Dix
ans après le cataclysme qui ébranla la naïve insouciance du monde
occidental et frappa cruellement les New-yorkais dans leur chair,
force est de constater que les archaïsmes sont restés très
présents dans une bonne partie de l'opinion publique.
En
Europe et particulièrement en France, le consensus anti-américain
est toujours solide, sous le voile d'hypocrisie que l'élection
d'Obama a tendu au dessus de cette montagne de mauvaise foi haineuse.
Grattez un peu et vous retrouverez tous les poncifs du genre. Par
exemple, en lisant les nombreux commentaires au
récent billet d'Yvan Rioufol, on peut s'en faire une idée
assez précise. La théorie du complot généralisé a encore de
nombreux adeptes. Comme celle qui prétend que les Etats-Unis ne
peuvent justifier leurs interventions armées que par des mensonges
délibérés, ou bien qu'ils n'ont pour objectifs que la poursuite du
pétrole ou de sordides considérations mercantiles.
Depuis
2001, le monde a beaucoup changé malgré les dénégations
arrogantes et confuses de nombre de songe-creux, arc-boutés sur
leurs lubies irresponsables. Il a changé à tel point qu'il est bien
difficile d'expliquer l'opiniâtreté avec laquelle ils cultivent
envers et contre tout des clichés construits sur la base de rumeurs
ou de fantasmes, alors que l'information est disponible en abondance.
C'est un grand mystère qui caractérise notre époque, sur lequel
s'interrogeait en son temps Jean-François Revel (La Connaissance
Inutile). Mais c'est un fait, le grégarisme tient lieu désormais
d'attitude, et la reprise en boucle de slogans fait trop souvent
office de raisonnement.
Curieusement,
pour beaucoup de ces gens, l'incapacité maladive à voir les
réalités telles qu'elles sont, n'a d'égale que l'indifférence
qu'ils manifestent pour le monde qui les entoure. Pire encore est le
mépris quasi systématique pour tout ce qui touche ou se fait à
l'étranger, dont la tentation protectionniste est une des navrantes
et chauvines formes d'expression.
Le
Monde a changé et probablement va changer encore profondément dans
les années qui viennent. L'Occident est en train de perdre sa
prééminence, c'est un fait. Mais au nom de quoi faudrait-il
souhaiter que perdure une situation dans laquelle notre bien-être
s'apparentait à une égoïste sinécure, ignorante de la misère
dans laquelle végétait, et parfois était littéralement enfermée,
une grande partie de la planète ?
Les
socialistes de tout poil et les alter-mondialistes, soit disant
généreux et altruistes, prétendent que le modèle de la société
ouverte capitaliste approfondit les inégalités et propage la
pauvreté à travers le monde. Dans le même temps ils s'insurgent
contre la concurrence déloyale que les pays émergents imposent aux
pays développés.
Ils
ne veulent donc pas voir avec leurs yeux de taupes, qu'à l'inverse
de leurs refrains, la prospérité est en train de faire irruption
dans nombre de pays ayant fait le choix du capitalisme. Ils ne voient
pas non plus que le protectionnisme qu'ils réclament à corps et à
cris ne ferait que rétablir les affreuses barrières derrière
lesquelles tant d'horreurs et d'injustices ont été commises.
Les
prosélytes du paradigme "progressiste" se sont trop
longtemps accommodés de terribles disparités pour aujourd'hui
continuer à donner des leçons d'égalité. Leur inspiration
froidement matérialiste a trop montré d'arrogance envers toutes les
religions pour accuser l'Amérique, un des pays les plus tolérants,
de sectarisme bigot et de fanatisme anti-islamique.
Les
tragiques événements de 2001 ont ébranlé le monde. Mais cette
orgie insensée de violence a provoqué une brutale et sans doute
salvatrice prise de conscience.
La
coalition internationale menée par les Etats-Unis a permis de faire
des progrès considérables dans la lutte contre le terrorisme qui
gangrenait le monde. Elle a qu'on le veuille ou non, instillé un
parfum de démocratie dans tout le Moyen-Orient, et même au delà.
Et certains commencent manifestement à y prendre goût.
Tout
ça est bien fragile et l'actuel bouleversement des grands équilibres
économiques n'arrange pas les choses. Mais plus que jamais l'avenir
est ouvert. Il dépendra de ce que nous en ferons.
Les
récents propos du Président Obama montrent qu'en dépit des
difficultés conjoncturelles, l'état d'esprit outre-atlantique n'a
pas vraiment changé. C'est encourageant. Il conserve, comme
à l'époque de George W. Bush, une bonne dose d'optimisme et de foi,
nécessaire pour tirer tous les enseignements d'un drame qui
s'éloigne mais dont la trace restera à jamais présente :
"Ceux
qui nous ont attaqués le 11 septembre voulaient creuser un fossé
entre les Etats-Unis et le reste du monde. Ils ont échoué. En cette
dixième commémoration annuelle, nous sommes unis avec nos amis et
partenaires dans le souvenir de tous ceux que nous avons perdus dans
ce combat. En leur mémoire, nous réaffirmons l'esprit de
partenariat et de respect mutuel dont nous avons besoin pour réaliser
un monde où chacun vivra dans la dignité, la liberté et la paix"
(Le
Figaro)