10 décembre 2024

Grandeur et Déclin

Le samedi 7 décembre 2024 a donc vu la cathédrale Notre Dame de Paris renaître en majesté de ses cendres. Paradoxe étonnant, elle réapparaît plus jeune et belle que jamais, quelques jours avant les festivités entourant la célébration de la naissance du Christ, après avoir été mortellement touchée par un gigantesque incendie le 16 avril 2019, au début de la Semaine Sainte précédant Pâques.
La symbolique est forte dans ce monde contemporain rongé par le doute, l’incertitude et le déclin du christianisme.
Il faut en la circonstance saluer cette magnifique restauration due aux efforts de centaines d’entreprises, au talent d’artisans inspirés et remercier les milliers de donateurs privés. Tout n’est donc pas perdu en ce bas monde occidental matérialiste et futile ! Pas moins de 340.000 donateurs de 150 pays ont apporté, tels de modernes rois mages, la somme pharaonique de 846 millions d’euros.

Cette résurrection quasi miraculeuse ne doit pas faire oublier qu’il y a cinq ans l’édifice pluricentenaire était presque totalement détruit par un sinistre qui n’aurait jamais dû se produire et dont on ignore toujours la cause. Faute d’enquête sérieuse, on ne saura jamais ce qui s’est passé, ce qui ouvre la porte à toutes les spéculations. La plus évidente est l’incroyable négligence des Pouvoirs Publics responsables des travaux de rénovation qui étaient en cours en 2019. A l’époque où le principe de précaution est omniprésent et où les citoyens sont harcelés de contraintes ubuesques imposées en son nom, comment imaginer qu’un chantier aussi sensible fut laissé sans plus de surveillance et d’alarmes ?
L’Etat, en la personne du Président de la République s’est-il senti un tant soit peu responsable de ce drame ? Nullement. Au contraire, après avoir ordonné la reconstruction, ce qui était bien la moindre des choses, il s’en attribue sans vergogne le mérite.
M. Macron, dont le mandat est en perdition, a saisi l’occasion, pour s’offrir un bref moment d’euphorie. On ne retiendra pas grand-chose de cet intermède politique sinon son discours boursouflé, déclamé sur un ton emphatique, au sein même de la cathédrale.
Certains polémiquent sur les habits bariolés du clergé officiant pour la circonstance, mais quelle importance ? D’autres ont eu les oreilles écorchées par les improvisations tapageuses des organistes qui se sont succédé aux claviers. Il est vrai qu’on aurait aimé entendre quelque chose de plus harmonieux. On attendait évidemment Bach, notamment la magistrale, grandiose, insurpassable Toccata et fugue BWV 565. Elle eut été à la hauteur de l’évènement sans nul doute…

Parmi le beau monde accouru pour cette cérémonie, on retiendra la présence de Donald Trump. Le Président élu a fait le voyage, démentant les accusations de ses détracteurs qui cherchaient à faire croire qu’il était indifférent au sort de l’Europe et donc à celui de la France. Il fut omniprésent durant ce weekend sans pour autant se répandre en déclarations. Qu’on le veuille ou non, sa stature imposante et son parler puissant symbolisent la suprématie éclatante des États-Unis, dont on a si souvent annoncé l’inéluctable décadence. C’est une lueur d’espoir en cette fin d’année. Le cher homme est attendu sur tant de sujets qu’il pourrait presque faire figure de messie. Il ne fera pas de miracle, mais fasse le ciel qu’il apporte enfin du bon sens à ce monde égaré (qui devient un peu fou selon ses propres mots)...

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