Les gouvernements se suivent et se ressemblent. A une cadence effrénée, pourrait-on dire. Le dernier en date est mort né, c’est dire…
Mais que dire de cette séquence tragi-comique qui joue les prolongations devant des spectateurs captifs d’un spectacle qu’ils avaient pourtant réclamé mais qui tourne à la débandade généralisée faute de scénario solide et d’acteurs de talent ?
On pourrait épiloguer sur le fiasco dans lequel est en train de se terminer le mandat présidentiel conféré par les électeurs à Emmanuel Macron. C’est trop tard, le mal est fait. Ainsi l’a voulu en toute connaissance de cause, le peuple souverain…
Restent une série de questions, sans espoir de réponse hélas, tant la situation paraît relever de l’absurdité la plus folle.
Après deux piteuses tentatives gouvernementales, comment M. Lecornu, qu’on disait fin politique, a-t-il pu accepter d’en mener une troisième, s’apparentant forcément à une mission suicide ?
Quelle sorte de rupture pouvait-il espérer en l’annonçant sur le perron de l’Hôtel de Matignon lors de la passation de pouvoir avec son prédécesseur François Bayrou ?
Comment oser après celà et après 27 jours de tergiversations, proposer un simple duplicata du précédent gouvernement, et prendre même un risque supplémentaire insensé en rappelant les calamiteux Bruno Lemaire et Eric Woerth ?
Comment Bruno Retailleau, après avoir accepté d’avaler beaucoup de couleuvres au sein du gouvernement démissionnaire, a-t-il pu accepter de retourner dans ce rafiot en perdition et oublier même de s’enquérir du nom du collègue nommé aux Armées ?
Comment, après avoir rendu son tablier, Sébastien Lecornu a-t-il pu accepter l'ultime mission farfelue proposée par un président déconfit, consistant à trouver pour un autre premier ministre que lui et en 48h, l’introuvable consensus de stabilité qu’il n’a pas réussi à mettre sur pied pour lui-même au terme d’un mois de stériles échanges avec les partis ?
Et comment Emmanuel Macron, élu et réélu à la charge suprême et qui avait tant d'atouts en main, a-t-il pu en arriver là ?
Sans doute est-ce avant tout de sa responsabilité, en raison de son incurable frivolité, de son inconséquence notoire, et de sa dévorante hubris. S’il faut trouver des circonstances atténuantes à la personne, on pourrait les trouver dans l’acharnement que les politiciens de tout poil et une société entière ont mis durant des décennies à fausser le jeu démocratique en excluant par principe un parti, au nom d’un grotesque Front Républicain.
J’ai retrouvé la trace d’une lettre adressée au magazine Valeurs Actuelles et publiée en mars 1998, un an après la calamiteuse dissolution ordonnée par Jacques Chirac, qui avait mené la gauche plurielle au pouvoir. J’ai la faiblesse de penser qu’elle n’a pas trop perdu de son actualité :
“Les élections Régionales qui viennent de se dérouler vont probablement précipiter la décomposition de la « Droite traditionnelle ». Tant mieux, après tout, car il faut dire que l’obstination dans l’erreur, l’acharnement à déployer l’énergie à côté de la plaque, avaient rarement été portés à de telles extrémités! Le comble étant cette décision invraisemblable d’offrir à la Gauche Socialo-Communiste minoritaire, des régions où les électeurs avaient exprimé massivement un vote de droite. Après la dissolution inouïe de l’an dernier, ça restera dans les annales....
Adieu chefs usés, dépourvus d’idéal, on ne regrettera pas vos fatigantes pudeurs qui n’avaient même pas l’accent de la sincérité. Car n’ayant pas d’affinité particulière pour le Front National, je vois tout de même trop bien que les discours d’exclusion et les torrents de haine déversés chaque jour, proviennent rarement de l’accusé numéro un.
Après les oraisons enfarinées des pharisiens du temple collectiviste et la morale bécassinesque des dadais de la social-démocratie, peut-être enfin, peut-on caresser un espoir. Celui de voir émerger une force volontariste, moderne et libérale, dont l’objectif clair sera de redonner vigueur à notre pays, au risque d’accorder, sans a priori, quelque attention aux propositions d’un parti qui ne mérite pas plus que d’autres, l’ignominie dont on le couvre.”
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