04 mai 2016

Ça va mieux !

Avec son optimisme inoxydable le Président de la République affirmait il y a quelques jours que ça allait mieux en France.

De mieux en mieux en effet ! Dans un pays complètement bloqué (c’est le ministre de l'économie qui l’affirme), en proie à des flambées de violences de plus en plus fréquentes et intolérables (c’est le ministre de l’intérieur qui le déplore), dont bon nombre d’institutions publiques sont en ruine (c’est le ministre de la justice qui en fait le constat), où les inégalités se sont accrues en termes d’éducation (c’est la ministre concernée qui s’en fait l’écho), et dans lequel sévissent des communautarismes sectaires, créant de facto un véritable “apartheid territorial, social, ethnique” (c’est le premier ministre qui s’en émeut).
Ajoutons à ce tableau un chômage endémique, une dette abyssale, probablement insurmontable, une croissance anémique, des impôts confiscatoires, bref, le tableau d’un pays en plein marasme.
Face à ce désastre chronique, un chiffre mensuel relatif aux demandeurs d’emplois, trop beau pour être vrai, et deux ou trois contrats à l’export d’armements lourds, suffisent au chef de l’Etat pour s’auto-féliciter.
Le mois prochain, prenant la France pour une marquise un peu bêtasse, il annoncera sans doute que "Tout va très bien…"

Dans les rues de France, au quotidien c’est la chienlit comme disait de Gaulle. Entre manifestations corporatistes dont l’impact s’avère proportionnel à la capacité de nuisance, et désordres causés par des groupuscules insurrectionnels, c’est un navrant spectacle devant lequel les Pouvoirs Publics démontrent chaque jour un peu plus leur impuissance pour rétablir le calme et la sécurité.
La haine et l’intolérance se répandent un peu partout. Il y a quelques jours à Nantes, entre autres dégradations, des manifestants contre le projet de loi El Khomri incendiaient une Porsche qui avait le malheur de se trouver sur leur chemin. Ils épanchaient ainsi dans un feu d’artifice de bêtise et de méchanceté, leur haine des riches, leur aversion pour les “patrons” ! Tant pis pour le malheureux propriétaire du véhicule, qui n’était semble-t-il, qu’un jeune gars passionné de grosses cylindrées et qui avait mis toutes ses économies pour réaliser son rêve…
Les auteurs de cette infamie étaient-ils plus heureux après cette action ? Imaginent-ils que c’est en multipliant de telles exactions qu’ils vont améliorer leur sort ? Espèrent-ils légitimer leur cause de cette manière ?

Une fois encore les grandes aspirations idéologiques, sous la pression grégaire du groupe, rejoignent la plus abjecte crapulerie. Ces gens n’ont rien appris du passé et Nicolas Sarkozy n’a pas vraiment tort de dire qu’ils se comportent comme s’ils n’avaient rien dans la cervelle. 
Leur ignorance est à la mesure de leur rancoeur. De plus, ils nagent dans les contradictions. Tout en jetant aux orties les symboles de la société capitaliste, ils pillent les magasins pour s’emparer sans vergogne des biens de consommation qui en sont les produits les plus bassement matériels.

On peut se rassurer en se disant qu’il ne s’agit que d’une contestation très minoritaire, que les casseurs ne représentent qu'une petite frange des manifestants. Mais ces dérives n’en sont pas moins inquiétantes et déprimantes. L’Histoire a montré à maintes reprises que ces appels frénétiques au grand Soir et à la Révolution sont susceptibles à tout moment de déboucher sur une spirale insensée que rien ne peut arrêter lorsqu'elle est enclenchée. Comme le souligne Pascal Bruckner* dans son dernier ouvrage : On commence par détruire l’argent et on finit par détruire les hôpitaux, les écoles, les temples, et on rétablit l’esclavage et on traite les hommes en moyens de paiement…”


* Pascal Bruckner. La sagesse de l'argent. 2016 Grasset

Aucun commentaire: