09 novembre 2019

Aux pieds des murs

Avec l’ouverture du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, sous les coups de boutoirs d’une foule en liesse, c’était  le plus effroyable totalitarisme de tous les temps qui mordait enfin la poussière. Aux pieds des joyeux insurgés, le sinistre drapeau rouge s'abîmait dans la fange et les gravats. Qui l’eut cru ne serait-ce que quelques années auparavant ?
Qui aurait oser imaginer que l’Union Soviétique, totalement vermoulue, allait imploser deux ans plus tard ?
Grâce soit rendue à Mikhaïl Gorbatchev par lequel cet événement historique était devenu réalité. Peut-être était-ce inévitable mais ce fut lui et pas un autre, avec la glasnost et la perestroïka, qui avait lancé le compte à rebours et entamé la procédure irréversible de sabordage d’un régime auquel il devait pourtant tout. Il fallait être courageux, clairvoyant, déterminé et quelque peu résigné. De fait, sa carrière s'acheva en douceur et on n'entendit bientôt plus parler de lui. Mais il avait réussi à faire la seule chose envisageable: terrasser le monstre de l'intérieur !
Lors de l'édification de cette ignoble barrière en 1961, le président Kennedy avait exprimé avec justesse l'indignation du monde libre : "les démocraties sont imparfaites mais jamais elles n'ont eu besoin de construire des murs pour empêcher les gens de s'en échapper". Ces mêmes démocraties se révélèrent toutefois impuissantes pour empêcher le rideau de fer d'enfermer des millions de malheureux dans l'enfer socialiste. Le pont aérien mis en place pour sauver l’enclave de Berlin-Ouest fut la seule initiative concrète, symbolique mais bien dérisoire…

Hélas, le communisme n’est à ce jour pas encore tout à fait mort. Certains illuminés ont encore l'indécence de se réclamer de lui et la France, à sa grande honte, est un des derniers pays à héberger encore un parti affichant encore cette appellation infâme. Sous couvert d'écologie ou d'insoumission au capitalisme, on trouve encore beaucoup de défenseurs des théories marxistes qui donnèrent naissance à cette monstruosité.  On trouve encore des gens tel Eric Zemmour, qui affirma tout récemment être nostalgique du temps où l'Allemagne était divisée en deux et qui décidément très mal inspiré, asséna sans rire que la réunification ne fut que l'annexion de la RDA par la RFA (Paris Première le 6/11/19)…

Aujourd'hui que le Mur n'est plus qu'un sinistre souvenir, d’autres barrières s’élèvent, principalement dans les esprits.
Rarement la liberté d'expression n’a été aussi encadrée, réglementée, surveillée, que de nos jours. Chaque écart de langage par rapport à la norme bien-pensante est sanctionné. Le débat d'opinions se trouve de plus en plus cloisonné par les murs de la correction politique et les contrevenants, comme la malheureuse Julie Graziani, sont priés de faire publiquement leurs excuses et leur autocritique comme au temps de l’URSS...
On se souvient également comment le journaliste Clément Weill-Raynal, qui avait révélé l'inanité partisane du "mur des cons" fut évincé de ses fonctions, lâché par sa confrérie, et cloué au pilori médiatique...

D'un autre côté, le mur de la stupidité est trop souvent impunément franchi, même par d'éminentes personnalités. Il en est ainsi d'Emmanuel Macron qui s'exclame que L'O.T.A.N, à laquelle l'Europe doit sa tranquillité, se trouve “en état de mort cérébrale”. Magnifique cuistrerie envoyée à tous nos alliés et belle inconséquence de la bouche d’un dirigeant qui, hormis quelques voeux pieux, se révèle incapable de formuler une proposition alternative.
Pire, M. Macron révélait quelques jours auparavant, dans sa fameuse interview au magazine Valeurs Actuelles, qu’il préfèrait les immigrés d’origine guinéenne et ivoirienne aux travailleurs détachés de Bulgarie. Intéressant message adressé à des membres de l’Union européenne, qu’ils ont moyennement apprécié. Tout comme son sermon invitant à s’affranchir de la règle limitant à 3% le déficit budgétaire. Comment peut-il espérer être pris au sérieux avec un tel discours par des partenaires qui sont parvenus, à force de réformes courageuses et d’économies, à assainir leur gestion jusqu’à devenir excédentaires ?

En définitive, les temps changent mais les murs sont toujours là, même s’ils font heureusement moins de morts...

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