Il y a déjà quelques années (1992), Jean-François Revel s’était réjoui du “Regain Démocratique” qui gagnait selon lui le monde. Il saluait à sa manière l'effondrement du communisme, mais dans le même temps, il relativisait la victoire, par défaut, du monde libre et pointait, après Tocqueville, les fragilités consubstantielles au modèle démocratique.
Que dirait-il aujourd’hui en voyant l’évolution des choses et particulièrement l’état navrant de la société française ?
Foin des supputations, force est de constater que notre république est mal en point et chaque jour qui passe semble accréditer l’idée de son déclin sur le mode du pourrissement.
Les causes sont probablement complexes et anciennes comme en atteste le cours chaotique de notre société depuis la grande révolution de 1789: pas moins de cinq républiques, trois monarchies royales, deux empires, plusieurs révolutions, et toujours une grande insatisfaction !
On croyait avoir acquis en 1958 avec la cinquième république une relative stabilité. Pourtant, depuis quelques décennies, elle paraît elle-même minée. Parmi les maux qui la rongent, il y a l’effondrement du débat politique. La fin des grandes idéologies y est sans doute pour quelque chose, mais notre pays a quelques particularités qui peuvent également fournir une part d’explication. Le socialisme y est resté omniprésent, infiltrant toutes les institutions publiques, de l’enseignement à la justice en passant par les syndicats, la sécurité sociale, et les grandes entreprises nationalisées… Face à cette armée de l’ombre, il n’y a jamais eu d’opposition structurée. La Droite est une sorte de magma oscillant entre le dirigisme centralisé et le néo-constructivisme hyper-administré sur fond de social-démocratie. Aucun homme politique n’a jamais osé assumer autrement qu’en vaines paroles et promesses non tenues un libéralisme éclairé et responsabilisant.
Résultat, les Français n’eurent droit qu’à des programmes démagogiques, sans audace, toujours étroitement encadrés par l’absolutisme étatique, et sans ambitions autres que personnelles.
C’est dans ce morne climat qu’émergea il y a quelques décennies le Front National, devenu Rassemblement National (RN). Toujours pas de libéralisme en vue, mais une parole abrupte et décomplexée pour aborder les problématiques de l’époque en privilégiant une vision nationaliste fermée plutôt qu’européiste ou mondialiste. La classe politique dans son ensemble a contribué soit par manigance, soit par lâcheté, à créer autour de ce nouveau parti un vrai casse-tête démocratique. En diabolisant toutes les idées qui en étaient issues, on a en effet radicalisé ses représentants et ostracisé la frange grandissante de l'électorat séduite par le discours, dont le principal mérite est d’être dénué de langue de bois.
En définitive, les enjeux politiques nationaux se sont réduits à une alternative inscrite dans un implacable déterminisme. Le Rassemblement National se trouvant de facto privé de toute possibilité d’alliance, s'est donc vu contraint pour gagner, dans tous les scrutins majoritaires à 2 tours, d’obtenir la majorité absolue à lui tout seul, ce qui est un challenge quasi inatteignable, sauf lors d’élections locales.
Mais, à force d’avoir tout fait pour isoler et rejeter les propositions émanant du RN, on a cristallisé autour de lui un électorat fidèle devenu suffisamment conséquent pour permettre au parti d’être au second tour de beaucoup de scrutins, dont celui conduisant à l’élection du président de la république.
Que dirait-il aujourd’hui en voyant l’évolution des choses et particulièrement l’état navrant de la société française ?
Foin des supputations, force est de constater que notre république est mal en point et chaque jour qui passe semble accréditer l’idée de son déclin sur le mode du pourrissement.
Les causes sont probablement complexes et anciennes comme en atteste le cours chaotique de notre société depuis la grande révolution de 1789: pas moins de cinq républiques, trois monarchies royales, deux empires, plusieurs révolutions, et toujours une grande insatisfaction !
On croyait avoir acquis en 1958 avec la cinquième république une relative stabilité. Pourtant, depuis quelques décennies, elle paraît elle-même minée. Parmi les maux qui la rongent, il y a l’effondrement du débat politique. La fin des grandes idéologies y est sans doute pour quelque chose, mais notre pays a quelques particularités qui peuvent également fournir une part d’explication. Le socialisme y est resté omniprésent, infiltrant toutes les institutions publiques, de l’enseignement à la justice en passant par les syndicats, la sécurité sociale, et les grandes entreprises nationalisées… Face à cette armée de l’ombre, il n’y a jamais eu d’opposition structurée. La Droite est une sorte de magma oscillant entre le dirigisme centralisé et le néo-constructivisme hyper-administré sur fond de social-démocratie. Aucun homme politique n’a jamais osé assumer autrement qu’en vaines paroles et promesses non tenues un libéralisme éclairé et responsabilisant.
Résultat, les Français n’eurent droit qu’à des programmes démagogiques, sans audace, toujours étroitement encadrés par l’absolutisme étatique, et sans ambitions autres que personnelles.
C’est dans ce morne climat qu’émergea il y a quelques décennies le Front National, devenu Rassemblement National (RN). Toujours pas de libéralisme en vue, mais une parole abrupte et décomplexée pour aborder les problématiques de l’époque en privilégiant une vision nationaliste fermée plutôt qu’européiste ou mondialiste. La classe politique dans son ensemble a contribué soit par manigance, soit par lâcheté, à créer autour de ce nouveau parti un vrai casse-tête démocratique. En diabolisant toutes les idées qui en étaient issues, on a en effet radicalisé ses représentants et ostracisé la frange grandissante de l'électorat séduite par le discours, dont le principal mérite est d’être dénué de langue de bois.
En définitive, les enjeux politiques nationaux se sont réduits à une alternative inscrite dans un implacable déterminisme. Le Rassemblement National se trouvant de facto privé de toute possibilité d’alliance, s'est donc vu contraint pour gagner, dans tous les scrutins majoritaires à 2 tours, d’obtenir la majorité absolue à lui tout seul, ce qui est un challenge quasi inatteignable, sauf lors d’élections locales.
Mais, à force d’avoir tout fait pour isoler et rejeter les propositions émanant du RN, on a cristallisé autour de lui un électorat fidèle devenu suffisamment conséquent pour permettre au parti d’être au second tour de beaucoup de scrutins, dont celui conduisant à l’élection du président de la république.
Jusqu’à la rupture d’un hypothétique “plafond de verre”, il suffit par conséquent d’être opposé au candidat du RN pour avoir la quasi certitude d’être élu. On a ainsi vu Jacques Chirac vaincre sans péril Jean-Marie Le Pen en 2002, avec un score quasi soviétique. Pour Emmanuel Macron en 2017, il ne fut guère plus difficile de battre sa fille Marine avec plus de 60% des voix. Et l’objectif de nombre de candidats putatifs pour la prochaine élection présidentielle de 2022 est bien d’arriver au second tour, face à Madame Le Pen pour triompher sans peine, et sans gloire. Nombre de gens sont démotivés par ce type de confrontation sans vrai enjeu et se détournent des urnes.
A ceci s’ajoutent les faiblesses inhérentes à notre république dont les pouvoirs exécutifs législatifs sont comme cul et chemise, et dont l’autorité judiciaire, loin d’être indépendante comme aux Etats-Unis, est en pratique inféodée à l’Etat. Il faut souligner ici le fait que le parlement bi-caméral est en France boiteux vu le peu de pouvoir laissé par la Constitution au Sénat. Facteur aggravant, la réduction de 7 à 5 ans du mandat présidentiel a institué de facto la simultanéité du renouvellement du Chef de l’Etat et de l’Assemblée Nationale, supprimant pour le peuple la possibilité de s’exprimer de manière significative pendant la durée d’un quinquennat.
A ceci s’ajoutent les faiblesses inhérentes à notre république dont les pouvoirs exécutifs législatifs sont comme cul et chemise, et dont l’autorité judiciaire, loin d’être indépendante comme aux Etats-Unis, est en pratique inféodée à l’Etat. Il faut souligner ici le fait que le parlement bi-caméral est en France boiteux vu le peu de pouvoir laissé par la Constitution au Sénat. Facteur aggravant, la réduction de 7 à 5 ans du mandat présidentiel a institué de facto la simultanéité du renouvellement du Chef de l’Etat et de l’Assemblée Nationale, supprimant pour le peuple la possibilité de s’exprimer de manière significative pendant la durée d’un quinquennat.
(à suivre)
Illustration: La Nef des Fous par Jérôme Bosch