09 juillet 2007

Paul Morand et la Grosse Pomme

Lu l’ouvrage de Paul Morand consacré à New York, qu’il a écrit à la fin des années 20. Belle écriture, sèche, rapide élégante ; une foule de détails croqués sur le vif et quelques aspects que je retiens tout particulièrement.
Cette jolie description notamment qu’il rapporte, l’attribuant à Sarah Lockwood : « New York est un jeune géant de trois cents ans, haut de vingt kilomètres et couché sur le dos ; ses pieds sont à la Batterie, sa colonne vertébrale, si droite, c’est la Cinquième Avenue, ses côtes sont les rues transversales, ses yeux sont Broadway et Park Avenue son foie ; son ventre, les deux gares ; sa tête est à Harlem ; ses bras s’étendent au dessus des rivières ; son argent, il le met dans sa botte, en un endroit sûr appelé Wall Street. Quant à son cœur, il n’en a pas…. ».
Sur le drapeau américain : « Rien ne se prête mieux à la décoration que l’étendard américain, avec ses étoiles sur fond bleu profond et ses belles rayures horizontales de l’époque Louis XVI » ou encore : « Le drapeau étoilé est partout, dans les prétoires, dans les églises, dans les matches, dans les ventes des grands magasins, à la campagne, au haut du mât des bungalows ; quelle fierté à le voir flotter ; et d’ailleurs il est si beau ! »
Sur l’esprit de l’Amérique enfin, qu’incarne New-York : « Un des bonheurs que nous attendons de New York, c’est de vivre là où ni le gaz, ni l’électricité, ni le télégraphe, ni le téléphone, ni les moyens de communication, ni l’éducation ne sont des monopoles d’Etat ou de municipalité, et, grâce à cela fonctionnent. » ou encore : « J’aime New-York parce que c’est la plus grande ville de l’univers et parce qu’il est habité par le peuple le plus fort, le seul qui depuis la guerre, ait réussi à s’organiser, le seul qui ne vive pas à crédit sur son passé ».
La lecture du premier tome du Journal Inutile ne m'a pas donné le même plaisir. Déception : le poids d’abord, du volume de 800 pages, mais également le caractère un peu superficiel et répétitif des annotations. Cet écrivain dont le style est si maîtrisé, si incisif et concis, se perd ici en banalités domestiques, en aphorismes faciles ou en jugements hâtifs. Peu de réflexions abouties. Plutôt des bribes. On reste sur sa faim et en même temps on éprouve assez vite une sorte de satiété.

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