30 juillet 2007

Le dernier roi d'Ecosse

Forest Whitaker fait une composition époustouflante dans ce film de Kevin McDonald, qui retrace l'accession au pouvoir d'Idi Amin Dada en Ouganda. La présence et le charisme de l'acteur parviennent même à rendre parfois sympathique ce tyran à la cervelle d'enfant. Car ce géant est une brute infâme, mais il est capable d'une chaleur et d'une candeur touchantes. Il constitue l'archétype de ces chefs d'état immatures et sans scrupule qui promettent à leur peuple un rêve magnifique, et le leur font vivre sous forme d'un épouvantable cauchemar. L'originalité du récit consiste à prendre pour témoin de ce drame, un jeune coopérant écossais en quête d'aventures, devenu par un cocasse enchaînement de circonstances, le médecin personnel du Néron d'ébène. A travers lui c'est tout l'angélisme occidental qui s'exprime. D'abord séduit, impressionné par l'animal il devient vite dubitatif quoique indulgent, puis réprobateur, et pour finir mais un peu tard (300.000 morts sur une population d'à peine 10 millions d'habitants...), franchement écoeuré.
La réalisation est impeccable, trépidante, et hormis deux scènes, évite le voyeurisme trop gore, pour privilégier l'analyse en profondeur d'un phénomène dépassant l'entendement.

Au moment de terminer cette série d'annotations filmographiques, un mot pour les deux éminents représentants du monde du cinéma qui viennent de disparaître quasi simultanément :
Michel Serrault tout d'abord, qui virevoltait avec grâce sur ce microcosme depuis des décennies. Un inimitable sens de la dérision et un humour décapant mâtiné d'un brin de cabotinage, resteront la marque de cet acteur de génie. Le détachement avec lequel il semblait considérer son métier et d'une manière générale la vie, était probablement une façade derrière laquelle il cachait ses secrets, ses questionnements, sa foi. Mais, à force d'avoir joué de pirouettes, à force d'avoir voulu être là ou on ne l'attendait pas, il risque peut-être de laisser le souvenir d'un dilettante. Bah, après tout cela n'était qu'un jeu...

Ingmar Bergman, c'était tout le contraire. La stature austère d'un chirurgien de l'âme, torturé par le mystère de l'existence, par la solitude, par l'incommunicabilité des émotions. Probablement un artiste gigantesque. Mais qui regarde encore des films aussi obscurs et mutiques que le Septième sceau, Le Silence, La Source, L'Oeil du Diable, ou Cris et Chuchotements ? Qui s'intéresse encore à ses peintures existentialistes de la vie conjugale ? Le monde, emporté dans un quotidien de plus en plus matérialiste n'a plus grand chose en commun avec cette lenteur introspective. Avec la disparition d'Ingmar Bergman c'est une porte sur l'âme humaine qui se ferme...

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