07 juillet 2006

Hommage à Thomas Jefferson


Quelques jours après l'anniversaire de l'Independence Day, qu'il soit permis d'honorer ici la mémoire de Thomas Jefferson (1743-1826), un des plus grands hommes d'état que l'Humanité ait engendré depuis l'antiquité.
Principal artisan de la Déclaration d'Indépendance, il fut le troisième président des Etats-Unis (1801-1809). Il conduisit la destinée de ce pays au moment où la France vivait une éphémère gloriole sous le règne de Napoléon Ier.
Comme chacun sait il acheta à ce dernier la Louisiane en 1802. A cette occasion, il donna une merveilleuse leçon de pragmatisme. Jefferson était en effet confronté à un dilemme car l'affaire devait être rapidement conclue sous peine de voir Napoléon revenir sur sa décision. Or l’achat d’un territoire par le pouvoir fédéral n’était pas prévu dans la Constitution. Plutôt que de tergiverser ou d'engager une procédure longue et complexe visant à modifier ce texte essentiel, il trancha : «le bon sens dont fait preuve notre pays corrigera les effets néfastes d’un texte imprécis chaque fois que cette imprécision risque d’être pernicieuse». Bien lui en pris car la superficie de son pays, grâce à cette acquisition passa du simple au double !
Grâce à ce sage principe, la Constitution américaine a conservé sa pureté originelle. Seuls quelques amendements sont venus la compléter au fil des ans.
Le poète Walt Whitman pouvait avec justesse célébrer ce texte fondamental comme une des plus belles créations de l'esprit humain, destinée à durer des milliers d'années...
Aux Etats-Unis, la République est donc inchangée depuis plus de 200 ans (pendant la même période la France en connut cinq, plus trois monarchies royales, deux empires et plusieurs révolutions...)
Jefferson était l'ami de notre pays : « Tout homme a deux patries, la sienne et la France ». Mais s'il admirait la richesse intellectuelle du « Siècle des Lumières », il condamna vigoureusement les excès de la terreur révolutionnaire qu'il vit de près alors qu'il était ambassadeur à Paris. Il n'eut que mépris pour les brutes avinées de 1789 qui noyèrent la Liberté dans le sang des innocents, des poètes et des savants.
Thomas Jefferson était lui même, comme Benjamin Franklin, un éminent savant. On lui doit plusieurs inventions notamment dans le domaine agricole. Il fut en outre un brillant architecte. Sa maison de Monticello témoigne de son style gracile rappelant Palladio.
En politique, son action fut inspirée par sa foi inébranlable dans la démocratie décentralisée. Dans son discours d'investiture, il se fit le défenseur « d'un gouvernement sage et économe» qui maintiendrait l’ordre parmi les habitants mais les «laisserait, par ailleurs, libres de régler la poursuite de leurs activités et l’amélioration de leur condition». Il tint promesse.
Si seulement cette profession de foi pouvait guider les trop nombreux politiciens qui croient savoir mieux que leurs concitoyens ce qui est bon pour eux, et qui sont convaincus que la prospérité, le bonheur et la justice sociale passent par les réglementations et la bureaucratie administrative...

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