11 août 2017

Périls en la demeure

La rhétorique arrogante est toujours puisée au même tonneau. Que cela soit en Corée du Nord ou au Venezuela, les petits tyranneaux qui maltraitent  depuis des décennies leurs peuples au nom du socialisme, continuent de jeter en toute impunité leurs folles imprécations urbi et orbi.
Surtout, derrière ces torrents d’insanités, ils maintiennent plus que jamais leur pouvoir autocratique comme si le monde n’existait pas.
Le monde, quant à lui, est pris d’une étrange léthargie face à ces abominations. Il y a bien quelques réprobations de ci de là, quelques sanctions financières même. Mais dans l’ensemble rien de bien méchant et cela depuis des lustres, pendant lesquels ces infâmes potentats ont continué de sévir.

Dès qu’un dirigeant ose élever la voix, il est suspecté de parti pris, voire mis sur le même pied que ces jean-foutres, à l’instar de Donald Trump ces derniers jours dans son face à face avec le dictateur nord-coréen Kim Jong-Un.
Il n’est pour s’en convaincre que de lire les manchettes des principaux quotidiens et magazines nationaux : Donald Trump joue-t-il au fou avec la Corée du Nord ? (Figaro), Stratégie du fou ? A quoi joue Trump avec la Corée du Nord ? (l’Express), Donald Trump et la Corée du Nord: les vacances du dr Folamour (Le Point), La crise nord-coréenne souligne les lacunes de l’administration Trump (Le Monde)...

C’est bien gentil de préconiser la détente, l’apaisement, la négociation, voire de feindre l’indifférence pour masquer l’impuissance, comme la Communauté Internationale l’a fait si souvent depuis l’affaire de Munich en 1938. Avec ces principes lénifiants, on a accepté au lendemain de la seconde guerre mondiale la division en deux de l’Allemagne et de la Corée; on a laissé s’installer la dictature castriste à Cuba, on a abandonné le Vietnam et le Cambodge à la barbarie communiste. On a laissé sombrer l’Iran dans la révolution religieuse des ayatollahs, on a fermé les yeux sur nombre de massacres en Afrique dont celui du Rwanda, on a négligé la pullulation des foyers terroristes en Afghanistan, on a permis à Saddam Hussein de réinstaller sa sombre dictature après la première guerre d’Irak…
A cause d’un manque de détermination aux moments cruciaux, on a souvent laissé passer les occasions d’empêcher l’installation de régimes horribles. un récent documentaire sur Cuba diffusé à la télévision sur Le Canal Parlementaire (LCP) rappelait que l’échec de l’opération de la Baie des Cochons avait été probablement causé par l’insuffisance de moyens aériens accordés par le Président Kennedy.

Aujourd’hui, Donald Trump qui n’avait pas fait de la politique étrangère un point essentiel de son programme, monte au créneau, et pas qu’en paroles, sur tous les fronts : Irak, Syrie, vénézuela, Cuba, Iran, Corée du Nord…
Concernant les velléités guerrières insensées de cette dernière, il tente de mettre la Chine devant ses responsabilités. Il voudrait éviter une confrontation, mais le pourra-t-il, et d’une manière générale, combien de temps la Communauté Internationale tolérera-t-elle encore ce soi-disant royaume ermite qui fait un chantage permanent à la terreur nucléaire en même temps qu’il asservit, torture et affame tout un peuple ?

Trump, pas davantage que George W. Bush en son temps, ne doit rester seul à faire des propositions concrètes.  Ces abjections relèvent de la responsabilité de tous. Il n’est plus possible de dire qu’on ne savait pas. Après avoir tant péroré sur les erreurs commises au moment de l’ascension de Hitler, après avoir tant commémoré les victimes des atrocités nazies en battant sa coulpe et en déclamant des “plus jamais ça”, la politique de l’autruche est plus que jamais méprisable.
Si mal nommer les choses, disait Albert Camus, c’est ajouter au malheur du monde, ne plus vouloir discerner le bien du mal, c’est accepter le nihilisme...

illustration : araignée, par Odilon Redon

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