S’il est un chanteur de blues cabossé par la vie, c’est bien lui. Chris Rea (1951-2025), qui s’est fait connaître en France dans les années 80 par ses tendres ballades On The Beach et Josephine, portait sur son visage et sa silhouette efflanquée, la trace des maladies qui l’ont poursuivi. Quasi miraculé d’un cancer du pancréas, il dut repasser sur le billard moultes fois à cause d’une insidieuse fibrose rétro-péritonéale engainant ses viscères. Rendu diabétique par la chirurgie, il fut victime d’un accident vasculaire cérébral, dont il garda des séquelles handicapant son toucher de guitare. Faisant contre fortune bon cœur, il développa le jeu en slides dans lequel il excellait déjà.
Il est impossible d'oublier sa voix languide et granuleuse, légèrement voilée mais grave et chaude, qui se prêtait magnifiquement à ses mélodies dont il émanait une douceur enveloppante. Évidemment, à l’écoute de ses chansons, les riffs élégants et souvent déchirants dont il se délestait, étaient pour beaucoup dans la rémanence qui s’imprimait dans les oreilles et dans les esprits ravis. Infatigable auteur-compositeur, au sein de nombreux albums, il livra, en forme d’ex-voto, après avoir surmonté les affres du cancer, une monumentale collection de blues personnels illustrant en 11 CD et pas moins de 137 titres, toutes les tendances du genre.
En couple avec Joan, qu’il rencontra lorsqu’ils étaient adolescents, et père comblé de deux filles, il se plaisait à cultiver son art dans l’intimité de son cocon familial et avait une belle réputation de gentillesse et d’humilité. On le savait passionné de course automobile, s’impliquant personnellement dans la rénovation de voitures anciennes et participant même à des compétitions. Comme il l’avait chanté de manière un peu prémonitoire avec Driving Home For Christmas, il s’est effacé en toute discrétion pour entamer son dernier voyage ce 22 décembre….
In memoriam Chris Rea

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