10 mai 2023

Traque Fiscale

C’est une évidence. Il y a un acharnement féroce et opiniâtre à punir par l’impôt ceux qu’il est convenu d’appeler “les Riches”, dans notre pays confit dans le socialisme revanchard.

La toute récente actualité en fournit encore un exemple édifiant.

Gabriel Attal, ministre délégué chargé des Comptes Publics a indiqué mardi 9 mai sur France Inter vouloir augmenter de 25% les contrôles ciblés "notamment sur les plus gros patrimoines". Il veut également créer "une sanction d'indignité fiscale et civique".

Espère-t-il combler par cette mesure l'abîme déficitaire public creusé par les dirigeants de son espèce, bien intentionnés mais incurablement prodigues des deniers d’autrui ? Ou bien imagine-t-il pouvoir calmer l’ardeur insurrectionnelle des factions braillardes réclamant toujours plus de justice sociale et d’égalité ?
Peu importe, car il n’obtiendra sans doute ni l’un ni l’autre.
 
Cet effet d'annonce ne convaincra personne parmi les opposants au gouvernement actuel. Nul doute en revanche que sa tonalité accusatrice sera de nature à pousser encore un peu plus les gens fortunés à quitter notre pays et à dissuader les entreprises profitables d'y installer leur siège social. Quant à boucher le trou budgétaire, il faudrait bien davantage qu’une manne hypothétique…

La France, qui détient le triste record de pression fiscale, reste donc obsédée par l’argent et accrochée aux croyances stupides selon lesquelles il suffirait d’appauvrir les riches pour enrichir les pauvres. Si c’était vrai, tout serait si simple !

En attendant, on entendra longtemps encore parler d’évasion fiscale, ce qui laisse supposer qu’il y a une prison du même nom. On n’a pas fini d’entendre blâmer les paradis fiscaux, qui démontrent a contrario l’existence d’enfers homonymes. On continuera même de flétrir l’optimisation fiscale. C’est pourtant un sport national pratiqué par tout un chacun à son niveau, ne serait-ce que pour profiter au mieux des niches aménagées dans l'invraisemblable labyrinthe fiscal…

30 avril 2023

La méthode Coué du docteur Braun

Le bon docteur Braun, ci-devant ministre de la Santé, pratiquait, dans une vie antérieure, les traitements intensifs et les soins d’urgence.
Il semble être devenu dans ses nouvelles fonctions politiques, adepte de la bonne vieille méthode Coué.

Chacun connaît l’état de plus en plus calamiteux de notre système de santé, qui coûte très cher (un des 4 ou 5 plus onéreux au monde) et qui perd paradoxalement dans le même temps son efficacité.
Les problématiques non résolues sont légions et malgré une pléthore de lois depuis quelques décennies et 5 ou 6 “plans” de redressement depuis l’ère Macron, le mal ne fait qu’empirer. A croire que les remèdes proposés aggravent les choses…

Face à ce marasme, M. Braun reste impassible pour ne pas dire serein, et plutôt que d’annoncer encore de vastes et définitives réformes, tout se passe comme s’il avait choisi de minimiser voire de nier la dure réalité au profit de chimères lénifiantes. Au coup par coup, il répond sur l’air “du tout ira très bien”.
Quelques sujets tirés de l’actualité permettent d’en juger.

Face au fléau de la désertification médicale, quasi organisée par les pouvoirs publics via une planification aveugle et obtuse, M. Braun affirme benoîtement que chaque patient chronique sans médecin traitant sera contacté avant l’été. Par qui et pour quoi faire, la chanson ne le dit pas.

Confronté au problème de l'intérim médical qui n’est lui aussi qu’une des conséquences de la même planification, le ministre bloque les rémunérations paraît-il extravagantes des "mercenaires" auxquels les hôpitaux sont contraints de faire appel pour pallier dans l’urgence les défections. Résultat, ces mêmes établissements se retrouvent sans médecin dans de nombreuses disciplines. Monsieur le ministre ne voit manifestement pas la pénurie qui se fait jour et déclare avec une tranquille assurance, qu’aucun service ne fermera en avril. Par quel coup de baguette magique, nul ne sait…

Pour apaiser la colère des médecins de ville qui réclament depuis des années à grands cris une revalorisation de leurs actes, il fait mine d'accéder à leur demande, en accordant royalement une augmentation du tarif des consultations de 1,5€, passant ainsi de 25 à 26,5€ (la moyenne européenne étant plus du double...). Dans le même temps, il reconnaît la revendication juste des internes hospitaliers en grève, et fait porter la responsabilité du malaise aux établissements, occultant celle, écrasante, du gouvernement…

Pour résoudre la problématique des défaillances grandissantes de l’approvisionnement des médicaments, causée en grande partie par la politique étatique de sous-tarification et d’obligation absurde de recourir systématiquement aux produits génériques, M. Braun propose un grand plan nébuleux portant sur “les médicaments essentiels”, supposé on ne sait pas bien comment, éviter les ruptures de stocks.

Enfin, pour remédier enfin à l’exclusion arbitraire des soignants non vaccinés contre le COVID-19, le ministre annonce leur réintégration, mais sur le terrain, on attend toujours la concrétisation de cette mesure, si tant est que les personnes concernées n’aient pas trouvé par elles-mêmes des solutions alternatives.

Parler et ne rien faire, tel semble donc résumer le programme de ce ministre discret, mais totalement dépassé par une situation qui prend l’allure d’un vrai désastre... N'est-ce pas en définitive la stratégie générale du gouvernement ?

22 avril 2023

S'aligner ou pas (2)

A l'international, l'image de la France n'est pas plus reluisante. Le déclin du rayonnement de notre pays est un fait désormais acquis, plus évident et bien plus préoccupant que le réchauffement climatique. Au surplus, le premier est de cause humaine sans aucun doute… Croyant pouvoir pallier cela par des mots, Emmanuel Macron parcourt le Monde et fait de beaux et emphatiques discours. Sur la forme il est brillant mais quant au fond, il n'impressionne manifestement personne.

Retour de Chine, le nouveau slogan est le non alignement sur la politique américaine. Belle réussite ! Les Chinois se félicitent narquoisement de ce grand coup d'épée dans l'eau qui en apporte une belle louchée à leur moulin. Les Européens quant à eux font grise mine en voyant notre Tartarin président parler sans vergogne ni concertation en leur nom…

D'aucuns ont fait remarquer que le Chef de l’État se prenait pour de Gaulle lorsqu'il tançait les Américains engagés militairement au Vietnam. Sa rhétorique persifleuse et un rien zozotante est bien loin de la pompe sentencieuse, gutturale et grandiloquente du grand Charles, mais même s'il s'en approchait, ce ne serait toujours pas un compliment. Le Général, déjà guère apprécié des anglo-saxons, ne manquait pas de culot lorsqu’il fustigeait ex cathedra l'impérialisme yankee. Lui qui incarnait le pays le plus colonisateur de l'histoire moderne (dont l'Indochine, qui était encore dans les esprits de nombreux Français, humiliés par Ho Chi Minh). Lui qui se fit fort de défendre l'Algérie Française avant de l'abandonner corps et biens à la barbarie marxiste-léniniste. Lui qui claqua la porte de l'OTAN, alors qu'il s'agissait du meilleur rempart contre la vraie menace de l'impérialisme soviétique.

Aujourd'hui que le sort de Taïwan est en jeu, et la paix dans tout le sud-est asiatique, monsieur Macron croit très fin de se désolidariser de l'alliance des pays libres. Pour faire quoi, nul ne le sait. Rien sans doute.

Il y a quelques mois à peine, il jugeait l'OTAN en mort cérébrale et donc devenue inutile. Après un revirement sur les chapeaux de roue, il fit allégeance à l'oncle Sam sur l'affaire ukrainienne. Il faut reconnaître qu'il émit quelques doutes quant à la stratégie. Mais, hormis quelques vains entretiens avec Vladimir Poutine, il ne proposa rien d'autre que de renforcer les sanctions contre la Russie et de poursuivre la fourniture d'armes aux Ukrainiens, sans objectif précis, ce qui ne conduit qu'à voir le conflit perdurer et les morts s'accumuler.
Aujourd'hui, en dépit de la politique erratique de l'administration Biden, les USA sont plus forts, plus inventifs et plus riches que jamais (l'État le plus pauvre, le Mississippi, a un PIB par habitant plus élevé que celui de la France).

Par ses propos inconséquents et incompréhensibles (sauf à imaginer un sordide calcul commercial sous-jacent), Macron claironne qu'il ne veut pas s'aligner sur des alliés, qui restent quoi qu'on dise, nos plus anciens et nos plus fidèles amis. Il a déjà perdu gros lors du “contrat du siècle” avec l’Australie, portant sur l’acquisition de sous-marins nucléaires.
Crise après crise, il a perdu beaucoup de sa crédibilité auprès de son peuple.

Aujourd’hui, il sillonne la France au son des casseroles du mécontentement. Il fait mine de ne rien entendre de méchant et se répand en belles paroles, en nouveaux engagements intenables et en nouvelles dépenses publiques. Mais au fond, à le voir virevolter et zigzaguer sans cesse, on se demande toujours sur quelle perspective concrète il entend s’aligner…

21 avril 2023

S'aligner ou pas (1)

La réforme des retraites est enfin promulguée.
En fin de compte, Emmanuel Macron a tenu. Pour quel résultat ? Presque rien en somme, mais c'est symbolique. Un simple ajustement technique qui ne résout quasi rien du problème de fond (adieu système à points modulables, honnie soit la capitalisation...)
On est passé largement à côté de la Réforme nécessaire, à laquelle il faudra bien que quelqu'un s'attelle un jour. Pour l'heure, le pays sort miné, épuisé, écœuré, de cette épreuve de forces mais la rue, dévastée par les minorités hurlantes, n'a pas eu le dernier mot.
Les syndicats, la Nupes, et tous les révolutionnaires au petit pied accrochés à leurs basques, tous alignés sur la même position, aussi radicale qu'irréaliste, ont perdu.
La rage qu'ils manifestent est à la hauteur de leur cuisante défaite. "Leur" peuple s'est soulevé mais on n'a vu qu’une horde de gnomes sans tête ni cœur, mus par une insane folie destructrice.
Une fois encore, au pays des Lumières, on les a vu piétiner quotidiennement les principes élémentaires de la république démocratique qui les nourrit grassement. Pire, ils chient dessus , vandalisent tout ce qu'ils touchent, violent impunément les droits de tous ceux qui ne sont pas inféodés à leur idéologie haineuse et revancharde.
On imagine sans peine mais avec dégoût ce dont seraient capables ces gens s'ils étaient au pouvoir !

Après des semaines de chaos et de déraison, le président de la république s'est exprimé dans le but de ramener un peu de concorde. Hélas son discours du 15 avril est à la mesure de l'insignifiance de sa politique. Il a plus qu'un peu de responsabilité dans ce qui arrive, pour avoir dit et fait tout et son contraire en toute circonstance. Certes, il partage le poids de cette incurie avec ses prédécesseurs. C'est une mince consolation.
A force d'indétermination, de lâcheté et de démagogie, les dirigeants qui se sont succédés au pouvoir depuis des décennies ont précipité le pays dans un abîme d'impuissance et de bureaucratie. Dans ce marécage nauséabond qu'ils voudraient qu'on prenne pour un perpétuel bain de jouvence nourri de leurs belles promesses, s'élève le monument à la fois dérisoire et monstrueux de l'Etat Providence autour duquel surnagent les grands principes, totalement vidés de leur substance, et les fameux "droits acquis" qui s'effritent dans la fange…
Toutefois, le bel alignement des apparatchiks de l'Intersyndicale, des gremlins enragés de la Nupes et de tous les lapins crétins d’une Gauche fossilisée n'a donc pas suffi cette fois pour enrayer la machine macronienne. Dont acte.

07 avril 2023

A quoi sert un blog ?

Ce blog vient de passer le cap des 1000 billets et va fêter en juin ses dix-sept années d’existence (est-il vrai comme l’affirmait Rimbaud qu’on n’est pas sérieux quand on a 17 ans ?).
Face à ce constat, et à ce patient travail, on peut penser au facteur Cheval contemplant son Palais Idéal ou à l’inénarrable François Pignon devant sa Tour Eiffel en allumettes. Quel est l’intérêt de tels “chefs-d'œuvres” qu’on pourrait juger à la fois vains et inutiles ?
Si l’on juge l'audience de ce journal extime en s’appuyant sur les statistiques que veut bien fournir Google, on n’est guère avancé. Tantôt le flux des vues peut atteindre plus de 12000/ mois, tantôt il redescend à peine au-dessus des 1000. Pour expliquer de telles variations, il faut sans doute invoquer un fort parasitage du comptage des accès par des procédés automatiques ou des robots.
En parallèle, force est d’observer que le suivi du nombre de commentaires ponctuant les billets, qui pourrait constituer un indicateur indirect, reste des plus plats, en dépit d’une totale liberté de publication (à ce jour, ni censure, ni filtrage, ni même modération). A peine plus d’un commentaire par billet en moyenne. Encore faudrait-il déduire les réponses de l’auteur…

Même si par des témoignages concrets, il est possible d'affirmer que des personnes lisent ces propos en liberté lâchés régulièrement sur le Web, comment ne pas être confronté, à l’instar d’autres blogueurs, et autres jeteurs de bouteilles à la mer, au vertige du néant et de la déraison ?
A quoi bon tant d’efforts, tant d’opiniâtreté, après tout, pour si peu de résultat ?

Tant pis, ne serait-ce que par respect pour celles et ceux qui ont la faiblesse de le suivre, et naturellement par nécessité personnelle, le fil de ce quasi monologue dédié à la Liberté chérie ne sera pas interrompu tant qu’il restera quelque force et quelque espérance à son auteur.
Parmi les reproches qui lui sont faits, en dehors de celui d’émettre une opinion libérale, à contre-courant de la doxa contemporaine, celui qui revient le plus souvent est de manifester un pessimisme excessif. Sans doute y a-t-il une réalité qu’il faudrait s’attacher à corriger. Mais pour l’essentiel, le constat est en fait trompeur car il ne fait que révéler un état d’esprit partagé entre deux sentiments contradictoires : un optimisme viscéral quant au progrès et à l’émancipation des êtres humains par la liberté, d’une part, et le désespoir de voir tout cela menacé par la pulsion auto-destructrice qui étreint ces mêmes êtres-humains, d’autre part. A l’instar de Saint-Georges finissant par terrasser le Dragon, l'Homme sortira-t-il victorieux de ce douteux combat sans avoir à tout reconstruire à chaque fois ?

PS: Gratitude à Google (qu'on pourrait au passage, ranger au rang des bienfaiteurs de l'Humanité), qui héberge gracieusement ce blog et le diffuse et qui laisse à son auteur toute latitude pour exprimer ses idées.

31 mars 2023

Plus écolo, tu meurs

Il est permis de sourire lorsqu’on voit chaque soir la présentatrice de France 2 présenter son bulletin météorologique rebaptisé "journal de la météo et du climat" et sis dans des locaux flambants neufs, quelque peu surdimensionnés. Elle nous bassine gentiment avec les questions recueillies paraît-il auprès de téléspectateurs tournant exclusivement autour du réchauffement climatique. Ne serait-il pas responsable, se demande l’un d’entre-eux, de la recrudescence supposée des tempêtes ?
Dans le même temps, Evelyne Dhéliat sur TF1 livre ses petits conseils quotidiens pour prendre soin de "notre planète". Elle recommande ainsi de fermer régulièrement les onglets de son navigateur web, d'éviter d'envoyer des mails avec des pièces jointes, ou bien de nettoyer le filtre à air de son auto pour gagner 3% en consommation…

Cette petite comédie quotidienne serait bien inoffensive si elle n’était pas la partie émergée d’une formidable entreprise d’endoctrinement écologique, de plus en plus insensée à mesure qu’elle impose ses diktats de plus en plus stricts et délirants à la population.

Chaque jour amène son lot de nouvelles réglementations.
On apprend ainsi qu’en plus du fatras de diagnostics obligatoires auxquels doit se soumettre celui qui vend sa maison, va s’ajouter dès le 1er avril un audit energetique pour les logements classés F et G, réputés passoires thermiques. Sachant que ces biens ne pourront prochainement plus être loués, comment trouver un acheteur sans être la proie de requins cupides, comme l'a bien montré un récente enquête de la chaine M6 (Capital).
Signalons au passage, que les propriétaires de cheminées à foyer ouvert sont dores et déjà dans le collimateur des technocrates de la métropole lyonnaise. Considérés comme de dangereux pollueurs, il ne leur est plus permis de faire la moindre petite flambée ...

De leur côté, les marins pêcheurs sont assujettis à des normes de plus en plus draconiennes. Face à cette hyper réglementation galopante qui risque sous peu de les réduire au chômage, le ton monte. Le ministre de tutelle, dont personne ne connaît même le nom, dit qu’il est "solidaire dans l’esprit" de ces malheureux, mais il ne l’est pas moins des grouillots européens qui votent ces textes absurdes…

Les agriculteurs ne sont pas logés à meilleure enseigne. Après l'interdiction des insecticides utilisés pour produire la moutarde, le colza, la betterave, voilà qu’on s’attaque à ceux qui évitent aux cerisiers d’être la proie des “mouches japonaises”. Comme dans d’autres domaines, la pénurie est à prévoir, ce d’autant que l’importation de fruits traités sera également proscrite.

Les automobilistes et tous ceux qui roulent pour leur travail seront confrontés à l’arrêt de la production des véhicules thermiques à l’horizon 2035. En 2017, ils auront droit à une nouvelle taxe carbone, et sont dores et déjà lourdement taxés par les municipalités pour le moindre écart de conduite ou de stationnement rendu quasi inévitable vu les plans de circulation ubuesques adoptés un peu partout.

Monsieur Macron, communique sur son nouveau “plan eau”, incitant à la “sobriété” et promet de nouvelles taxations et surfacturations pour les déviants. Les agriculteurs sont à nouveau priés de faire des efforts et les propriétaires de piscines peuvent se faire du mouron… Le chef de l'État est bien placé pour parler d’économie, lui qui distribue avec prodigalité les deniers publics, qui endette le pays à tour de bras.

Passons sur les normes relatives au traitement des déchets. On apprenait récemment que les déchèteries ne prendraient bientôt plus les rejets des tontes de pelouses et bientôt plus non plus ceux des tailles de haies. Alors que les taxes locales ne cessent d’augmenter et que dans de nombreuses villes la collecte des ordures est à la merci d’une poignée de grévistes, les citoyens doivent donc se débrouiller eux-mêmes.

Quelques lueurs d’espoir au dessus de ce nid de coucous : l’Allemagne a fait volte face sur l’interdiction des véhicules thermiques en 2035, quelques communes sont en passe de revenir sur l'extinction de l’éclairage public après avoir constaté que cela favorisait les accidents et la délinquance, et on vient d’apprendre que la suppression des tickets de caisse dans les grandes surfaces est reportée “en raison de l’inflation”. Mais y a-t-il beaucoup de raison à tout cela, c’est la vraie question…

Ce monde semble de plus en plus fou, soumis aux lubies de lobbies très influents dont les prédictions catastrophistes sont pourtant régulièrement prises en défaut (qu’on songe simplement à l’ancien vice président américain Al Gore qui reçut le prix Nobel de la Paix et dont le film fut récompensé par 2 Oscars pour avoir prédit la disparition totale des glaces de l’Arctique et l’inondation générale de New York avant 2017…)
Pendant ce temps, notre gouvernement est accusé d'inaction climatique et les auto-prétendus écolos, mais surtout anti-capitalistes, anti-libertés et anti-tout, se déchaînent, saccageant, brûlant, détruisant ce qui se trouve sur leur passage et maltraitent les biens, la culture et la si chère nature comme il ne devrait pas être permis… On n’est plus à un paradoxe près…

24 mars 2023

L'année Jarry

Cette année, Alfred Jarry (1873-1907) aurait cent cinquante ans. S’il était soudainement ramené à la vie, que penserait-il de notre époque ?
Éclaterait-il d’un grand rire vainqueur devant l'absurdité qui s’est emparée des esprits et qui règne sans partage, ou bien ferait-il grise mine devant tous les donneurs de leçons, les sectaires et les fanatiques qui prétendent réenchanter le monde en pratiquant le chaos ?
Il est permis de pencher pour la seconde option.
Il est vrai que le non-sens qui caractérise notre temps dépasse en puissance l’imagination débordante de l’inventeur d’Ubu. Mais les agitateurs professionnels qui voudraient casser la société au nom de ce qu'ils appellent "le vrai sens de la vie", sont tellement forts de leurs certitudes et de leurs utopies, tellement enivrés de leurs slogans pontifiants, qu’ils sont aujourd’hui l’incarnation même de l’insondable bêtise humaine. Face à eux, les pouvoirs publics (avec des petits p), dédaigneux, lâches et versatiles, méritent plus que jamais l’appellation de satrapes du grandiloquent royaume des idées reçues, qu’est devenue notre société prétendue “avancée”.

Le spectacle est dans la rue, il n’est plus guère de mots pour décrire sa vanité, son inconsistance et sa déraison. Peu importe le prétexte puisqu’on entre en vandalisme comme on tombe en religion. Un peu partout, parfois à l'instigation même de maires et de politiciens indignes, les poubelles, comme les forêts, allumées par des crétins illuminés s’embrasent au mépris de l’écologisme élémentaire. Après les discours pompeux sur l'hygiène de vie et la protection de la nature, c’est le foutage de gueule généralisé. Ceux-là même qui prédisent l’apocalypse climatique et qui prônent l'altermondialisme, précipitent le désastre en saccageant consciencieusement l’environnement. Ces nouveaux barbares souillent tout ce qu’ils touchent, pillent sans vergogne les biens produits par le capitalisme honni, enlaidissent les cités et les rendent invivables, insultent l’histoire et la culture, démolissent les repères sociétaux, foulent au pied toute morale, et organisent avec opiniâtreté les pénuries en tous genres. Désormais, leur but ultime est d’abolir le travail en se nourrissant de l’illusoire prospérité d’un monde qui s’écroule sous leurs coups de boutoirs.
Pendant ce temps, la pompe à phynances, actionnée par des gestionnaires à la petite semaine, marche à plein régime. Elle brasse les contresens économiques de base, mouline les déficits, déverse la monnaie en dépit du bon sens, invente toujours plus de taxes, stérilise à coup de lois et de réglementations l’audace et les initiatives, tout cela en manifestant un consternant contentement de soi.
Plus que jamais, devant ce flot croissant de stupidités, on peut conclure avec l’inénarrable docteur Faustroll que “la Pataphysique est la science !”

17 mars 2023

Doctor Chat & Mister GPT (3)

Chat GPT est donc tout le contraire de l’intelligence, même s’il tient une conversation correcte quoique bourrée de stéréotypes, d’automatismes et de redondances.
S’il est considéré comme un simple outil, son emploi peut s’avérer utile, sous réserve d’améliorations, et à condition pour celui qui l'utilise, de conserver son esprit critique et sa capacité d’initiative. Pour le reste, ce n'est qu'une illusion.

L’intelligence est quelque chose de beaucoup trop complexe, et difficile même à définir, pour imaginer en faire une qualité d’un robot. Les outils conçus par les êtres humains sont là pour suppléer ou améliorer leurs capacités limitées, et se bornent à imiter leur raisonnement ou leur manière d’agir. Peut-on dire d’un marteau qui prolonge la main et lui donne un surcroît considérable de puissance, qu’il est intelligent ? Peut-on dire d’une vulgaire calculette qui ridiculise les capacités humaines par sa rapidité et son efficacité, qu’elle est intelligente ? Peut-on prétendre qu’un système GPS qui vous parle et qui vous guide infailliblement est intelligent ?
Évidemment non et on ne voit pas bien pourquoi il en serait autrement pour un programme informatique, aussi performant et sophistiqué soit-il. Le vrai danger pour leurs concepteurs et les utilisateurs serait peut-être d’imaginer que la machine soit réellement intelligente, et de lui déléguer la responsabilité intellectuelle qui leur incombe.

L'intelligence pour ce qu’elle est le propre de l’Homme, comporte la faculté de raisonner mais s’appuie également sur des sentiments, des opinions et même une certaine subjectivité, notamment l’intuition, chère à Bergson. Elle a un sens en soi, contrairement aux algorithmes informatiques. Elle a également une vraie responsabilité, ce qui ne peut être le cas d’une machine. Enfin, depuis Kant, on sait qu’elle est soumise, qu’elle le veuille ou non, à l’impératif catégorique de la morale, totalement étranger au fonctionnement d’un ordinateur.

La tendance actuelle est de demander à l'ordinateur tout ce qu’il ne faut pas faire : poèmes, musique, dessins, lettre de recrutement, discours... Même si le résultat est réussi sur la forme, il s’avère sans intérêt puisque totalement dépourvu d’âme, en tant qu’entité spirituelle douée de conscience, d’émotion, et d’inspiration… La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a, dit l’adage. L’IA ne peut fournir que ce qui ressort des algorithmes. Aussi sophistiqués soient-ils, et même en activant pas moins de 175 milliards de paramètres, ils ne recèlent aucune intelligence. Au grand dam de Laurent Alexandre, dont l’optimisme confine à l’illumination, même un million de fois plus puissants qu’actuellement, ils seront toujours aussi stupides qu’un marteau sans maître, pour paraphraser René Char.

Contrairement à un bon vieux moteur de recherche qui se borne à vous faciliter la tâche laborieuse d’aller retrouver des références utiles dans la masse pléthorique des connaissances humaines, l’IA pourrait aller bien plus loin, paraît-il, en mettant en forme les résultats et même en en faisant l’interprétation.
Cela relève à l’évidence de l’utopie. On a vu que Chat GPT avait d'énormes lacunes en matière de connaissances et faisait de grossières erreurs en amalgamant celles glanées au sein de ses bases de données. Le pire toutefois, est qu’en guise de mise en forme et d’interprétation, il ne fait que dégorger le corpus idéologique implémenté par ses concepteurs. On oscille en quelque sorte entre la langue de bois et la doxa, entre discours aseptisé sans intérêt et catéchisme susceptible de dévier vers l’absurde ou la perversité du concepteur, comme dans 2001 l’Odyssée de l’espace. Pour l’heure, Chat GPT répète comme un perroquet toutes les billevesées véhiculées par l’idéologie pseudo bienveillante woke, la lubie réchauffiste…

Pour achever cette réflexion, je livre ici une production poétique émise par Chat GPT. La demande était d’écrire un sonnet en alexandrins sur le thème de la réforme des retraites. Demande un peu insane, à laquelle le logiciel a pourtant répondu sans sourciller. Il se montre ainsi capable sans le moindre état d’âme de concevoir un truc totalement absurde. Le résultat est évidemment insignifiant, mais au surplus, il n’obéit pas aux règles élémentaires de la versification. Même après plusieurs essais, les alexandrins sont restés boiteux, sans césure, et sans rime, contrairement à ce qui était demandé…

La réforme des retraites, tant débattue,
Fait frémir tout un chacun dans ce pays,
Les gens inquiets se sont mis à prier,
De peur de ne plus toucher leur pension.

La question est épineuse, c'est certain,
Mais il faut la traiter avec sérieux,
Car la situation n'est pas des plus saines,
Et le déficit se creuse chaque jour un peu plus.

Les travailleurs ne sont pas rassurés,
Ils craignent de travailler plus longtemps,
Et de ne plus pouvoir profiter de leur temps.

Mais il faut bien trouver une solution,
Et envisager des réformes sérieuses,
Pour garantir un avenir à chacun.


Y aurait-il des professeurs assez crédules pour ne pas dire niais, pour se laisser berner par un tel poème soumis par un élève ? Le risque est réel, à ce qu'on dit, ce pourquoi on pense déjà à concevoir des robots pour démasquer les robots…

10 mars 2023

Doctor Chat & Mister GPT (2)

Quelques instants suffisent pour reconnaître, à l’instar de beaucoup de commentateurs, que l’outil est bluffant sur la forme, la syntaxe et même la sémantique. Il semble comprendre son interlocuteur et s’il parle évidemment anglais, il s’exprime très bien en français. En revanche, il est extrêmement décevant sur le fond et l’absence de tout état d’âme, de toute personnalité, de tout ego, de son discours est desséchante. Plus grave, il se révèle pour l’heure assez limité dans ses connaissances, bien inférieur en tout cas au moteur de recherche Google et bien plus superficiel qu’une encyclopédie en ligne comme Wikipédia.
Quelques questions à peine malicieuses permettent de s’en rendre compte. Il se trompe par exemple en mélangeant les titres d’ouvrages de l’écrivain Jacques Chardonne avec ceux d’autres auteurs, et lui attribue le prix Goncourt 1923 pour un livre qu’il n’a jamais écrit “les jours et les nuits” puisqu’il est d’Alfred Jarry (le prix ayant été attribué à Lucien Fabre pour "Rabevel ou le mal des ardents”) !
Certes l’erreur est humaine, pourrait-on rétorquer, et on ne saurait donc en faire le reproche à un robot humanisé. Mais persévérer est en revanche diabolique, dit-on. Est-ce la nature profonde de ChatGPT qui, lorsqu’on le réinterroge quelque temps plus tard sur le même sujet, commet de nouvelles erreurs ? Il attribue cette fois à Chardonne le roman “La mort du petit cheval” qui est en réalité d’Hervé Bazin, et fait de l’auteur des Destinées Sentimentales, un membre de l’Académie Française, ce qu’il n’a bien sûr jamais été (tout au plus, celle d’Angoumois !)…
Il se montre enfin peu capable d’enrichir lui-même ses connaissances contrairement à ce qu’il affirme, même si on lui indique le chemin d’accès au savoir. Je me suis amusé à lui demander s’il connaissait mon recueil de poésies paru chez Coollibri, disponible sur internet et que Google trouve quasi instantanément. Bien sûr, il en ignorait l’existence, arguant notamment du fait que ses connaissances s’arrêtent en 2021, mais il s’engageait à “jeter un coup d'œil au recueil”. Quelques jours après, il ne se souvenait manifestement plus de sa promesse…

Un des objectifs principaux revendiqués par ses concepteurs est d’aider sur des problématiques concrètes.
A cette fin, qu’il soit permis d’évoquer ici l’interrogation du robot faite par les journalistes du Télégramme, à propos de la crise du petit commerce, qui conduit à la désertification des centres villes.
ChatGPT, nullement pris au dépourvu, livre illico cinq propositions : « Encourager un mélange diversifié de détaillants locaux et nationaux pour créer une expérience unique », « soutenir les petites entreprises et encourager l’entrepreneuriat », « améliorer l’accessibilité des transports en commun et des piétons au centre-ville », « développer des campagnes de marketing pour promouvoir le centre-ville en tant que destination de divertissement et de shopping » et « créer un Business Improvement District (BID) ou une organisation similaire pour fournir des services et un soutien aux entreprises ».

Sur la problématique des retraites, la machine n’est pas non plus avare de préconisations, qu'il aligne mécaniquement :
- Augmenter l'âge de la retraite : Cela permettrait de réduire les dépenses liées à la retraite en augmentant le nombre d'années durant lesquelles les travailleurs cotisent.
- Mettre en place un système de retraite par points : Ce système permettrait aux travailleurs de choisir comment ils souhaitent cotiser pour leur retraite, en fonction de leurs besoins et de leurs souhaits.
- Augmenter les cotisations : Les cotisations sociales pourraient être augmentées pour augmenter les revenus de retraite.
- Mettre en place un système de retraite privée : Ce système permettrait aux travailleurs de cotiser pour leur retraite en dehors du système public, en utilisant des fonds privés.
- Favoriser l'emploi des seniors: en incitant les entreprises à maintenir les seniors en emploi, cela permet de prolonger la durée de cotisation et de limiter les dépenses liées à la retraite.

Soucieux sans doute de mettre les formes et surtout de rester consensuel, le logiciel pondère ses propositions en soulignant qu’il est “important de noter que chacune de ces options présente des avantages et des inconvénients, et qu'il n'y a pas de solution unique pour améliorer le système des retraites en France. Les décideurs politiques doivent prendre en compte les différents facteurs et les considérer dans leur ensemble pour prendre une décision équilibrée.”

Non seulement il n’a pas d’avis, mais il s’avère incapable de prioriser ses propositions d’action, même si le contexte est précisé, comme dans le cas des petits commerces qui concernait explicitement de la ville de Saint-Brieuc. Les propositions sont d’une neutralité désespérante et se résument à un catalogue insipide, relevant le plus souvent de l’évidence. L’emballage est séduisant. On dirait un rapport pondu par un de ces fameux cabinets conseils, très en vogue parmi les décideurs. Mais la substance n’a ni originalité ni saveur, rappelant fort la vision technocratique qui fait déjà tant de mal.
 
A suivre....

07 mars 2023

Doctor Chat & Mister GPT (1)

L’intelligence artificielle a le vent en poupe. Tout le monde en parle et les supputations vont bon train, quant à ses conséquences à venir, non pas tant bénéfiques, que néfastes. Il faut dire qu’on a toujours aimé se confronter à la crainte de l’avenir, et qu’en la matière, les médias opèrent comme une caisse de résonance idéale pour l'instrumentalisation des peurs. Le catastrophisme fait recette, et les croyances les plus folles n’ont jamais été aussi présentes que dans nos sociétés modernes pourtant réputées plus raisonnables et moins ignorantes que celles d’autrefois.

La science-fiction donne lieu à toutes sortes de fantasmes en général assez terrifiants. La révolte des robots a longtemps alimenté et excite encore l’imagination de nombre de romanciers et de cinéastes. On donne souvent à ces machines l'apparence d’humanoïdes peu sympathiques. Aujourd’hui, la crainte vient d’un monstre virtuel qu’on nomme Intelligence Artificielle, c’est-à-dire IA, ou mieux encore, à l’anglo-saxonne, AI. Ce machin filandreux et insaisissable comme un blob s’insinue partout et selon certains augures, son règne grandissant risquerait d’altérer gravement nos vies, nos sociétés et pourrait même selon certains experts provoquer la fin de l’humanité. Allons bon ! Nous avions déjà l’horrible menace du réchauffement climatique, voici qu’une autre, toujours créée par l’homme, pourrait se révéler pire encore ! Paradoxe amusant, les plus virulents de ces prophètes de malheur, sont précisément ceux qui investissent des fortunes pour développer les capacités de cette IA… On se souvient que les lanceurs d’alerte les plus véhéments sur les dangers du nucléaire furent les savants qui permirent la mise au point de la bombe atomique…

J’ai récemment fait la connaissance de ChatGPT, le dernier avatar en matière d’intelligence artificielle, sévissant sur le Web. Il cause, il écrit, il réfléchit, il raisonne et surtout, chacun peut converser avec lui car il maîtrise l’art du discours et du dialogue mieux que quiconque.
Ce genre d'initiative m’a rappelé le bon vieux test de Turing qui me fascinait lorsque je m’initiais au fonctionnement des systèmes experts en médecine et au traitement informatique du langage naturel. Il s’agissait avec cette expérience, inventée par un des pionniers de l'informatique, de mesurer la capacité de l'Intelligence Artificielle à être confondue avec l'intelligence humaine, par le biais d’une conversation en aveugle entre un observateur humain et un ordinateur. Selon le génial créateur d’Enigma, cinq minutes devaient suffire pour déterminer si l’ordinateur avait réussi le test.

A l’évidence, ce n’est pas le but des concepteurs de ChatGPT.
Dès le premier échange, il se trahit:
- Hello ChatGPT ! Comment vas-tu ce matin ?
- Bonjour ! En tant qu’intelligence artificielle, je n’ai pas de sentiments physiques, donc je ne peux pas dire comment je me sens ce matin….

Certes, dans l’esprit de Turing il ne s’agissait pas de tromper sur la nature de la machine mais sur sa capacité à imiter la conversation et le raisonnement humains. Le programme ne pouvant a priori mentir, il ne faudrait donc le juger qu’à des questions dont la neutralité ne risque pas de trahir sa nature.
Ne nous trompons donc pas. On est avec ChatGPT très loin des conditions idéales imaginées par Turing. Il n’est, comme il le répète à la moindre sollicitation, “qu’un modèle de langage informatique”. Et lorsqu’on lui demande son opinion ou bien les sentiments que lui inspire tel ou tel sujet, il brise beaucoup d’espérances conversationnelles en déclarant qu’il n’est “pas capable d’avoir des opinions ou des sentiments” et en précisant qu’il est “simplement un outil conçu pour aider à répondre aux questions et fournir des informations…”

A suivre...

28 février 2023

Punition fiscale

Les Pouvoirs Publics, à qui incombe la quasi pleine responsabilité de la crise du logement, ont trouvé un bouc émissaire idéal à cette problématique qu’ils ne parviennent, à force de bonnes intentions, qu’à aggraver: les propriétaires.
Il y a quelque temps, les médias réunis se faisaient l’écho de la dernière trouvaille de l’administration fiscale, à savoir, l'obligation pour les contribuables, sous peine d’amende, de remplir un nouveau formulaire décrivant par le menu leurs biens immobiliers. L’objectif n’est pas clairement précisé, mais on peut comprendre qu’il s’agit de réévaluer l’assiette des impôts locaux. La taxe d’habitation sur les résidences principales étant en passe de disparaître, il reste celle grevant les résidences secondaires, et bien sûr, la taxe foncière qui touche tous les propriétaires.

On sait que le Chef de l’État a promis aux communes que leurs ressources ne seraient pas impactées par la suppression de la taxe d’habitation. Il était dès lors évident qu’il ne s’agissait que d’une diminution de la pression fiscale en trompe-l’œil.
Il faut donc trouver des financements alternatifs, provenant nécessairement de la poche des contribuables, et on voit peu à peu se dessiner les solutions de remplacement, sorties de l'imagination inépuisable des fonctionnaires de la Pompe à Phynances. Les gens qui ont eu le malheur d’investir dans leur logement une partie de l’argent gagné à la sueur de leur front, voient et verront sans nul doute s'accroître leur contribution au Trésor Public,
au titre de l'impôt foncier. D’autant plus d’ailleurs que les services fournis en contrepartie se raréfient…
Comme les automobilistes, les propriétaires de résidences secondaires deviennent quant à eux les vaches à lait du fisc. La taxe d’habitation perdure pour eux, contre le principe de l’égalité devant l’impôt et contre toute logique car étant moins présents, ils bénéficient moins des services communaux. Au surplus, elle augmente régulièrement et se voit même majorée par une surtaxe à laquelle on ne voit pas d’autre justification que la punition (pour le crime de posséder). A la manière des malus automobiles, l’assiette de ces surtaxes s’élargit régulièrement tandis que les montants explosent. De 2100 villes “autorisées” par le gouvernement à pratiquer cette surtaxation, on passe en 2023 à plus de 5000 avec un surcoût pouvant atteindre 60% de la taxe d’habitation ! Double peine en quelque sorte !

A cette iniquité flagrante, s’ajoute le montant extravagant des frais prélevés par l’État au moment des transactions, surtaxés eux aussi, à hauteur de 36% de la plus value !
Rappelons enfin que les propriétaires de résidences secondaires sont exclus, par principe, de toute aide destinée à mieux isoler, chauffer ou rénover leur maison et sont soumis à des normes extravagantes concernant le diagnostic de performance énergétique (DPE), qui classe nombre de logements au rang de passoires thermiques, les sortant de facto du marché locatif.

On ne sait trop si le but de ces dispositions insensées est de fournir une nouvelle manne aux villes dont la cupidité croît avec la folie dépensière, ou bien si elles sont supposées améliorer le marché immobilier en dissuadant les gens d'acquérir un logement ou bien de le louer. Toujours est-il que devant tant d’absurdité, le fiasco semble la seule issue. En cas de vente, les biens deviendront des résidences principales, coupant de fait les crédits au titre de la taxe d’habitation. En cas de location, le résultat sera le même puisque les occupants seront exonérés de la taxe d’habitation. Dans le pire des cas, les propriétaires écœurés garderont leur bien, sans le mettre à la location, en versant au fisc les sommes qu'ils auraient pu consacrer à la mise aux normes changeantes et ubuesques de l’éco-responsabilité...

22 février 2023

Séisme

Comment parler du drame qui étreint des populations entières de Turquie et de Syrie, depuis l’impressionnant séisme qui eut lieu dans la nuit du 5 au 6 février 2023 ? Le bilan atroce évolue chaque jour et nul doute que le nombre des infortunées victimes se chiffrera en dizaines de milliers, sans compter les blessés.
Si les grandes douleurs sont muettes, dans notre monde affolé de pacotilles, tellement soumis à l’inconstance, à l’arrogance et aux croyances infondées, une catastrophe naturelle émeut plus que tout par son caractère abrupt, imprévisible et en apparence injuste. Il en est souvent de même de la maladie qui vous tombe dessus comme une malédiction du ciel. Et que dire des handicaps qui vous accablent dès la naissance ?
Hormis l’aide apportée par les médecins, secouristes et sauveteurs, tout est vain. Compassion, révolte, fatalisme, tout aboutit au désespérant sentiment d’impuissance. Personne ne peut répondre aux questions portant sur la cause de ces malheurs et surtout, personne ne peut se mettre à la place de ceux qui souffrent dans leur chair.

Lors de tels tragiques évènements, je ne peux m’empêcher de revenir vers Voltaire qui avait si bien évoqué le sujet dans son fameux poème sur le désastre de Lisbonne survenu en 1755, qui fit entre 50 et 70.000 morts.
Il renvoyait dos à dos à l’époque les “philosophes trompés” affirmant que “Tout est bien”, et ceux qui justifiaient ces catastrophes par “l'effet des éternelles lois qui d'un Dieu libre et bon nécessitent le choix », ou par une vengeance divine, qui infligerait la mort aux victimes pour “prix de leurs crimes…”
Il n’accordait guère plus de crédit aux débats futiles sur l’existence ou non de Dieu, car “tandis qu'on raisonne, des foudres souterrains engloutissent Lisbonne..”

Selon le poète, quatre hypothèses pouvaient être formulées pour expliquer la survenue de tels cataclysmes :
“Ou l’homme est né coupable, et Dieu punit sa race,
Ou ce maître absolu de l’être et de l’espace,
Sans courroux, sans pitié, tranquille, indifférent,
De ses premiers décrets suit l’éternel torrent ;
Ou la matière informe, à son maître rebelle,
Porte en soi des défauts nécessaires comme elle ;
Ou bien Dieu nous éprouve, et ce séjour mortel
N’est qu’un passage étroit vers un monde éternel.”

Les progrès scientifiques et techniques ont permis d’établir avec force que la troisième assertion est sans doute la meilleure. La main de Dieu, si elle existe, n’est pour rien dans la survenue de ces évènements qui s’inscrivent le plus naturellement dans le cours naturel du monde matériel et fini dans lequel nous vivons.
Un tremblement de terre est d’ailleurs quasi insignifiant lorsqu’il touche une région inhabitée. L’horreur vient des constructions qui s’écroulent sur les gens qui y avaient élu domicile. Il n’y a pas de fatalité définitive à cela. S’il paraît impossible d’empêcher le mouvement des plaques tectoniques qui sont sous nos pieds, s’il existe toujours un impondérable concernant le moment de sa survenue, son ampleur et ses conséquences, il est devenu possible, grâce à l’enrichissement des connaissances humaines, de les anticiper et de prévenir leurs effets dévastateurs. En l’occurrence, rien ou presque n’avait été fait pour améliorer et adapter l’habitat et il apparaît clairement que l’imprévoyance, la négligence voire les malversations furent légions dans ces contrées qu’on sait depuis des lustres soumises à un risque important.

Si beaucoup de calamités, de souffrances et de massacres sont hélas directement causés par l’homme lui-même, les catastrophes naturelles, dans lesquelles il n’est assurément pour rien, sont parfois évitables. On nous assomme à longueur de journées avec les hypothétiques effets néfastes du non moins hypothétique dérèglement climatique qui serait par hypothèse causé par l’activité humaine, mais il y a beaucoup à faire pour endiguer quantité de fléaux bien réels.
En concluant son poème fleuve, Voltaire tablait sur l’espérance. Certes on peut miser sur l’espoir d’un merveilleux royaume céleste et d’une béatitude éternelle, mais on peut encore espérer ici-bas, quelques progrès, car :
"Un jour tout sera bien, voilà notre espérance;
Tout est bien aujourd'hui, voilà l'illusion…"

16 février 2023

Sondages et micros-trottoirs

Le chaos régnant à l'Assemblée Nationale donne une piètre image de notre pseudo république. Le débat s'est transformé en parodie dans laquelle la bouffonnerie a laissé la place à l'intolérance, à l'anathème, aux insultes et aux pitreries grinçantes nourries d’odieuses réminiscences révolutionnaires.
A côté de ce vacarme puéril et vain, les ersatz démocratiques fleurissent, chassant les derniers restes de l'esprit critique sur lequel la concertation se fonde. Le pouvoir n’est plus dans les institutions élues. Il est éparpillé façon puzzle, un peu partout et nulle part.

Passons sur les stupidités sans nom qui ont envahi ce qu'il est convenu d'appeler réseaux sociaux. C’est un magma insignifiant puisqu'il fonctionne sur les pulsions et qu'on n'ose le plus souvent même pas y dire son nom.
Il y a les sondages, qui depuis quelques décennies déjà ont investi le paysage médiatique.
Pourtant, quand ils ne se trompent pas, ils passent très souvent à côté de leurs objectifs, faute sans doute de poser les bonnes questions, ou pire, de mal cibler le public interrogé. Sans compter la versatilité des opinions, qui fluctuent en fonction des circonstances ou bien même desdits sondages..
Ainsi, sur le sujet brûlant des retraites, selon des enquêtes datant de 2012, 76 % des personnes interrogées se disaient préoccupées par le montant de leur pension à venir.
Il s’agit comme l’on dit d’un “vrai sujet” et il y a peu de temps encore, 61 % des personnes interrogées jugeaient qu'une réforme des retraites était « nécessaire » (OpinionWay 16/01/23)… Aucune alternative concrète n'était bien sûr proposée, mais les perspectives d’évolution pouvaient paraître ouvertes. Selon Bruno Jeanbart, vice-président de l'institut sondagier, « Les Français n’ont pas envie de cette réforme, mais ils comprennent que le système n’est pas viable, donc le gouvernement a un espace pour faire accepter ses mesures ».
Peu de temps avant les premières manifestations, la même source révélait même que 73% des Français n’avaient pas l’intention de se mobiliser contre la réforme (OpinionWay 14/01/23).
Les choses ont bien changé depuis cette date. Une forte majorité se déclare désormais franchement hostile aux propositions gouvernementales (68% d'après Elabe le 18/01/23). Alimenté par l'agitation médiatique et sans doute par la rumeur sondagière, le mécontentement ne cesse depuis de grandir. Aujourd'hui,à ce qu'il paraît, une majorité de Français serait carrément favorable au blocage du pays (Elabe février 2023)
On pourrait juger paradoxal ce revirement de l’opinion puisqu’un des rares éléments concrets du programme de Macron portait justement sur la réforme des retraites et le recul de l’âge de départ…

Ceci dit, pour colporter les paradoxes, les contradictions et les idées folles, il y a pire que les sondages. Le nouveau pont-aux-ânes des journaux télévisés, ponctuant le traitement de tout sujet d’actualité est devenu le micro-trottoir.
D’un témoignage personnel on fait une généralité. Évidemment sans aucune méthode ni la moindre garantie d’objectivité, le pire étant d’interroger les gens au sortir d’une manifestation… Rien de plus facile que de faire dire aux gens tout et son contraire, et surtout n’importe quoi.
Ainsi on voit des employés de la RATP affirmer que leur travail est harassant et qu’il leur est impossible de prolonger leur activité professionnelle de 2 ans, c’est-à-dire de partir en retraite à 54 ans au lieu de 52… On voit des gens qui se prétendent usés, cassés, bien avant leurs 60 ans, et qui revendiquent le droit de “profiter de la vie” plutôt que de continuer à  s'épuiser à la gagner. Quel contraste avec l'image souvent véhiculée par les médias, de retraités septuagénaires et plus, dynamiques, sportifs, voyageurs, hyperactifs ! Le travail est donc bel et bien une aliénation…
On voit aussi des malheureux qui s’échinent en foule compacte, à tenter d’attraper un train, un bus ou un métro les jours de grève, ceux qui patientent dans des files d’attente interminables avant de pouvoir mettre du carburant dans leur auto, lorsque les raffineries sont bloquées par une poignée de nervis à la solde de syndicats subventionnés par l'Etat. Ils seraient, à croire les micros qu’on leur tend, le plus souvent compréhensifs, ou bien fatalistes vis-à-vis de l’infortune qui leur échoit.
Que dire enfin des personnes gorgées d’empathie, mais non sans une pointe de condescendance, qui disent comprendre la hâte à se reposer des travailleurs “aux métiers durs”, alors qu’eux se font une joie d’exercer une profession peu fatigante, passionnante et rémunératrice…

Bref, on en revient aux vieux ressorts de la comédie humaine, dans laquelle les passions et l’égoïsme, supplantent la raison. Vu qu’il n’y a plus d’idéal ni même d’espérance, on ne croit plus à rien d’autre qu’au néant pourvu qu’il soit éco-responsable, et surtout bien nourri, chauffé, propice au farniente. Le débat se meurt. Certains nostalgiques du grand Soir et de la Terreur, cultivent l’ivresse trompeuse des lendemains qui chantent, et voudraient faire croire que le pouvoir du peuple est dans la rue. Mais il n’a fait que passer du niveau du café du commerce à celui du caniveau…

09 février 2023

Superprofits

L’annonce en fanfare des profits réalisés l’an passé par TotalEnergie et plus accessoirement par la BNP déclenche un tollé. Dans notre vieux pays ranci dans l’égalitarisme socialiste, cette agitation était prévisible, et donc très probablement instrumentalisée par les médias et plus ou moins consciemment par le monde politique.
Plutôt que de se réjouir de la bonne santé d’une entreprise, on lui jette des pierres, ainsi bien sûr qu’à ses actionnaires (dont certains contempteurs font partie via leur plan d’épargne, sans même le savoir !). Et comme à l’accoutumée, se posent les questions classiques et en apparence paradoxales reliant ces bénéfices records au prix exorbitant du carburant à la pompe, et aux plans de licenciements prévus par la BNP.

Vouloir faire un rapprochement entre ces faits n’a guère de sens, mais qu’importe, les clichés ont la vie dure.
Évacuons d’emblée la question portant sur l’emploi et les licenciements. A quoi bon maintenir des emplois inutiles, au seul motif qu’on fait des profits ? Comme l’a bien montré Frédéric Bastiat en son temps, c’est idiot au plan logique, néfaste pour les autres entreprises qui pourraient employer ces gens, et frustrant pour les salariés concernés, devenus en quelque sorte cinquième roue du carrosse… Faire comprendre cela à des cerveaux soumis au feu roulant de la propagande anti-libérale, plus enclins aux opinions toutes faites qu’à l’esprit critique, s’avère une gageure…

S’agissant des produits pétroliers, pourquoi s’étonner, lorsque le prix de la matière première augmente, que croissent également tous les frais adjacents calculés au pourcentage de ce prix brut, en fonction de la conjoncture internationale et plus encore de la loi de l’offre et de la demande ?
Parmi ces frais annexes, il y a certes la marge des raffineurs et des distributeurs, mais que dire des taxes ?
L’État, dont la valeur ajoutée au produit est nulle, empoche par simple prélèvement, des sommes considérables. Sont-ce des profits sachant que nos gouvernants ont pris la fâcheuse habitude, en toute circonstance, de dépenser plus qu'ils ne perçoivent ?
Tout de même, lorsque l’on regarde la décomposition du prix du carburant, il y a de quoi réfléchir. On dit classiquement que la fiscalité représente 60% du prix payé à la pompe. Pour ce faire, il faut additionner 3 taxes : la TICPE, la plus importante, la TVA sur la TICPE, et la TVA sur le produit fini.
Le montant de la TICPE est fixe, quoique modulé en fonction des régions et de la volonté du Parlement. Elle garantit donc à l’Etat un revenu confortable, quel que soit le cours du Brut. La TVA sur la TICPE suit dans ses évolutions cette dernière, mais il s’agit d’une taxe sur une taxe ! Enfin, le montant de la TVA sur le produit fini, varie en fonction du prix de celui-ci, et agit également comme une surtaxe. Son rendement est donc d’autant meilleur que le prix de la matière première est haut, et s’accroît également proportionnellement aux marges prises par les intermédiaires. Au total (si je puis dire), la part des taxes n’est pas de 60% ce qui est déjà énorme, mais de 150% (qu’on obtient en divisant le montant total des taxes par le prix hors taxes) !
Dans l’affaire, l’État est donc le principal bénéficiaire des ventes de produits pétroliers, et cela sans rien faire !

Hélas, il lui faudrait toujours plus de gains pour paraît-il les redistribuer au bon peuple. N’oublions pas qu’il perçoit également l’impôt sur les sociétés qui pour la seule TotalEnergie s’élève à 30 milliards d’euros par an. La majorité du chiffre d'affaires étant réalisé à l’étranger, l’Etat français ne touche que 200 millions !
Les gens qui veulent surtaxer les superprofits, outre qu'ils ignorent que c'est déjà fait, ne retireraient donc pas grand chose de leur racket, hormis l’affaiblissement progressif des entreprises ou bien l’accroissement de leur externalisation. C’est ce qui s’appelle tuer la poule aux œufs d’or. N’empêche on y croit encore dur comme fer en France…

25 janvier 2023

Réformette qui rit qui pète

Il y a des réformes faciles à faire même s'il n'est pas besoin d'être grand clerc pour subodorer qu'elles sont insanes.
Passer l'âge de la retraite de 65 à 60 ans comme le fit François Mitterrand fait partie de celles-ci. Au moment où l'espérance de vie s'accroissait, il fallait être fou ou fort mal intentionné pour proposer cela, mais c’est évident, il n’y avait guère de risque de déplaire au peuple.
Facteur aggravant, lui et ses amis socialistes s'ingénièrent en parallèle à diminuer le temps de travail, à seule fin de satisfaire les espérances en forme d’illusions qu’ils avaient fait naître dans leur électorat. De 40 on est passé à 39 heures hebdomadaires puis à 35 avec la fameuse RTT de Jospin - Aubry - Strauss-Kahn.
Comme on pouvait le prévoir, aucun effet positif ne fut observé sur l’emploi. Le temps libre - pour lequel on créa même un ministère - augmenta certes, mais quant à celui restant pour le boulot, les cadences et la productivité horaire également. On ne fit en somme qu'exacerber dans l’esprit d’un nombre croissant de gens, dont beaucoup de jeunes, l’idée que le travail était une aliénation.

Ces mesures, abusivement qualifiées par leurs promoteurs “d'acquis sociaux”, s’avèrent très difficiles à remettre en cause lorsqu'on s'aperçoit de leur perniciosité. Comment convaincre les gens qu’on a bernés, qu'il leur faudra travailler plus et plus longtemps, après leur avoir garanti le contraire ?
Voilà pourquoi les réformateurs à la petite semaine, qui n'agissent qu'en fonction de leurs vils instincts démagogiques devraient rendre des comptes de leurs coupables agissements. Ce n'est jamais le cas hélas dans notre république aux allures de plus en plus bananières...

M. Macron, est en la matière, l’héritier malheureux de ses calamiteux prédécesseurs. On ne saurait le plaindre car il n’a pas peu contribué à aggraver la situation en dépensant tant et plus à chaque crise au nom du “quoi qu’il en coûte”. Il est acculé, en grande partie par sa faute, au fond d’un cul de sac, dont il n’est pas dit qu’il puisse sortir.
Pour une réformette, à peine un ajustement technique, il se trouve confronté à la possibilité d’un soulèvement populaire. Il est difficile de prédire l’ampleur et la violence du mécontentement, et tout aussi hypothétique de savoir comment son gouvernement réagira face aux grèves et blocages qui s’annoncent.
Quoi qu’il arrive, la réforme ne sera au mieux qu’un pis aller, passant largement à côté des exigences de la conjoncture, faute d’avoir abordé sans tabou la problématique d’un système par répartition, à bout de souffle. Dans quelques années tout au plus, il faudra remettre l’ouvrage sur le métier avec un peu plus de pragmatisme et de courage.
Si l’on suit la logique des partis de gauche, qui voudraient que perdure encore un peu l’illusion du système par répartition, il faudrait surtaxer les retraites des gens les plus aisés, c'est-à-dire supérieures à 2000 euros mensuels. Cela donne une idée de l’état de paupérisation de notre pays. D’autres suggèrent de racketter les propriétaires de leur logement, au motif qu’ils font l’économie d’un loyer ! On entend également dire qu’on pourrait augmenter encore les charges patronales sur les salaires. Pour madame Tondelier, chef.fe des pharisiens de la nouvelle religion écologiste, il faudrait même “une France sans milliardaires” !
Cette logique imbécile, dont on chercherait vainement le lien avec la protection de l’environnement, est déjà mise en œuvre depuis quelques décennies. Entre autres inepties, elle a conduit à voir que l’impôt sur le revenu n’est payé que par moins de la moitié des foyers et que 10% les plus aisés supportent 72% de la charge ! La France est devenue une machine infernale, faisant fuir massivement ses ressortissants fortunés, en même temps qu’elle importe à tour de bras des miséreux. Lorsqu’il n’y aura plus que des pauvres, qui donc paiera les délires égalitaires des sectateurs du Grand Soir ?

18 janvier 2023

Ludwig

Ce film est une splendeur. La restauration en haute définition, dans le format voulu par Luchino Visconti, lui rend pleinement justice.
Hormis quelques brefs moments marqués on ne sait trop pourquoi, par le passage inopiné en VO italienne, le rendu de l'œuvre est plus que jamais magnifié. Peut-être n’y a-t-il jamais eu de plus beau film au monde pour exprimer cette terrible et exigeante aspiration à la vérité profonde de l’Être. Jugé pourtant sévèrement lors de sa sortie, considéré comme trop long, mièvre, compassé, il fut même victime de la censure, pour sa prétendue immoralité. Il garde pourtant une fraîcheur étonnante et la magnificence du spectacle qu’il offre, fait de Visconti un réalisateur hors norme, dont la maîtrise esthétique et technique reste inégalée, sans doute pour longtemps

Près de 4 heures extatiques pour cette déchirante élégie dédiée à la beauté utopique et à une liberté inaccessible, incarnées par un prince fantasque, passionné, voire illuminé, mais très énigmatique y compris pour lui-même. "Venu trop tard dans un monde trop vieux", pour paraphraser Musset, il a voulu vivre son idéal sans rien concéder à la réalité lorsqu’elle lui répugnait.

A travers les paysages enneigés de Bavière, on chevauche à travers les rêves empanachés mais hélas terriblement vains de ce roi égaré dans le temps à la lisière séparant le monde ancien des temps modernes. Le règne de la technique et de l’industrie s'annonce à l’horizon, qui chassera bientôt l’esprit par la pointe impitoyable du progrès, noyant l’idéal dans le bien être matériel. La fuite en avant ne pouvait être que désespérée, mais d’un lyrisme poignant. Pris dans cette spirale tragique, Helmut Berger est Ludwig. Il habite le personnage avec une présence fascinante. Ce fut évidemment le rôle de sa vie. Romy Schneider est rayonnante en Sissi, plus vraie que nature, sensible au désarroi de son cousin mais trop réaliste pour l’accompagner dans ses frasques insensées. Les autres personnages, bien qu’esquissés constituent une galerie d’époque, parfaitement dépeinte. Mention spéciale pour Trevor Howard qui joue un Wagner très crédible mais fort peu sympathique. Tout le film est évidemment imprégné de sa musique, mais dans le genre intimiste plutôt qu'opératique. Mêlés à quelques thèmes schumanniens, les mélodies sont là pour illustrer le romantisme incurable du héros, notamment le thème emprunté à Tannhauser, O du, mein holder abendstern, qui revient régulièrement, comme une antienne enivrante. Émule du Roi Soleil, Ludwig finit, à l'instar du poète Novalis, par succomber au charme vénéneux des ténèbres. O toi, ma belle étoile du soir...
*Ludwig ou le crépuscule des dieux. Luchino Visconti. Édition bluray décembre 2022.

13 janvier 2023

In Memoriam Jeff Beck

Rarement on vit guitariste irradiant davantage sur scène que Jeff Beck (1944-2023). Bien que peu démonstratif en matière d’expression physique, et pas doué pour le chant, son jeu de guitare transcendait littéralement les capacités techniques de l’instrument.

Cet artiste excentrique, héros fondateur, avec Eric Clapton, du groupe mythique Yardbirds était unique en son genre.
Il n’avait pas son pareil pour déstructurer tout en les magnifiant les thèmes auxquels il s’attaquait, envoutant son public, le noyant pour ainsi dire sous un flot de divines harmonies. Ne cédant jamais à la facilité, il alternait avec talent les rythmes, les sonorités, peuplant de manière jubilatoire l’espace avec sa musique, souple, ample, tantôt grave, tantôt suraiguë, parfois fragile, parfois en équilibre instable, mais retombant toujours comme par magie sur ses pieds. Maître du vibrato, il en fit un instrument à part entière, imprimant de manière indélébile son style inimitable dans les oreilles de ceux qui eurent la chance de l'entendre ne serait-ce qu'une fois.

On peut se faire une idée de son art en écoutant son interprétation irénique du Nessun Dorma de Puccini, ou bien l’ensorcelant A Day In The Life, titre célébrissime de l’album Sergeant Peppers des Beatles. On peut écouter avec délectation sa version à l’hawaïenne, du fameux Apache des Shadows, ou encore celle transfigurée de Caroline No, popularisé autrefois par les Beach Boys. Citons aussi un concert génial qu’il donna au Ronnie Scott’s à Londres en 2007, durant lequel il montra sa maîtrise du Blues autant que du Jazz en accompagnant notamment les chanteuses Imogen Heap dans un Blanket ruisselant de feeling et Joss Stone dans une reprise très soul du fameux People Get Ready. Enfin, plus récemment,  Jeff se produisit en compagnie du groupe ZZ Top pour interpréter le torride Rough Boy.

Hélas ce mardi 10 Janvier, Jeff Beck, frappé par une maladie injuste et brutale, a lâché le manche de sa guitare pour rejoindre des cieux qu’on voudrait voir sans fin zébrés par l'éclat de ses riffs somptueux…

07 janvier 2023

Voeux blancs

On sait ce que valent les vœux et les belles résolutions. Il n’y a rien de plus illusoire. C’est beau comme de la neige au soleil, mais il n’en reste bientôt pas davantage qu’un scintillant souvenir…
M. Macron, dans son parcours obligé, sème à tout vent ses paroles lénifiantes.
Les soignants ont eu droit à ses attentions d’un jour et ont pu découvrir à cette occasion son nouveau plan destiné à remettre sur pied le système de santé.
Comme on pouvait hélas s’y attendre, rien ce qu’on pouvait redouter ne fut évité. M. Macron comme souvent passa très très loin du sujet.
Tout d’abord, la fameuse tarification à l’activité, symbole du libéralisme honni, et pourtant seul moyen équitable d'allouer les ressources, fut pointée sévèrement et même promise à une fin prochaine. A la place, une nouvelle machinerie est annoncée, ouvrant la voie nébuleuse à une «rémunération basée sur des objectifs de santé publique». Autrement dit, la porte est ouverte à de nouveaux outils de planification et de nouvelles strates administratives vont s'ajouter au monstre gestionnaire. Car comme le président de la république l’affirme avec son délicieux penchant pour tout et son contraire, il n’est pas question de délaisser "une part de rémunération à l'activité qui est tout à fait légitime"...
Le poids de l’administration n’est donc pas près de s’alléger. Pour preuve supplémentaire, plutôt que de raboter la chape bureaucratique qui asphyxie les cabinets médicaux de ville, les laboratoires, et les pharmacies, le chef de l’Etat veut simplement renforcer le dispositif absurde des assistants médicaux créé par lui-même il y a quelques mois et qui s’apparente un fiasco ! Ici encore, point de simplification en vue mais de nouvelles dépenses insensées à couvrir par l’Assurance Maladie…
Comme d’autres avant lui, M. Macron promet de s’attaquer à la calamiteuse Réduction du Temps de Travail et promet “une remise à plat de l’hyper-rigidité des 35H et des heures supplémentaires” avant le mois de juin. Belle promesse que dès le lendemain, son ministre de la santé s’est empressé de démentir en affirmant qu’il n’était pas question de revenir sur les 35h et que l'alambic des heures supplémentaires défiscalisées, loin d’être abandonné, serait dopé !
Pour donner un peu d’air et plus d’autonomie aux hôpitaux, le président propose un “tandem administratif-médecin”, mais sans remettre en cause à aucun moment l’imbroglio dantesque des pôles, départements, commissions, sous-commissions, ARS qui verrouillent toute initiative locale, et les empêchent ne serait-ce que de germer…
Alors que les déserts médicaux s’accroissent, que les délais pour obtenir le moindre rendez-vous médical deviennent monstrueux, M. Macron propose gentiment à “chacune et chacun” des 600.000 malades chroniques, rien moins ”qu’une équipe traitante” à leurs petits soins. Il n’est pas précisé d’où proviendront ces renforts… Il n’est pas davantage dit comment on trouvera les milliers d’infirmières supposées pourvoir les postes qui seront prochainement mis au recrutement un peu partout.
Quant aux rémunérations, dont l’insuffisance provoque  en ce moment même la grogne des médecins qui défilent dans la rue, elles vont être soumises «à un chantier sur la rémunération du travail de nuit»...

Pour être honnête et complet, il faut préciser que M. Macron a certes évoqué le renforcement des délégations d’actes du quotidien, “afin de décharger les médecins déjà trop sollicités”. Elles restent hélas à l’état embryonnaire, se limitant “à certaines vaccinations, certains certificats ou le renouvellement d’ordonnances pour des maladies chroniques”.
M. Macron a enfin abordé le problème de l’irresponsabilité des patients notamment lorsqu’ils n’honorent pas leurs rendez-vous. Sans remettre en cause un seul instant toutes les mesures qui ont conduit à cet état de fait, le Président de la République annonce qu’un «travail» va donc être lancé avec l’Assurance-maladie pour «mettre fin à cette irresponsabilité». Autrement dit, les vraies causes seront éludées et le tiers payant et le leurre de la gratuité des soins ont encore de beaux jours devant eux, et les files d’attente n’ont pas fini de s’allonger !

Les plans et réformes, à l’instar de ce qu’on connaît depuis des décennies, vont donc continuer de se succéder au rythme de leurs échecs, sur la même voie désastreuse de la centralisation bureaucratique, pilotée par l’Etat Providence. On peut même craindre le pire en entendant le Chef de l’Etat dire que cela ira “beaucoup plus vite et beaucoup plus fort” ! Lorsqu’un traitement est inefficace, l’augmentation des doses n’a jamais guéri un patient.
Les réactions à ces annonces sont plus que mitigées. Interrogé à la suite de la prestation présidentielle, un professeur de chirurgie marseillais a résumé la situation : "On n'est même pas au niveau de la rustine !"
Les Gilets Jaunes promettent de leur côté une nouvelle offensive. Les années passent, tout change pour que rien ne change, comme s’exclamait le fougueux et vain Tancrède dans le Guépard du regretté Visconti…