12 octobre 2007

Ce grand cadavre à la renverse


Bernard-Henri Lévy sait comme personne se mettre en scène, il possède un art consommé de faire mousser dans les médias le moindre de ses aphorismes et la plus insignifiante de ses paroles.
Et comment l'attaquer ? Ce général chamarré de la « nouvelle » philosophie pompière a trouvé une position inexpugnable. Il se situe si loin de toute logique, par delà même le ridicule, dans une bulle exquise de morale séraphique... De ces hauteurs éthérées, avec son éléphantesque quincaillerie dialectique, Il peut dès lors enfoncer hardiment les portes grandes ouvertes du conformisme, et s'attaquer aux plus plates problématiques intellectuelles tout en donnant l'impression d'être Hannibal gravissant les Alpes !
Les salons dorés et les plateaux-télé rutilants, au sein desquels il donne à voir son altier profil, sont autant de champs de batailles, qu'il sillonne en tous sens avec une admirable opiniâtreté. Il y mène héroïquement son combat « progressiste », non sans risque – mais assumé – de prendre ici ou là une énorme tarte à la crème en travers de la gueule... Qu'importe, armé de son inépuisable moulin à paroles, il déclame, il exhorte, il fustige, il persifle. Bref, il n'a pas son pareil pour faire reluire tout ce qui est creux, et pour allumer dans les cieux bas de la pensée franchouillarde, de brillantes mais fugaces étincelles...
Aujourd'hui il signe avec pompe et circonstance, le constat de décès de la Gauche. Franchement, ce n'est pas vraiment un scoop (il recourt à une citation de Sartre datant des années 60...). Depuis le temps qu'elle se ratatinait, on pouvait surtout se demander pourquoi elle n'était pas encore enterrée !
Qu'on ne s'y trompe pas pourtant, selon lui ce « grand cadavre » bouge encore. Et, Pater familias aidant, il y reste envers et contre tout accroché par toutes ses fibres. Ne serait-ce que par fidélité à son père, le digne fils a décidé qu'il serait toujours sur ce bord de la rive. Elle est putride, elle est déviante, elle ne mène à rien de concret ou bien à des horreurs, mais tant pis il continuera de suivre cette voie.
Se lavant les mains des innombrables dérives totalitaires, chauvines, anti-sémites, anti-américaines, anti-libérales, ou bourgeoises, il se raccroche à quelques vieilles lunes qui seraient paraît-il consubstantielles à la gauche : anti-colonialisme, anti-fascisme, dreyfusardisme, cosmopolitisme... Et pour finir, Mai 68 au travers duquel il continue de voir avec émerveillement « libertés nouvelles, modernité, allégresse; poésie ... »
Tout ça relève du badinage de collégien premier de la classe. C'est appliqué, bien intentionné, mais un tantinet niaiseux.
Même si l'homme est parfois touchant et même si tout n'est pas faux loin de là dans son bagout hétéroclite, il passe une fois encore à côté du vrai sujet et ici, des vrais et terrifiants cadavres. Ceux avant tout des malheureux que la Gauche a assassinés par millions au seul motif qu'ils n'étaient pas du bon côté. Mais aussi les momies infâmes de leurs bourreaux implacables, si longtemps encensés. Et celles enfin des idéologues aux mains sales par qui tout le mal est venu.
En la matière il n'est pas nécessaire de savoir si l'on est de droite ou de gauche, pour préférer toujours et de très loin Voltaire à Rousseau, Locke à Saint-Just, Hume à Hegel, Tocqueville à Marx, et Aron et Camus à Sartre.
Et pour avoir ces derniers temps, la nausée devant les rites compassionnels autour de la dépouille pseudo-christique de Che Guevara, laborieusement exhumée de la fange dans laquelle ce faux héros était tombé par sa propre faute...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ce que je pense de BHL :

c'est pas parcequ'un type dit des choses qu'on ne comprend pas, qu'il est forcément intelligent.
et comme disait l'autre, il ne faut pas prendre le manque de talent pour du génie...