On dit d’Odilon Redon (1840-1916) qu’il fut un peintre symboliste.
Sans doute est-ce vrai, mais alors c’est au sens où Baudelaire l’entendait dans ses fameuses Fleurs du Mal, lorsqu’il évoquait le mystère du Monde, et la place de l’homme entre rêve et réalité :
“La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.”
“La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.”
Le spectacle est parfois inquiétant, par exemple lorsque l’on rencontre des araignées à tête humaine ou bien des démons grimaçants surgis d’une noirceur d’encre. Mais à d’autres moments, il est parfaitement rassurant, quand la lumière inonde la toile et que des myriades de couleurs se répandent en prenant des formes ailées, vaporeuses ou florissantes.
Pour notre plus grand bonheur, Odilon Redon qui commença sa carrière sur le mode quasi exclusif du clair-obscur, dont il nommait lui-même les productions des “noirs”, fit un beau jour, le choix de la lumière et de la couleur. Comme s’en est réjoui le critique et ami du peintre Marius-Ary Leblond en 1907, il “se lassa de cette sorte d’enfer spiralant et noir où il s’était enfermé.../... il éprouva le besoin de la lumière et monta vers la couleur comme vers un paradis.”
De fait, au travers de cette nouvelle optique, se dégage une sérénité rayonnante où le rêve se confond avec la réalité et où le jour apparaît aussi resplendissant que la nuit. C’est ainsi qu’on peut les découvrir sous forme de deux larges fresques exposées dans la bibliothèque enchantée de l’abbaye de Fontfroide. Tels de vastes horizons lumineux, ces panoramas sont tous deux propices à l’évasion spirituelle, même si la clarté a l’incandescence de l’or dans l’une, et la profondeur aquatique de tourmalines dans l’autre.
Il souffle dans ces compositions un grand vent de liberté, mais si calme, si émouvant, qu’on ne peut que se laisser emporter par ses volutes apaisantes.
En s’élevant au dessus de la brutalité de la matière, Redon tend vers l’abstraction pure même s’il reste parfaitement figuratif.
La figure humaine emplit d’ailleurs une bonne partie de ses tableaux.
Elle est souvent empreinte d’une gravité hiératique. Yeux mi-clos, expression songeuse, voire énigmatique, elle interroge le monde et participe de son mystère poétique. Qu’il s’agisse d’un doux visage féminin ou d’une silhouette d’inspiration religieuse, c’est à la sagesse que ces êtres nous invitent avec une sollicitude infinie.
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Et c’est avec un émerveillement sans cesse renouvelé que l’on admire ces fantasmagories aériennes multicolores où la grâce côtoie la beauté. On peut ainsi s’imaginer échapper au monde sensible, sans pour autant s’égarer dans de vaines divagations.
Quoi de mieux pour passer sans appréhension et le coeur léger, d'une année dans l’autre ?
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2 commentaires:
Merci pour ce bel hommage à Odilon Redon. Je suis très sensible aussi à votre référence à certains de ses panneaux installés dans l'abbaye de Fontfroide, située à quelques kilomètres à peine de chez moi, et où je vais souvent. Redon était un ami de Gustave Fayet, celui par qui cette abbaye est toujours "vivante". Bien cordialement, et bonne année ami blogueur...
Lorsque j'ai évoqué ces fresques de l'abbaye de Fontfroide, j'ai pensé à vous... Il faut dire que grâce à vous, je ne suis jamais très loin de Narbonne
Merci de votre visite et tous mes voeux également !
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