Quel pourrait être le point commun reliant deux artistes qui viennent de disparaître ? Hormis le fait de chanter, sans doute d'être des insoumis, au vrai sens du terme. Pas comme ces guignols sinistres qui font de la démagogie la plus vile leur seule politique, et de la nostalgie du Grand Soir l'exutoire de leur haine de classe...
Jean-Louis Murat (1952-2023) et Tina Turner (1939-2023) se sont dressés de toutes leurs forces contre un destin contraire et, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, ont puisé leur énergie dans les épreuves. Par amour propre ils n’hésitèrent pas à sortir des chemins balisés, à se priver de toute facilité, et refusèrent tout assujettissement.
Résultat, leurs parcours furent quelque peu chaotiques mais chacun à sa manière, a laissé dans son sillage quelques pépites inoubliables qui doivent tout à leur talent et à leur énergie.
Tina Turner donna un nouveau souffle puissant, décapant, au Rhythm 'n Blues. Point n’est besoin de trop insister sur cette carrière qui atteignit les cimes de la notoriété internationale.
Il sera ici davantage question de celle de Jean-Louis Murat, beaucoup plus confidentielle.
On peut certes expliquer cette discrétion par la volonté de l’artiste de fuir les sunlights et les grands médias, pire, de manifester des mouvements d’humeur homériques à l’encontre des grands circuits de production et de se livrer parfois à de violentes critiques ad hominem.
Le fait est que contrairement à beaucoup d’artistes prétendument engagés, Murat sut éviter tout embrigadement politique : "Je n’ai jamais été de gauche une seule minute dans ma vie, mais je n’ai jamais été de droite non plus", affirmait-il.
S’agissant de la protection de l’environnement, à laquelle sa nature paysanne était très attachée, il s’insurgeait toutefois de voir la cause dévoyée par “les nullards” ultra médiatisés aux discours bien éloignés des actes.
N'hésitant pas à braver le consensus politiquement correct, il ne dédaignait pas de jeter quelques pavés dans la mare: "Je suis très pro américain, un peu pour la provoc. Je fais partie des 3% de Français qui étaient pour l’intervention en Irak…"
Derrière les éclats de voix, et les controverses tonitruantes, Jean-Louis Murat était néanmoins un artiste très sensible, dont les chansons révélaient une âme à fleur de peau, un talent poétique rare à notre époque, le tout magnifié par une musicalité exquise et une voix suave aux accents frissonnants quoiq'un peu désabusés.
Pour ma part, au sein d’une production pléthorique, qui mériterait d’être mieux connue, je retiens comme un petit trésor son album Le Manteau de Pluie qui m’avait séduit lors de sa sortie il y a déjà bien longtemps. Je ne me lasse pas des mélopées sensuelles qu'il recèle: Sentiment Nouveau, Col de la Croix-Morand , l’Ephémère, Cours Dire aux Hommes Faibles, L'Infidèle, le Lien Défait...
En somme, jamais Jean-Louis Murat ne sera pour moi un artiste maudit. Et après tout, quelqu’un qui aime l’Amérique, le Blues et Baudelaire ne peut être foncièrement mauvais...
Jean-Louis Murat (1952-2023) et Tina Turner (1939-2023) se sont dressés de toutes leurs forces contre un destin contraire et, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, ont puisé leur énergie dans les épreuves. Par amour propre ils n’hésitèrent pas à sortir des chemins balisés, à se priver de toute facilité, et refusèrent tout assujettissement.
Résultat, leurs parcours furent quelque peu chaotiques mais chacun à sa manière, a laissé dans son sillage quelques pépites inoubliables qui doivent tout à leur talent et à leur énergie.
Tina Turner donna un nouveau souffle puissant, décapant, au Rhythm 'n Blues. Point n’est besoin de trop insister sur cette carrière qui atteignit les cimes de la notoriété internationale.
Il sera ici davantage question de celle de Jean-Louis Murat, beaucoup plus confidentielle.
On peut certes expliquer cette discrétion par la volonté de l’artiste de fuir les sunlights et les grands médias, pire, de manifester des mouvements d’humeur homériques à l’encontre des grands circuits de production et de se livrer parfois à de violentes critiques ad hominem.
Le fait est que contrairement à beaucoup d’artistes prétendument engagés, Murat sut éviter tout embrigadement politique : "Je n’ai jamais été de gauche une seule minute dans ma vie, mais je n’ai jamais été de droite non plus", affirmait-il.
S’agissant de la protection de l’environnement, à laquelle sa nature paysanne était très attachée, il s’insurgeait toutefois de voir la cause dévoyée par “les nullards” ultra médiatisés aux discours bien éloignés des actes.
N'hésitant pas à braver le consensus politiquement correct, il ne dédaignait pas de jeter quelques pavés dans la mare: "Je suis très pro américain, un peu pour la provoc. Je fais partie des 3% de Français qui étaient pour l’intervention en Irak…"
Derrière les éclats de voix, et les controverses tonitruantes, Jean-Louis Murat était néanmoins un artiste très sensible, dont les chansons révélaient une âme à fleur de peau, un talent poétique rare à notre époque, le tout magnifié par une musicalité exquise et une voix suave aux accents frissonnants quoiq'un peu désabusés.
Pour ma part, au sein d’une production pléthorique, qui mériterait d’être mieux connue, je retiens comme un petit trésor son album Le Manteau de Pluie qui m’avait séduit lors de sa sortie il y a déjà bien longtemps. Je ne me lasse pas des mélopées sensuelles qu'il recèle: Sentiment Nouveau, Col de la Croix-Morand , l’Ephémère, Cours Dire aux Hommes Faibles, L'Infidèle, le Lien Défait...
En somme, jamais Jean-Louis Murat ne sera pour moi un artiste maudit. Et après tout, quelqu’un qui aime l’Amérique, le Blues et Baudelaire ne peut être foncièrement mauvais...