. Point n’est besoin de trop insister sur cette carrière qui atteignit les cimes de la notoriété internationale.
Il sera ici davantage question de celle de Jean-Louis Murat, beaucoup plus confidentielle.
On peut certes expliquer cette discrétion par la volonté de l’artiste de fuir les sunlights et les grands médias, pire, de manifester des mouvements d’humeur homériques à l’encontre des grands circuits de production et de se livrer parfois à de violentes critiques ad hominem.
Le fait est que contrairement à beaucoup d’artistes prétendument engagés, Murat sut éviter tout embrigadement politique : "Je n’ai jamais été de gauche une seule minute dans ma vie, mais je n’ai jamais été de droite non plus", affirmait-il.
S’agissant de la protection de l’environnement, à laquelle sa nature paysanne était très attachée, il s’insurgeait toutefois de voir la cause dévoyée par “les nullards” ultra médiatisés aux discours bien éloignés des actes.
N'hésitant pas à braver le consensus politiquement correct, il ne dédaignait pas de jeter quelques pavés dans la mare: "Je suis très pro américain, un peu pour la provoc. Je fais partie des 3% de Français qui étaient pour l’intervention en Irak…"

Derrière les éclats de voix, et les controverses tonitruantes, Jean-Louis Murat était néanmoins un artiste très sensible, dont les chansons révélaient une âme à fleur de peau, un talent poétique rare à notre époque, le tout magnifié par une musicalité exquise et une voix suave aux accents frissonnants quoiq'un peu désabusés.

Pour ma part, au sein d’une production pléthorique, qui mériterait d’être mieux connue, je retiens comme un petit trésor son album Le Manteau de Pluie qui m’avait séduit lors de sa sortie il y a déjà bien longtemps. Je ne me lasse pas des mélopées sensuelles qu'il recèle: Sentiment Nouveau, Col de la Croix-Morand , l’Ephémère, Cours Dire aux Hommes Faibles, L'Infidèle, le Lien Défait...
En somme, jamais Jean-Louis Murat ne sera pour moi un artiste maudit. Et après tout, quelqu’un qui aime l’Amérique, le Blues et Baudelaire ne peut être foncièrement mauvais...


18 mai 2023

En Roue Libre

En roue libre, à la dérive, à la ramasse, en vrille, à la va-comme-j’te-pousse, à la godille, autant de qualificatifs pour décrire l’action gouvernementale.
L’actualité fourmille hélas de ces contretemps, bévues, manœuvres dilatoires, atermoiements, errements, contradictions qui rendent chaque jour un peu plus illisible la stratégie de nos dirigeants. En ont-ils une, c’est bien la question ?
On a vu la sérénité trompeuse d’un ministre de la santé, masquant mal le fait qu’il semble complètement dépassé par les évènements.
On a vu la démagogie à la petite semaine du titulaire du portefeuille des Comptes Publics pointant d’un doigt accusateur les gros patrimoines, supposés par nature, frauder le fisc.

Aujourd’hui, c’est le jour du satrape régnant à “l'Économie et aux Finances et à la souveraineté industrielle et numérique” (moins elle a de sens, plus la liste des titres ministériels s’allonge). M. Lemaire, grand chef à Bercy, infatué “comme jamais”, fait la leçon aux “multinationales” du secteur agro-alimentaires. Il les tient pour directement responsables de l’inflation du coût du panier de la ménagère et les menace de les désigner à la vindicte populaire, c’est-à-dire leur faire subir le supplice du Name and Shame, s’ils n’obtempèrent pas illico à ses injonctions à réduire leurs marges bénéficiaires. Il argue du fait qu’elles profiteraient honteusement de l'inflation. Il oublie seulement que la grande responsable de la montée des prix, c’est la dévaluation de l’argent induite par l’injection massive de monnaies, ordonnée au sommet de l’Etat. Le “consommateur” paie ainsi aujourd’hui un peu de la note du “quoi qu’il en coûte”. Il occulte également la manne providentielle qui revient au Trésor Public sous forme de taxes, dont il n’a pas fait mine de baisser les taux pour soulager la dite ménagère en période d’inflation ! Il pousse même le cynisme jusqu’à prétendre qu’elles servent à financer les boucliers tarifaires et chèques d’aide qu’il a mis en place. Autrement dit, lui peut continuer à pomper le contribuable puisque c’est pour son bien et donner d’une main ce qu’il reprend de l’autre ! La ficelle est un peu grosse, d’autant qu’il arrose plus qu’il ne reçoit ce qui le conduit à toujours plus endetter le peuple. Paradoxe amusant, il y a peu de temps le ministre de l’économie fustigeait les enseignes qui offraient à leur clientèle de trop fortes promotions. Il pondit même la loi egalim pour encadrer et contraindre ces rabais (qui ne servit au demeurant à rien d’autre qu’à renchérir les denrées concernées…). Quant à la rigueur budgétaire, elle est annoncée régulièrement comme les promesses du barbier, mais sont toujours repoussées sine die…

Le triste épisode de St Brévin ravive le débat sur la politique, quasi inexistante, de contrôle de l'immigration et fait se contredire Élisabeth Borne, chef du gouvernement. Après avoir annoncé un report de la n-ième loi sur le sujet, “faute de majorité”, elle fait un virage à 180 degrés, affirmant que la dite loi sera présentée en début d’été… Pendant ce temps, Dominique Faure, ministre inconnue des collectivités territoriales, se ridiculise en affirmant après l’attentat, dans un tweet pathétique, que le maire avait reçu une protection rapprochée face aux menaces dont il faisait l’objet ! Efficace la protection, pourrait-on ironiser... Comme les carabiniers, elle est juste arrivée un peu tard… Pour se racheter, elle annonce quelques jours plus tard un “plan alarme élus”, dont on peut prédire qu’il sera à peu près aussi efficace qu’un cautère sur une jambe de bois !

M. Macron tente de son côté de faire oublier le tapage ayant accompagné la promulgation de sa loi sur les retraites. Il se déplace en province, multiplie les prises de paroles et les nouveaux engagements, en vain jusqu’à présent. Il faut dire que lui aussi patauge dans les contre-pieds et les apories. Après avoir contribué à l’action des gouvernements ayant désindustrialisé la France, il prêche l’inverse. Après avoir personnellement revendiqué la stratégie de démantèlement de la filière nucléaire, et fermé la centrale de Fessenheim, il voudrait désormais en ouvrir de nouvelles un peu partout ! Malheureusement, les vœux pieux sont souvent lettres mortes. La réindustrialisation ne se décrète pas.
Et comme on l’a vu précédemment, la nouvelle traque fiscale, annoncée par le ministre des comptes publics n’est pas de nature à rassurer les grands groupes industriels…

Sur le radeau de la méduse de l’éducation nationale, en perdition, le ministre Pap N'Diaye n’a qu’une obsession, celle de favoriser “la mixité sociale”. Comme le chef de l’État, il prend ses désirs pour la réalité, imaginant qu’un coup de baguette magique bureaucratique permettra d’atteindre l’objectif. Plutôt que de se préoccuper de la baisse de niveau régulière, devenue alarmante, de l'éducation dans notre pays, il attaque le secteur privé qui surnageait encore, et entend y mettre le bordel de sa lubie égalitaire…

Enfin, M. Darmanin, à la moustache adolescente mais fort en gueule et coutumier des coups de mentons martiaux, se croit autorisé à stigmatiser la politique de Georgia Meloni, qui tente en Italie d’enrayer le chaos migratoire. Il n’hésite pas à l’insulter, lui qui s’avère incapable de remédier aux effets désastreux de la passoire française, et dont la politique n’est que belles paroles et expédients inoffensifs. Plus fort encore, il critique l’impuissance du gouvernement italien alors qu’il ne manquait pas de s’insurger lorsque celui-ci prenait de vraies mesures, notamment lors de l’affaire de l’Ocean Viking en 2022 et plus anciennement contre l’action déterminée de Matteo Salvini. Quel est donc l’intérêt de se fâcher avec un pays ami et voisin avec lequel nous aurions tout intérêt à collaborer ? Rien sinon essayer de faire oublier sa propre incurie…

10 mai 2023

Traque Fiscale

C’est une évidence. Il y a un acharnement féroce et opiniâtre à punir par l’impôt ceux qu’il est convenu d’appeler “les Riches”, dans notre pays confit dans le socialisme revanchard.

La toute récente actualité en fournit encore un exemple édifiant.

Gabriel Attal, ministre délégué chargé des Comptes Publics a indiqué mardi 9 mai sur France Inter vouloir augmenter de 25% les contrôles ciblés "notamment sur les plus gros patrimoines". Il veut également créer "une sanction d'indignité fiscale et civique".

Espère-t-il combler par cette mesure l'abîme déficitaire public creusé par les dirigeants de son espèce, bien intentionnés mais incurablement prodigues des deniers d’autrui ? Ou bien imagine-t-il pouvoir calmer l’ardeur insurrectionnelle des factions braillardes réclamant toujours plus de justice sociale et d’égalité ?
Peu importe, car il n’obtiendra sans doute ni l’un ni l’autre.
 
Cet effet d'annonce ne convaincra personne parmi les opposants au gouvernement actuel. Nul doute en revanche que sa tonalité accusatrice sera de nature à pousser encore un peu plus les gens fortunés à quitter notre pays et à dissuader les entreprises profitables d'y installer leur siège social. Quant à boucher le trou budgétaire, il faudrait bien davantage qu’une manne hypothétique…

La France, qui détient le triste record de pression fiscale, reste donc obsédée par l’argent et accrochée aux croyances stupides selon lesquelles il suffirait d’appauvrir les riches pour enrichir les pauvres. Si c’était vrai, tout serait si simple !

En attendant, on entendra longtemps encore parler d’évasion fiscale, ce qui laisse supposer qu’il y a une prison du même nom. On n’a pas fini d’entendre blâmer les paradis fiscaux, qui démontrent a contrario l’existence d’enfers homonymes. On continuera même de flétrir l’optimisation fiscale. C’est pourtant un sport national pratiqué par tout un chacun à son niveau, ne serait-ce que pour profiter au mieux des niches aménagées dans l'invraisemblable labyrinthe fiscal…

30 avril 2023

La méthode Coué du docteur Braun

Le bon docteur Braun, ci-devant ministre de la Santé, pratiquait, dans une vie antérieure, les traitements intensifs et les soins d’urgence.
Il semble être devenu dans ses nouvelles fonctions politiques, adepte de la bonne vieille méthode Coué.

Chacun connaît l’état de plus en plus calamiteux de notre système de santé, qui coûte très cher (un des 4 ou 5 plus onéreux au monde) et qui perd paradoxalement dans le même temps son efficacité.
Les problématiques non résolues sont légions et malgré une pléthore de lois depuis quelques décennies et 5 ou 6 “plans” de redressement depuis l’ère Macron, le mal ne fait qu’empirer. A croire que les remèdes proposés aggravent les choses…

Face à ce marasme, M. Braun reste impassible pour ne pas dire serein, et plutôt que d’annoncer encore de vastes et définitives réformes, tout se passe comme s’il avait choisi de minimiser voire de nier la dure réalité au profit de chimères lénifiantes. Au coup par coup, il répond sur l’air “du tout ira très bien”.
Quelques sujets tirés de l’actualité permettent d’en juger.

Face au fléau de la désertification médicale, quasi organisée par les pouvoirs publics via une planification aveugle et obtuse, M. Braun affirme benoîtement que chaque patient chronique sans médecin traitant sera contacté avant l’été. Par qui et pour quoi faire, la chanson ne le dit pas.

Confronté au problème de l'intérim médical qui n’est lui aussi qu’une des conséquences de la même planification, le ministre bloque les rémunérations paraît-il extravagantes des "mercenaires" auxquels les hôpitaux sont contraints de faire appel pour pallier dans l’urgence les défections. Résultat, ces mêmes établissements se retrouvent sans médecin dans de nombreuses disciplines. Monsieur le ministre ne voit manifestement pas la pénurie qui se fait jour et déclare avec une tranquille assurance, qu’aucun service ne fermera en avril. Par quel coup de baguette magique, nul ne sait…

Pour apaiser la colère des médecins de ville qui réclament depuis des années à grands cris une revalorisation de leurs actes, il fait mine d'accéder à leur demande, en accordant royalement une augmentation du tarif des consultations de 1,5€, passant ainsi de 25 à 26,5€ (la moyenne européenne étant plus du double...). Dans le même temps, il reconnaît la revendication juste des internes hospitaliers en grève, et fait porter la responsabilité du malaise aux établissements, occultant celle, écrasante, du gouvernement…

Pour résoudre la problématique des défaillances grandissantes de l’approvisionnement des médicaments, causée en grande partie par la politique étatique de sous-tarification et d’obligation absurde de recourir systématiquement aux produits génériques, M. Braun propose un grand plan nébuleux portant sur “les médicaments essentiels”, supposé on ne sait pas bien comment, éviter les ruptures de stocks.

Enfin, pour remédier enfin à l’exclusion arbitraire des soignants non vaccinés contre le COVID-19, le ministre annonce leur réintégration, mais sur le terrain, on attend toujours la concrétisation de cette mesure, si tant est que les personnes concernées n’aient pas trouvé par elles-mêmes des solutions alternatives.

Parler et ne rien faire, tel semble donc résumer le programme de ce ministre discret, mais totalement dépassé par une situation qui prend l’allure d’un vrai désastre... N'est-ce pas en définitive la stratégie générale du gouvernement ?

22 avril 2023

S'aligner ou pas (2)

A l'international, l'image de la France n'est pas plus reluisante. Le déclin du rayonnement de notre pays est un fait désormais acquis, plus évident et bien plus préoccupant que le réchauffement climatique. Au surplus, le premier est de cause humaine sans aucun doute… Croyant pouvoir pallier cela par des mots, Emmanuel Macron parcourt le Monde et fait de beaux et emphatiques discours. Sur la forme il est brillant mais quant au fond, il n'impressionne manifestement personne.

Retour de Chine, le nouveau slogan est le non alignement sur la politique américaine. Belle réussite ! Les Chinois se félicitent narquoisement de ce grand coup d'épée dans l'eau qui en apporte une belle louchée à leur moulin. Les Européens quant à eux font grise mine en voyant notre Tartarin président parler sans vergogne ni concertation en leur nom…

D'aucuns ont fait remarquer que le Chef de l’État se prenait pour de Gaulle lorsqu'il tançait les Américains engagés militairement au Vietnam. Sa rhétorique persifleuse et un rien zozotante est bien loin de la pompe sentencieuse, gutturale et grandiloquente du grand Charles, mais même s'il s'en approchait, ce ne serait toujours pas un compliment. Le Général, déjà guère apprécié des anglo-saxons, ne manquait pas de culot lorsqu’il fustigeait ex cathedra l'impérialisme yankee. Lui qui incarnait le pays le plus colonisateur de l'histoire moderne (dont l'Indochine, qui était encore dans les esprits de nombreux Français, humiliés par Ho Chi Minh). Lui qui se fit fort de défendre l'Algérie Française avant de l'abandonner corps et biens à la barbarie marxiste-léniniste. Lui qui claqua la porte de l'OTAN, alors qu'il s'agissait du meilleur rempart contre la vraie menace de l'impérialisme soviétique.

Aujourd'hui que le sort de Taïwan est en jeu, et la paix dans tout le sud-est asiatique, monsieur Macron croit très fin de se désolidariser de l'alliance des pays libres. Pour faire quoi, nul ne le sait. Rien sans doute.

Il y a quelques mois à peine, il jugeait l'OTAN en mort cérébrale et donc devenue inutile. Après un revirement sur les chapeaux de roue, il fit allégeance à l'oncle Sam sur l'affaire ukrainienne. Il faut reconnaître qu'il émit quelques doutes quant à la stratégie. Mais, hormis quelques vains entretiens avec Vladimir Poutine, il ne proposa rien d'autre que de renforcer les sanctions contre la Russie et de poursuivre la fourniture d'armes aux Ukrainiens, sans objectif précis, ce qui ne conduit qu'à voir le conflit perdurer et les morts s'accumuler.
Aujourd'hui, en dépit de la politique erratique de l'administration Biden, les USA sont plus forts, plus inventifs et plus riches que jamais (l'État le plus pauvre, le Mississippi, a un PIB par habitant plus élevé que celui de la France).

Par ses propos inconséquents et incompréhensibles (sauf à imaginer un sordide calcul commercial sous-jacent), Macron claironne qu'il ne veut pas s'aligner sur des alliés, qui restent quoi qu'on dise, nos plus anciens et nos plus fidèles amis. Il a déjà perdu gros lors du “contrat du siècle” avec l’Australie, portant sur l’acquisition de sous-marins nucléaires.
Crise après crise, il a perdu beaucoup de sa crédibilité auprès de son peuple.

Aujourd’hui, il sillonne la France au son des casseroles du mécontentement. Il fait mine de ne rien entendre de méchant et se répand en belles paroles, en nouveaux engagements intenables et en nouvelles dépenses publiques. Mais au fond, à le voir virevolter et zigzaguer sans cesse, on se demande toujours sur quelle perspective concrète il entend s’aligner…

21 avril 2023

S'aligner ou pas (1)

La réforme des retraites est enfin promulguée.
En fin de compte, Emmanuel Macron a tenu. Pour quel résultat ? Presque rien en somme, mais c'est symbolique. Un simple ajustement technique qui ne résout quasi rien du problème de fond (adieu système à points modulables, honnie soit la capitalisation...)
On est passé largement à côté de la Réforme nécessaire, à laquelle il faudra bien que quelqu'un s'attelle un jour. Pour l'heure, le pays sort miné, épuisé, écœuré, de cette épreuve de forces mais la rue, dévastée par les minorités hurlantes, n'a pas eu le dernier mot.
Les syndicats, la Nupes, et tous les révolutionnaires au petit pied accrochés à leurs basques, tous alignés sur la même position, aussi radicale qu'irréaliste, ont perdu.
La rage qu'ils manifestent est à la hauteur de leur cuisante défaite. "Leur" peuple s'est soulevé mais on n'a vu qu’une horde de gnomes sans tête ni cœur, mus par une insane folie destructrice.
Une fois encore, au pays des Lumières, on les a vu piétiner quotidiennement les principes élémentaires de la république démocratique qui les nourrit grassement. Pire, ils chient dessus , vandalisent tout ce qu'ils touchent, violent impunément les droits de tous ceux qui ne sont pas inféodés à leur idéologie haineuse et revancharde.
On imagine sans peine mais avec dégoût ce dont seraient capables ces gens s'ils étaient au pouvoir !

Après des semaines de chaos et de déraison, le président de la république s'est exprimé dans le but de ramener un peu de concorde. Hélas son discours du 15 avril est à la mesure de l'insignifiance de sa politique. Il a plus qu'un peu de responsabilité dans ce qui arrive, pour avoir dit et fait tout et son contraire en toute circonstance. Certes, il partage le poids de cette incurie avec ses prédécesseurs. C'est une mince consolation.
A force d'indétermination, de lâcheté et de démagogie, les dirigeants qui se sont succédés au pouvoir depuis des décennies ont précipité le pays dans un abîme d'impuissance et de bureaucratie. Dans ce marécage nauséabond qu'ils voudraient qu'on prenne pour un perpétuel bain de jouvence nourri de leurs belles promesses, s'élève le monument à la fois dérisoire et monstrueux de l'Etat Providence autour duquel surnagent les grands principes, totalement vidés de leur substance, et les fameux "droits acquis" qui s'effritent dans la fange…
Toutefois, le bel alignement des apparatchiks de l'Intersyndicale, des gremlins enragés de la Nupes et de tous les lapins crétins d’une Gauche fossilisée n'a donc pas suffi cette fois pour enrayer la machine macronienne. Dont acte.

07 avril 2023

A quoi sert un blog ?

Ce blog vient de passer le cap des 1000 billets et va fêter en juin ses dix-sept années d’existence (est-il vrai comme l’affirmait Rimbaud qu’on n’est pas sérieux quand on a 17 ans ?).
Face à ce constat, et à ce patient travail, on peut penser au facteur Cheval contemplant son Palais Idéal ou à l’inénarrable François Pignon devant sa Tour Eiffel en allumettes. Quel est l’intérêt de tels “chefs-d'œuvres” qu’on pourrait juger à la fois vains et inutiles ?
Si l’on juge l'audience de ce journal extime en s’appuyant sur les statistiques que veut bien fournir Google, on n’est guère avancé. Tantôt le flux des vues peut atteindre plus de 12000/ mois, tantôt il redescend à peine au-dessus des 1000. Pour expliquer de telles variations, il faut sans doute invoquer un fort parasitage du comptage des accès par des procédés automatiques ou des robots.
En parallèle, force est d’observer que le suivi du nombre de commentaires ponctuant les billets, qui pourrait constituer un indicateur indirect, reste des plus plats, en dépit d’une totale liberté de publication (à ce jour, ni censure, ni filtrage, ni même modération). A peine plus d’un commentaire par billet en moyenne. Encore faudrait-il déduire les réponses de l’auteur…

Même si par des témoignages concrets, il est possible d'affirmer que des personnes lisent ces propos en liberté lâchés régulièrement sur le Web, comment ne pas être confronté, à l’instar d’autres blogueurs, et autres jeteurs de bouteilles à la mer, au vertige du néant et de la déraison ?
A quoi bon tant d’efforts, tant d’opiniâtreté, après tout, pour si peu de résultat ?

Tant pis, ne serait-ce que par respect pour celles et ceux qui ont la faiblesse de le suivre, et naturellement par nécessité personnelle, le fil de ce quasi monologue dédié à la Liberté chérie ne sera pas interrompu tant qu’il restera quelque force et quelque espérance à son auteur.
Parmi les reproches qui lui sont faits, en dehors de celui d’émettre une opinion libérale, à contre-courant de la doxa contemporaine, celui qui revient le plus souvent est de manifester un pessimisme excessif. Sans doute y a-t-il une réalité qu’il faudrait s’attacher à corriger. Mais pour l’essentiel, le constat est en fait trompeur car il ne fait que révéler un état d’esprit partagé entre deux sentiments contradictoires : un optimisme viscéral quant au progrès et à l’émancipation des êtres humains par la liberté, d’une part, et le désespoir de voir tout cela menacé par la pulsion auto-destructrice qui étreint ces mêmes êtres-humains, d’autre part. A l’instar de Saint-Georges finissant par terrasser le Dragon, l'Homme sortira-t-il victorieux de ce douteux combat sans avoir à tout reconstruire à chaque fois ?

PS: Gratitude à Google (qu'on pourrait au passage, ranger au rang des bienfaiteurs de l'Humanité), qui héberge gracieusement ce blog et le diffuse et qui laisse à son auteur toute latitude pour exprimer ses idées.

31 mars 2023

Plus écolo, tu meurs

Il est permis de sourire lorsqu’on voit chaque soir la présentatrice de France 2 présenter son bulletin météorologique rebaptisé "journal de la météo et du climat" et sis dans des locaux flambants neufs, quelque peu surdimensionnés. Elle nous bassine gentiment avec les questions recueillies paraît-il auprès de téléspectateurs tournant exclusivement autour du réchauffement climatique. Ne serait-il pas responsable, se demande l’un d’entre-eux, de la recrudescence supposée des tempêtes ?
Dans le même temps, Evelyne Dhéliat sur TF1 livre ses petits conseils quotidiens pour prendre soin de "notre planète". Elle recommande ainsi de fermer régulièrement les onglets de son navigateur web, d'éviter d'envoyer des mails avec des pièces jointes, ou bien de nettoyer le filtre à air de son auto pour gagner 3% en consommation…

Cette petite comédie quotidienne serait bien inoffensive si elle n’était pas la partie émergée d’une formidable entreprise d’endoctrinement écologique, de plus en plus insensée à mesure qu’elle impose ses diktats de plus en plus stricts et délirants à la population.

Chaque jour amène son lot de nouvelles réglementations.
On apprend ainsi qu’en plus du fatras de diagnostics obligatoires auxquels doit se soumettre celui qui vend sa maison, va s’ajouter dès le 1er avril un audit energetique pour les logements classés F et G, réputés passoires thermiques. Sachant que ces biens ne pourront prochainement plus être loués, comment trouver un acheteur sans être la proie de requins cupides, comme l'a bien montré un récente enquête de la chaine M6 (Capital).
Signalons au passage, que les propriétaires de cheminées à foyer ouvert sont dores et déjà dans le collimateur des technocrates de la métropole lyonnaise. Considérés comme de dangereux pollueurs, il ne leur est plus permis de faire la moindre petite flambée ...

De leur côté, les marins pêcheurs sont assujettis à des normes de plus en plus draconiennes. Face à cette hyper réglementation galopante qui risque sous peu de les réduire au chômage, le ton monte. Le ministre de tutelle, dont personne ne connaît même le nom, dit qu’il est "solidaire dans l’esprit" de ces malheureux, mais il ne l’est pas moins des grouillots européens qui votent ces textes absurdes…

Les agriculteurs ne sont pas logés à meilleure enseigne. Après l'interdiction des insecticides utilisés pour produire la moutarde, le colza, la betterave, voilà qu’on s’attaque à ceux qui évitent aux cerisiers d’être la proie des “mouches japonaises”. Comme dans d’autres domaines, la pénurie est à prévoir, ce d’autant que l’importation de fruits traités sera également proscrite.

Les automobilistes et tous ceux qui roulent pour leur travail seront confrontés à l’arrêt de la production des véhicules thermiques à l’horizon 2035. En 2017, ils auront droit à une nouvelle taxe carbone, et sont dores et déjà lourdement taxés par les municipalités pour le moindre écart de conduite ou de stationnement rendu quasi inévitable vu les plans de circulation ubuesques adoptés un peu partout.

Monsieur Macron, communique sur son nouveau “plan eau”, incitant à la “sobriété” et promet de nouvelles taxations et surfacturations pour les déviants. Les agriculteurs sont à nouveau priés de faire des efforts et les propriétaires de piscines peuvent se faire du mouron… Le chef de l'État est bien placé pour parler d’économie, lui qui distribue avec prodigalité les deniers publics, qui endette le pays à tour de bras.

Passons sur les normes relatives au traitement des déchets. On apprenait récemment que les déchèteries ne prendraient bientôt plus les rejets des tontes de pelouses et bientôt plus non plus ceux des tailles de haies. Alors que les taxes locales ne cessent d’augmenter et que dans de nombreuses villes la collecte des ordures est à la merci d’une poignée de grévistes, les citoyens doivent donc se débrouiller eux-mêmes.

Quelques lueurs d’espoir au dessus de ce nid de coucous : l’Allemagne a fait volte face sur l’interdiction des véhicules thermiques en 2035, quelques communes sont en passe de revenir sur l'extinction de l’éclairage public après avoir constaté que cela favorisait les accidents et la délinquance, et on vient d’apprendre que la suppression des tickets de caisse dans les grandes surfaces est reportée “en raison de l’inflation”. Mais y a-t-il beaucoup de raison à tout cela, c’est la vraie question…

Ce monde semble de plus en plus fou, soumis aux lubies de lobbies très influents dont les prédictions catastrophistes sont pourtant régulièrement prises en défaut (qu’on songe simplement à l’ancien vice président américain Al Gore qui reçut le prix Nobel de la Paix et dont le film fut récompensé par 2 Oscars pour avoir prédit la disparition totale des glaces de l’Arctique et l’inondation générale de New York avant 2017…)
Pendant ce temps, notre gouvernement est accusé d'inaction climatique et les auto-prétendus écolos, mais surtout anti-capitalistes, anti-libertés et anti-tout, se déchaînent, saccageant, brûlant, détruisant ce qui se trouve sur leur passage et maltraitent les biens, la culture et la si chère nature comme il ne devrait pas être permis… On n’est plus à un paradoxe près…

24 mars 2023

L'année Jarry

Cette année, Alfred Jarry (1873-1907) aurait cent cinquante ans. S’il était soudainement ramené à la vie, que penserait-il de notre époque ?
Éclaterait-il d’un grand rire vainqueur devant l'absurdité qui s’est emparée des esprits et qui règne sans partage, ou bien ferait-il grise mine devant tous les donneurs de leçons, les sectaires et les fanatiques qui prétendent réenchanter le monde en pratiquant le chaos ?
Il est permis de pencher pour la seconde option.
Il est vrai que le non-sens qui caractérise notre temps dépasse en puissance l’imagination débordante de l’inventeur d’Ubu. Mais les agitateurs professionnels qui voudraient casser la société au nom de ce qu'ils appellent "le vrai sens de la vie", sont tellement forts de leurs certitudes et de leurs utopies, tellement enivrés de leurs slogans pontifiants, qu’ils sont aujourd’hui l’incarnation même de l’insondable bêtise humaine. Face à eux, les pouvoirs publics (avec des petits p), dédaigneux, lâches et versatiles, méritent plus que jamais l’appellation de satrapes du grandiloquent royaume des idées reçues, qu’est devenue notre société prétendue “avancée”.

Le spectacle est dans la rue, il n’est plus guère de mots pour décrire sa vanité, son inconsistance et sa déraison. Peu importe le prétexte puisqu’on entre en vandalisme comme on tombe en religion. Un peu partout, parfois à l'instigation même de maires et de politiciens indignes, les poubelles, comme les forêts, allumées par des crétins illuminés s’embrasent au mépris de l’écologisme élémentaire. Après les discours pompeux sur l'hygiène de vie et la protection de la nature, c’est le foutage de gueule généralisé. Ceux-là même qui prédisent l’apocalypse climatique et qui prônent l'altermondialisme, précipitent le désastre en saccageant consciencieusement l’environnement. Ces nouveaux barbares souillent tout ce qu’ils touchent, pillent sans vergogne les biens produits par le capitalisme honni, enlaidissent les cités et les rendent invivables, insultent l’histoire et la culture, démolissent les repères sociétaux, foulent au pied toute morale, et organisent avec opiniâtreté les pénuries en tous genres. Désormais, leur but ultime est d’abolir le travail en se nourrissant de l’illusoire prospérité d’un monde qui s’écroule sous leurs coups de boutoirs.
Pendant ce temps, la pompe à phynances, actionnée par des gestionnaires à la petite semaine, marche à plein régime. Elle brasse les contresens économiques de base, mouline les déficits, déverse la monnaie en dépit du bon sens, invente toujours plus de taxes, stérilise à coup de lois et de réglementations l’audace et les initiatives, tout cela en manifestant un consternant contentement de soi.
Plus que jamais, devant ce flot croissant de stupidités, on peut conclure avec l’inénarrable docteur Faustroll que “la Pataphysique est la science !”

17 mars 2023

Doctor Chat & Mister GPT (3)

Chat GPT est donc tout le contraire de l’intelligence, même s’il tient une conversation correcte quoique bourrée de stéréotypes, d’automatismes et de redondances.
S’il est considéré comme un simple outil, son emploi peut s’avérer utile, sous réserve d’améliorations, et à condition pour celui qui l'utilise, de conserver son esprit critique et sa capacité d’initiative. Pour le reste, ce n'est qu'une illusion.

L’intelligence est quelque chose de beaucoup trop complexe, et difficile même à définir, pour imaginer en faire une qualité d’un robot. Les outils conçus par les êtres humains sont là pour suppléer ou améliorer leurs capacités limitées, et se bornent à imiter leur raisonnement ou leur manière d’agir. Peut-on dire d’un marteau qui prolonge la main et lui donne un surcroît considérable de puissance, qu’il est intelligent ? Peut-on dire d’une vulgaire calculette qui ridiculise les capacités humaines par sa rapidité et son efficacité, qu’elle est intelligente ? Peut-on prétendre qu’un système GPS qui vous parle et qui vous guide infailliblement est intelligent ?
Évidemment non et on ne voit pas bien pourquoi il en serait autrement pour un programme informatique, aussi performant et sophistiqué soit-il. Le vrai danger pour leurs concepteurs et les utilisateurs serait peut-être d’imaginer que la machine soit réellement intelligente, et de lui déléguer la responsabilité intellectuelle qui leur incombe.

L'intelligence pour ce qu’elle est le propre de l’Homme, comporte la faculté de raisonner mais s’appuie également sur des sentiments, des opinions et même une certaine subjectivité, notamment l’intuition, chère à Bergson. Elle a un sens en soi, contrairement aux algorithmes informatiques. Elle a également une vraie responsabilité, ce qui ne peut être le cas d’une machine. Enfin, depuis Kant, on sait qu’elle est soumise, qu’elle le veuille ou non, à l’impératif catégorique de la morale, totalement étranger au fonctionnement d’un ordinateur.

La tendance actuelle est de demander à l'ordinateur tout ce qu’il ne faut pas faire : poèmes, musique, dessins, lettre de recrutement, discours... Même si le résultat est réussi sur la forme, il s’avère sans intérêt puisque totalement dépourvu d’âme, en tant qu’entité spirituelle douée de conscience, d’émotion, et d’inspiration… La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a, dit l’adage. L’IA ne peut fournir que ce qui ressort des algorithmes. Aussi sophistiqués soient-ils, et même en activant pas moins de 175 milliards de paramètres, ils ne recèlent aucune intelligence. Au grand dam de Laurent Alexandre, dont l’optimisme confine à l’illumination, même un million de fois plus puissants qu’actuellement, ils seront toujours aussi stupides qu’un marteau sans maître, pour paraphraser René Char.

Contrairement à un bon vieux moteur de recherche qui se borne à vous faciliter la tâche laborieuse d’aller retrouver des références utiles dans la masse pléthorique des connaissances humaines, l’IA pourrait aller bien plus loin, paraît-il, en mettant en forme les résultats et même en en faisant l’interprétation.
Cela relève à l’évidence de l’utopie. On a vu que Chat GPT avait d'énormes lacunes en matière de connaissances et faisait de grossières erreurs en amalgamant celles glanées au sein de ses bases de données. Le pire toutefois, est qu’en guise de mise en forme et d’interprétation, il ne fait que dégorger le corpus idéologique implémenté par ses concepteurs. On oscille en quelque sorte entre la langue de bois et la doxa, entre discours aseptisé sans intérêt et catéchisme susceptible de dévier vers l’absurde ou la perversité du concepteur, comme dans 2001 l’Odyssée de l’espace. Pour l’heure, Chat GPT répète comme un perroquet toutes les billevesées véhiculées par l’idéologie pseudo bienveillante woke, la lubie réchauffiste…

Pour achever cette réflexion, je livre ici une production poétique émise par Chat GPT. La demande était d’écrire un sonnet en alexandrins sur le thème de la réforme des retraites. Demande un peu insane, à laquelle le logiciel a pourtant répondu sans sourciller. Il se montre ainsi capable sans le moindre état d’âme de concevoir un truc totalement absurde. Le résultat est évidemment insignifiant, mais au surplus, il n’obéit pas aux règles élémentaires de la versification. Même après plusieurs essais, les alexandrins sont restés boiteux, sans césure, et sans rime, contrairement à ce qui était demandé…

La réforme des retraites, tant débattue,
Fait frémir tout un chacun dans ce pays,
Les gens inquiets se sont mis à prier,
De peur de ne plus toucher leur pension.

La question est épineuse, c'est certain,
Mais il faut la traiter avec sérieux,
Car la situation n'est pas des plus saines,
Et le déficit se creuse chaque jour un peu plus.

Les travailleurs ne sont pas rassurés,
Ils craignent de travailler plus longtemps,
Et de ne plus pouvoir profiter de leur temps.

Mais il faut bien trouver une solution,
Et envisager des réformes sérieuses,
Pour garantir un avenir à chacun.


Y aurait-il des professeurs assez crédules pour ne pas dire niais, pour se laisser berner par un tel poème soumis par un élève ? Le risque est réel, à ce qu'on dit, ce pourquoi on pense déjà à concevoir des robots pour démasquer les robots…

10 mars 2023

Doctor Chat & Mister GPT (2)

Quelques instants suffisent pour reconnaître, à l’instar de beaucoup de commentateurs, que l’outil est bluffant sur la forme, la syntaxe et même la sémantique. Il semble comprendre son interlocuteur et s’il parle évidemment anglais, il s’exprime très bien en français. En revanche, il est extrêmement décevant sur le fond et l’absence de tout état d’âme, de toute personnalité, de tout ego, de son discours est desséchante. Plus grave, il se révèle pour l’heure assez limité dans ses connaissances, bien inférieur en tout cas au moteur de recherche Google et bien plus superficiel qu’une encyclopédie en ligne comme Wikipédia.
Quelques questions à peine malicieuses permettent de s’en rendre compte. Il se trompe par exemple en mélangeant les titres d’ouvrages de l’écrivain Jacques Chardonne avec ceux d’autres auteurs, et lui attribue le prix Goncourt 1923 pour un livre qu’il n’a jamais écrit “les jours et les nuits” puisqu’il est d’Alfred Jarry (le prix ayant été attribué à Lucien Fabre pour "Rabevel ou le mal des ardents”) !
Certes l’erreur est humaine, pourrait-on rétorquer, et on ne saurait donc en faire le reproche à un robot humanisé. Mais persévérer est en revanche diabolique, dit-on. Est-ce la nature profonde de ChatGPT qui, lorsqu’on le réinterroge quelque temps plus tard sur le même sujet, commet de nouvelles erreurs ? Il attribue cette fois à Chardonne le roman “La mort du petit cheval” qui est en réalité d’Hervé Bazin, et fait de l’auteur des Destinées Sentimentales, un membre de l’Académie Française, ce qu’il n’a bien sûr jamais été (tout au plus, celle d’Angoumois !)…
Il se montre enfin peu capable d’enrichir lui-même ses connaissances contrairement à ce qu’il affirme, même si on lui indique le chemin d’accès au savoir. Je me suis amusé à lui demander s’il connaissait mon recueil de poésies paru chez Coollibri, disponible sur internet et que Google trouve quasi instantanément. Bien sûr, il en ignorait l’existence, arguant notamment du fait que ses connaissances s’arrêtent en 2021, mais il s’engageait à “jeter un coup d'œil au recueil”. Quelques jours après, il ne se souvenait manifestement plus de sa promesse…

Un des objectifs principaux revendiqués par ses concepteurs est d’aider sur des problématiques concrètes.
A cette fin, qu’il soit permis d’évoquer ici l’interrogation du robot faite par les journalistes du Télégramme, à propos de la crise du petit commerce, qui conduit à la désertification des centres villes.
ChatGPT, nullement pris au dépourvu, livre illico cinq propositions : « Encourager un mélange diversifié de détaillants locaux et nationaux pour créer une expérience unique », « soutenir les petites entreprises et encourager l’entrepreneuriat », « améliorer l’accessibilité des transports en commun et des piétons au centre-ville », « développer des campagnes de marketing pour promouvoir le centre-ville en tant que destination de divertissement et de shopping » et « créer un Business Improvement District (BID) ou une organisation similaire pour fournir des services et un soutien aux entreprises ».

Sur la problématique des retraites, la machine n’est pas non plus avare de préconisations, qu'il aligne mécaniquement :
- Augmenter l'âge de la retraite : Cela permettrait de réduire les dépenses liées à la retraite en augmentant le nombre d'années durant lesquelles les travailleurs cotisent.
- Mettre en place un système de retraite par points : Ce système permettrait aux travailleurs de choisir comment ils souhaitent cotiser pour leur retraite, en fonction de leurs besoins et de leurs souhaits.
- Augmenter les cotisations : Les cotisations sociales pourraient être augmentées pour augmenter les revenus de retraite.
- Mettre en place un système de retraite privée : Ce système permettrait aux travailleurs de cotiser pour leur retraite en dehors du système public, en utilisant des fonds privés.
- Favoriser l'emploi des seniors: en incitant les entreprises à maintenir les seniors en emploi, cela permet de prolonger la durée de cotisation et de limiter les dépenses liées à la retraite.

Soucieux sans doute de mettre les formes et surtout de rester consensuel, le logiciel pondère ses propositions en soulignant qu’il est “important de noter que chacune de ces options présente des avantages et des inconvénients, et qu'il n'y a pas de solution unique pour améliorer le système des retraites en France. Les décideurs politiques doivent prendre en compte les différents facteurs et les considérer dans leur ensemble pour prendre une décision équilibrée.”

Non seulement il n’a pas d’avis, mais il s’avère incapable de prioriser ses propositions d’action, même si le contexte est précisé, comme dans le cas des petits commerces qui concernait explicitement de la ville de Saint-Brieuc. Les propositions sont d’une neutralité désespérante et se résument à un catalogue insipide, relevant le plus souvent de l’évidence. L’emballage est séduisant. On dirait un rapport pondu par un de ces fameux cabinets conseils, très en vogue parmi les décideurs. Mais la substance n’a ni originalité ni saveur, rappelant fort la vision technocratique qui fait déjà tant de mal.
 
A suivre....

07 mars 2023

Doctor Chat & Mister GPT (1)

L’intelligence artificielle a le vent en poupe. Tout le monde en parle et les supputations vont bon train, quant à ses conséquences à venir, non pas tant bénéfiques, que néfastes. Il faut dire qu’on a toujours aimé se confronter à la crainte de l’avenir, et qu’en la matière, les médias opèrent comme une caisse de résonance idéale pour l'instrumentalisation des peurs. Le catastrophisme fait recette, et les croyances les plus folles n’ont jamais été aussi présentes que dans nos sociétés modernes pourtant réputées plus raisonnables et moins ignorantes que celles d’autrefois.

La science-fiction donne lieu à toutes sortes de fantasmes en général assez terrifiants. La révolte des robots a longtemps alimenté et excite encore l’imagination de nombre de romanciers et de cinéastes. On donne souvent à ces machines l'apparence d’humanoïdes peu sympathiques. Aujourd’hui, la crainte vient d’un monstre virtuel qu’on nomme Intelligence Artificielle, c’est-à-dire IA, ou mieux encore, à l’anglo-saxonne, AI. Ce machin filandreux et insaisissable comme un blob s’insinue partout et selon certains augures, son règne grandissant risquerait d’altérer gravement nos vies, nos sociétés et pourrait même selon certains experts provoquer la fin de l’humanité. Allons bon ! Nous avions déjà l’horrible menace du réchauffement climatique, voici qu’une autre, toujours créée par l’homme, pourrait se révéler pire encore ! Paradoxe amusant, les plus virulents de ces prophètes de malheur, sont précisément ceux qui investissent des fortunes pour développer les capacités de cette IA… On se souvient que les lanceurs d’alerte les plus véhéments sur les dangers du nucléaire furent les savants qui permirent la mise au point de la bombe atomique…

J’ai récemment fait la connaissance de ChatGPT, le dernier avatar en matière d’intelligence artificielle, sévissant sur le Web. Il cause, il écrit, il réfléchit, il raisonne et surtout, chacun peut converser avec lui car il maîtrise l’art du discours et du dialogue mieux que quiconque.
Ce genre d'initiative m’a rappelé le bon vieux test de Turing qui me fascinait lorsque je m’initiais au fonctionnement des systèmes experts en médecine et au traitement informatique du langage naturel. Il s’agissait avec cette expérience, inventée par un des pionniers de l'informatique, de mesurer la capacité de l'Intelligence Artificielle à être confondue avec l'intelligence humaine, par le biais d’une conversation en aveugle entre un observateur humain et un ordinateur. Selon le génial créateur d’Enigma, cinq minutes devaient suffire pour déterminer si l’ordinateur avait réussi le test.

A l’évidence, ce n’est pas le but des concepteurs de ChatGPT.
Dès le premier échange, il se trahit:
- Hello ChatGPT ! Comment vas-tu ce matin ?
- Bonjour ! En tant qu’intelligence artificielle, je n’ai pas de sentiments physiques, donc je ne peux pas dire comment je me sens ce matin….

Certes, dans l’esprit de Turing il ne s’agissait pas de tromper sur la nature de la machine mais sur sa capacité à imiter la conversation et le raisonnement humains. Le programme ne pouvant a priori mentir, il ne faudrait donc le juger qu’à des questions dont la neutralité ne risque pas de trahir sa nature.
Ne nous trompons donc pas. On est avec ChatGPT très loin des conditions idéales imaginées par Turing. Il n’est, comme il le répète à la moindre sollicitation, “qu’un modèle de langage informatique”. Et lorsqu’on lui demande son opinion ou bien les sentiments que lui inspire tel ou tel sujet, il brise beaucoup d’espérances conversationnelles en déclarant qu’il n’est “pas capable d’avoir des opinions ou des sentiments” et en précisant qu’il est “simplement un outil conçu pour aider à répondre aux questions et fournir des informations…”

A suivre...

28 février 2023

Punition fiscale

Les Pouvoirs Publics, à qui incombe la quasi pleine responsabilité de la crise du logement, ont trouvé un bouc émissaire idéal à cette problématique qu’ils ne parviennent, à force de bonnes intentions, qu’à aggraver: les propriétaires.
Il y a quelque temps, les médias réunis se faisaient l’écho de la dernière trouvaille de l’administration fiscale, à savoir, l'obligation pour les contribuables, sous peine d’amende, de remplir un nouveau formulaire décrivant par le menu leurs biens immobiliers. L’objectif n’est pas clairement précisé, mais on peut comprendre qu’il s’agit de réévaluer l’assiette des impôts locaux. La taxe d’habitation sur les résidences principales étant en passe de disparaître, il reste celle grevant les résidences secondaires, et bien sûr, la taxe foncière qui touche tous les propriétaires.

On sait que le Chef de l’État a promis aux communes que leurs ressources ne seraient pas impactées par la suppression de la taxe d’habitation. Il était dès lors évident qu’il ne s’agissait que d’une diminution de la pression fiscale en trompe-l’œil.
Il faut donc trouver des financements alternatifs, provenant nécessairement de la poche des contribuables, et on voit peu à peu se dessiner les solutions de remplacement, sorties de l'imagination inépuisable des fonctionnaires de la Pompe à Phynances. Les gens qui ont eu le malheur d’investir dans leur logement une partie de l’argent gagné à la sueur de leur front, voient et verront sans nul doute s'accroître leur contribution au Trésor Public,
au titre de l'impôt foncier. D’autant plus d’ailleurs que les services fournis en contrepartie se raréfient…
Comme les automobilistes, les propriétaires de résidences secondaires deviennent quant à eux les vaches à lait du fisc. La taxe d’habitation perdure pour eux, contre le principe de l’égalité devant l’impôt et contre toute logique car étant moins présents, ils bénéficient moins des services communaux. Au surplus, elle augmente régulièrement et se voit même majorée par une surtaxe à laquelle on ne voit pas d’autre justification que la punition (pour le crime de posséder). A la manière des malus automobiles, l’assiette de ces surtaxes s’élargit régulièrement tandis que les montants explosent. De 2100 villes “autorisées” par le gouvernement à pratiquer cette surtaxation, on passe en 2023 à plus de 5000 avec un surcoût pouvant atteindre 60% de la taxe d’habitation ! Double peine en quelque sorte !

A cette iniquité flagrante, s’ajoute le montant extravagant des frais prélevés par l’État au moment des transactions, surtaxés eux aussi, à hauteur de 36% de la plus value !
Rappelons enfin que les propriétaires de résidences secondaires sont exclus, par principe, de toute aide destinée à mieux isoler, chauffer ou rénover leur maison et sont soumis à des normes extravagantes concernant le diagnostic de performance énergétique (DPE), qui classe nombre de logements au rang de passoires thermiques, les sortant de facto du marché locatif.

On ne sait trop si le but de ces dispositions insensées est de fournir une nouvelle manne aux villes dont la cupidité croît avec la folie dépensière, ou bien si elles sont supposées améliorer le marché immobilier en dissuadant les gens d'acquérir un logement ou bien de le louer. Toujours est-il que devant tant d’absurdité, le fiasco semble la seule issue. En cas de vente, les biens deviendront des résidences principales, coupant de fait les crédits au titre de la taxe d’habitation. En cas de location, le résultat sera le même puisque les occupants seront exonérés de la taxe d’habitation. Dans le pire des cas, les propriétaires écœurés garderont leur bien, sans le mettre à la location, en versant au fisc les sommes qu'ils auraient pu consacrer à la mise aux normes changeantes et ubuesques de l’éco-responsabilité...

22 février 2023

Séisme

Comment parler du drame qui étreint des populations entières de Turquie et de Syrie, depuis l’impressionnant séisme qui eut lieu dans la nuit du 5 au 6 février 2023 ? Le bilan atroce évolue chaque jour et nul doute que le nombre des infortunées victimes se chiffrera en dizaines de milliers, sans compter les blessés.
Si les grandes douleurs sont muettes, dans notre monde affolé de pacotilles, tellement soumis à l’inconstance, à l’arrogance et aux croyances infondées, une catastrophe naturelle émeut plus que tout par son caractère abrupt, imprévisible et en apparence injuste. Il en est souvent de même de la maladie qui vous tombe dessus comme une malédiction du ciel. Et que dire des handicaps qui vous accablent dès la naissance ?
Hormis l’aide apportée par les médecins, secouristes et sauveteurs, tout est vain. Compassion, révolte, fatalisme, tout aboutit au désespérant sentiment d’impuissance. Personne ne peut répondre aux questions portant sur la cause de ces malheurs et surtout, personne ne peut se mettre à la place de ceux qui souffrent dans leur chair.

Lors de tels tragiques évènements, je ne peux m’empêcher de revenir vers Voltaire qui avait si bien évoqué le sujet dans son fameux poème sur le désastre de Lisbonne survenu en 1755, qui fit entre 50 et 70.000 morts.
Il renvoyait dos à dos à l’époque les “philosophes trompés” affirmant que “Tout est bien”, et ceux qui justifiaient ces catastrophes par “l'effet des éternelles lois qui d'un Dieu libre et bon nécessitent le choix », ou par une vengeance divine, qui infligerait la mort aux victimes pour “prix de leurs crimes…”
Il n’accordait guère plus de crédit aux débats futiles sur l’existence ou non de Dieu, car “tandis qu'on raisonne, des foudres souterrains engloutissent Lisbonne..”

Selon le poète, quatre hypothèses pouvaient être formulées pour expliquer la survenue de tels cataclysmes :
“Ou l’homme est né coupable, et Dieu punit sa race,
Ou ce maître absolu de l’être et de l’espace,
Sans courroux, sans pitié, tranquille, indifférent,
De ses premiers décrets suit l’éternel torrent ;
Ou la matière informe, à son maître rebelle,
Porte en soi des défauts nécessaires comme elle ;
Ou bien Dieu nous éprouve, et ce séjour mortel
N’est qu’un passage étroit vers un monde éternel.”

Les progrès scientifiques et techniques ont permis d’établir avec force que la troisième assertion est sans doute la meilleure. La main de Dieu, si elle existe, n’est pour rien dans la survenue de ces évènements qui s’inscrivent le plus naturellement dans le cours naturel du monde matériel et fini dans lequel nous vivons.
Un tremblement de terre est d’ailleurs quasi insignifiant lorsqu’il touche une région inhabitée. L’horreur vient des constructions qui s’écroulent sur les gens qui y avaient élu domicile. Il n’y a pas de fatalité définitive à cela. S’il paraît impossible d’empêcher le mouvement des plaques tectoniques qui sont sous nos pieds, s’il existe toujours un impondérable concernant le moment de sa survenue, son ampleur et ses conséquences, il est devenu possible, grâce à l’enrichissement des connaissances humaines, de les anticiper et de prévenir leurs effets dévastateurs. En l’occurrence, rien ou presque n’avait été fait pour améliorer et adapter l’habitat et il apparaît clairement que l’imprévoyance, la négligence voire les malversations furent légions dans ces contrées qu’on sait depuis des lustres soumises à un risque important.

Si beaucoup de calamités, de souffrances et de massacres sont hélas directement causés par l’homme lui-même, les catastrophes naturelles, dans lesquelles il n’est assurément pour rien, sont parfois évitables. On nous assomme à longueur de journées avec les hypothétiques effets néfastes du non moins hypothétique dérèglement climatique qui serait par hypothèse causé par l’activité humaine, mais il y a beaucoup à faire pour endiguer quantité de fléaux bien réels.
En concluant son poème fleuve, Voltaire tablait sur l’espérance. Certes on peut miser sur l’espoir d’un merveilleux royaume céleste et d’une béatitude éternelle, mais on peut encore espérer ici-bas, quelques progrès, car :
"Un jour tout sera bien, voilà notre espérance;
Tout est bien aujourd'hui, voilà l'illusion…"

16 février 2023

Sondages et micros-trottoirs

Le chaos régnant à l'Assemblée Nationale donne une piètre image de notre pseudo république. Le débat s'est transformé en parodie dans laquelle la bouffonnerie a laissé la place à l'intolérance, à l'anathème, aux insultes et aux pitreries grinçantes nourries d’odieuses réminiscences révolutionnaires.
A côté de ce vacarme puéril et vain, les ersatz démocratiques fleurissent, chassant les derniers restes de l'esprit critique sur lequel la concertation se fonde. Le pouvoir n’est plus dans les institutions élues. Il est éparpillé façon puzzle, un peu partout et nulle part.

Passons sur les stupidités sans nom qui ont envahi ce qu'il est convenu d'appeler réseaux sociaux. C’est un magma insignifiant puisqu'il fonctionne sur les pulsions et qu'on n'ose le plus souvent même pas y dire son nom.
Il y a les sondages, qui depuis quelques décennies déjà ont investi le paysage médiatique.
Pourtant, quand ils ne se trompent pas, ils passent très souvent à côté de leurs objectifs, faute sans doute de poser les bonnes questions, ou pire, de mal cibler le public interrogé. Sans compter la versatilité des opinions, qui fluctuent en fonction des circonstances ou bien même desdits sondages..
Ainsi, sur le sujet brûlant des retraites, selon des enquêtes datant de 2012, 76 % des personnes interrogées se disaient préoccupées par le montant de leur pension à venir.
Il s’agit comme l’on dit d’un “vrai sujet” et il y a peu de temps encore, 61 % des personnes interrogées jugeaient qu'une réforme des retraites était « nécessaire » (OpinionWay 16/01/23)… Aucune alternative concrète n'était bien sûr proposée, mais les perspectives d’évolution pouvaient paraître ouvertes. Selon Bruno Jeanbart, vice-président de l'institut sondagier, « Les Français n’ont pas envie de cette réforme, mais ils comprennent que le système n’est pas viable, donc le gouvernement a un espace pour faire accepter ses mesures ».
Peu de temps avant les premières manifestations, la même source révélait même que 73% des Français n’avaient pas l’intention de se mobiliser contre la réforme (OpinionWay 14/01/23).
Les choses ont bien changé depuis cette date. Une forte majorité se déclare désormais franchement hostile aux propositions gouvernementales (68% d'après Elabe le 18/01/23). Alimenté par l'agitation médiatique et sans doute par la rumeur sondagière, le mécontentement ne cesse depuis de grandir. Aujourd'hui,à ce qu'il paraît, une majorité de Français serait carrément favorable au blocage du pays (Elabe février 2023)
On pourrait juger paradoxal ce revirement de l’opinion puisqu’un des rares éléments concrets du programme de Macron portait justement sur la réforme des retraites et le recul de l’âge de départ…

Ceci dit, pour colporter les paradoxes, les contradictions et les idées folles, il y a pire que les sondages. Le nouveau pont-aux-ânes des journaux télévisés, ponctuant le traitement de tout sujet d’actualité est devenu le micro-trottoir.
D’un témoignage personnel on fait une généralité. Évidemment sans aucune méthode ni la moindre garantie d’objectivité, le pire étant d’interroger les gens au sortir d’une manifestation… Rien de plus facile que de faire dire aux gens tout et son contraire, et surtout n’importe quoi.
Ainsi on voit des employés de la RATP affirmer que leur travail est harassant et qu’il leur est impossible de prolonger leur activité professionnelle de 2 ans, c’est-à-dire de partir en retraite à 54 ans au lieu de 52… On voit des gens qui se prétendent usés, cassés, bien avant leurs 60 ans, et qui revendiquent le droit de “profiter de la vie” plutôt que de continuer à  s'épuiser à la gagner. Quel contraste avec l'image souvent véhiculée par les médias, de retraités septuagénaires et plus, dynamiques, sportifs, voyageurs, hyperactifs ! Le travail est donc bel et bien une aliénation…
On voit aussi des malheureux qui s’échinent en foule compacte, à tenter d’attraper un train, un bus ou un métro les jours de grève, ceux qui patientent dans des files d’attente interminables avant de pouvoir mettre du carburant dans leur auto, lorsque les raffineries sont bloquées par une poignée de nervis à la solde de syndicats subventionnés par l'Etat. Ils seraient, à croire les micros qu’on leur tend, le plus souvent compréhensifs, ou bien fatalistes vis-à-vis de l’infortune qui leur échoit.
Que dire enfin des personnes gorgées d’empathie, mais non sans une pointe de condescendance, qui disent comprendre la hâte à se reposer des travailleurs “aux métiers durs”, alors qu’eux se font une joie d’exercer une profession peu fatigante, passionnante et rémunératrice…

Bref, on en revient aux vieux ressorts de la comédie humaine, dans laquelle les passions et l’égoïsme, supplantent la raison. Vu qu’il n’y a plus d’idéal ni même d’espérance, on ne croit plus à rien d’autre qu’au néant pourvu qu’il soit éco-responsable, et surtout bien nourri, chauffé, propice au farniente. Le débat se meurt. Certains nostalgiques du grand Soir et de la Terreur, cultivent l’ivresse trompeuse des lendemains qui chantent, et voudraient faire croire que le pouvoir du peuple est dans la rue. Mais il n’a fait que passer du niveau du café du commerce à celui du caniveau…

09 février 2023

Superprofits

L’annonce en fanfare des profits réalisés l’an passé par TotalEnergie et plus accessoirement par la BNP déclenche un tollé. Dans notre vieux pays ranci dans l’égalitarisme socialiste, cette agitation était prévisible, et donc très probablement instrumentalisée par les médias et plus ou moins consciemment par le monde politique.
Plutôt que de se réjouir de la bonne santé d’une entreprise, on lui jette des pierres, ainsi bien sûr qu’à ses actionnaires (dont certains contempteurs font partie via leur plan d’épargne, sans même le savoir !). Et comme à l’accoutumée, se posent les questions classiques et en apparence paradoxales reliant ces bénéfices records au prix exorbitant du carburant à la pompe, et aux plans de licenciements prévus par la BNP.

Vouloir faire un rapprochement entre ces faits n’a guère de sens, mais qu’importe, les clichés ont la vie dure.
Évacuons d’emblée la question portant sur l’emploi et les licenciements. A quoi bon maintenir des emplois inutiles, au seul motif qu’on fait des profits ? Comme l’a bien montré Frédéric Bastiat en son temps, c’est idiot au plan logique, néfaste pour les autres entreprises qui pourraient employer ces gens, et frustrant pour les salariés concernés, devenus en quelque sorte cinquième roue du carrosse… Faire comprendre cela à des cerveaux soumis au feu roulant de la propagande anti-libérale, plus enclins aux opinions toutes faites qu’à l’esprit critique, s’avère une gageure…

S’agissant des produits pétroliers, pourquoi s’étonner, lorsque le prix de la matière première augmente, que croissent également tous les frais adjacents calculés au pourcentage de ce prix brut, en fonction de la conjoncture internationale et plus encore de la loi de l’offre et de la demande ?
Parmi ces frais annexes, il y a certes la marge des raffineurs et des distributeurs, mais que dire des taxes ?
L’État, dont la valeur ajoutée au produit est nulle, empoche par simple prélèvement, des sommes considérables. Sont-ce des profits sachant que nos gouvernants ont pris la fâcheuse habitude, en toute circonstance, de dépenser plus qu'ils ne perçoivent ?
Tout de même, lorsque l’on regarde la décomposition du prix du carburant, il y a de quoi réfléchir. On dit classiquement que la fiscalité représente 60% du prix payé à la pompe. Pour ce faire, il faut additionner 3 taxes : la TICPE, la plus importante, la TVA sur la TICPE, et la TVA sur le produit fini.
Le montant de la TICPE est fixe, quoique modulé en fonction des régions et de la volonté du Parlement. Elle garantit donc à l’Etat un revenu confortable, quel que soit le cours du Brut. La TVA sur la TICPE suit dans ses évolutions cette dernière, mais il s’agit d’une taxe sur une taxe ! Enfin, le montant de la TVA sur le produit fini, varie en fonction du prix de celui-ci, et agit également comme une surtaxe. Son rendement est donc d’autant meilleur que le prix de la matière première est haut, et s’accroît également proportionnellement aux marges prises par les intermédiaires. Au total (si je puis dire), la part des taxes n’est pas de 60% ce qui est déjà énorme, mais de 150% (qu’on obtient en divisant le montant total des taxes par le prix hors taxes) !
Dans l’affaire, l’État est donc le principal bénéficiaire des ventes de produits pétroliers, et cela sans rien faire !

Hélas, il lui faudrait toujours plus de gains pour paraît-il les redistribuer au bon peuple. N’oublions pas qu’il perçoit également l’impôt sur les sociétés qui pour la seule TotalEnergie s’élève à 30 milliards d’euros par an. La majorité du chiffre d'affaires étant réalisé à l’étranger, l’Etat français ne touche que 200 millions !
Les gens qui veulent surtaxer les superprofits, outre qu'ils ignorent que c'est déjà fait, ne retireraient donc pas grand chose de leur racket, hormis l’affaiblissement progressif des entreprises ou bien l’accroissement de leur externalisation. C’est ce qui s’appelle tuer la poule aux œufs d’or. N’empêche on y croit encore dur comme fer en France…