10 août 2009

La très chère santé d'Obama




Dans un récent éditorial (3/08/09), la célèbre revue médicale britannique LANCET prend résolument position en faveur du projet de réforme du système de santé américain, que tente de promouvoir le président Obama. Pour défendre sa thèse, le texte, sans auteur, n'hésite pas à prendre des accents rappelant les slogans de campagne électorale : « Yes it can be done ! ».
Cette attitude qui relève davantage d'une démarche politicienne que scientifique est assez surprenante dans les colonnes d'un tel périodique, d'autant que l'argumentation reste théorique voire nébuleuse.
En premier lieu, l'éditorial reprend pour introduire le sujet, le thème classique de l'inflation vertigineuse des dépenses de santé (elles avoisinent en effet les 2500 milliards de dollars par an). Il est rappelé également, mais c'est devenu une vrai scie, que malgré ces provendes fantastiques, le système laisse un grand nombre de citoyens sans couverture maladie, et que sa performance globale est somme toute assez médiocre s'il on en juge par le palmarès de l'OMS (37è rang mondial).
Ce constat de départ n'est donc pas très original, même s'il n'est pas contestable stricto sensu. Une information retient toutefois l'attention : d'après la revue, le tiers des dépenses de santé outre-atlantique est à ce jour absorbé par la bureaucratie supposée gérer le monstre...
D'après le Lancet, le but de la réforme est de garantir une couverture santé universelle et de créer une assurance maladie gouvernementale destinée à « concurrencer » les plans gérés par des organismes privés, pour procurer in fine des soins mieux adaptés à la population.
Mais on voit mal comment la mise en place d'un système de « régulation » sous tutelle gouvernementale pourrait être la solution. A moins de niveler par le bas, de manière purement comptable les dépenses, à la manière du système anglais, ou bien, à la mode française, de faire enfler encore la bureaucratie et de creuser les déficits. Le programme élaboré par Mr Obama est actuellement chiffré à plus de 1000 milliards de dollars sur 10 ans, à la charge de l'Etat Fédéral, actuellement déjà en déficit de 1700 milliards de dollars !
Évidemment, aux yeux des anti-libéraux de tous poils et autres adorateurs de l'Etat Providence, taxer les riches est le moyen le plus facile et le plus « juste », de se procurer cette manne. Comme par hasard c'est celui qu'a trouvé l'administration Obama, qui propose notamment la suppression des déductions pour les dons aux œuvres.
Certaines remarques émises dans l'article ne sont toutefois pas dénuées de fondement. Il est à l'évidence regrettable qu'un aussi grand nombre de personnes soient sans assurance, même si la cause première est tout simplement l'absence d'obligation. On peut également s'insurger contre le système des plafonds de dépenses maladies, mis en œuvre par certaines compagnies d'assurance (« annual or lifetime caps »). Ils conduisent en effet à limiter le montant des remboursements annuels ou même cumulés sur une vie entière ! Ce genre de disposition peut s'avérer très pénalisant pour des patients victimes d'affections exigeant des soins tés coûteux. Si les franchises trouvent une légitimité dans une démarche raisonnée de maitrise des dépenses, de tels plafonds sont difficilement compréhensibles, sauf à définir un "panier» d'affections prises en charge à 100%.

Mais voilà l'Amérique n'est pas la France. Même dans son propre parti, le Président rencontre de sérieuses objections. Elles tiennent bien sûr avant tout à l'énormité des dépenses envisagées. Mais des élus ont également argué qu'il n'y avait pas de rapport évident entre le souci d'améliorer le système de santé et la pénalisation fiscale suggérée, et pas davantage de lien de cause à effet évident entre l'instauration d'un système étatisé et l'amélioration de la qualité des soins et de la couverture assurantielle.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Comme en France ce n'est pas à une "minorité de syndicalistes qui prennent la France silencieuse en otage gna gna gna" de faire la loi, il faut s'incliner devant la "légitimité des urnes" et laisser le Président appliquer le programme pour lequel il a été élu ! Sinon, quid de la "démocratie" ?

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Oui à ceci près que la légitimité des urnes inclut le parlement, qui n'est pas forcément composé de godillots. Même avec une confortable majorité le président doit être convaincant. Peut-être parviendra-t-il à imposer son projet, avec ou sans amendement. L'avenir le dira assez vite. Personnellement je pense qu'il est assez mauvais, mais je ne suis pas Américain et peut-être me trompé-je...

Anonyme a dit…

Oui à ceci près qu'en France aussi certains députés de la majorité étaient hostiles au travail le dimanche, à Hadopi ou à l'intégration dans l'OTAN, ce qui n'a pas empêché le gouvernement de passer outre....
Bien à vous

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Heureusement qu'on trouve quelques personnes hostiles, sinon ce serait le plébiscite permanent... Le tout est d'obtenir une majorité !
En France hélas on n'a pas peur des consensus monstres (élection de Chirac en 2002) et pourtant on râle sur tout changement même s'il figurait dans le programme de l'élu. c'est très étrange mais c'est comme ça. ll faut juste s'y faire... Aux USA le jeu des contrepouvoirs n'est pas une vue de l'esprit. C'est un subtil équilibre garant d'un régime très stable et démocratique. Mais ce n'est qu'une opinion personnelle... Bien cordialement

Anonyme a dit…

Quoi qu'il en soit, et pour conclure sur cette intéressante question, nous sommes quand même en droit d'attendre d'un parti d'opposition responsable (Républicains) la même chose que l'on demande (à juste titre) à nos socialistes français : des contre-propositions (crédibles de préférence) et pas seulement une opposition stérile (et d'une violence inouïe) à ce "premier pas vers le collectivisme" (sic). A moins de considérer le statu-quo comme enviable ou supportable. Mais comme vous le dites, nous devrions bientôt être fixés.
Au revoir.