19 février 2020

Vanité du Politique

La déconfiture lamentable de Benjamin Griveaux, renonçant à sa candidature à la mairie de Paris pour une sordide affaire de mœurs, inspire une fois encore une foule de réflexions sur la vanité du politique.
Comment l'étincelant héraut de la geste macronienne, parti sabre au clair et quasi assuré de la victoire, a-t-il pu faire preuve d'autant de faiblesse et de naïveté, voilà qui est vraiment inexplicable. On pourrait épiloguer sur le fait qu’il fut un des lieutenants du calamiteux et dissolu Strauss-Kahn. Tel père, tel fils en somme…
On pourrait, à l'unisson des gens bien intentionnés, se lamenter, voire s'insurger contre l'intolérable violation de la vie privée que cette triste histoire révèle.
Mais derrière ce fait divers consternant, c’est toute la classe politique qu’on peut pointer du doigt pour son inconstance et son irrémédiable légèreté, pour ne pas dire stupidité.
Si l’on s’en tient à l’ère Macron, il faudrait longuement énumérer les actions, mesures, et propos absurdes ou insensés. Tous ne relèvent pas de la moralité certes, mais tous s’inscrivent dans l’incongruité voire dans l’auto-destruction.
Ainsi la baisse (pourtant homéopathique) des Aides Personnalisées au Logement, au moment précis où le gouvernement faisait semblant d’abolir l’Impôt de solidarité sur la Fortune, relevait du quasi suicide politique eu égard au court-bouillon égalitariste et revanchard dans lequel clapote le pays depuis la Révolution.
Non content de cette expérience funeste, le Premier Ministre ne trouva rien de mieux à faire quelque temps après, que de souffler sur les braises en imposant l’ubuesque réduction de la vitesse sur les routes, tout en faisant monter indéfiniment les taxes punitives sur le diesel. S’ensuivit la prévisible mais interminable rébellion des Gilets Jaunes...
On pourrait continuer la litanie, car la taxe sur les GAFA, ourdie par le sémillant mais creux ministre de l’économie Bruno Lemaire est évidemment du même tonneau. Elle ruisselle de démagogie, mais elle ne peut être qu’inefficace, ne rapportant qu’une hausse des prix pour les consommateurs et des mesures de rétorsion de la part des Etats-Unis. Dans le même registre figure la loi egalim supposée encadrer les promotions commerciales en matière de produits alimentaires, ou celle bloquant les loyers dans certaines grandes villes. Il n'est pas nécessaire de sortir de Polytechnique pour voir que toutes ces dispositions tarabiscotées aboutissent en règle au résultat inverse de celui escompté. Mais qu'importe. Moins ça fonctionne, plus les politiques s'entêtent dans leurs lubies...

L’interdiction promise quoique sans cesse repoussée du glyphosate et toutes les demi-mesures gravitant autour de cet herbicide honni n’est pas moins absurde, puisque toutes les publications sérieuses et toutes les Agences officielles qui se consacrent à la protection de l’environnement ont conclu qu’il s’agissait d’un péril en grande partie imaginaire. Pourquoi donc risquer de ruiner les quelques agriculteurs essayant encore de survivre sous l’étouffoir réglementaire ? Et quelle prétention que celle de changer le cours du monde, et jusqu’à son climat par la seule force des lois et des taxes !

Devant tant d’inconséquence et d’arrogance, on reste coi. Il semble impossible de comprendre toutes ces extravagances totalement étrangères à “la raison raisonnante”. Dommage, car elles sont susceptibles de casser les objectifs de programmes intéressants ou de gâcher l’effet de mesures utiles. Il en est ainsi par exemple de la fameuse et nécessaire réforme des retraites que l’impréparation, la confusion des genres et les perpétuels revirements ont rendu inintelligible et donc probablement vouée à l’échec. Il en est de même pour les baisses d’impôts plutôt bienvenues, mais qui soit passent inaperçues, comme celle sur le revenu, soit ne convainquent personne comme l’étrange suppression de la taxe d’habitation, à budget constant.
Vanitas vanitatum, omnia vanitas...

Illustration: David Bailly, Vanité au portrait

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