L’année se termine tristement en eau de boudin. Le cyclone Chido qui s’est abattu le 14 décembre sur l’île de Mayotte s’apparente ou révèle un triple désastre : climatique, étatique et politique.
Cet ouragan ne fut pas d’une violence inouïe comme certains l’ont prétendu, et il semble avoir fort heureusement fait moins de victimes que ce que beaucoup avaient annoncé (on relatait le 21 décembre tout de même 35 morts et 67 blessés graves). Il n’en demeure pas moins tragique eu égard aux dégâts matériels. Comment expliquer de telles conséquences ?
Vu d’avion, tout semble avoir été rasé ou presque car rien ne tenait vraiment debout. On craint de grands désordres sociaux à venir et des épidémies car rien ne fonctionnait vraiment. Faut-il rappeler qu’à l’instar des pays sous-développés, sévissait, il y a peu, le choléra !
Le chaos migratoire est tel qu’on est incapable de comptabiliser la population et pas davantage les naissances (au moins 10.000 par an sur le seul Centre Hospitalier qui de facto est la plus grande maternité d’Europe). On évalue à 60% la proportion des enfants non scolarisés, à 70% celle des gens vivant sous le seuil de pauvreté. La très grande majorité de l’habitat est précaire. On sait enfin que 80% du PIB relève des subventions de la Métropole.
C’est simple, ce petit paradis exotique au lagon exceptionnel, posé sur l'Océan Indien entre l’Afrique et Madagascar, ressemble par son dénuement à l’infortunée Haïti !
Les promesses faites par nombre de dirigeants n’ont en règle pas été tenues. M. Macron lui-même avait annoncé en 2019, entre autres engagements, la construction d’un nouvel hôpital, la création de 800 nouvelles classes scolaires, le retour aux Comores des clandestins... La Cour des Comptes a révélé que ce plan n’avait fait l‘objet d’aucun suivi et que rien de concret n’avait été réalisé !
Il est évident que la catastrophe présente est à la mesure du laisser aller avec lequel le gouvernement a géré ce territoire d’outre-mer, que Nicolas Sarkozy avait eu l’imprudence de transformer en département.
Le microcosme politique peut bien verser des larmes de crocodiles ou bien s'écharper en polémiques partisanes, cet évènement tragique est l’occasion de mettre au grand jour les responsabilités de l’Etat. Il ne peut se défausser de son incurie sur un quelconque réchauffement climatique, sur la faute à "pas de chance" ou bien sur le dos du Rassemblement National comme l’a fait de manière proprement éhontée le Président de la République politique.
La comparaison avec la reconstruction de la cathédrale Notre Dame est éloquente : ce que l’initiative privée a permis de faire, l’Etat, malgré ses ressources fiscales démesurées, en est absolument incapable.
En attendant, la France est toujours dans l’attente d’un hypothétique gouvernement. Etrange et funeste concours de circonstance, on l'annonce pour aujourd'hui, journée décrétée de deuil national ! Même si le nouveau Premier Ministre parvient à s’entendre avec le Chef de l’Etat pour constituer cette nouvelle équipe avant Noël, on sait par avance qu’il n’y aura rien à en attendre. Aucune ligne directrice lisible et cohérente ne saurait émerger du magma institutionnel actuel en forme de tourbillon. C’est le troisième aspect du désastre, il est politique…
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